lundi 10 octobre 2016

FOUGÈRE : TENACE ET TOXIQUE




Bonjour tout le monde !




Toujours ces merveilles à cueillir, données en grâce.



Je vous l'avais promis, je retourne aujourd'hui à ma seconde transposition botanique de ma courte liste de maximes semi philosophales cuvée 2016.
J'ai nommé... la fougère !

Je reprends un extrait de cet article du printemps 2014, de mon potager de la jardinerie :

Amis du potager au naturel, bonjour !

Et bienvenus aux nouveaux arrivants.

En ce dimanche bruineux, nos potagers absorbent l’humidité venue du ciel comme pain béni. Les températures commencent à être agréables, elles ont même par moment tendance à grimper en percées qui nous prendraient de court. Souvenez-vous de lundi dernier…

Quand vous rentrerez ce soir de votre sortie du dimanche, en passant par le potager, vous verrez que le temps est poussant. La végétation se développe à vue d’œil, la jeune pousse tendre s’étale presque langoureusement.

Nous regardions avec Jean-Michel vendredi dernier le développement étonnant d’une jeune crosse de fougère dans la cour de notre réception. Vous me direz, tiens, une fougeraie à la jardinerie Lafitte, pourtant si bien tenue ? Des crosses de fougère dans la jardinerie comme au plus sauvage des sous-bois du Pays-basque profond ? Oui, oui, oui… vous n’avez pas tort, nous avons quelques recoins un peu sauvages ici et là. Non, j’ai dit sauvages, pas négligés, attention ! Mais quoi ! Nous sommes une jardinerie, non ? Nous travaillons au plus près de notre mère-nature et tenons à lui laisser une place légitime chez nous. A ce propos, dans les nouvelles directives environnementales, il est préconisé de ne pas rechercher le zéro adventice dans nos cours et allées. Histoire de ne pas polluer les nappes phréatiques de pesticides agressifs. C’est dans cet esprit que nous autorisons les ronces, orties et autres fougères à coloniser discrètement notre espace. Pas par négligence, donc, qu’on se le dise !

Bien, cette justification qui en dit déjà long sur notre sentiment de culpabilité posée, revenons-en à notre crosse de fougère. Avez-vous déjà observé le phénomène ? Par des journées comme celles que nous avons aujourd’hui, prenez au petit matin à peine levé, une jeune pousse de fougère juste visible sous sa gangue moussue. Repérez-là sans vous donner trop de peine de signalisation, puisque deux heures plus tard, quand vous repassez par là, vous avez déjà devant vos yeux ébahis, une vigoureuse tige qui fait le dos rond, une crosse repliée et rebondie, une force vive et invincible qui pousse des épaules pour lancer en un ample et irrépressible mouvement sa tête vers le ciel. Il y a quelque chose de phallique, la victoire du vivant sur l’inerte, la réminiscence des naissances primitives et le fossile de l’apparition de la vie sur terre. Quelque chose de presque indécent, qui se regarde du coin de l’œil en rosissant quelque peu, quand on a une nature un peu empruntée…  Quelque chose qui nous ramène au fœtus, à l’origine et au commencement.




Je relis ce texte, et je me dis, deux ans et demi après, comme c'est juste...
Je vous l'ai dit, je suis ma lectrice la plus convaincue !

Cette fougère me rappelle une personnalité connue, la mienne, il y a encore peu.
La ténacité, oui, mais sans mesure.
Un élan vital venu des profondeurs de l'histoire. Un système de défense et de sauvegarde éprouvé à la rude.
Ces fameux spores, sporanges et prothalles qui clignaient à l'orée de ma mémoire.
Notions redondantes de mon propre tempérament.
Excès résonnant de mes propres déséquilibres.
Ignorer les autres, prendre toute la place.
Cultiver cette dépendance d'avoir besoin de plus qu'il ne faut.
Ignorer la juste mesure et la satiété.
Croire que des placards remplis préservent de tout...

J'ai été fougère, à ma manière.
J'essaie d'en garder la pugnacité, et de me préserver, de préserver les autres, des excès inhérents.
Je ne dis pas que j'y suis tout à fait. Je dis que j'essaie d'y tendre, avec bon espoir :





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