lundi 5 décembre 2016

SURPRESSEUR ET CONSTANTES



Cette fois-ci, je vais demander à ce brave Gegel de remplir son office de coffre fort et de mémoire vive.

J'en ai pris l'usage avec ce "bloc", et je trouve ça bien pratique !

Quand je veux préserver quelque chose d'un possible égarement, quand je veux pouvoir le retrouver à coup sûr, je le confie à Gegel.
Evidemment, Gegel peut disparaître un jour, lui aussi, et mes trésors à lui confiés s'en perdre.
Je pense le risque minime, par rapport à toutes les sauvegardes locales et à leurs limites.

Je veux aujourd'hui remiser quelques constantes techniques, en vue de les retrouver en cas de besoin.
Il s'agit ici de notre surpresseur à eau.
Oui, je vous en ai parlé, déjà.
Ce dispositif pallie le manque de pression d'eau  dans notre circuit.
Nous sommes à Agorreta perché sur une colline modeste, mais plus haute que la réserve du château d'eau alimentant le secteur.
Le résultat de cette configuration, est que l'eau nous arrive, oui, mais toute mollette, en un filet timide et sans tonus.
Pour pallier cette défaillance, le "surpresseur" est là !

Le surpresseur est un appareil électrique combinant une réserve d'eau dans sa cuve, poussée par une pression d'air accumulée autour de cette eau. Ou c'est l'eau qui est autour de l'air, je ne sais pas.
J'ai toujours un flou concernant les positionnements respectifs de l'air et de l'eau.
Dans la cuve de stockage, métallique, il y une vessie, c'est à dire une membrane molle en caoutchouc.
Il y a par le fait deux contenants séparés : la cuve, et la vessie à l'intérieur de la cuve.
L'air est comprimé dans l'une des deux, et l'eau, stockée en réserve-tampon, dans l'autre.
Vous me suivez ? Bien !

L'appareil est alimenté par une réserve d'eau plus importante, de 2000 litres chez nous, par exemple. Le tube plonge dans cette manne, et l'eau en est aspirée, à la demande.
Quand vous ouvrez un robinet, quand une vache boit à l'abreuvoir, quand une machine quelconque sollicite l'arrivée d'eau, la petite réserve de la cuve se vide. L'air comprimé en périphérie ou au milieu, cela ne change rien à l'affaire, se retrouve disposant d'un espace plus large. La pression dans la cuve tombe.
Un petit dispositif accessoire, le contacteur manométrique, enclenche et déclenche le moteur du corps de la pompe, activant l'aspiration d'eau dans la réserve principale, pour compenser la consommation.
La pression descend sous un certain seuil, le contacteur enclenche le moteur, la pompe aspire l'eau et rétablit la pression à l'intérieur du ballon.
Cette pression atteint le seuil maximal défini à l'avance, le contacteur déclenche le moteur, qui s'arrête, et n'aspire plus d'eau.
Vous faites bien la différence entre enclencher, mettre en marche, et déclencher, arrêter. Le vocabulaire français peut prêter à confusion, ici, attention !
Ça paraît tout simple et mécanique, n'est-ce pas ?

Les pressions d'enclenchement et de déclenchement sont pré-réglées en usine.
En règle générale, elles tournent entre 2 et 4 bars.

A Agorreta, l'installation hydraulique étant vieille comme le reste, nous ne voulons pas trop solliciter les tuyauteries par des coups de béliers trop vigoureux.
Nous intervenons sur les petites vis de réglages des pressions hautes et basses, pour tourner entre 2 et 3 bars.
Ces interventions consistent à visser ou dévisser deux écrous, comprimant deux ressorts, eux-mêmes reliés à une palette plastique servant d'interrupteur.

A intervalles réguliers, ce dispositif simple mais tout de même un tantinet sophistiqué dans sa mise en oeuvre se dérègle.
Les lignes de pressions bougent, la vessie ramollit, quand elle ne se perce pas, l'étrier de fixation de ladite vessie dans la cuve fuit.
Tout un ensemble de phénomènes induits ou indépendants se mettent de la partie, pour enrayer la fluidité de ce mécanisme.

