lundi 21 septembre 2015

AUTOMNE ROUX




Bonjour à tous, et bienvenus ici !





Un ciel sans faute ce matin. Du pur et limpide sans ombres ni doutes.
Les verdeurs insolentes ont laissé place aux roux profonds et graves. Les sèves gorgées de chaleur et de lumière solaire en restituent l'or, sobrement.
Bientôt, viendront les flamboiements magnifiques d'avant l'hiver, les éclats rouges et feux des cieux  et des feuillages.
Une splendeur riche de maturité, un jeté des dernières ardeurs pour laisser un souvenir suffisant jusqu'à la prochaine belle saison.

Nous entrons dans ce temps, celui que je préfère, depuis toujours.

Le temps des pommes cuites et des châtaignes, le temps des têtes de maïs blanchies, des courges orangées.























Le temps d'engranger les récoltes, de rentrer le bois, de vérifier les réserves pour l'hiver.

Le temps de faner la haute fougère rousse, pour la coucher en litière aux pieds des bêtes.

Le temps de se préparer à vivre plus en intérieur, davantage en soi.

Le temps pour ce "bloc" de faire le tour complet d'une année, dans une paire de mois.



Les couleurs de cette saison parlent de force rentrée et de lumière intérieure.
Quand la nature a donné ce qu'elle pouvait, et se retire, au repos. 

Je me souviens d'une phrase d'un cours de littérature :

   "J'entrai avec ravissement dans la saison des frimas"

 Était-ce Lamartine, ou Chateaubriand, plutôt ?

Je ne sais plus, au moins, est-ce l'un de ces deux là...
L'autre de Victor Hugo, celle là, je suis certaine de sa parenté :

   "Demain, à l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, je partirai".

Pas sûr qu'il évoquait, l'automne, d'ailleurs, Victor. Pas le meilleur moment pour se mettre en route...
Moi, je pense aux rosées perlées des aubes, à partir de maintenant.






Quand les vaches attendent que le soleil monte pour se mettre à paître l'herbe plus dure et mouillée de la nuit.

Le début du jour parle déjà de la saison à venir.
Le soleil haut fait reculer ces images, dardant encore fort sa chaleur.





Ma culture ressemble à une sacré mélasse. Un magmas épais de coulées mélangées, d'où ressortent quelques éclats disparates.
Je connais ce que tout le monde connait, plus ou moins : La Joconde de Vinci, Beethoven et la 5ème symphonie, (sans être sûre de savoir l'identifier), et quelques bricoles comme ça, sans savoir les réintégrer dans l'histoire.
J'ai suivi un parcours scolaire ordinaire. Mon milieu familial et social ne m'a pas baignée dans la culture. Enfin, dans l'art, parce-que les cultures, pour ça, oui...
La curiosité ne m'a pas titillée plus que ça. Honte à moi !

En géographie, particulièrement, je suis capable de vous délocaliser une région d'un continent à l'autre. Pour ce qui est des îles, je placerais volontiers les Seychelles près de l'Irlande, par exemple, où alors Tahiti sur la côte africaine. Non, celle-ci, pas quand-même !

Ma nièce me fit présent d'un globe, pensant pallier cette crasse ignorance.
Mais les cartes sont petites, chez moi, la lumière chiche, et ma vue, basse. Je m'y retrouve assez mal...

Pour l'Histoire, ce n'est guère mieux.
Nous en sommes, je ne sais comment, avec un de mes collègues à la jardinerie samedi, venus à parler de Catherine de Médicis.
Nous avions tous les deux en tête une vague histoire de catholiques et protestants, avec la Saint-Barthélémy et ses massacres.
Nous avons fini par nous convaincre que Catherine était catholique, italienne, qu'elle s'était unie à Henry IV, protestant gascon.
De là, nous est sorti des limbes l'édit de Nantes, et la séparation des églises et de l'Etat. 
Tout ceci, assez confus. Nous aurions pu vérifier sur Ternet. Mais non. Notre seule avancée dans la voie de la connaissance a consisté à interroger une troisième collègue, elle-même assez perplexe.
Consolés de ne pas nous savoir seuls dans nos incertitudes et approximations historiques, nous avons laissé tomber l'affaire, lâchement.
Une vague évocation d'un traité de Corinthe a fini de me faire lâcher prise, irrémédiablement. Moi, de Corinthe, je ne connais que les raisins...

