dimanche 4 octobre 2015

RIEN DE NEUF SUR LA PLANÈTE ?



En ce premier dimanche d'octobre, bonjour à tous !





Aube tremblée incendiaire, ce matin.


















La Rhune s'assombrit de ces cieux flamboyants.

Le spectacle durera une dizaine de minutes seulement.

Ces cieux d'automne, profonds et presque inquiétants d'intensité lumineuse.

Augure de l'arrivée d'un temps incertain.




Une demie-heure à peine plus tard, on se croirait sur une autre planète, dans un monde raisonnable.

Comme si on avait rêvé les images précédentes.
Difficile de croire qu'elles ont seulement existé, en vrai.

Pourtant...






On sait l'altération des réalités par la durée ou la distance. L'éloignement dans le temps et l'espace modifie notre perception des choses.
C'est d'ailleurs bien commode quand on veut faire passer des vessies pour des lanternes...
Qui n'a pas entendu une personne avancée en âge laisser planer un doute séduisant sur un passé impossible à vérifier par un auditoire bien plus jeune ? 
Ou alors, n'est-il pas assez courant de se présenter avantageusement quand on arrive dans un endroit nouveau, en comptant sur le flou de l'inconnu pour arrondir les angles ?
A l'heure de l'information en libre-service, du temps réel et de l'espace à portée de tous, ces illusions risquent d'être démasquées assez vite, il est vrai.
Mais quand même, il reste toujours quelque chose de confortable dans une réalité malléable. Le petit coussin d'amortissement douillettement nourri du temps passé ou de la distance mise entre une chose et son évocation adoucit les arêtes trop vives d'un réel parfois rugueux.

Si je change mon cercle familier, je peux toujours prétendre à  ceux qui ne m'ont pas connue avant, que j'étais avenante et brillante, dans ma jeunesse. Qui le saura, de ceux-là qui m'écoutent maintenant ?
Evidemment, il me faudra éviter d'annoncer que j'étais une beauté à couper le souffle et un génie. La vérité peut se maquiller, un peu, ou beaucoup, mais il faut savoir garder un semblant de plausibilité, tout de même !

Non, non, je vous le dis, si on laisse faire le temps, on peut gentiment se nourrir d'illusions sur un passé flouté.
Et personne ne s'en prive, revisitant son histoire d'un regard totalement orienté.

J'énonce des platitudes, des lieux communs. Je le sais, je le reconnais bien volontiers.
J'en entends, j'en lis, beaucoup, aussi.

N'y a-t-il donc rien de nouveau à dire, rien d'inédit à inventer ?
La "création" est-elle une illusion pour se masquer notre médiocrité ?
Les fictions les plus fantaisistes ne sont-elles que des orchestrations plus ou moins réussies de situations réelles et connues ?
Rien ne remplacerait  le réel, le vrai ?

Notre seule latitude est de regarder, de sentir, de se laisser investir et de tenter de rendre une émotion, de la partager.
Nous n'inventons rien.  La nature avant nous a créé. Nous ne faisons que chercher, et, trouver, parfois, de nouvelles possibilités, qui existaient mais ne nous étaient pas accessibles.
Les notes de musique tentent de circonscrire des sons. Les désignations des couleurs ne rendent qu'une infime partie d'une palette immense.
L'artiste travaille une matière d'avant lui. Il explore et quête. Il ne crée pas, il assemble, autrement.
Les technologies les plus avancées n'inventent rien. La science est recherche. De ce qui est.
La nature ne nous a pas attendus pour hybrider les espèces, rendre les génomes évolutifs et adaptables aux milieux.

Notre imaginaire ne se détache pas des réalités. Il s'en éloigne, les transforme et les mélange.
Nous explorons, nous ne créons rien qui n'existait déjà.
Les idées nous viennent, elles ne sont pas notre oeuvre.
Du néant, que nous sommes incapables de concevoir, nous ne faisons rien d'autre que d'en cultiver l'effroi.
Incapables d'aller au delà.

Bah ! bah ! bah ! La belle affaire...
Puisque nous ne savons qu'observer, regarder, chercher, et imaginer à partir de là, et bien, observons, regardons,  cherchons, et imaginons :







Les scientifiques dans leurs observatoires, spectateurs privilégiés de la beauté d'une nature souveraine :










Un lever de soleil sur le Pic du Midi.

Comment imaginer créer plus grandiose ?










Avoir accès à ces réalités est une chance. S'en nourrir et s'y ressourcer une force.


J'ai parfois le vertige, au propre et au figuré. Le vertige de ces insondables où nos illusions s'effraient.
Pour ne pas perdre pied, j'ai besoin de revenir à la terre, au concret.





Faisant le tour de mon champ de courges, ce matin, je cherchai des traces de blessures sur les peaux épaisses. Un début de grêle dans la nuit de vendredi à samedi m'avait inquiétée.
Apparemment, rien de trop méchant. La conque de cette citrouille remplie d'eau se videra sans dommage. La carapace dessous est dure et étanche.
Les lianes au sol sèchent. Elles nourrissent encore les fruits. Les queues se détacheront au moment venu. Il faut attendre encore.

Ces rustiques et lourdes citrouilles nous parlent aussi de soleil et de magie. De couleurs chaudes et de fées qui les transforment en carrosses.
Notre imaginaire peut jouer dans un large champ, libre et léger. Les limites sont si lointaines, elles ne nous contraindront pas. Si nous gardons l'humilité de ne pas vouloir les effacer.

Encore une de mes envolées fantasques et échevelées. Ah ça ! des limites, il faudrait en mettre à tant de sottises éparpillées comme mes courges dans le champ.

Allez, allez, ne soyez pas mauvais !

Ayez un beau dimanche. Derrière le gris du ciel, souvenez vous des flammes et de la lumière. Elles sont là, et reviendront, à l'occasion, nous enchanter encore.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire