samedi 31 décembre 2016

RESOLUTIONS



Bonjour !

Nous arrivons au terme de cette année 2016.
Je réfléchis aux bonnes résolutions à prendre en ces débuts d'année, quand, quitte à recommencer pour un tour, on a envie de le faire dans les meilleures conditions.
C'est une intention déjà louable en soi, n'est-ce pas, de se donner des objectifs bienveillants envers soi-même et les autres.
J'ai rarement entendu quelqu'un énoncer des résolutions négatives : je serai une peste, cette année, je me laisserai aller complet, prendrai vingt kilos et me mettrai à boire...
Ou alors, celles-ci, on ne les annonce pas, on les subit !

Je reste constante dans mon virage de 2016, pour 2017, s'il m'est donné de le vivre.
Cultiver la bienveillance, l'espérance et l'humilité.
Gardienner avec vigilance ma sérénité fragile et mon bien-être vulnérable.

Ces résolutions positives demandent constance dans leur application, et ténacité dans la lutte contre les dérives.
Si l'on prend une résolution, justement, c'est bien parce-que la chose à laquelle on se "résout", ne nous vient pas naturellement.
Si j'avais été de moi-même bienveillante, humble et emplie d'un espoir solide, je n'aurais pas besoin de m'y astreindre !
Tout cela me constituerait par essence, et je serais celle que j'essaie de devenir.
Il a fallu que je me reconnaisse autre, méfiante, habitée par la peur des autres, et bouffie d'un orgueil porté en masque dérisoire, pour avoir l'élan de ce changement.
Et bien soit ! j'étais ainsi, je le vivais plutôt bien, avant de m'apercevoir que, finalement, non, pas si bien que ça !
Ma prise de conscience a été brutale et expéditive : on ne se refait pas, tout de même !

Ma vie n'a rien de particulier, mon petit personnage non plus.
Je suis pourtant unique et différente.
Je me fonds avec confort dans ma nature humaine, dans notre société protectrice et enveloppante.
Je garde précieusement ma liberté d'être, émancipée de ces normes contraignantes.
Je respecte maintenant les autres et leur différence, sans m'en sentir remise en cause.

C'est un grand repos d'abandonner la lutte, et de se trouver à son aise et hors de danger, au milieu de ses semblables et dans son environnement.
C'est une chance et une grâce.

Je vous souhaite à tous de bien terminer cette année, et d'entamer la nouvelle en confiance et espérance.

A l'année prochaine !

NON CONFORME



Bonjour !

J'ai reçu dernièrement un courrier administratif.
Il y était question d'installation sanitaire, de réseau d'écoulements d'eaux, pluviales, usées, et je ne sais quoi encore. De vérifications à mener pour s'assurer de la bonne règle de notre façon de faire.

Agorreta est à l'écart de la ville.
Nous ne sommes pas reliés à ce circuit souterrain où se déversent les épanchements liquides de nos modes de vie.
Ce fameux "tout-à-l’égout" dont le nom  seul fait frissonner.
Tout à l'égout, tout à jeter, et rien à voir...

Nous vivons, tout de même, à Agorreta, la pluie y tombe comme ailleurs, et se déverse.
Nous utilisons l'eau, nous la souillons, et la rejetons.
Un système de recyclage a été mis en place, il y a une bonne vingtaine d'années.
Plusieurs fosses, des "épandages" dans le champ en dessous, collectent, recueillent et redistribuent les effluents de nos vies d'hommes et de bêtes.
Vivant au plus près de la nature, nous en connaissons les fragilités et les fonctionnements.
Nous savons que l'organique devient nourriture. La souillure, les odeurs nauséabondes, font partie de notre quotidien. Sans avoir le nez et les pieds constamment dedans,  nous côtoyons de près le fumier.

Nous avons remarqué, et partageons d'ailleurs, aussi, l'aversion des narines pincées par un assaut musclé de relents de putréfaction.
Nous avons enterré nos fosses, et l'épandage subséquent.
Nous apprécions même à l'occasion l'odeur agréable et fraîche des détergents et autres savonnettes.

Pourtant, j'essaie pour ma part d'éviter de m'éloigner de l'authentique fumet de vie.
Je véhicule d'ailleurs partout un relent d'étable, cette fragrance chaude et lourde un peu dérangeante dans les endroits clos.
Je travaille en extérieur, la plupart du temps, aussi, mes émanations se diluent-elles sans désagréments pour les autres dans le grand air.

Forte de ma philosophie nouvelle, je n'impose plus avec agressivité mes particularités.
J'utilise même ces artifices honnis pour masquer les effluents de mon mode vie à l'authenticité trop marquée !

Ce fameux courrier est resté lettre-morte, évidemment.
Notre installation est résolument non-conforme. Inutile de déranger un agent et de vérifier pour le constater.
Oui, nous vivons de façon non-conforme, à Agorreta.

Nous nous astreignons à respecter l'environnement, parce-que nous savons en dépendre.
Les normes des hommes ne nous paraissent pas toujours compréhensibles et judicieuses.
L'homme, cet animal capable de dérégler le climat, tout-de-même...

Oui, notre installation d'Agorreta est non conforme.

Notre façon de vivre doit l'être aussi. Et pourtant, tels quels, cette installation et ce mode de vie, ils me vont, parfaitement, à moi !

Bien-sûr un jour la réglementation nous rattrapera, et nous devrons rentrer dans ce moule étroit.
Jusque-là, pointés du doigts mais laissés libres encore, nous vivons, non conformément...








vendredi 30 décembre 2016

PETITS PROJETS GRANDS PLAISIRS



Bonsoir !








La journée embrumée au matin s'est purifiée au fil des heures.
J'ai encore une fois fait le plein de bonnes sensations, vivifiantes et toniques.

J'ai besoin d'éprouver ainsi la saine simplicité de mon environnement.
Je me lasse vite moi-même de mes élucubrations cérébrales, et reviens très régulièrement à ces petites occupations manuelles et "restructurantes" à souhait.

Rien de tel qu'un ou autre petit aménagement à réaliser pour "défibriller" le neurone !








J'ai en ligne de mire ces temps-ci la salle de bain vieillotte de l'appartement de l'étage.
Je l'avais audacieusement repeint l'année dernière, souvenez-vous, avec cette arche oblique au plafond.
L'envie m'est venue d'y intégrer la glace de l'armoire visible ici au fond.
Cette forme hexagonale m'a parue intéressante.
Cette armoire abritait avant la vaisselle des grandes occasions, aux motifs désuets et délicats.
Chaque assiette était séparée de l'autre par un morceau de papier journal . J'ai redécouvert à l'occasion du dernier rangement d'envergure les nouvelles datant d'il y a quelques décennies !
Dans le grand tiroir en bas, il y avait pèle-même tous les petits objets gagnés aux fêtes foraines : des portes-clés, des figurines, des billes et autres gadgets religieusement "désensevelis" des cartons de lessive Bonux. 
Je me souviens avec quelle ferveur je tirais doucement le long tiroir, retenant ma respiration, tel Ali-baba  dans la caverne aux trésors.
Mes plus grandes extases à triturer un objet me viennent de là, de ce tiroir où breloques et miniatures s'enchevêtraient comme des colliers de perles rares.
Je vais réhabiliter ce vestige de mes plaisirs d'enfants, à ma manière.
Je vous montrerai, si le résultat avoisine mes espérances.





Pour le moment, l'armoire est juste orpheline de sa porte.








En place de la précieuse vaisselle, j'y entrepose maintenant mes pots de peinture. Autre source d'immenses plaisirs...






Un rien me contente.
J'ai mis un bon moment à placer deux petites lampes opaline rosée. Un autre encore à m'extasier de l'effet de cette paire de rideaux orangés.
Je me souviens d'un soir où, d'une pièce à l'autre, j'essayai une lampe sur pied. Je la posai ici, ou là, l'allumai, jugeai de l'effet, la déplaçai pour l'installer mieux ailleurs.
Un bon moment, dont le souvenir me tire encore un sourire.

Une autre petite occupation qui me réussit toujours, c'est mon potager :






Il a pris ses atours de saison d'hiver.
J'y travaille au grand soleil,  binant légèrement la terre étonnamment sèche pour cette période de l'année.
Les fèves et les pois sont presque aussi hauts que moi ! Quelle force de vie dans ces tiges dressées résolument vers le ciel !

Voyez, cette journée toute simple, elle m'amène au soir toute ravigotée et apaisée en même temps.
Il m'en restera j'en suis sûre un souvenir bien agréable, quand rien ne la désigne particulièrement.
Une journée enchevêtrée aux autres comme mes breloques d'enfant, précieuse pour ce qu'elle donne sans valoir grand chose pourtant...

Bonne nuit à tous, et une pensée pour ces petites choses de rien qui nous tiennent et nous tirent en avant.

jeudi 29 décembre 2016

ERRANCES



Bonjour !
Le dernier article survole quelques fondamentaux, (rien que ça !!) en un désordre total et complet.
J'ai averti depuis le début de ce "bloc" : j'écris ici comme je pense, c'est-à-dire anarchiquement, sans queue ni tête, sans sens ni but.

J'avais pourtant en visée à peu près défini un semblant de recherche, une tentative de compréhension, un essai d'un bilan à faire pour une trajectoire à définir pour l'avenir.
C'est le moment qui veut ça, ce cap de la cinquantaine franchi, où l'on se demande ce que l'on va faire de la deuxième partie de sa vie, en partant de ce que l'on a fait, ou pas fait, justement, dans la première.

Ma recherche n'est pas tenace et assidue. Je dirais mieux que je reste attentive à tout indice, disponible à tout enseignement, mais pas plus demandeuse ni nécessiteuse que ça.

J'ai bien ressenti ce printemps 2016 un dysfonctionnement dans ma mécanique personnelle.
Les désagréments physiques s'accentuaient d'une morosité psychique préoccupante et surtout inconfortable.
J'ai pensé trouver dans ce "bloc" un cheminement sous-jacent me permettant d'éclaircir ce parcours.
J'ai voulu comprendre, trouver des pistes et des solutions à mon malaise passager. Pour éviter d'y retomber.

Je ne peux pas dire que le fatras déversé ici depuis tous ces mois m'ait éclairée.
Non, tous ces mots, tous ces textes, ne dessinent rien d'autre que des volutes gracieuses parfois, légères et sans prétention.
Tous ces mots, tous ces textes, disent simplement mon plaisir à écrire, mon bien-être à sentir et éprouver chaque moment et chaque jour comme important, dans son insignifiance.
Mes réflexions ne sont ni essentielles ni profondes. Elle sont juste amusement et attention à un monde offert à mon regard.

Je suis humaine, comme vous, et je cherche un sens à ma vie.
J'essaie de comprendre ce qui ne se comprend pas, ce que de bien plus perspicaces que moi n'ont pas réussi à expliquer et à donner à comprendre.
Nous sommes ainsi faits, et notre conscience d'exister dont je parlais la dernière fois nous pousse à continuer de chercher quand nous continuons de butter contre l'inexplicable.
Le besoin de contrôle, cette peur de l'inconnu, nous taraude et nous torture au lieu de nous rassurer.

Mon passage à vide a eu pour effet bénéfique de m'obliger à lâcher prise, à faire baisser la pression.
J'ai repris mes constantes à plat comme j'ai rectifié celles de mon surpresseur emballé.
J'ai laissé décanter les choses, et mieux vu un fond jusque là brouillé de trop de mouvement et d'agitation.

Un peu de sagesse m'est venue. Une certaine rondeur m'a adoucie.

Je n'ai pas l'intention de pousser une enquête savante sur les causes et effets de mes manières d'être. 
J'ai le goût de l'observation, et je continuerai d'observer, la nature, les autres, et moi-même.

Je le ferai avec moins de méfiance, moins d'agressivité.
Je me suis émancipée de mes peurs rentrées, et ça m'a fait grand bien !

J'admets avec humilité maintenant la juste nécessité d'un équilibre fragile entre mes aspirations, mes besoins, et ceux des autres, ceux-là avec lesquels je vis, ceux de mon espèce, si semblables à moi, et si différents aussi.

Comme tout cela paraît mauvaise littérature !
Et alors ?
Je ne revendique que mon droit au plaisir, d'écrire, de vivre.

Je ne voudrais pas vous lasser, pourtant, et m'arrête ici, pour ne pas en prendre davantage le risque !

A bientôt, et, encore une fois, ne vous privez pas de passer outre mes errances, si elles vous ennuient !

Je ne vous en voudrai sûrement pas. Puisque je ne le saurai pas...
Ce savoir si recherché et pourtant pas toujours nécessaire, n'est-ce pas ?











mercredi 28 décembre 2016

CULTIVER L'ESPOIR



Bonsoir !


Un petit changement horaire m'amène à mon clavier à cette heure inhabituelle.
La journée a été tellement belle, je n'ai pas voulu manquer un seul instant de cette lumière chaude et pleine.

Je me faisais tout en prenant le grand air de ces remarques molles et sinueuses dont j'ai l'usage.
Ces arabesques irisées où les idées dansent lascivement juste en dessous de la surface de la conscience me séduisent, vous le savez.

Justement, je me demandais comment elle avait pris pied en nous, cette conscience.
Comment ce grand singe, souvenez-vous, redressé sur ses pattes arrière pour attraper plus facilement les baies élevées, était passé de sensations passives à perceptions plus sophistiquées, et, de là, sans doute, à cette conscience éclairée, notre salut et notre tourment tout à la fois.

Tant qu'il gardait les yeux rivés à la terre-mère, notre singe ne devait pas chercher bien loin des sources d'élévation spirituelles et de tracas intellectuels.
Son horizon bas le privait, et le préservait en même temps.

Je ne sais pas comment lui est venu l'idée de se redresser. Par manque de nourriture au sol, sûrement. Ou alors, pour délasser sa colonne engourdie, je ne sais...
Toujours est-il, qu'un jour, comme ça, il se lève, ce premier hominidé. Les autres, sensibles aux effets de modes, déjà, le suivent.
Partant de là, ses perspectives s'élargissent, et ses ambitions croissent à l'avenant.

Les sensations nés de son rapport à son environnement se modifient, s'enrichissent. 
L'homme-singe mobilise ses capacités intellectuelles, pour mieux appréhender ce vaste monde. De sensitif passif, il doit devenir actif, faire des rapprochements judicieux, tirer de ces enchaînements des enseignements à mémoriser pour dupliquer les situations avantageuses, et éviter les désagréments.
Il devient intelligent, calculateur, méditatif, et tout prêt pour les phases dépressives et maniaques.
En effet, ses expériences accumulées de générations en générations, sa science affûtée de recherches assidues et tenaces, lui laisseraient penser qu'il peut devenir le maître de ce monde qu'il foule au pied.
Il ne se sent plus, se voit supérieur, bien supérieur aux autres formes de vie sur terre, et dans l'espace. Rien n'arrête ses idées de grandeur. Il n'a plus besoin d'un Dieu, il en est un !

Sa conscience de lui-même et de sa valeur, de sa place et de son essence, s'enfle d'un orgueil sans bornes.
Bien loin de lui maintenant l'effroi du moment où, pour la première fois, homme ou encore bête, il a vu tomber la nuit, et a pris conscience de cette catastrophe.
Imaginez, une belle journée comme celle d'aujourd'hui, puis, la lumière qui baisse, l'air qui fraîchit, les ombres qui mangent le paysage familier et amical.
Si vous ne savez pas ce qui se passe, vous êtes forcément en panique totale, effaré et désespéré d'avoir perdu le jour !
Je me demande bien comment s'est passé cette première fois. Qui a eu cette conscience de perdre la lumière, et la peur qu'elle ne revienne jamais.
Je n'ai pas connaissance d'études sur ce passage tout de même essentiel dans l'évolution de l'être vivant. Pourtant, ça m'a toujours intriguée.

Qu'a fait l'homme ou la bête, la première fois qu'il a perçu la nuit ?
Comment a-t-il surmonté ce traumatisme ?  
D'ailleurs, la prise de cette conscience a peut-être été nocturne ! c'est vrai, ça...
A ce moment là, l'homme ou la bête, conscient de la nuit autour de lui, a du s'étonner aussi de voir apparaître la première aube pour lui signifiante.
Non, je ne vois pas comment ça s'est fait, cette affaire là.

Ça n'a pas du se passer aussi brutalement. L'homme ou la bête soumis aux cycles des éléments n'a pas du prendre sur la tête cette connaissance comme une météorite tombée du ciel.
Sa perception consciente a du s'éveiller d'une latence évolutive. Il devait sentir le jour et la nuit. Son organisme devait avoir absorbé les cycles naturels. Il devait y avoir adapté instinctivement son comportement : se coucher au soir, et se lever le matin, tiens !

Par la suite, pris dans cette routine installée, il a du s'interroger et vouloir comprendre.
Sa conscience mal éveillée a du commencer de le chatouiller, l'exhortant à ne pas se laisser vivre passivement, mais bien à acquérir la science, la connaissance et le savoir : la maîtrise !
C'est un peu ça, non, avoir conscience des choses, les reconnaître, les prendre en compte et s'en rendre compte, surtout. Ne plus vivre dans une nébuleuse d'ignorance, et s’exonérer ainsi de toute part de responsabilité.
Ce n'est pas une affaire, peut-être, au final, cette conscience...
Les êtres vivants "inférieurs" vivent peut-être tout aussi bien, sans elle.
C'est vrai ça, savoir, c'est bien joli, mais encore faut-il en faire quelque chose, de ce savoir !
Et là, le champ est vaste et le pauvre esprit humain s'y perd...

Surtout quand le fameux savoir se heurte à ses limites. Ça devient périlleux de s'entêter à tout décortiquer, à disséquer jusqu'à la plus infime division de la matière, abyssal d'explorer le vaste espace et de sonder l'immensité d'un univers sans fin, dans le but d'expliquer.
Et de tomber sur un trou noir vertigineux, où le temps et l'espace se dissolvent.

Notre prise de conscience la plus essentielle est celle de notre position suspendue au beau milieu d'un vide que rien ne peut désigner.
Et notre seule issue est d'espérer.
Mieux que de croire, par une foi soumise.
Non, bien d'espérer, par un élan au delà de toute conscience.

C'est cet espoir évanescent que je cultive comme je cultive mon potager.
Tiens, je vous en parle bientôt, de ce potager.
L'élan  du renouveau, la boucle de ces cycles toujours recommencés, s'illustre dans mes rangs de pois mieux que dans toutes ces phrases.

Douce nuit à vous, bon temps de repos apaisé et bienfaisant.


dimanche 25 décembre 2016

AGATTE : L’ÉCHAPPÉE BELLE



Bonjour !








Ce jour de Noël baigne dans la douceur d'une ambiance grise et immobile.
Un vrai jour de repos, lent et tranquille.

Ce moment de l'année date le redémarrage des jours vers davantage de lumière.
Imperceptiblement, même si le calendrier nous indique l'entrée dans la saison hivernale morte, la nature elle, repart et nous parle de renouveau.
Je ne sais pas qui a segmenté ainsi nos saisons et notre temps, mais il n'a pas du observer finement la nature, et s'est décalé de...oh... pas grand chose, quatre bons mois, quoi !

En parallèle, nos religieux, eux, davantage tournés vers une spiritualité détachée de la science matérialiste, ont parfaitement détecté ce moment du renouveau, et en ont fait le jour de naissance de leur figure emblématique. 
Je me demande s'il ne serait pas temps de relier ces deux mouvances là...
Laissons ça pour une autre fois !

Je viens aujourd'hui vous reparler de mon Agatte :






Agatte, la velle, pas ma collègue, Agathe :




Celle-ci se porte très bien, et fête Noël dans la capitale.
Non, aujourd'hui, je vous parle d'Agatte,  celle de mon étable, la fille de Bigoudi :






Ce matin, elle aussi va très bien, merci de vous en inquiéter.
Quand vendredi, j'ai manqué la perdre !
Je vous raconte :

Vendredi, je vaquais paisiblement à quelques préparations charcutières, en vue entre autres des prochaines agapes.
Quand j'ai eu terminé, en milieu d'après-midi, j'ai été comme d'habitude quand je ne travaille pas, faire ma promenade dans les champs, avec les chiens.
Vendredi, le temps était gris, déjà. Par moments, l'humidité de l'air devenait bruine légère.
Après le petit bois, un crachin têtu me fit envisager d'écourter ma ronde.
Lola, lancée sur la piste d'une odeur quelconque dans la broussaille, m'en dissuada. Pour laisser mes chiens s'amuser à leur nature de chasseurs, je poursuivis ma promenade, et décidai de faire le grand tour.

J'y mets près de trois-quart d'heure, marchant d'un bon pas, mais sans précipitation. Je me promène, quoi.
Au retour, le jour était bien bas, déjà.
Dans l'étable, j'allumai la lumière faible.
Je remarquai tout de suite qu'Agatte n'était pas à sa place, dans le fond. Elle était auprès de sa mère, Bigoudi.
Tiens, me suis-je dit, elle a du passer la tête hors de la boucle de sa chaîne. Je l'attache assez large, pour pouvoir la détacher sans mal le matin, au moment de la tétée.
Bon, elle aura pris une ration supplémentaire, la bougresse ! me suis-je pensé.
C'était l'heure de la distribution des rations du soir.
J'ai vidé mes bols, les uns après les autres. Je vais l'attacher quand elle viendra manger, à sa place, calculai-je.
Vidant le dernier bol à la dernière place, celle d'Agatte, donc, je m'étonnai de ne pas voir sa chaîne.
Ces chaînes à vaches sont glissées dans un trou maçonné de la mangeoire, et se fixent au moyen d'une barrette de près de vingt centimètres de long, qui se met en travers de ce trou.






Pour enlever la chaîne, il faut tirer la barrette en arrière, dans la mangeoire, la présenter droite, et la faire passer ainsi dans le trou.
Agatte, détachée tous les matins, tire vigoureusement sur sa chaîne. La barrette est bien coincée dans son logement. 
Il arrive qu'un maillon usé de la chaîne cède, à cet endroit où le métal frotte contre le béton. La chaîne se rompt alors.
Je cherchai à tâtons la barrette dans la mangeoire, pensant qu'Agatte avait profité de l'usure de la chaîne rompue pour se libérer. Elle devait avoir gardé les deux brins enroulés autour de son cou, avec le troisième en suspens, orphelin de sa barrette.
Pas de barrette...
Je revins vers Agatte et Bigoudi. Agatte gardait la tête baissée, contre la jambe de sa mère, en une position étrangement prostrée.
Je m'approchai, regardai mieux.
En effet, Agatte avait bien sa chaîne encore autour de son cou.
Plus surprenant, la barrette pendait en bout du troisième brin. La chaîne ne s'était pas rompue.
La barrette avait reculé dans la mangeoire, s'était présentée dans le bon angle pour glisser en dehors en travers du trou.
Certaines de mes mangeoires ont des trous élargis. Pas celle d'Agatte. En son temps, la grande Pollita y a été placée, et jamais, elle n'a pu extirper la barrette de son logement.
Ça alors, c'était étonnant ! Mais bon, comme disait Bigard, admettons...

La posture bizarre de ma velle m'alertait. Que se passait-il ici ?
M'approchant encore davantage, je compris :
Agatte maintenait sa tête contre la jambe de sa mère, non pas par fantaisie, mais bien parce-qu'elle y était contrainte. La chaîne toujours attachée autour de son cou encerclait maintenant aussi la patte arrière gauche de Bigoudi, juste au dessus de son genou !
Pendant que je faisais mes observations, Agatte tenta de se dégager, et son mouvement déclencha aussitôt une ruade vigoureuse de Bigoudi, blessée par la chaîne serrée qui remontait sur sa cuisse. 
Je m'écartai pour éviter un mauvais coup. Le tableau se présentait assez mal.
Agatte suffoquait, étranglée par la chaîne de plus en plus serrée. A chaque secousse pour se libérer, elle provoquait une strangulation plus forte, la chaîne remontant le long de la cuisse évasée de Bigoudi.
Vous ne connaissez peut-être pas le système de ces chaînes à vaches. Je vous explique :
les deux brins entourant le cou de la bête se referment au moyen d'un V à engager dans une boucle en O.  





Pour attacher, vous présentez une branche du V dans le O de la boucle, l'autre suit, et le V se retrouve de l'autre côté du O coincé dans cette position par les tractions de tirage infligées par la vache. 
Pour décrocher, il faut retirer le V en avant, et représenter en sens inverse une branche, puis l'autre. Vous voyez ? Bien.
Pour ouvrir la chaîne, il faut un minimum de course, puisque le V coincé contre le O ne peut pas en sortir par sa pointe.





Là, de course, je n'en avais pas trop. Le V et le O étaient quelque part à l'intérieur de la cuisse de Bigoudi, contre son pis. La tête d'Agatte, son dos large, plaqués à cette cuisse, ne facilitaient pas l'approche. 
Bigoudi s'était reculée le long de sa mangeoire. Elle occupait toute la largeur de son box, je ne pouvais pas la contourner.
Je devais agir du côté où Agatte se tenait, collée à sa mère.
En me penchant par dessus la velle, je touchai le dispositif de déverrouillage.
Je tentai d'apaiser mes bêtes, pour éviter d'autres soubresauts et l'étranglement inexorable ainsi induit. 

Nous avons dans l'étable une pince coupe-boulons. Je n'étais pas sûre d'avoir suffisamment de force pour arriver à couper la chaîne épaisse. En plus, le temps des recherches dans le coffre à outils désordonné, les bruits métalliques, auraient affolé les vaches déjà bien alarmées sans ça.
Il n'y avait personne à ce moment dans la ferme. Mon père et mon frère étaient partis en promenade, et pas encore revenus.

