dimanche 20 septembre 2015

DERNIER DIMANCHE...




Bonjour  à vous tous, bienheureux habitants de la planète terre en ce radieux dimanche.






Un coquet bibi blanc coiffe mère-Rhune ce matin.
Le ciel se débarrasse partout bien vite des quelques stries claires résistantes de la nuit, pour tendre une toile uniforme sur le monde.














Bien vite, Bel astre se laissera cueillir de ce même point de vue.

Sa course le ramène derrière le poirier, déjà.









Ce dimanche est une splendeur, une beauté à vivre et contempler en gratitude.


Le titre de cet article ne doit pas vous impressionner.
Je joue un peu perversement avec ces idées-là, ces temps-ci, c'est vrai.
Perversement ne rend d'ailleurs pas la vérité de mes intentions. Malicieusement paraît un peu enjoué, quand il est question de flirter avec l'idée de la mort.
Disons que, en ce moment, et d'ailleurs souvent, depuis longtemps, pas du tout spécialement en ce moment, donc, j'ai en tête la perspective de fin.
J'aime la chose finie, bouclée, classée.
Je suis une femme ordonnée, rangée, méthodique.

Je n'aime pas laisser les affaires courantes en suspens. Je n'apprécie rien tant que de ponctuer d'un point final net et décidé une phrase, une histoire. 
J'ai bien compris que la plupart des choses ne se limitent pas à leur début et à leur fin. Que la durée n'est qu'une donnée, l'épilogue un instant dans le temps.
La mort pourtant est un terme définitif, et ce définitif, dans sa matérialité, nous ramène à la nécessité de prévoir une forme d'arrêt d'une continuité fluide et floue. Une ponctuation, rassurante, presque.
La mort ne doit pas être une surprise, n'est-ce pas ? Elle est même l'unique certitude de nos vies.

La maladie, possible avant-garde, et le néant, impossible à habiller de certitudes, en sont des compagnons moins sympathiques, évidemment. 
Mais que faire ? 
On ne peut les effacer de nos destins d'humains.

Je me conforme à une hygiène de vie raisonnable, je cultive la pensée positive. J'essaie de garder l'humeur légère et la circulation des fluides constante.
Je ne peux pas faire mieux, et ce seul constat me suffit, pour le moment.

Ce "bloc" a démarré en hommage à mon père.
Avec l'idée sous-tendue de sa disparition prochaine, puisque la maladie, première ligne de bataille de l'estocade finale, s'était installée en lui comme maîtresse des lieux.

Au fil du temps, incroyablement, la chienne a desserré les crocs. Mon père se porte aujourd'hui comme un charme, et rien à sa vue n'évoque la mort.
Le côté, romanesque, pourrait-on dire, de mon entreprise, virait au ridicule !
Je ne lui en veux pas, allez, et je saurais m'arranger de cette volte-face là...

L'impression de marquer ce temps blanc et sans grand relief, de tracer un parcours, m'aide à vivre et avancer, sans occulter la réalité de la mort. 
Ma vie n'est peut-être pas importante au regard de la marche du monde. Elle l'est à mes yeux.

Je ne suis pas spécialement morbide.
Je vis même assez gaie, la plupart du temps.
J'habille mes jours de petits projets colorés. Les récoltes à venir, quelques travaux d'amélioration pour mon modeste élevage. Pour ce "bloc" aussi, je me régale par anticipation de l'histoire du Chemin des Crêtes,  que j'ai l'intention de vous conter cet hiver.

Je ne vis pas qu'en envisageant ma mort, seulement. Non, j'ai la présomption de penser rester vivante, aussi, de longues années encore.

La vie paraît chose si fragile, parfois... Et pourtant, si tenace, aussi :




Imaginez la minuscule graine, tombée un jour sur ce piton enroché.
Vous n'auriez pas parié dessus, n'est-il pas ?

Voyez maintenant cet arbre tordu, résistant à la poussée furieuse du vent hurleur.
Ne le croirait-on pas taillé pour affronter l'éternité ?

La graine s'est implantée, et l'arbre cassera, un jour.

En attendant, il lutte, et vit.

Moi, je garde les affaires en ordre, pour le cas où...
Un slogan entendu dernièrement a très justement résonné en moi : pensez-y maintenant, pour ne plus y penser, après. Ca parlait de je ne sais quel placement financier.
Cette logique me va parfaitement. Je me libère du poids des choses, au fur et à mesure, dans la limite des possibles.
Cette façon de faire contribue largement à mon bien-être. C'est une manière d'hygiène de vie, aussi, comme l'alimentation saine ou la pratique d'activités de plein air.

Je ne réglerai évidemment pas tout, je le sais.
Mais ce que j'aurai fait, ne restera pas à faire, n'est-ce pas ?
Et ce qui doit être sans cesse recommencé, ce qui reste hermétique à toute tentative de circonscription, le restera, après moi, comme il l'a été, avant.
Et nous ferons tous avec, et sans.


Je vous parle de mon dernier dimanche... de repos !

La jardinerie rouvre ces portes dimanche prochain, après une période de fermeture dominicale en été. 

C'était donc notre dernier dimanche ensemble, pour cette année.
D'autres jours nous restent, pour nous retrouver.

Et ce plaisir que j'y ai, c'est, là aussi, un merveilleux gage de bien-vivre.

A bientôt, et ne m'en veuillez pas de vous taquiner comme ça.


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