lundi 14 septembre 2015

LES HIRONDELLES SONT PARTIES...




Suiveurs des nouvelles d'Agorreta, bonjour, et bienvenu au compagnon de hasard.





Le jour où mon glorieux père est entré dans sa 88ème année, les dernières hirondelles d'Agorreta ont plié bagages.

C'est le silence dans l'étable, ce matin, qui m'a fait lever la tête et constater l'absence des petits elfes ailés.
Le départ a été tardif cette année. Ou du moins, est-ce mon impression.
En l'absence de précédentes données statistiques fiables, je ne saurais dire avec précision si l'année dernière, les hirondelles étaient parties avant, ou pas.

Ce sera le mérite de ce "bloc", peut-être le seul d'ailleurs, de pouvoir servir de référence dans la recherche chronologique de ce genre de petits événements. Pour ceux que ça intéresse...

Ces incontournables, l'arrivée et le départ des hirondelles, chaque année, scandent notre vie à la ferme.

Comme dit mon père : urte bat gehio, une année de plus.

Depuis son épisode critique, il y a trois ans, chaque année est devenue encore davantage qu'avant un cadeau.
Inattendu, inespéré, et d'autant estimé.

Quand nous évoquons avec lui cette période, nous avons pris l'usage de dire : "quand tu mourais...".
Les visiteurs de passage autour de notre table s'étonnent un peu de ce genre de tournures.
Elles fusent pourtant chez nous assez régulièrement.

Mon père lui-même, quand nous parlons de choses à prévoir pour l'avenir, nous soupire : laissez-moi mourir !
Comme la plupart des gens avancés en âge, il s'accroche au présent, quand l'avenir se fait chaque jour plus incertain, et n'aime pas envisager de changements dans son quotidien. 
Dès qu'il est question de travaux à faire, ou de modifications à apporter à notre système de fonctionnement actuel, il renâcle, prétendant que tout est très bien comme ça. Même quand ça ne l'est manifestement pas !

Il n'est pas non plus complètement obtus, et se rend à la raison. Je lui fais à ces occasions remarquer, que même avec lui vivant, il faut bien suivre la marche du temps. Sa mort ne sera pas le début d'une nouvelle ère, n'en déplaise à son ego. Elle s'inscrira évidemment fortement dans le cours de notre vie, mais le fait qu'il reste vivant justement, et si bien vivant maintenant, n'est pas un obstacle. Et c'est heureux ainsi, pour lui et pour nous !

D'ailleurs, au risque encore une fois d'offusquer les oreilles non averties, nous objectons souvent à son : laissez-moi mourir, un spontané et un peu cru, je l'admets : mais, jamais, tu ne meurs, alors...

Un jour, évidemment, ces souvenirs nous serreront le cœur. Nos agacements d'aujourd'hui nous paraîtront déplacés.
C'est pourtant la criante manifestation de notre ressenti commun, et je défie tous ceux qui ont eu à partager leur quotidien avec des anciens, de ne pas avoir éprouvé au moins une fois cette réaction. L'avoir tue ne l'atténue pas, au contraire, même, je le crois.

J'ai souvent entendu dans la bouche de gens âgés, ce : quand je ne serai plus là...
Se projeter ainsi dans un temps où nous ne serons plus pourrait paraître  chose curieuse, n'est-ce pas ?

Pourtant, les dispositions que nous prenons pour notre succession ne sont pas autre chose que cette projection.
Le si romantique "à ouvrir à ma mort" destiné à se prolonger encore un peu, en a effleuré plus d'un, non ?

J'ai moi-même dans l'idée un petit texte, à dévoiler "post-mortem".
Rien de morbide. Pas non plus l'habituel testament, celui-ci, je m'en suis déjà occupée.

Non, un petit texte d'adieu, un signe amical en remerciement pour tous ceux-là qui m'ont fait la vie plutôt belle, dans son ensemble.
J'envisage une première mouture, conservée par Gegel en brouillon, révisable au gré du temps et des événements...

Mes proches intéressés sauront le trouver, et le publier.
Après tout, vous avez, et, je l'espère, vous allez, encore longtemps, contribué à embellir mes jours, de votre intérêt.

Ce lundi pluvieux se prête parfaitement à l'affaire, et, après la sieste, je m'y attelle.

A bientôt, donc, en différé pour ce texte à suivre, et en direct, pour la suite de la série au fil du temps des nouvelles d'Agorreta.





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