Je me couchai sur le dos d'Agatte, espérant qu'elle ne bouge pas. Je fis descendre doucement la chaîne le long de la cuisse de Bigoudi, priant là encore que celle-ci non plus ne m'envoie pas la ruade que je lui avais vue envoyer un moment plus tôt.
L'instant était critique. Il me parût long, et solennel. Un peu magique, avec ces deux bêtes essoufflées, la respiration rauque de mon Agatte étranglée, et pourtant, pas un seul mouvement brusque, tout le temps que je mis à faire descendre tout doucement la chaîne, jusqu'à ce qu'elle soit suffisamment détendue pour que je puisse repasser le V renversé dans le O, mes mains comprimées entre la cuisse et le pis chaud de Bigoudi.

J'y arrivai, enfin. Le brin de chaîne tendue glissa au sol en un tintement clair. Cling.
Agatte aurait pu bondir à ce moment, et m'envoyer valser dans la litière. Bigoudi libérée de cette étreinte douloureuse aurait pu m'écraser un coup de sabot sur le front.
Je ne restai évidemment pas dans l'attente de ces événements pas heureux du tout ! Non, aussi vite que je le pus, je retrouvai l'appui de mes pieds, et m'écartai de mes bêtes encore prostrées.
Agatte gardai sa position, hébétée.
Je la frictionnai vigoureusement entre ses petites cornes, comme elle aime. Je massai sa gorge épaisse, lui parlai, l'exhortant à se remettre de ses émotions trop fortes. 
Bigoudi ne bougeait pas, elle léchait sa fille, et semblait me demander ce qui se passait.

Au bout d'un moment, mon Agatte traumatisée retrouva son oxygène, et ses esprits. Elle releva la tête, se laissa encore frictionner et masser.
Je l'encourageai toujours de la voix et du geste à bouger.
Elle me regarda, ses yeux étaient un peu exorbités. Son souffle redevenait normal.
Un moment encore après, elle se mit en marche, et retourna à sa place.
Je réinstallai la chaîne ramassée dans la litière dans son logement, et nouai les deux brins autour du cou de mon Agatte.
Elle grappilla à peine sa ration, et se coucha, épuisée, sans doute.

Bigoudi à son tour reprit le cours de sa vie, tirant le foin du râtelier.
Tout rentrait dans l'ordre, quand tout avait failli basculer.
Il arrive que des bêtes s'étranglent ainsi.
Tout de même, une chaîne sortie toute seule de son emplacement, entière, une patte de vache passée juste dans le cercle des deux brins accrochés autour d'un cou de velle, ça paraît peu probable, n'est-ce pas ? Et pourtant, c'est arrivé...

Mon père arrivé au moment où Agatte était retourné à sa place remarqua l'agitation de Bigoudi. Je lui expliquai. Il ne voulait pas y croire, le pauvre homme !

Enfin, tout est bien qui finit bien, dans ce monde un peu magique d'Agorreta.
Celui que je vous présentai il y a plus de deux ans maintenant.
Celui-là même où le temps coule sans paraître laisser de traces, et pourtant...





Je veux y voir les traces ténues, oui, mais bien palpables, tangibles et fluides d'une évolution positive.
Je veux y voir la confirmation d'un sens amical,  profond et authentique.

Le plaisir d'y vivre, et l'envie de cultiver ce plaisir.

Joyeux Noël à tous !





jeudi 22 décembre 2016

LES PETITS CHEVAUX EMBALLES DU KARRARRO LE SECOND



Bonjour !

Puisque nous en sommes aux petits chevaux, parlons de ceux de ce Karrarro le second, de mon frère Beñat.


Après ces réflexions amusées sur un sujet pourtant grave, retour à Agorreta.
Où, pendant longtemps, ma mère stockait justement ce sucre et cette huile, par mesure de précaution en cas de disette, elle. 
Pas des armes pour recommencer une guerre dont elle avait eu bien assez !

Je vous ai montré les petits chevaux sauvages de mon Karrarro le redoutable :





Je dis petits chevaux sauvages, pour reprendre ma tournure, mais aussi parce-qu'à Agorreta, je vois mieux ces petits pottoks, rustauds et lourds, que d'élégants purs-sang arabes... Je ne sais pas pourquoi !

Je vous ai dit comment, il y a quelque temps, mon frère Beñat avait troqué son Someca contre un Karraro, devenu Karrarro le second, le premier étant le mien, celui de Mizel, le redoutable !
Vous suivez ? Ah... là, il va falloir tout reprendre au presque début, ou alors, laissez tomber, et ne vous inquiétez pas de la genèse. Sachez juste qu'il y a deux Karrarro à Agorreta.















Celui de mon frère est moins poussiéreux que le mien.




Ces deux tracteurs ont la même particularité.
Ils bénéficient d'une technologie sophistiquée d'ajustement de l'accélération.

Sur ces vieux tracteurs, il y a une pédale classique d'accélérateur, au pied, et une manette, quelque part près du volant, pour augmenter ou baisser le régime moteur, à la main.




Ce système souffre d'un excès de complexité.
Il y est mis en oeuvre des masselottes, régulateurs plus ou moins mécaniques, butées, et autres alambics autour de la pompe à injection, pièce plus ou moins maîtresse.
Je vous en dis ce que j'en ai retenu, c'est-à-dire une jolie mélasse !

