mercredi 30 septembre 2015

BONNE CONSCIENCE



Bonjour et bienvenus dans ce "bloc" !







Matin pur, rincé d'une averse de nuit.



La baie s'offre au soleil, les roux s'enflamment en or. L'automne resplendissant régale de ses couleurs chaudes et profondes.












A Agorreta, après deux nuits fracassées par les meuglements assourdissants de Pollita, tout est rentré dans l'ordre.

Hier soir, j'ai pris le temps d'un entretien avec ma belle, les yeux dans les yeux.

Au retour de la jardinerie, je rentre les vaches. Elles se rangent à leur place, et rien ne les distrait de leurs mangeoires garnies pendant dix minutes. Je fais alors le tour des pis, une rapide inspection générale de l'état sanitaire global.
Vient ensuite le moment où je passe ma main sur leurs flancs, où je parcours leurs échines ondoyantes.
Quelques vigoureuses frictions du poitrail et des joues sont aussi bien appréciées.

Ce petit rituel bouclé, je vais voir mon père à cette heure couché, et je m'occupe ensuite de la logistique domestique.
Un enchaînement assez immuable, efficace et ronronnant.

Hier soir, après les deux nuits précédentes où Pollita avait rugi à des heures indues, j'avais à lui parler.
Je me suis postée à son côté, et, lui parcourant le mufle en va-et vient réguliers, je lui ai dit :

- Ecoute ma belle. J'ai l'impression que tu t'inquiètes pour ta Rubita de fille. Tu sens une nouvelle vie dans ton ventre, et celle-ci est toujours accrochée à ton pis. Tu as peur sans doute, de devoir la délaisser, pour t'occuper du prochain à venir.


Je vous ai expliqué la relation fusionnelle de Pollita avec sa fille Rubita.

Je vous ai dit aussi que l'éclipse lunaire, même sûrement très "influante" sur l'instinct animal, ne me paraissait pas suffisante pour susciter à elle seule ce tourment.
La seule raison plausible à mes yeux, était  le premier mouvement perceptible par la mère, de ce petit lové en son ventre.
Et son inquiétude concernant son aînée, qu'elle avait peur de devoir abandonner.

Tout ceci étant mon interprétation du phénomène. Je le sais avant de vous l'entendre dire, c'est bien fantaisiste, et pourtant...

J'ai mis mon hypothèse en mots, à l'intention de la "plaignante" trop bruyante. 
Et j'ai tâché d'apaiser ses maternelles craintes :

- Tu sais, Rubita est maintenant grande. Elle peut se passer de ton lait. Je prends le relais, ne t'inquiète donc pas. Souviens-toi comment je t'ai nourrie, toi aussi, à son âge. Regarde la belle vache épanouie que tu es devenue. Ce sera la même chose pour elle. Tu la verras grandir et embellir non loin de toi. Bientôt, elle aura elle-même des petits, comme toi. Et vous élèverez tout ces petits veaux côte à côte. Ne t'en fais donc pas.

Pollita a écouté ma voix, en profitant de mes caresses.

Cette nuit, paix sur la ferme, silence et repos pour tous.




Le maître des lieux a pu dormir tranquille.
Frais et dispos, il revient de promenade dans le soleil levant.












Oui, oui, oui... je sais, tout ça n'est pas très étayé, ni raisonnable. Et alors ?

Tout ça me donne bonne conscience, à moi. J'ai l'impression de faire comme il faut. Et le semblant de résultat me conforte, envers et contre toute logique.

Les choses rentrent dans l'ordre. Mon intervention n'y est peut-être pour rien. Mais il me plaît, à moi, de croire le contraire. Laissez m'en l'augure, je vous prie...

Je suis comme vous. J'ai besoin d'avoir bonne conscience. Et pas toujours de raison valable pour y parvenir. Quand ce ne sont carrément pas les meilleures raisons du monde de la perdre, justement, cette bonne conscience !
J'aime pouvoir me dire que j'ai fait ce qu'il fallait faire. Que je me suis acquittée de mon devoir.
Evidemment, j'ai failli, parfois, à ce devoir. J'ai été en dessous de mon rôle. Je me suis déçue, désapprouvée. 
Je ne suis ni parfaite, ni irréprochable. Tiens donc !
Le costume trop raide et la posture intenable dans le temps, je les ai moi aussi abandonnés. J'ai évalué mesquinement le bénéfice à retirer d'une peine à me donner. Et laissé tomber, quand j'aurais pu davantage essayer.

Je suis restée dans une une moyenne raisonnable, raisonnablement convenue avec moi-même.
Le tête à tête d'hier soir avec Pollita, je l'ai eu avec moi-même bien des fois.
Et la même fantaisie a souvent déterminé mes choix. Je me suis soumise à un arbitraire admis, et reconnu.
J'ai bonne opinion de moi, sans grande raison pour ça. Je suis une spectatrice acquise à moi-même, sympathiquement dédiée à ma cause.
Je me pardonne mes fautes. Je les reconnais, oui, mais je me les pardonne.
Je m'étonne d'ailleurs que les autres ne me pardonnent pas toujours, eux.... Je constate ce ressentiment, cette rancune, et je m'en désole. 
Pour me consoler, je reprends les théories de cette fameuse Lise canadienne dont je vous ai déjà parlé. Et oui, ce "bloc" commence à être un tantinet touffu, maintenant, et mes références un peu perdues de vue, peut-être, qu'importe !
Là encore, je me pardonne quand vous pourriez très justement m'en vouloir.

Lise explique qu'il faut reconnaître les blessures des autres derrière celles qu'ils vous infligent, les leur pardonner, pour pouvoir se pardonner à soi-même de les infliger à d'autres encore, ou à ceux-là mêmes qui vous les ont infligées.
Personnellement, j'ai le sentiment d'inverser les deux dernières étapes. Je me pardonne avant de pardonner aux autres. Il me semble...
Une boucle à refermer pour sortir du cercle où l'on se tient prisonnier. Un petit tournis à détricoter, mais j'ai adoré !

Quand je rencontre la désapprobation autour de moi, et ça m'arrive, forcément, quelquefois, je reprends l’ellipse Lise, et je m'en tire comme une fleur. Épatant !
Il y a comme ça des rencontres dans une vie, qui vous apportent la lumière, n'est-ce pas ?

Je me souviens aussi d'un certain Binst. Connu durant une formation professionnelle. Celui-ci a révélé chez moi le chemin vers l'essentiel. J'y avais des prédispositions certaines, mais il me l'a tellement bien débroussaillé, ce chemin, que c'en est devenu mon fil conducteur. Mon essentiel...
D'aucuns vous diront, au détriment du reste ! Et ils auront raison, je les salue ici au passage, bien amicalement.

Pour pouvoir se pardonner, s'absoudre, il faut bien qu'il y ait matière à le faire, faute, mauvaise conscience.
De là à penser que sans faute, il n'y a point de salut, il n'y a qu'un pas, une pirouette. Et moi, j'aime bien les mouvements ronds et lestes...

Je vous laisse ici pour aujourd'hui, face à vos consciences partagées.

Une bête fantastique est venue explorer mon potager :









Une "taupinus monstera" ?

Il y en a eu une, dans le temps, dans la contrée.
Là quand-même, je m'interroge.






Ma taupe géante a l'air drôlement bien outillée :





Elle frôle mon carré de navets, le longe, sans Dieu merci me l’abîmer.
















Elle s'approche quand même bien près, je trouve, l'insolente bête...

Et mon petit choux de rosée perlé pourrait s'offenser de cette ombre portée.










Bah ! le coupable n'est pas bien loin, je le sens bien. Je crois même que je le connais, le bougre !

Ceci nous mènera à mes récits projetés pour l'hiver. Ces fameux remblais, et celui de notre non moins fameux Chemin des Crêtes, en particulier.
Là encore, les bonnes consciences s'affrontaient, comme des coqs hérissés.

L'historiette me démange, déjà. Elle me viendra sous les doigts, en son temps.
Parce-qu'en plus d'être trop centrée sur l'essentiel, il m'arrive d'être un peu impatiente, aussi.

Honte à moi ! Mais, faute avouée, n'est-elle pas à moitié pardonnée ?

A bientôt, mes amis, et ne me tenez pas rigueur de ces travers. Ils sont mon essence et ma chair.

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