dimanche 27 septembre 2015

SEVRAGES




Bonjour aspaldikoak ! 
Approximativement : ceux d'il y a longtemps...

Une semaine sans passer par ici, ça m'a paru bien long ! A vous, non ? Ah bon...


J'ai quand même pensé à nous vendredi, en faisant mon petit reportage photos.

Ce matin, dans le calme et le silence de la ferme, je reprends nos conversations interrompues.
Oui, enfin, pour moi, ce sont des conversations. J'imagine très clairement vos interventions, et elles me satisfont pleinement, puisque je les conçois moi-même. Ainsi, pas de risque de déconvenue !





Vendredi, donc, l'atmosphère était moins humide que ce dimanche matin.

La transition entre saisons se fond en un enchaînement fluide, de nuances apaisées.
Les couleurs ne se heurtent plus. Elles abdiquent et se diluent en laitances diffuses, se confondent en pastels mélancoliques.
Une légère lassitude les affadit en langueurs dolentes.

Les glissades synchronisées des hirondelles maintenant parties, cèdent l'espace aux vols saccadés et désordonnés des chauves-souris à la tombée de la nuit. 

Les bêtes sentent ce ralentissement de rythme, cet apaisement :






Zaldi et les championnes prennent le soleil pas encore chaud.

















Les miennes, les "sans race", attendent aussi la levée de rosée pour se mettre à pâturer.








Les deux petites se rapprochent de la cabane des biquettes.

Galzerdi la brune et Rubita la roussette ont maintenant cinq mois.
Il est grand temps d'entreprendre le sevrage de ces demoiselles.
Elles broutent déjà l'herbe et le foin, depuis longtemps,  je leur distribue un peu de luzerne déshydratée, et quelques morceaux de citrouille, deux fois par jour, comme aux grandes.
Elles continuent de téter leur mère quatre à cinq fois dans la journée. La nuit, elles sont attachées à leur place, et n'ont pas accès aux pis.
Je vais hiverner mes vaches autour de la Toussaint, suivant le temps. A ce moment là, les petites téteront deux fois seulement chaque jour, puis une seule. Progressivement, j'espacerai ces repas laitiers, pour sevrer les vêles, et tarir les mères.

Ma méthode est un peu ancienne. 
Les éleveurs modernes sont plus rapides : ils privent les veaux très jeunes, et les vaches, en une journée au foin sec et sans eau, avec deux trois piqûres d'antibiotiques par là derrière, cessent la production de lait, quand l'éleveur l'a décidé.
Quelle brutalité, n'est-ce pas ? 
Pas à Agorreta, ça ! Jamais !

Là encore, la transition se fondra sans heurt, et ça prendra le temps qu'il y faudra.





La fougère est prête à être rentrée.
Elle constituera une excellente litière, bien sèche et filtrante à souhait.
Quelques refus de foin tombé des râteliers assureront un meilleur confort, en mélange.
Loin encore une fois des grilles dures et froides des étables modernes.






Les fougeraies sont maintenant mises à nue. Propres et rousses.
Les colchiques et les centaurées apparaissent au jour.







Je vous montre ici le petit bois derrière chez moi, où je promène souvent ma mini-meute.

J'aime son ambiance un peu magique. Une journée à la ferme sans un détour par ce petit bois me semble incomplète.
C'est là que nous avons ramassé les châtaignes, il y a deux semaines. 
C'est cette atmosphère que j'essayais de vous décrire. Le soleil en moins, c'était ça. Ca rendait autrement. Il fallait y être, quoi !

J'ai comme ça des habitudes, des rituels. La promenade dans le petit bois en fait partie.
Une journée sans une séance de caresses aux chiens, sans ma main arrondie sur leurs têtes, mes doigts grattouillant leur oreilles, est une journée un peu manquée.
Une journée sans vigoureux bouchonnages de mes vaches me laissera un petit vide.

Une semaine sans écrire ici, maintenant, imaginez...
Je suis "addicte" à ce "bloc". Et j'aime bien ça.

Je me déverse sans queue ni tête, et ça me fait un bien fou.
Pour vous évidemment, qui supportez un flot de bêtises ennuyeuses, dans le seul espoir de tomber par ci par là sur quelque chose d'amusant, vous vous passeriez de mes logorrhées verbales.
Je m'en veux de vous imposer ça, un peu, pas assez pour arrêter.

Après tout, il m'arrive aussi de commencer à lire quelque chose, de ne pas accrocher aux trente premières pages, de continuer en espérant trouver mieux à mon goût plus loin. Et de refermer, deux cent pages après, insatisfaite et vexée de m'être ainsi laissée gruger. Avec la bonne conscience tout de même de ne pas avoir abandonné en route, au risque de manquer quelque chose.

Nous sommes tous un peu pareils, sans doute. Accrochés à nos rites, ficelés par les obligations que nous nous imposons tout seuls, bien à l'étroit, tel le rôti prêt à aller au four...


Moi, dans mon solide carcan autour d'Agorreta, je me sens rassurée, pas du tout entravée ni limitée.
J'ai assez d'espace, là. Je connais les voies d'accès au monde en dehors. Ce "bloc" est ma passerelle, d'une certaine manière.
Je l'emprunte comme le petit chemin du bois derrière chez moi, en flânant.

Tiens, je vais d'ailleurs y retourner, là. 

Bientôt, les récoltes à engranger m'occuperont dehors.
Je vais devoir moi aussi me sevrer de ces pages, un peu.

Je le ferai doucement, en transition lente, sans rien heurter.

Je vous partagerai tout ça, au fur et à mesure, vous pensez-bien.

Passez un beau dimanche, un dimanche d'automne idéal et serein.


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