De là, décidément nous étions en veine culturelle, ce samedi tout plein de soleil, nous avons atterri, ne me demandez pas comment, aux épineuses questions du monde arabe.
Moi, le monde arabe, j'aurais pensé que c'était le pays d'Arabie. Mais bon, je sais quand-même, n'exagérons pas mon étroitesse de savoir, que du nord de l'Afrique à ce fameux Moyen-orient où je me perds très vite, on parle du monde arabe. Bien.
Partant de là, nous avons glissé sur le thème des religions. Ouille, ouille, ouille...
Ma mélasse est devenue vase fétide et glauque. Les musulmans, juifs, arabes. Mais arabe, ce n'est pas une religion, non ? Pas une nationalité non plus... Une culture, peut-être ? Quoi, au juste ? Aucune mention péjorative dans nos propos, juste des interrogations.
Comme chrétiens, protestants et catholiques. Les deux derniers sont des divisions dans le premier ? Avec une histoire de pape et pas pape, non ?

Voyez-vous, je vous livre sans pudeur mon inculture. Je n'en suis pas fière, pas honteuse non plus. Ces questions, si elles m'avaient vraiment intéressée, j'aurais pu m'y pencher.
Je ne le fais pas. Toutes ces mouvances, ces agitations, me paraissent bien compliquées. Les idéaux religieux se mêlent de territoires et de pouvoirs. La lecture de cette histoire se fausse de manipulations souterraines.
Je n'y comprends rien.

Il est agréable sans doute de connaître et de comprendre le monde. Nous y vivons, nous devrions nous y attacher.
Je trouve que c'est difficile, et je ne prends pas la peine de bien essayer.

J'avoue ma méconnaissance. 
Je préfère le dire, simplement, plutôt que de patauger dans des données qui m'échappent. Comme le font beaucoup, sous couvert de paraître mieux informés...
Suivant l'auditoire en présence, une telle attitude peut vite vous desservir son homme !

J'ai encore en mémoire la déconvenue de l'un de mes anciens collègues de travail, Patrick.
Patrick est sourd, et appareillé. Je me souviens combien je le houspillais, quand il arrivait au magasin sans son dispositif auditif. Nous étions ces jours là privés de son "entendement", et je lui en faisais grief.
Aujourd'hui, c'est moi qui suis sourde. Et je compatis tardivement à l'inconfort de mon ancien collègue. 
Bref, Patrick vendait un réchaud à gaz, ce jour là.
Voulant entrer dans la technique, il expliquait à l'acheteur potentiel, que le rapport entre la puissance du détendeur et celle du réchaud  était "exponentiel". Ah. Ce furent ses termes.
Pour ma part, un lointain souvenir de cours scolaire ne m'éclairait pas très nettement sur ce que Patrick entendait par là. Exponentiel, oui, oui, oui, exponentiel, peut-être...

L'acheteur, versé sans doute dans les fonctions physiques ou mathématiques, releva immédiatement :

    - Mais, d'après ce que vous me dites, c'est exactement le contraire, Monsieur !

Mince ! Nous avions un interlocuteur avisé et non impressionnable par une science qu'il possédait bien mieux que nous.
Patrick ravala son argument de pointe, et marmonna je ne sais quelle formule de retrait.

Voulant paraître plus érudit qu'il ne l'était, il s'était fait piéger, quand sans doute, ce même petit discours faisait son effet en beaucoup d'autres occasions.

Nous avons tous cette tendance à vouloir nous montrer moins bêtes que nous le sommes. c'est bien humain !
Mais notre paresse à nous cultiver nous rattrape parfois... de façon cinglante.

Nous devrions afficher sans honte une ignorance sympathique. Même coupable...

Dans ce "bloc", je monologue sans me confronter. C'est un peu réducteur, sans doute.
Je soliloque sans trop me soucier de paraître  bien cultivée ou judicieusement avisée. Personne ne me coupe la parole en me jetant mes inepties à la face.

Je revendique ma paresse. Je la reconnais chez beaucoup. Elle me prive sûrement de la faculté de bien juger des choses. Et bien, je jugerai mal, et voilà tout ! Vous le savez bien, maintenant, qu'il ne faut pas trop se fier à mes prétendus enseignements. Alors...

Allez, je vous laisse souffler cette semaine. Je serai à la jardinerie tous les jours.
Je vous retrouve sans doute lundi prochain, si aucune actualité brûlante ne me mobilise  jusque là.

Bonne semaine à tous !








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