Le résultat se fait sentir au robinet, avec une chute d'eau irrégulière, un flux cadencé en un rythme sinusoïdal anormal.
L'eau arrive, gaillarde et décidée, puis la pression mollit, le filet se fait moins guilleret, pour repartir d'attaque un moment après.
Au niveau du surpresseur, cela provoque des séquences d'enclenchement et de déclenchement du moteur de plus en plus rapprochées.
La turbine s'échauffe, se fatigue, à être sans arrêt sollicitée.
La réserve-tampon ne compense plus rien, l'aiguille du manomètre s'affole en saccades frénétiques, rien ne va plus !

Depuis quelques semaines, nous sentions l'essoufflement du surpresseur, un fonctionnement haletant.
Il fallait reprendre toutes les constantes, remettre de l'ordre dans ce système perturbé.

Comme entre deux interventions, il se passe du temps, Dieu merci, nous oublions d'une fois sur l'autre la bonne marche à suivre.
C'est ennuyeux ! Nous avons l'impression de savoir faire, nous ne sommes pas loin de maîtriser le sujet, et puis, pliés en deux au chevet de la pompe malade, des doutes nous viennent...

Voyons, il faut rajouter de l'air, oui, mais combien ?
La pression, d'enclenchement, elle est bien à 2 Kilos ?
Aïe ! le manomètre est bloqué, il faut le démonter !
Tiens, le réglage, c'est bien par ici, sous ce petit capot, là voilà !
Ah, oui, mais la vis pour l'enclenchement, c'est laquelle, la petite, ou bien la grande ?
Et puis, le temps du réglage, la pompe il faut la laisser marcher, ou l'éteindre ?
Et puis, dis-moi, il ne fallait pas laisser un robinet ouvert, pour pousser la colonne d'eau quand on remplit d'air ?

Et oui, tout un tas de questions impertinentes se bousculent dans ce petit espace.
On rapproche le compresseur, les clefs, la rallonge électrique. 
On rassemble ses notions de base, et, petit à petit, reconstituant soigneusement les cheminements de l'eau et de l'air, on finit par y arriver.
Le contacteur s'apaise, les pressions obéissent aux ordres, l'eau coule gentiment, sans à coups, et le surpresseur se remplit voluptueusement, se repose un bon moment, et repart, si besoin.
Quelle gratification d'entendre tous ces éléments se remettre dans le rang !
Un peu plus, et on se prendrait pour Dieu, faisant le monde...

Vous comprenez maintenant pourquoi je veux graver dans le marbre, plus modestement confier au Veb, mes constantes si faciles à oublier :

En cas de dérèglement :

1/ Vérifier la pression d'air dans la cuve. Elle doit être à 1.8 Kg

2/ S'il y a besoin de rajouter de l'air, ouvrir un robinet pour vider la réserve à mesure que l'on comprime en pression.

3/ Vérifier les pressions d'enclenchement et de déclenchement : 2 Kg et 3 Kg
    La petite marge de 200 gr permet de maintenir la pression de l'eau sans mollir.

4/ Rectifier les réglages au moyen des deux écrous si besoin : le petit écrou commande l'enclenchement ou la pression la plus basse, le grand écrou déclenche quand la pression haute est atteinte.
On tourne vers la droite pour comprimer le ressort et augmenter la pression, vers la gauche pour l'effet inverse.

5/ s'assurer qu'il n'y a pas de fuite d'eau au niveau de l'étrier, des jonctions de la valve ou du manomètre. Si on ferme la vanne de départ d'eau, la pression doit rester constante.

6/ se sortir de ce maudit réduit, s'étirer longuement, pour dérouiller les articulations mises à mal par la trop longue station inconfortable.

Ça y est, on y est, jusqu'à la prochaine fois !

Ne m'en veuillez pas de vous ennuyer avec ça.
Si par cas, vous avez l'occasion un jour de faire la conversation à un surpresseur de ce type, je vous en prie, profitez de ma science tout fraîche !

Voyez, ce "bloc" il me sert de tout...


Je vous retrouve une autre fois, et portez-vous bien d'ici là !














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