mercredi 14 décembre 2016

FUGUE EN SI MINEUR




Bonjour !

Aujourd'hui, ce sera une de ces petites fantaisies sans rime ni raisons.
Enfin, d'après moi, en prose cadencée et musicale, et d'une raison hors de nos normes, peut-être, mais d'une intuition aussi forte que les raisons les mieux établies !

Le ton est donné : ce sera comme cela me vient...

Nous approchons de cette période de fêtes de fin d'année. Ce moment où l'on tire des bilans, où l'on se rassemble, pour réaffirmer ses affections et partager des moments de tendresse.

Ces manifestations de tendresse sont raretés dans les parages d'Agorreta.
Je vous en ai parlé, déjà.
Je devrais dire, étaient, raretés, puisque maintenant, Dieu merci, l'arrivée des épouses et époux, des neveux et nièces, a dilué ce sang âcre et sombre.
Les autochtones d'Agorreta se sont ouverts au monde, et le monde a bien voulu venir apporter ses lueurs jusque là.

La culture basque traditionnelle ne respire pas la douceur et la tendresse.
La langue elle-même est âpre et rauque. Comme l'allemand paraît cinglant à l'oreille.
C'est ainsi.
Je sais bien qu'il est réducteur de généraliser, mais, objectivement, la langue et la culture basques ne sont pas empreintes de tendresse et de légèreté.
Il y a de la nostalgie, de la poésie, de la spiritualité dans les contes et légendes basques. Oui, mais il y a aussi la rudesse, la dureté et une pudeur des sentiments souvent retenus.

J'avais d'ailleurs aux débuts de ce "bloc", il y a deux ans maintenant, initié un volet en basque.
Ma langue me plaît. J'aime à la parler et à l'écrire.
J'y ai moins de vocabulaire pourtant qu'en français. Et cette rudesse, j'en ai maintenant assez.
Je me veux autrement, et cette année 2016 a marqué un tournant dans ma trajectoire.
Je me suis résolument éloignée de cette presque obligation de raideur, de dureté, d'une force portée comme un masque pour cacher une vulnérabilité essentielle et incontestable.

Je n'ai pas oublié les mécanismes qui me faisaient fonctionner jusque là. Je les ai gravés en moi.
Je suis presque conditionnée et programmée de cette façon là.
Qu'importe !
Je ne referai pas mon passé, mon histoire et mon essence.
Je peux décider de faire autrement pour mon avenir. Et c'est bien mon intention !

Je suis redevable à mon destin de m'avoir fait voir autre chose dans les rapports familiaux et humains.
Je suis contente d'avoir appris auprès de mes bêtes la douceur naturelle. Bien plus efficace que toutes les rudesses.
Ma famille n'est pas dénuée d'affection et de tendresse.
Elle est juste embarrassée dans la manifestation de ces sentiments pourtant incontournables et bien naturels.
Pour exemple, les baisers sont rareté par chez nous. Il nous paraît bien étrange de nous embrasser fraternellement. C'est bien simple, chez nous, on ne se touche pas !
Les seuls contacts physiques dont je me souvienne avec ma mère se limitent à l'époque de sa maladie, quand je devais la prendre dans mes bras pour la bouger. 
Quelle curiosité, tout de même ! Et quel dommage, surtout...

On vit sans ces signes là, c'est vrai. 
Nous vivons, et plutôt bien, je dois dire.
Oui, mais il nous manque quelque chose. Cette chose dont le manque se fait oublier, mais dont l'absence laisse un froid.

J'ai depuis cette année l'intuition du vide creusé par ce manque. Je n'en ai pas la perception, ni le ressenti. Je dois imaginer, parce-que je ne sais pas éprouver.

Je dois faire un apprentissage, à mon âge.
La notion est très en vogue dans les discours politiques du moment. L'apprentissage.
Je me demande, si l'on est capable de tout apprendre, à tout âge.
S'il n'est pas des choses qui ne s'impriment que dans les jeunes esprits. Et qui demeureraient impossible à inculquer à des personnalités trop marquées par un enseignement autre.

Je l'ai dit à une autre occasion, et bien m'en a pris :

   - Est-il trop tard ?

Et bien, cette fois là, il ne l'était pas. Alléluia !

Alors, je garde la foi, mieux, l'espérance, de pouvoir y arriver encore.
Je veux faire mienne cette espérance, mieux qu'une croyance.

Je suis vieille déjà. Trop vieille pour certaines options dans ma vie qui ne se représenteront pas.
Pas encore assez pourtant pour baisser les bras !

J'arrête ici pour aujourd'hui.
J'ai le sentiment d'en avoir beaucoup dit. Et l'envie d'en dire davantage encore, et encore...






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire