samedi 17 décembre 2016

PETIT MATIN A AGORRETA



Bonjour !

Pour aujourd'hui, revenons aux quotidiens d'Agorreta.

L'affaire du moment, c'est le sevrage d'Agatte.


Cette image date de la fin d'été.

La fille de Bigoudi, huit mois et près de 400 kilos, n'a plus besoin d'être nourrie au lait.
Sa mère en produit pourtant encore, et aime ce moment de partage avec sa fille.
Pourquoi les priver l'une et l'autre ?




Là, c'était ce matin. La fille est bientôt aussi grande que sa mère.
La qualité de mes clichés ne va pas en s'améliorant. Mon étable n'est pas un laboratoire photographique !
Ne m'en veuillez pas de vous présenter des images aussi tachetées. Vous pouvez néanmoins vous faire une idée, n'est-ce pas ?

Je  laisse mes deux belles organiser progressivement leur détachement réciproque.
J'espace les fréquences des tétées, à leur rythme. 
Agatte réclame à chaque repas, matin et soir, sans grande conviction si elle a eu son content la fois précédente, mais, des fois que, sait-on jamais...
Bigoudi ne relaie pas les demandes de sa fille à chaque fois. Plus raisonnablement, elle se met à meugler de concert, lorsque son pis se remplit suffisamment pour lui faire éprouver son poids.
Pour le moment, nous en sommes à une tétée toutes les trente-six heures, environ.
Mes bêtes ne regardent pas l'horloge !
Quand je suis à la ferme, quand elles me voient passer à portée, évidemment, elles font le rapprochement avec leurs repas et pensent à revendiquer.
Quand je travaille, elles ne me voient pas dans leur champ, elles oublient de réclamer, et se tiennent tranquilles.
Comme souvent, l'occasion suscite un désir sans besoin réel...

Ce matin, nous étions au bout de ce temps des trente-six heures.
Quand elles m'ont entendue marcher dans le grenier au dessus d'elles, Agatte et Bigoudi ont senti l'appel l'une de son ventre, et l'autre de son pis.
Mère et fille ont commencé leur concert.
Je me suis hâtée de descendre, pour nourrir tout ce petit monde.

Tous les matins, le même rituel, les mêmes gestes animent la vieille étable tirée de la nuit.
J'éclaire, enfin, la lueur timide de la faible ampoule écarte doucement la nuit, à peine, pas trop.
J'ouvre la grande porte en regardant le ciel.
Les vaches se lèvent, s'étirent, tournent la tête vers moi.
Je distribue les rations préparées la veille.
Bigoudi d'abord, Beltza, Rubita et Agatte ensuite. Dans l'ordre.
Agatte s'agite, se demandant si je vais la libérer, si elle va pouvoir aller chercher le bon lait de Bigoudi, ou si ce n'est pas pour cette fois !
Il ne faut pas tarder, passer le V de la chaîne dans la boucle en prenant garde de ne pas se laisser coincer un doigt quand la bête tire sans préavis.
La chaîne tombe à terre, surtout, ne pas rester sur la trajectoire ! Se plaquer dans un angle protégé, pour éviter la presque demi-tonne d'Agatte bien décidée à rejoindre sa mère au plus vite !
Ces deux là ne perdent pas de temps. Agatte se colle au flanc de Bigoudi. Elle a grandi maintenant, et elle la pousserait presque. 
Elle tète voluptueusement, efficacement. Le pis renflé de Bigoudi se vide à vue d’œil.





A côté, Beltza et Rubita ne se laissent pas distraire de leur mangeoire. Ou alors, à peine...



Agatte a terminé de boire.
La panse repue, elle s'intéresse aux actualités locales.








Guillerette, elle esquisse un petit trot lourdaud. Elle est belle, Agatte, lourde et massive, déjà.
Avant de s'intéresser à sa ration distribuée à sa place, elle jette un œil en direction de la porte du fond, se rappelant sans doute que par là derrière, il y a sa prairie. Mais là, elle sent la noirceur et l'hiver, elle se détourne. 

Voyez sa couleur, enfin, imaginez, entre les tâches :




Elle est noire et fauve, cumule les couleurs familiales et les garde toutes en réserve pour le moment. Une mine de potentialités où faire son marché s'offre encore à elle. 
Galzerdi, rousse au départ, est devenue maintenant noire.
Nous verrons bien comment virera Agatte.

Les élevages nous apprennent que rien n'est joué d'avance. Que les choses se proposent, se dessinent, et se trament en une harmonie hors de notre entendement.

Nous avons le loisir de les observer, et d'en tirer un ou autre enseignement, peut-être...






Bigoudi allégée reprend le cours de son râtelier garni.

Je m'occupe de rafraîchir les litières, d'enlever les souillures et de dispenser un paillage frais et confortable.





Je pousse ensuite jusqu'au poulailler endormi pour nourrir les volailles encore perchées.
Elles aussi s'intéressent vivement à moi, quand je leur amène leur pitance.




Retour dans l'étable. Les vaches tranquilles tirent le foin, et mâchonnent en cadence.
Tout est calme. L'ambiance y est apaisante.
J'aime ce moment. Regarder les bêtes soignées, partager leur contentement, et ressentir cette paix simple et profonde. Une plénitude sans prétention, toute simple et authentique.






Dans le grenier, ma provision de citrouilles s'amenuise.

Je prépare les bols pour la distribution du soir.

Une visite à mon père, tout va bien. Bullou saute dans le fauteuil de la chambre, près du lit, pour refaire un somme de fin de nuit, aux côtés de son maître.

Je garnis le poêle à bois, vérifie l'intendance domestique pour la journée.
Un dernier coup d’œil partout, la tournée des volets à ouvrir sur la journée à venir, un café rapide et me voici en route pour la jardinerie.

Mes deux mondes, deux univers différents et pourtant connectés. 
J'aime cette sensation de vivre deux vies, et de ressentir une passerelle solide entre elles.
J'ai besoin de mes deux mondes pour m'accomplir.

Voyez, mes petits matins sont comme les vôtres. 
Les mêmes gestes, chaque jour recommencés. Une danse rassurante et le temps fluide et amical qui s'égrène au travers.

Ayez une agréable fin de semaine chez vous, à votre manière et dans vos petits mondes à vous !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire