dimanche 1 mars 2015

MÉFIANCE ET REDEPLOIEMENT




Ce dimanche matin est tout poisseux.
L'humidité imprègne tout. C'est assez désagréable comme sensation, un peu étouffant et inconfortable.

C'est le temps du passage inter-saisons. Un temps inévitable,  incontournable.
Une étape, à franchir du mieux possible...

Vendredi, la journée en elle seule résumait tout ce chemin à franchir.





Un début de journée chaotique. Des nuées épaisses, des brumes évanescentes traversées d'irisations lumineuses. 
On sentait le soleil proche. Sa lumière accessible et sa chaleur possible.






Par moments, il se frayait un bon passage entre les nuages.

Sa lueur un peu pâle tout de même venait cueillir le flanc du Jaizkibel, amicalement.

Tout n'était pas gagné, bien-sûr, dans le ciel les lourdeurs sombres ne présageaient rien de bon pour l'avenir immédiat...










Le maître de maison voulait y croire.

Lassé d'être confiné en intérieur, il se lançait, optimiste et confiant, lui, le vieil homme de 87 ans.

Dans sa grande sagesse de savoir le monde hostile par défense mais jamais par volonté.











Une autre, instinctive et intuitive, une bête au naseau vite en alerte, sensible à son environnement.

Notre belle Zaldi, au plein milieu du champ, entre deux, elle aussi, comme le moment.

Les beaux jours la verront saluer le soleil levant à l'est.
Par mauvais temps, elle se réfugie sous les arbres près du portail, en face.



Là, tous signes et présages réunis et confrontés, on ne peut pas s'y tromper.
la saison avance. On va vers le beau et le chaud. Mais on n'y est pas encore tout à fait, et non !


C'est toute la difficulté de ces moments passerelles, de ces ponts entre deux mondes.
On n'en connaît à l'avance ni la durée, ni la pente.

Il faut se lancer, se préparer au mieux, rester disponible à tout.
Il faut, on doit, franchir l'étape et surmonter les obstacles. 
On veut, on doit, aller de l'autre côté. Notre volonté nous y appelle et notre destin nous y envoie.

On n'y arrive pas toujours au premier essai, loin de là... Il faut souvent recommencer, retenter, confronter à nouveau le sort, remettre sur le métier son ouvrage.
L'expérience peut-être longue, laborieuse, douloureuse. Elle demande de l'énergie, la force de reprendre un élan donné en première impulsion sans résultat.
Il vaut mieux être au plein de sa vitalité au moment de tenter le saut. Il y faut l'ardeur, l'espérance et la vision attrayante de l'avenir de la jeunesse.

Si on ne se lance pas au bon moment, si on atermoie, si on hésite au bord du gué, le temps qui passe devient l'ennemie. Il vous englue, vous alourdit, et finit pas étouffer votre légitime désir d'aller là ou vous devez aller. 
Il noie cette destination promise dans des limbes lointaines.
Il vous la subtilise, et vous restez dans votre gangue épaisse.

Nous devons tous à un moment ou à un autre, entreprendre ce "voyage initiatique", j'en suis convaincue.
Pour certains, il se fait tout naturellement, pour d'autres, il demande davantage.
On ne choisit pas son parcours, mais on peut se servir de la meilleure monture pour le décliner.

C'est notre part de libre arbitre, notre liberté et notre aire d'activité.

En ce vendredi aux débuts tourmentés, le fil des heures a tracé une courbe parfaite.







Et, pour le soir, le grand soleil avait triomphé !

Le passage avait était un succès. L'autre rive était lumineuse.

Toutes les nuées, les difficultés, étaient derrière, oubliées.

Quoi, quoi, ce monde-ci non plus n'est pas trop joli ?
Les nuages encore, ce toit rouillé, quelle horreur ! Et ce tas de fumier, merci !

Ah, mais non mais, qu'est-ce que vous croyez, donc ? Que le paradis est sur terre, peut-être ?
Que vous avez mérité une perfection d'avoir pris cette peine d'attendre, de vous débattre et d'y arriver ?

Et puis quoi, encore !
Si vous en êtes là, c'est qu'il vous reste du chemin à faire. 
La contrée à conquérir n'est pas l'Eldorado.
Elle est propre à chacun, mais semée d'embûches et de noirceurs, elle aussi.

Seulement, quand vous aurez cheminé comme il le faut, quand vous aurez laissé derrière vous ces peurs et ces frustrations nocives, vous saurez, vous saurez mieux regarder, vivre autrement.

Et voir, et sentir, en admettant, en acceptant, et pour finir, en appréciant chaque chose donnée comme un bienfait, en soit, ou à devenir.

C'est le propre de la vieillesse quand elle est sage. Elle a admis, accepté, et elle aime la vie comme elle lui est donnée. Comme le cadeau qu'elle est. Ou peut devenir, si l'emballage en est vilain...

La vieillesse aigrie, elle est pour ceux qui ont laissé passer le bon moment, ou alors pour ceux qui n'ont pas assez d'une vie pour arriver à surmonter la peur du vide...

Chacun son chemin, disait l'autre, bien justement.

Pour le maître d'Agorreta, le sien est maintenant amical. Il peut le devenir moins. Il le sait, l'admet, et l'accepte. Sans révolte, en sérénité.

C'est mon idéal, ça, mon maître-mot à moi :


LA SÉRÉNITÉ

Je vous laisse ici. A chercher le vôtre, et la meilleure voie pour y arriver ?

Bonne chance à tous !












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