Mon Karrarro, à son arrivée à Agorreta, manifestait une petite fantaisie de ce système de régulation. La manette au volant, cette petite tige mignonne, revenait toute seule en arrière, au démarrage. Et le moteur s'en éteignait, en un toussotement désolé.
Quelle incongruité !
Je démarrais, positionnant ma tige dans le bon angle, et Parrrrra, Karrarro s'arrêtait...
J'avais installé ce coquet petit bouchon de liège, sous la tige métallique,  de façon à la contraindre à garder la bonne position, celle de marche.
Pour éteindre, j'ôtais le bouchon, et repoussais la tige vers le haut.

Karrarro a du être reconnaissante de ma prise en compte respectueuse de sa petite particularité.
Au bout de quelques semaines, la tige a consenti à rester en position marche, sans le soutien du petit bouchon, qui tombait régulièrement, d'où le renfort de la petite ficelle de cuisine, histoire de ne pas avoir à le chercher dans la boue, à chaque chute.

Le Karrarro de mon frère, lui aussi, a cette petite défaillance du système de régulation automatique.
Celui-ci ne s'éteint pas, non, celui-ci, il fait le contraire.
Mis en marche, sans problème, il tourne rond, un moment, puis, sans trop de préavis, quand la sollicitation lui semble suffisante, Barrrrrrra ! il s'emballe !
Le régime du moteur monte tout seul, et atteint des niveaux inconfortables.

Deux tracteurs, similaires, et deux tempéraments, opposés.

Mon frère adore ces vieilles mécaniques. Il aime à les comprendre.
Cette histoire de régulation du régime moteur, ça lui parle. Ça résonne en lui profondément et intimement.
Il s'est attelé à tenter de résoudre ce dysfonctionnement.

Une pompe en bon état ferait bien son affaire.
Mais Karrarro ne date pas d'hier. Et ses pièces ne courent pas les marchés...

Si parmi mes lecteurs, il y avait un heureux possesseur de cette pièce tout de même maîtresse,  je vous en conjure, faites-moi signe, au travers de ce "bloc".

En attendant cet heureux événement, mon frère étudie et calcule.

Sacrés Karrarro, il y a du tempérament, et du vrai, dans ces petits chevaux !

D'UN JOUR A L'AUTRE



Bonjour !

L'actualité me tire un commentaire, aujourd'hui.
Je ne suis pourtant pas très assidue à la marche publique de notre monde.
Ma notion de la citoyenneté est plutôt relâchée, je l'avoue.

J'écoute la radio durant mon trajet jusqu'à la jardinerie.
Des bribes des mouvements du monde parviennent jusqu'à moi.
Je suis bien loin de tout comprendre.
Je fais comme vous, sans doute, je m'étonne, m'indigne, un peu, me désole, parfois, et continue ma petite vie égoïste, toujours.

Ces derniers jours, j'ai été interpellée par cette affaire d'arrestations à Louhossoa.
La proximité locale évidemment appelle notre attention.
Plus largement, ces affaires de caches d'armes à usage terroriste ne laissent pas indifférent.
Quand on tue sciemment des gens venus se promener aux marchés de Noël, comme j'écrase les puces de mes chiens sur les accoudoirs de mon siège, on se demande où est passée l'humanité dans tout ça...
Remarquez, les puces de mes chiens se le demandent aussi, sûrement, dans leurs petites têtes de puces !
Je ne sais pas trop quoi répondre, ni aux uns, ni aux autres : l'humanité s'est diluée, ou alors, l'humanité, c'est aussi cette folie furieuse et meurtrière.

A Louhossoa, dans notre joli Pays-Basque vallonné roux d'hiver, il y avait donc des armes.
De ces armes guerrières destinées à répandre le sang, impur ou pas.
Les idéaux nationalistes nourrissent bien ces élans sanguinaires, comme les idéologies religieuses leur servent de prétexte.
Je ne dissèque pas plus les mécanismes sous-jacents de ces manipulations sombres que les miens propres.
Je me contente de déplorer leurs effets...

Toujours est-il qu'il y avait donc là une petite réserve d'armes. Depuis un bon moment, sans doute, depuis ces temps pas si lointains où nous étions en guerre, déjà.
En guerre, nous le sommes d'ailleurs, encore. Ce n'est pas parce-que ça ne dit pas clairement son nom, parce-que les troupes n'avancent pas en ordre militaire, que ça devient autre chose.

Les temps modernes sont à la confusion.
On entend pelle-mêle les exhortations à la violence, au combat, à peine voilés d'un restant de retenue politiquement correcte, et des adjurations à la pacification, à la fraternité et aux bons sentiments.
Une véritable bouillie hétéroclite où une chatte ne retrouverait pas ses petits.

Nos militants basques, puisque c'est ainsi qu'on les désigne, après avoir armé les milices souterraines, ou du moins en être au minimum informés, d'où complices, avaient le projet de détruire les armes en question.
Démilitariser, comme déminer. Faire demi-tour à la violence, et se tourner vers la paix, la négociation, l'humanité civilisée.

Comme quoi, vivre, c'est bien évoluer.
Quand j'ai entendu un matin de cette semaine l'information selon laquelle on avait arrêté des gens parce-qu'ils projetaient de détruire des armes, je me suis dit : ça alors ! c'est le monde à l'envers ! on s'échine à rétablir partout les meilleures conditions pour les retours à la paix, ou du moins à une vie civile à peu près normale, et ne voilà-t-il pas qu'on condamne ceux-là même qui y travaillent. Il y a là une incohérence dérangeante, non ?

