mercredi 11 mars 2015

RAMON, LE TENEBREUX AU GRAND SOURIRE



Rebonjour !

J'ai encore un peu de temps devant moi.
J'en profite pour vous livrer un texte sur Ramon, dont je vous parlais dans l'article précédent.

Sachant mon goût pour l'écriture, il me proposa de faire une petite "ode" à son éloge. En toute simplicité !
C'est bien de lui, ce petit côté cabotin...
Etre évoqué dans les parages de Madonna doit l'enchanter.

Je ne tarde pas plus longtemps. Je le salue au passage, ce grand enfant dans un corps d'homme pas tout à fait grandi.





      Mon nom est Ramon, avec le R qui roule comme une chute de pierres en montagne et un coquet accent sur le O à la mode espagnole.
      Je suis un ibérique, un latino typique.
      Brun des cheveux aux poils d’orteil en passant par les yeux, râblé ramassé, j’ai le mouvement preste et la démarche allègre.
     Mon pas est bref il est vrai, et je marche les pieds un peu ouverts pour mieux embrasser le large monde. Je m’avance d’un air décidé, le front bas et la tête avancée.
      Quand je vous croise, un large sourire éclate comme un grand soleil sur mon visage, gravé au coin de mes yeux dont la noirceur s’adoucit aussitôt en caresse.
      Je suis un garçon fort sympathique. J’ai dans les environs de quarante ans, mais je reste et resterai jusqu’à la fin des jours qui me restent à vivre un garçon sympathique. Je le veux, j’y tiens.
      Jamais je ne deviendrai un homme, mûr et responsable, lourd et orgueilleux de son poids d’homme dans le monde.
      Je veux rester léger. Je veux séduire, amuser et m’amuser.
      De la vie je ne veux que l’écume, la mousse aérienne et volatile.
      Je déteste les gens sérieux, je fuis les tristes et évite les adultes trop tôt vieillis.
      J’aime aimer, j’aime qu’on m’aime.
      Pour aimer, j’ai en moi de quoi donner. Et pour qu’on m’aime, je me démène autant qu’une certaine paresse me le permette. Je n’aime pas forcer les choses ni les gens.
      Mais parce-que j’aime être aimé, je sais me donner du mal pour séduire.
      C’est dans ma vie mon plus grand combat, le plus beau et le seul que je veuille mener.
      N’attendez pas de moi autre chose que des rires et des caresses.
      La colère est mon ennemie et la tristesse me fait peur.
      Quand elles fondent sur moi parfois, je me sens mal, terriblement mal. Et vite je vais en fête, en quête de la lumière et du bruit pour me nourrir et éloigner les ombres.
      Je suis Ramon, je suis rocailleux comme un homme et doux comme un enfant.
      Je ris en éclats aigus. Je hausse les épaules quand un tracas me tourne autour.
      Je sais, je peux, être sérieux comme vous l’êtes. Mais je n’aime pas ça, je ne m’aime pas comme ça.
            Je suis Ramon, viril et ténébreux. Je suis Ramon, coquet et délicat. Je n’aime pas les combats, je fuis à toutes jambes les conflits.
            S’il faut me battre, je le fais trop. Je ne sais pas tempérer mes colères et elles m’emportent plus loin que je ne le voudrais.
       Ces passions noires sont si refoulées au fond de moi que quand par mégarde, je les laisse venir au jour, elles me débordent. Je veille le plus souvent à les museler dans leur terrier, et je ris juste un plus haut si je ne tourne pas les talons en pestant entre mes dents.
            Je suis Ramon. J’aime l’art, les couleurs et les formes. J’aime regarder les œuvres des grands peintres. J’aime suivre les modes et les tendances. Mon œil cherche le beau, l’harmonie et la volupté.
            Je me perds dans les siècles de culture et je me cherche à travers les mondes de création. J’imagine, j’aspire et je rêve.
            Cette quête abstraite me suffit. La réalisation rencontre trop rarement mon idéal trop éthéré. Je sens bien que le monde tel que je le rêve est hors de ma portée. Alors, le rêver me suffit et je ne m’obstine pas à vouloir le conquérir jamais.
            Ca pourrait ressembler à de la résignation. Ca n’en est pas. Je ne subis pas l’imperfection. Je la fais mienne. Elle m’allège la conscience. Je sais que l’idéal doit le rester. Ne jamais s’abaisser à devenir la réalité.
            Alors je vis plutôt content. J’oublie dans les tourbillons joyeux les médiocrités obligées. Et je garde dans mon secret mes exaltations et mes envolées.
            Je suis Ramon, vous me côtoyez et je vous laisse voir de moi ce que vous en attendez.
            Parce-que pour mes rêves, je les garde cachés pour ne pas me les laisser briser.













Ce Ramon, toi, mon co-équipier dans le travail, tu ne le reconnais peut-être pas du tout.
Ce que je vois de toi, n’est peut-être pas ce que tu te sens être.
Ca n’a pas grande importance.
Ce que nous avons à partager ne demande pas la connaissance d’une plus grande vérité.
Je prends cette écume que tu me tends, elle fera mon affaire.
Pour ce que je crois deviner derrière, je respecte tes pudeurs et je n’ai pas besoin d’aller y fouiner de plus près.
Tu es Ramon, et tel que tu es, j’ai appris à t’apprécier.





Je retrouve Ramon régulièrement, à la jardinerie.
Nous partageons un quotidien du travail.
C'est un homme très agréable, en conversation.

Là encore, une bonne raison de travailler en joie.


Bien, je vous laisse ici, en vous souhaitant une bonne fin d'après-midi.









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