mardi 13 septembre 2016

LE POTAGER D'AGORRETA : 2014



Bonjour !
Reprenons en ce jour de pluie (enfin!) notre historique du potager.

A Agorreta, nous avons longtemps pratiqué le maraîchage.
Nous vendions au marché, le samedi matin en période hivernale, et le mercredi matin en plus pour les périodes de fortes affluences.
Nous avions un étal aux halles, avec d'autres paysannes des environs. 
Je l'ai raconté dans ce texte un peu long livré en début de ce "bloc".

Durant mes jeunes années, j'étais avec mes frères préposée aux petits travaux de jardinage...en grand. Nous avions un "potager" de presque un hectare !
Il fallait y passer de longues heures, courbé vers la terre, avec humilité et persévérance, là aussi.
J'aimais bien. Ma mère, organisant les tâches à sa manière, qui, évidemment, ne me plaisait pas, la manière, pas forcément les tâches, a failli me dégoûter de cette belle ouvrage.
L'échelle était pour beaucoup, aussi, dans ce trop-plein. Autant, cultiver son jardin, peut-être agréable, quand on oeuvre gentiment entre les planches modestes et variées. Autant cela peut devenir nettement plus rébarbatif, quand l'on s'attaque au désherbage de rangs de carottes longs comme un jour sans pain, ou que l'on a à repiquer un bon millier de poireaux.
bah ! cela ne m'aura pas trop mal réussi, puisque j'y reviens avec plaisir. Et modération, maintenant.

Je vous ai raconté comment nous avions préparé notre coin potager chez Lafitte.
A Agorreta, jusqu'en 2012, je cultivais aussi quelques légumes.
Ensuite, mon père est tombé malade. Et j'ai eu un creux dans mes aspirations potagères.
En recommençant, par le biais de la jardinerie, en 2014, je donnai un signal optimiste.
Puisque mon père se remettait, je voulais reprendre espoir et me remettre à travailler cette terre.
Cela m'avait manqué.

Je vous livre aujourd'hui un deuxième article de cette période :


Bonjour et bienvenus dans notre potager au naturel !


Voici un mois jour pour jour que nous avons initié notre potager. Et déjà nous lui trouvons belle allure, avec ses pousses tendres mais pleines d’entrain. Les rangées se dessinent bien, et dans l’ensemble les plants et graines ont bien levé.

Les radis bientôt prêts...
Pas plus tard qu’aujourd’hui, nous avons vu poindre avec une certaine émotion et beaucoup de fierté notre premier plant d’arachide, alors que nous pensions qu’il n’avait pas fait assez chaud pour elle. Dans cette semaine aussi, les piments ont crevé la surface en petits groupes frileux mais bien décidés à vivre.

Les salades
Il sera bientôt temps d’éclaircir les carottes trop drues et les tomates qui se gênent déjà en éliminant sans scrupules les plants les plus faibles. Histoire de ne pas gâcher le plant, nous repiquerons dans les trous… C’est bien connu : qui sème dru, récolte menu. Mais aussi : qui éclaircit tôt voit son rang prospérer aussitôt ! (celle-ci n’est pas répertoriée, mais elle n’en reste pas moins à chaque fois vérifiée !)





Cette semaine, nous avons créé une nouvelle plate-bande en ressemant du radis pour avoir une récolte échelonnée. Ceux que nous avions semés il y a un mois sont bientôt prêts à être mangés. Et puis, nous avons repiqué différentes variétés de choux : chou-fleur, choux-brocoli, choux de Bruxelles… Dans le coin près de la jachère fleurie en jardinière, nous avons installé un jeune plant d’artichaut. Il faut être patient avec cette espèce-là puisqu’elle ne produit qu’au bout d’une ou deux années. Mais à la jardinerie Lafitte, nous travaillons depuis 25 ans, et encore, nous l’espérons bien, pour longtemps ! Nous saurons attendre…


Pied de tomate et abri de fortune
La patience est une belle vertu mais nous avons aussi nos foucades. Titillés par les belles journées du milieu de semaine, nous avons planté des tomates. Évidemment, fin mars, c’est beaucoup trop tôt pour les mettre au plein vent. Aussi, nous leur avons aménagé un abri de fortune en plantant avec elles des bouteilles plastiques dont nous avons découpé le fond. Par ce dimanche de giboulées, sûr que nos frileuses plantules apprécient cette parade, aussi simple de mise en œuvre soit-elle !





Jeune pousse de crosne
A propos de ces repiquages, je me demandais comment l’idée était venue au premier jardinier d’inaugurer cette pratique déroutante.
En effet, il faut quand même une belle audace, pour se lancer à arracher d’un coup d’un seul, un plant en pleine pousse et plein de promesses, pour le repiquer plus loin au risque de le voir sécher misérablement en quelques jours, voire quelques heures pour peu qu’on le laisse manquer d’eau…
Imaginez l’effroi qu’il peut y avoir à regarder une plate bande de fraîches salades s’étioler et flétrir après le repiquage, quand elles étaient si belles dans leur rang de semis d’origine !
C’est qu’il faut avoir la foi en l’avenir quand on est jardinier, et accepter les augures bonnes ou mauvaises comme elles se présentent jour après jour. Sans compter une bonne dose de goût du risque dans les expérimentations. Toute une philosophie de vie, sans qu’il n’y paraisse !
Pourtant, après une épreuve aussi traumatisante, la plantule correctement rafraîchie se redresse, embellit et prospère jusqu'à devenir la magnifique plante qu’elle n’aurait jamais été si elle n’en était pas passée par là…
de jolies salades
Prenons-en de la graine et considérons les épreuves de la vie comme des opportunités de nous renforcer et de dépasser nos limites !
Sur ces considérations un peu fantasques, je vous propose de retrouver la semaine prochaine un de mes collègues pour une nouvelle étape de notre potager au naturel.


A bientôt en ces pages.


M.Louise, ce dimanche 23 mars.



Je me souviens bien de ce début de printemps d'il y a deux ans et demie, maintenant.
Mon père avait été malade les deux années précédentes, gravement. Nous pensions que c'était sa fin.
Puis, contre toute attente, il s'était peu à peu remis. 
Au moment où j'écrivais cet article, je vivais encore cette rémission comme un temps de répit, un bonus.
Un temps chapardé à la mort, à garder au creux de sa main, en sachant qu'il faudrait sûrement très vite écarter les doigts, et laisser filer ce temps retenu comme du sable fin.
Le voir se remettre, profiter de chaque instant de vie, lui qui pensait aussi ne plus en avoir à connaître, ranimait en moi cet élan de vie.
Puisque lui choisissait de savourer ces moments presque volés, je pouvais bien, moi aussi, me tourner vers la lumière, et laisser la grande ombre s'éloigner.
Je pouvais y croire, comme ce premier jardinier audacieux qui s'était risqué au repiquage...

Regarder l'élan de vie ranimé comme l'étincelle d'un brasier endormi, un petit miracle à vivre gratifié. Humble et reconnaissant.

Je vous souhaite à vous aussi de connaître cet élan de vie, de garder espoir et joie de vivre.

La prochaine fois, nous visiterons la troisième étape de mon modeste périple potager.








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