vendredi 16 septembre 2016

LE POTAGER D'AGORRETA : MAI 2014



Bonjour !

La pluie tant attendue a fini par arriver.
De belles averses, drues mais sans excès, un véritable bienfait.



Une atmosphère automnale, maintenant, avec les irisations de début de journée, ces pastels fondus de couleurs profondes. Un régal à regarder, un bienfait à ressentir.
je ne m'en prive pas !







Dans l'air frais du matin, mon potager exulte. Tout pousse à vue d’œil, rassasié d'eau, enfin.
Mon père devise tranquillement sur le chemin avec son fils. Bullou la fidèle l'accompagne.






Une petite histoire se joue des deux côtés de ma brinquebalante clôture. 
Mon Agatte et une jeune vêle de cousinou  se sont liées d'amitié. Elle se cherchent, s'appellent, se veulent. Elles essaient de nouer un contact charnel, poussant à qui mieux mieux dans le vieux grillage mité. Comme s'il avait besoin de ça pour mieux tomber !
La petite vêle blonde s'en est même lacéré l'oreille, accrochant sans doute son pendant d'identification aux mailles galvanisées.
A fréquences régulières, l'une ou l'autre meugle son désarroi de la séparation, en un appel pathétique et poignant.
Je me demande si nous n'allons pas un de ces jours les retrouver ensemble, ici où là, et devoir aller les rechercher... Bah, ce ne sera pas la première fois que nos vaches nous unissent, n'est-ce pas ?




La baie est splendide, en ce vendredi matin.
Des hordes de nuages clairs arrivent de la mer. Le temps est incertain. Tout est dans le tout. Un spectacle grandiose et saisissant.
Là encore, je ne m'en prive pas...

Retournons au printemps 2014, au mois de mai, à la jardinerie :




Ma trop fougueuse cacahuète...


Amis du potager au naturel, bonjour !

Et bienvenus aux nouveaux arrivants.

En ce dimanche bruineux, nos potagers absorbent l’humidité venue du ciel comme pain béni. Les températures commencent à être agréables, elles ont même par moment tendance à grimper en percées qui nous prendraient de court. Souvenez-vous de lundi dernier…

Quand vous rentrerez ce soir de votre sortie du dimanche, en passant par le potager, vous verrez que le temps est poussant. La végétation se développe à vue d’œil, la jeune pousse tendre s’étale presque langoureusement.

Nous regardions avec Jean-Michel vendredi dernier le développement étonnant d’une jeune crosse de fougère dans la cour de notre réception. Vous me direz, tiens, une fougeraie à la jardinerie Lafitte, pourtant si bien tenue ? Des crosses de fougère dans la jardinerie comme au plus sauvage des sous-bois du Pays-basque profond ? Oui, oui, oui… vous n’avez pas tort, nous avons quelques recoins un peu sauvages ici et là. Non, j’ai dit sauvages, pas négligés, attention ! Mais quoi ! Nous sommes une jardinerie, non ? Nous travaillons au plus près de notre mère-nature et tenons à lui laisser une place légitime chez nous. A ce propos, dans les nouvelles directives environnementales, il est préconisé de ne pas rechercher le zéro adventice dans nos cours et allées. Histoire de ne pas polluer les nappes phréatiques de pesticides agressifs. C’est dans cet esprit que nous autorisons les ronces, orties et autres fougères à coloniser discrètement notre espace. Pas par négligence, donc, qu’on se le dise !

Bien, cette justification qui en dit déjà long sur notre sentiment de culpabilité posée, revenons-en à notre crosse de fougère. Avez-vous déjà observé le phénomène ? Par des journées comme celles que nous avons aujourd’hui, prenez au petit matin à peine levé, une jeune pousse de fougère juste visible sous sa gangue moussue. Repérez-là sans vous donner trop de peine de signalisation, puisque deux heures plus tard, quand vous repassez par là, vous avez déjà devant vos yeux ébahis, une vigoureuse tige qui fait le dos rond, une crosse repliée et rebondie, une force vive et invincible qui pousse des épaules pour lancer en un ample et irrépressible mouvement sa tête vers le ciel. Il y a quelque chose de phallique, la victoire du vivant sur l’inerte, la réminiscence des naissances primitives et le fossile de l’apparition de la vie sur terre. Quelque chose de presque indécent, qui se regarde du coin de l’œil en rosissant quelque peu, quand on a une nature un peu empruntée…  Quelque chose qui nous ramène au fœtus, à l’origine et au commencement.

