vendredi 9 septembre 2016

LUNETTES ET PHILOSOPHIE.



Bonjour à tous les visiteurs en ces pages, et mille mercis de votre bienveillante attention !


Tout d'abord, une brève d'Agorreta :




Je vous ai reparlé dernièrement de ce nid d'hirondelles, commencé en fin de saison l'année dernière, et où, en fin de saison de cette année, quatre petites têtes s'arrondissent au dessus de quatre petits becs oranges triangulaires.









Ces quatre jeunes hirondelles, s'apprêtent à quitter le nid. Elles se risquent au bord, se rattrapant encore maladroitement en des battements d'ailes confus. Elles en sont à l'apprentissage...






Vous vous souvenez aussi de ma Bullou blanc-chocolat. Et de sa passion pour la chasse aux oiseaux.


Cette passion qui la soulève au dessus d'elle-même, dangereusement, la menant à ses risques et périls sur les toits d'Agorreta :







Ma seule crainte est, qu'un jour, s'élançant à la poursuite endiablée d'un moineau débusqué sous les tuiles, elle en perde la raison, oublie les lois de la gravitation élémentaire, et se croit capable de voler, juste avant de chuter gravement.

Enfin, pour le moment, ce triste scénario n'a pas eu lieu... réjouissons-nous simplement.





Ce matin à l'étable, l'une des quatre jeunes hirondelles a chu, elle, au sol. La pauvrette.
Bullou dans les environs n'a pas pu résister.
Je vous ai dit comment j'avais tenté de l'éduquer à faire la différence entre le moineau permis, et l'hirondelle interdite. Différence bien arbitraire pour ma petite Bullou facétieuse, évidemment. La petite hirondelle du grenier, tombé dans le même cas ce printemps, en a fait les frais. Recueillie et déposée sur un round ballot, après avoir été un peu mâchée, elle n'avait pas survécu. Paix à son âme...

Mon père présent sur la scène du presque crime, est intervenu vivement, du haut de ses presque 88 ans.
Il a ramassé l'oisillon, et l'a délicatement reposé sur le couvercle du rangement des aliments, à l'étable, en hauteur.
J'ai vu le pauvre tout petit mal en point, penaud et chiffonné, tête basse et bec posé sur la planche. Il ne paraissait pas avoir été mordu trop fort, mais il n'était pas bien fringant non plus !

Je l'ai laissé là, me disant qu'il allait mourir avant d'avoir su prendre son envol, ce pauvre ange.

Un moment après, repassant dans le coin, je le vois, tête mieux relevée, ailes ramenées contre son corps. Tiens, me suis-je dit, il est mieux. Peut-être s'en sortira-t-il ?
J'ai décidé de tenter de le remettre dans son nid, auprès de sa fratrie. Les parents tournoyaient dans l'étable, et s'alarmaient de le voir là, lui, seul et abandonné.

Je l'ai déposé tout doucement dans son nid chaud, en évitant de déranger les autres.

Encore un moment après, je vous dis, un petit feuilleton, cette affaire, ce matin, quelle surprise agréable : quatre petites têtes rondes s'alignent en bordure du nid !
Ma petite famille réunie attend la becquée, comme si rien ne s'était passé ! Quand nous avions été tout près d'un drame familial fatal !

Comme quoi, le monde est plein de bonnes surprises, parfois, n'est-ce pas ?


Vous vous demandez que viennent faire lunettes et philosophie avec mon si joli conte aux hirondelles.
Sans y regarder de trop près, (ce que peux faire maintenant avec aisance et confort) je vois là un rapprochement de circonstances.

Je vous explique :

J'avais besoin, depuis longtemps, de lunettes.
J'avais l'impression d'y voir clair, pourtant. Quand j'étais une taupe...
Depuis ce printemps et ma prise de conscience de ma vulnérabilité, vous le savez si vous me suivez, j'ai décidé de prendre soin de moi. Et je le fais.

Je suis pour le coup maintenant équipée de ces fameuses lunettes à verres progressifs.
Celles qui demandent un temps d'adaptation. Celles qui demandent à regarder droit, et pas en coin ou en oblique, très mauvais, ça, le coin ou l'oblique, pour y voir bien avec cet instrument.

Je les ai sur le nez depuis mercredi soir, et, ma foi, je m'y fais, plutôt bien.

Je garde en tête à cette occasion particulière les théories de la physique quantique, dont ma nièce m'a entretenu il y a peu.
J'en ai retenu ce que j'ai pu, évidemment !
Cette histoire de réalité qui n'existe que par le regard de celui qui "regarde" justement. Cette vérité qui est celle que l'on perçoit, et n'existe pas hors de cette perception. Ces sensations qui , croit-on, nous viennent de l'extérieur, quand elles ne sont que le résultat de notre existence au monde.
Non, vraiment, cette vision des choses m'a énormément plu ! Moi, vous le savez, tout ce qui me donne de l'importance, j'adore, grande cabotine que je suis... Et là, pour le coup, me dire que le monde n'existe que parce-que j'existe, moi, pour le voir et le concevoir, non, sans blaguer, ça me plaît !

Avec ses fameux verres progressifs, le regard doit s'adapter, et la conscience s'imprégner de ces zones de déperdition, ou la vision se floute.

Le monde devient ce que l'on en regarde, précisément, si on prend la peine de le regarder de la bonne manière, sous l'angle idoine.
Imaginez comme cela me va, à moi, qui vous entretient depuis bientôt deux pleines années de mes intuitions semi-spirituelles.
Regard organique, fonction physiologique d'un organe vivant, et adaptation de l'information, enseignement et appropriation intuitive de cet élément par un faisceau de connexions complexes. 

Toute la trame de mon parcours ramené à une monture posée sur le nez.
J'en lévite de pleine satisfaction. En essayant de ne pas me vautrer dans les escaliers...

La clairvoyance est une bien belle chose, quand on sort comme moi d'une période d'ombres.
Le monde se redécouvre, comme une nouveauté offerte en cadeau.

Evidemment, de ce monde, je perçois aussi maintenant les imperfections que j'ignorais jusque là. Telle tâche fondue sur le mur me saute aux yeux. Tel poil disgracieux se jette à mon regard désolé, quand jusque là nous cohabitions en paix.
La trop grande clairvoyance devient agressive. Il faut savoir la tenir à distance, et en museler les intransigeances pointues.

Le trop visible est une douleur, aussi. Et moi, de douleur, je n'en veux pas.
J'ai décidé, oui, je décide beaucoup, ces temps-ci, j'ai décidé, disais-je donc, d'apprivoiser ma clairvoyance, comme on apprivoise une bête nouvelle rentrée à l'étable. Avec douceur, bienveillance, et fermeté.

Je vois, bien mieux, très bien. Trop ? Alors, j'oublie ce que je vois, et que je ferais mieux de ne pas avoir vu, pour vivre bien.
La sagesse, ce savoir de l'âge, des années passées m'a enseigné les bienfaits de la rondeur et d'une certain détachement. J'ai failli dire, ignorance, mais non. J'ai connaissance des imperfections qui me sont devenues visibles. Je les savais là, même quand je ne les voyais pas.
Je les y avais un peu... oubliées.

Parce-qu'avec le temps qui passe, on perd l'énergie de lutter pied à pied pour atteindre ce monde idéal dont nous rêvons tous. On n'a plus la force de s'y casser les dents, jour après jour.
Et on découvre, petit à petit, ce confort apaisé et bienfaisant de l'oubli, du pardon.
Le pardon, ce n'est pas occulter les blessures et les noirceurs. Le pardon, c'est choisir, décider, de les laisser de côté, de ne pas cultiver la rancœur dévoreuse et stérile.
C'est accepter de s'abandonner, enfin, de lâcher prise, de courber l'échine plutôt que de s'obliger à maintenir une posture trop raide. Et de risquer de s'y casser les reins.
Souvenez-vous, cette poule glousse au cou douloureux...




Mes lunettes m'offrent cette chance, cette clairvoyance. Et moi, je fais le choix d'abandonner l'intransigeance impossible à vivre sereinement. Et d'adopter pour totalement mienne cette bienveillance amie et gironde.

Voyez, ces lunettes, c'est ma clairière dans la forêt, mon rayon de lumière après le tunnel sombre.




C'est l'aboutissement d'un parcours de recherche. Et le commencement de la seconde partie de ma vie.

Longue vie justement, à ma petite hirondelle miraculée !
Et longue et belle vie à vous tous, de ce monde tel que vous voulez bien le voir.

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