D'un autre côté, cette cache d'arme, elle parle assez clairement de terrorisme sanguinaire. Ce n'était pas du sucre et de l'huile qui étaient mis en réserve à Louhossoa. C'étaient bien des outils de meurtre et de destruction.
Je me mets à la place de ceux qui savaient ces armes là. 
Pas facile de se rendre au premier commissariat de police, en disant : tiens, ce matin, j'ai découvert chez moi une artillerie de guerre...

La position était difficile à défendre.
L'objectif n'en était pas moins dirigé dans le bon sens. Détruire des outils de destruction, annihiler les moyens d'une violence meurtrière. 
Encore une fois, on ne sucre pas son café avec des mitraillettes. Non, avec des mitraillettes, on tue.

Ces militants se sont vus du jour au lendemain condamnés comme terroristes en puissance, puis, acclamés comme héros de la paix.
Ils sont devenus les artisans incontournables du retour à la paix civile, les négociateurs obligés entre les politiques en place et les forces de l'ombre latentes.

Quel revirement spectaculaire !

Notre actualité dépasse toutes mes élucubrations sur les complexités de la nature humaine.
J'en reste perplexe, mais bon, intéressée, toujours.

Si vous me suivez un peu, vous savez que je ne fais pas trop dans les analyses politiques. Je n'y entends pas grand chose, et confonds allègrement toutes les figures du moment.

Là, c'était juste le paradoxe qui m'a paru révélateur.
Cette situation tragi-comique, plus burlesque que tous les montages de fiction.

En cette fin d'année, un pied-de nez comme je les savoure...

mercredi 21 décembre 2016

KARRARRO ET LES PETITS CHEVAUX



Bon jour !

Le quotidien d'Agorreta me ramène toujours à mes basiques : la terre, la bête, l'organique !







En ces jours les plus courts, la lumière est lente à écarter les ombres.
J'attends le lever du jour, pour aller vider ma bennette à fumier.





Dans la pénombre, je localise mal le tas.
Je suis sensée basculer mon chargement de fumier au plus près, de façon à constituer une pile où la matière organique entassée va fermenter, se décomposer, et devenir richesse à incorporer à la terre.
La manœuvre paraît aisée :








Je me rapproche au plus près de l'objectif en visée.
Je pose la benne au sol.
J'actionne le levier de déclenchement du verrouillage de la benne.
Je relève la benne, elle bascule et se vide.
La cargaison du jour s'aligne devant celle de la veille, et ainsi de suite.
Une fois par semaine, mon frère empile mes petits tas plus ou moins alignés, pour ériger la pile.

La difficulté première est la localisation précise du tas confondu dans la nuit.
La seconde est la plus ou moins bonne volonté de la cargaison à se détacher de la caisse.
Karrarro est fougueux, encore, mais il est vieux, tout de même !
Quand j'enclenche la marche avant et relâche l'embrayage par à coups pour vider la bennette à petits soubresauts, mon équipage ne bondit pas nerveusement, non. Il a une petite impulsion, molette, pas toujours suffisante à décrocher le fumier de la tôle.
Pour le coup, mon tas du jour s'éloigne parfois de sa destination première.
J'avais, un moment, du temps de Ttiki-Haundi, initié une manœuvre hardie pour ramener le tas perdu auprès des siens. 
La benette enfin vidée, je reculais pour me servir de la caisse comme d'une lame de bulldozer. 
Ça marchait bien... Jusqu'au jour où la caisse s'est pliée d'être ainsi sollicitée, et à refusé de se remettre dans son logement, se traînant pitoyablement par terre.
Je vous l'avais raconté, souvenez-vous :



Il avait fallu une intervention musclée de mon frère, pour redresser le pauvre bâti malmené.
Depuis, cette caisse ne bascule plus. Mais elle rend bien des services, telle quelle :


Un genre de seconde vie lui est offert. 
Ttiki-Haundi la valeureuse et la vieille bennette font un sacré équipage, encore !

Comprenant mon erreur d'alors, je préfère maintenant laisser mon tas là où il veut bien se poser.
Je tente le lendemain de le pousser avec la caisse pleine rabaissée, plus apte à résister à la force contraire.
J'essaie aussi parfois de monter sur le tas incliné en rampe. Malheureusement, quand je redescend après avoir benné mon fumier, la caisse ramène sous elle autant de matière qu'elle n'en a laissé, et l'étale lamentablement devant la pile en une traînée souillée.
 Ça ne va pas !
Et puis quoi, pourquoi vouloir faire parfaitement ce que d'autres arrangent si bien ! N'est-ce pas ?

Tout en manœuvrant ainsi hasardeusement, j'ai fait dernièrement une découverte :
sur le volant de mon fier Karrarro, il y a un sigle. Oui, une représentation ignorée jusque là sous une bonne couche de poussière.

Sur le volant de Karrarro, il y a... trois chevaux ! Une troupe de petits chevaux sauvages, la queue relevée et la tête haute, fièrement au petit trot.





Tout pareils à ces petits chevaux qui trottent allègrement dans ma tête !
Je vous dis, le hasard est espiègle.
Il nous fait des signes comme on salue amicalement, la main levée.

Je vous salue moi aussi, amicalement, et vous souhaite une agréable journée !