dimanche 11 octobre 2015

CONTRÔLE TECHNIQUE




Bonjour à tous les suiveurs des nouvelles d'Agorreta !





Matin calme sur Agorreta.
Quelques rares coups de fusils claquent.

La mini-meute s'affaire, pas trop loin de moi. Les coups de fusils, ils n'aiment pas trop ça, mes trois gardiens du temple, un peu poltrons...







Ils restent attentifs, inquiets, les oreilles vite dressées en alerte.

Ils patrouillent au plus près de moi et de la maison.

Le fourgon de la jardinerie, incongru à Agorreta, les distrait à peine de leur vigilance apeurée.





En rentrant hier soir, je me suis arrêtée à l'église de Guéthary. Je devais y récupérer des plantes louées pour un mariage.

Quel bijou, cet édifice !

Dressé coquettement sur un mont surplombant la mer, serré de son cimetière, entouré de maisons anciennes mais pimpantes, il traverse les âges, parfaitement entretenu.
Le galbe des boiseries sombres, les galeries longues et profondes, la pierre claire, tous les éléments parlent de milliers de mains glissées sur les surfaces polies, de milliers d'élans vers un apaisement espéré.
Je m'y suis attardée un peu avec Olivier, dans le soir tiède et lumineux.

Mon mari m'accompagnait pour exécuter la manœuvre avec le fourgon. Manœuvre rendue délicate à cause de l'étroitesse des lieux, le raidillon prononcé et exigu à l'arrivée nécessitant une certaine maîtrise.
Que je n'ai pas.

Depuis vendredi, ma conduite est sujette à commentaires déplaisants.
Je ne m'en offusque pas trop. Je n'ai jamais mis un point d'honneur à passer pour un as du volant. Manifestement, bien m'en prend...

Je vous raconte :

Vendredi, je devais mener ma petite automobile à son contrôle technique périodique. Bien.
Je n'ai aucun attachement particulier pour les voitures. Elles me sont strictement utilitaires, et je n'y mets aucun affect supplémentaire.

Ma modeste Modus n'est pas vieille. Six ans. Je mène généralement mes véhicules bien au delà, autour des 20 ans et des 300 000 kms. Quand c'est possible.
Ma petite auto est estampillée verte, écologique. Je ne suis pas une citoyenne acharnée sur les questions de développement durable de la planète. Nonobstant, j'y prête attention, dans l'idée de préserver cette nature à laquelle je suis tout de même attentive. Je remplis mon réservoir d'un carburant sensé respecter l'environnement, au prix de quelques centimes supplémentaires.
Non, vraiment, j'ai l'impression de faire comme il le faut.

Pour la conduite, je roule gentiment, de façon très régulière, en évitant les à coups, accélérations brutales et autres freinages violents. 
Par mesure d'économie de carburant, d'abord. Et aussi par goût.
J'aime la sensation de glisser sur la route, de traverser les paysages sans bruit, ni heurts.

Je me souviens de mes cours de physique. Pour illustrer la théorie du mouvement perpétuel, le professeur envoyait un palet glisser sur une surface lisse. Dans un milieu protégé de toutes forces contraires à cette impulsion donnée.
Le palet suivait une trajectoire jamais contrariée, et son avancée sans entrave paraissait fluide et presque voluptueuse.

Je recherche cette volupté en conduisant, cette impression d'avancer sans effort.
Je qualifierais ma conduite de souple et respectueuse.
Mes détracteurs me traitent de vieille mémère poussive et dangereuse...

Parfois, c'est vrai, quelques poids-lourds s'impatientent derrière moi, sur l'autoroute. Je roule généralement autour des 90 kms à l'heure. Ou un peu moins, si une rêvasserie me prend. Et il m'en prend assez souvent, je le reconnais.
Sur les montées, les véhicules lourds, lancés, doivent ralentir, s'ils ne veulent pas m'emboutir, empêchés par leur poids d’accélérer suffisamment pour me dépasser.
Les chauffeurs s'énervent alors, rendus moins tolérants par les heures au volant, sans doute. Et klaxonnent derrière moi, un peu rageusement.

Tirée ainsi de mes pensées, je reviens à la route, et appuie sur le champignon, un peu. Juste de quoi apaiser mon suiveur.

  - Tu es toujours en sous-régime ! me dit-on. Ah bon...

Ces remarques ne m'ont pas amenée à modifier mon comportement au volant.

Vendredi, retournant chercher ma voiture, je ne m'attendais nullement à ce verdict implacable :

   - inapte, trop polluante, encrassée à mort.

Tiens donc ! J'en suis restée baba. 

Dûment conseillée par mon frère professionnel de la mécanique automobile, j'ai entrepris une action en "décrassage".
A savoir : Hendaye-Bayonne, samedi matin, en troisième.
Ah ça ! la petite chenille télescopique du compteur des tours-minute a exploré des zones vierges pour elle jusque-là !
Jamais au grand jamais, les petits rectangles lumineux n'avaient investi cet arc de cercle dangereux. Pensez : ils frôlaient la zone rouge, celle de la surchauffe ! Je souffrais pour ce moteur rugissant, poussé bien au delà de limites jamais approchées ...
Sans parler de mes pauvres oreilles malmenées par ce vrombissement strident, rendant l'habitacle acoustiquement difficile à supporter.
J'ai soutenu cet effort nécessaire en serrant les dents, les entrailles nouées, le poing crispé sur un levier de vitesse douloureux, le regard rivé sur ce fameux compteur agressivement illuminé.

Quelle épreuve, Boudiou !

Enfin, j'espère avoir "décrassé" le circuit.
Nous verrons le verdict très bientôt.
En gros, pour pouvoir être autorisée à utiliser ma voiture à ma manière, sans accélérer ni polluer, il m'aura fallu disséminer un flot de particules rugissantes sur deux cantons.
Quelle étrangeté de raisonnement écocitoyen, n'est-ce pas ?

J'ai besoin de ma voiture pour aller travailler. Je suis bien obligée de me plier aux règles incontournables.
Et contradictoires.
Moi, qui ai quand même réussi à perdre la moitié de mes points de permis de conduire, pour excès de vitesse, en n'accélérant jamais.

Je reprends ma petite voiture ce soir, à la jardinerie. Toute haletante encore d'hier matin, je vais devoir encore nous faire violence, pour la bonne cause.

Je vous livrerai le résultat de cette souffrance, évidemment.

A bientôt, et portez-vous bien en ce dimanche paisible, lui.


En différé de huit jours :

Ouf, tout va bien. la seconde visite, après les hurlements du moteur mené à bout, s'est révélée satisfaisante.
Comme quoi, il aura bien fallu que je pollue à tout va, pour pouvoir continuer à ne pas le faire.
Une logique pas plus tarabiscotée que ça, n'est-ce pas ?
bref, la petite modus a l'autorisation de continuer de rouler, et ça me va très bien comme ça !




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