lundi 22 décembre 2014

Que ma joie demeure !




En cette splendide journée de lundi, avant-veille de réveillon, j'ai savouré chaque moment.

Pour vous laisser souffler un peu, je ne reviendrai pas dès aujourd'hui à l'épopée des occupants d'Agorreta. Nous reprendrons une autre fois.

J'ai envie en cette fin d'après-midi, d'essayer de vous raconter ma joie. Oui, ma joie, je n'ai pas de mot meilleur. Ma joie, simple, pleine et bienfaisante.

Bonheur, je l'utilise peu, voire, jamais, pour moi-même. Bonheur me paraît un peu trop grandiose, inaccessible. Bonheur fait partie de l'idéal et ne se touche jamais du doigt. Et moi, ce qui reste dans les limbes inatteignables, je m'en méfie. Je préfère tenir, bien en main, sentir, par instinct.

Bonheur est impossible dans la durée. Bonheur est tellement fugitif. Bonheur éblouit tant qu'il oublie d'éclairer. Il ne montre pas, il éblouit.

En un mot comme en cent, et pour ne pas étaler une litanie ennuyeuse, bonheur n'est pas pour moi. 

Moi, je préfère joie. Joie comme joliesse en comparaison de beauté. La joliesse, c'est humble. La beauté, ça intimide. Mais bon, beauté ne se trouve pas à tous les coins de rue. Alors, les rares occasions d'en être impressionné ne risquent pas de la galvauder, non...

Toujours est-il, qu'en ce jour de grand soleil, je me sens toute en joie. Et je viens à vous partager cette joie. (Ne dirait-on pas une homélie enflammée d'une messe de dimanche de Pâques ? Encore que ça fasse des lustres que je n'en ai pas écoutée, honte à moi, chrétienne peu assidue...)

Bref et rebref, ce lundi matin, la ferme Agorreta tend sa vieille face au soleil. 









Agorreta est une vieille femme. Ses vieux os apprécient la chaleur et la réclame. Sur le petit banc de pierre, son vieux maître viendra lui aussi s’asseoir, un peu plus tard, au mitan de la journée.

Regardez ce ciel bleu profond. Presque trop pur. Un genre de beauté dont je parlais plus haut. Ecrasant  de tant de majesté. Un tel ciel ne pardonne rien. Il tend une toile parfaite sur un monde qui ne l'est pas.

Mais Agorreta n'a jamais prétendu vouloir lutter pour briller. En vieille femme sage, elle attend. Elle sait bien que des cieux moins parfaits viendront la couver. Et qu'alors, son vieux visage abîmé paraîtra moins déplacé... Il lui suffit d'attendre, et ça, elle sait faire !

Moi, ce matin, je regarde. Je m'emplis les yeux. Ces images sont pour moi. Je ne possède rien mais tout m'est offert. Je n'ai rien à faire. Juste regarder et laisser les paysages m'investir jusqu'à la moelle de mes os.

Tout m'est familier. Depuis toutes ces années, les choses changent bien-sûr, mais la mer est toujours au même endroit, et les montagnes ne bougent pas.









A l'est, la Rhune s'éveille au dessus de la brume.





La Rhune est une mère placide. Elle a eu un élan pour s'élever vers le ciel, puis, s'est rassise, fatiguée. Elle veille sur Agorreta, de loin. Elle garde pour d'autres un flanc plus escarpé, moins régulier. D'ici, elle est équilibre et harmonie. 














Comme elle n'est pas belliqueuse, elle ne veut pas mécontenter le ciel au-dessus d'elle.  Elle est restée terre mais s'est bleutée pour se faire passerelle, sans doute...











Je suis de cette maison, de cette terre et de ce pays. Comme vous, j'ai en moi enracinés ces paysages. Ils font un peu clichés, je m'en rends bien compte. Mais, moi, dans ces clichés, je m'y baigne comme dans une eau de jouvence. 

J'en retire la sérénité. La joie dont je vous parlais. Ces vues sont une offrande. Je n'ai rien fait pour les mériter. Mais je sais les regarder, à chaque saison, à chaque heure du jour.

Le Pays-Basque n'est pas la seule belle région au monde. Il y en a de multiples. Mais à moi, ce pays-là suffit à me contenter pleinement.

Là où vous êtes, d'autres beautés vous sont offertes. des arbres, des pierres et des cieux, il y en a partout. Il suffit d'avoir un regard, et une mémoire pour s'en repaître quand on ne les a plus devant soi.



















Des roux profonds, des ors fugitifs et fragiles, vous en verrez aussi, si vous levez les yeux. 
Et si vous laissez cette beauté simple et saine entrer en vous, vous connaissez aussi la joie qu'elle donne. Je n'ai pas les mots justes et forts que je voudrais. Je sens mieux que je ne parle. Mais vous savez, sans doute, ce que je veux dire. Je vous le souhaite, vraiment.








Allez, une dernière image de petit chemin qui ne sent plus la noisette. 
Vous reconnaissez Txief, Lola et Pittibull ? Eux aussi apprécient les paysages... et les odeurs !


Bien, je vous laisse ici. Les bêtes commencent à appeler. Tiens, je vous les montre ce matin, quand, repues, elles se mettent au repos.







Là, elles sont toutes debout, à considérer les râteliers vides. Vite, je descends, avant qu'elles ne se mettent à racler du sabot !


A très bientôt sans doute. Je m'amuse énormément avec vous, et les moments que nous passons ensemble sont eux-aussi des moments de joie.


ALLELUIA !!



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