Plus près de notre modeste potager, l’évolution du vivant et sa lutte pour croître et embellir s’illustre dans chaque plantule. L’adversité est partout. Le papillon blanc volette autour des feuilles charnues des choux pour y déposer ses grappes d’œufs oranges bien à l’abri sous la couverture cartonneuse. Très vite, de petites chenilles voraces ramperont le long des nervures et dévoreront en l’espace de deux ou trois jours cette végétation qui paraissait pourtant difficile à entamer…


Nos petits plants de courges essaient de se maintenir avec les températures encore un peu trop basses pour eux. Ils observent un sage statuquo espérant la chaleur avant de pousser de nouvelles feuilles. Si entre-temps, une sale limace ou une fourbe loche n’est pas venue se régaler à moindre frais ! Nous déplorons ainsi la perte de notre melon diego … paix à ses cendres !



Le jardinier doit être persévérant, et sans cesse sur le métier remettre son ouvrage. Nous en serons quittes pour planter un autre melon, écornant ainsi le bénéfice de la récolte de cet investissement de départ doublé. Et oui, tout n’est pas succès au potager, loin de là !

Une qui paraissait pourtant vouée à un destin victorieux, c’était notre jeune cacahuète guerrière, souvenez-vous. Elle avait surgi de terre comme une qui va tout écraser sur son passage. Elle en était impressionnante. Résultat des courses, quand je l’ai repiquée hors de son châssis pour lui donner l’espace dont elle va avoir besoin, patatras, son grand courage s’est effondré, elle a complètement baissé les bras. Ne la voilà-t-il pas ventre à terre, misérable, à essayer de disparaître pour mieux se protéger. Pour une guerrière, elle se pose là !



Comme quoi, il ne suffit pas de démarrer trop fort pour arriver à bon port…

Qu’on se le dise !



J'ai toujours plaisir à relire mes écrits. Je suis très bon public de moi-même, satisfaite et narcissique à souhait !
Sans prétendre plus loin, je me distrais toute seule, et, ma foi, c'est déjà ça !

Je retrouve encore une fois ce moment. Un dimanche après-midi pluvieux, un peu frais. Le bureau plongé dans une pénombre monastique. Le silence, le calme. Mes doigts courant sur le clavier leur danse joyeuse.

Jean-Michel, le directeur, jetant un œil par dessus mon épaule. 
Une après-midi dolente, en cette période pourtant fiévreuse, à la jardinerie.
Un moment hors du temps, une pierre précieuse à l'éclat discret.

De ces moments que je retrouve avec gratitude, quand rien de particulier ne les aurait gardés à la surface d'une mémoire mieux imprimée par des événements plus spectaculaires, et pourtant pas toujours mieux signifiants...
De ces événements à l'éclat aveuglant, et par là même, parfois, trompeur...

Je suis de ceux qui préfèrent l'ombre fraîche à la trop grande lumière. Les touches discrètes aux grands coups de pinceaux fracassants.

Le travail souterrain du mycélium de la fougère, au  déploiement fulgurant de sa tige conquérante.

Je reviens sur cet article. Rareté chez moi, qui privilégie la spontanéité, fût-elle génératrice d'imperfection. Ces premiers jets sont révélateurs, et j'aime à protéger cet éclairage sans retouches.
ici, c'est un terme technique dont je n'étais pas sûre. Je n'ai pas signifié cette incertitude, comme je l'aurais du. 
Ne pas savoir est toujours pardonnable et avouable. Ce qui ne l'est pas, c'est faire semblant de savoir, quand on ne sait pas... Vous vous souvenez : humilité ? C'est ça, aussi !

Pour la faire courte, la fougère n'est pas un champignon. Elle ne naît pas d'un mycélium. Mais d'un rhizome, sacrément tenace. je pensais qu'il y avait un nom particulier pour ce rhizome de fougère. Je n'en ai pas retrouvé trace.

Deux semaines plus tard, je tombe sur ce fameux mot : le prothalle !
Le petit fuyard s'est laissé piéger au détour d'une recherche sur la betterave, tiens donc !
le rhizome de la fougère, c'est donc un "prothalle".
Maintenant débusqué, ce mot alors mystérieux et convoité devient plat et prosaïque. a quoi ça tient, la séduction...


Mon intérêt pour cette plante si résistante, aux vertus bénéfiques mêlées de toxicités dangereuses, n'était pas anodin.
La fougère, c'est la nature humaine condensée en un seul et même végétal;
La substantifique moelle miroir de tous mes essentiels.

La fougère, c'est un sujet d'étude et d'observation grandiose. Que j'approfondirai, à l'occasion. Une autre fois !


Chacun ses aires de prédilection...

A une prochaine rubrique, dans notre chemin de campagne !



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