dimanche 15 février 2015

TROP LOIN D'AGORRETA ?




Amis et suiveurs de ce blog, bonsoir !

Je me demande si je ne deviens pas "addicte" de mes écrits...
J'ai plaisir à nos rendez-vous, c'est indéniable.
Il ne faudrait pas que j'en devienne dépendante !

Bah ! la saison avance. Sur le mois prochain, je serai appelée en extérieur à d'autres tâches.
La terre labourée cet automne attend d'être ensemencée.

Les beaux jours paraissent à portée, comme en ce début de semaine.

Vite viendra le temps d'enrichir et préparer la terre. Cette bonne vieille terre d'Agorreta, porteuse depuis longtemps, et pour longtemps encore je l'espère, de semailles et de moissons.

Je laisse à mes frères l'intendance mécanique, la gestion des machines lourdes et puissantes.
Ils vont me tendre un lit de semence souple, léger, et fertile.
J'interviens ensuite, moi, loin de ces mécaniques bruyantes et efficaces à soulager la peine.

Un pot de graines fragiles à la main, je sème, je confie mes espérances à la terre bienveillante.

Ensuite, vient le temps de la veille, de la surveillance.

 Il faut préserver la jeune plantule délicate des envahissantes adventices, des dévoreuses altises  et perforeuses "puceronnes", toutes ces joyeusetés adverses à la bonne croissance de la culture domestique.

Et là, ça demande du temps, beaucoup de temps.

Du travail on ne peut plus manuel. Un seul outil suffit. Une bonne sarclette. 
Légère, bien en main, elle et moi, nous ne faisons pratiquement qu'une, entre mars et septembre.

D'où mon détachement, à ce moment, de ces activités d'écriture, par force !
Je reviendrai vers vous, évidemment, mais moins souvent.

L'automne, le temps des moissons et des cueillettes, je serai aussi sollicitée loin d'ici.
Nous retrouverons, si Dieu nous prête vie, nos conversations soutenues, à l'hiver, en son temps, revenu.

Et sinon, j'essaierai de vous faire signe de l'au-delà, qui sait ? Imaginez un peu, si vous m'entendiez ?!

Chaque chose en son temps, nous n'y sommes pas. Du moins ainsi l'espérons-nous !

D'ici là, je vais revisiter ces pages publiées à la hâte, corriger mes erreurs, en vous demandant de ne pas m'en vouloir de vous avoir livré ce travail imparfait avant l'heure.

C'est que j'étais impatiente de vous rencontrer...

Je reviens ce soir après ma tournée soins bêtes et gens.
L'après-midi, je l'ai passée à la jardinerie, puisque nous sommes maintenant ouverts le dimanche. Là aussi, la saison avance !

La jardinerie, ça n'est pas Agorreta, je le sais.

Mais c'est l'endroit où je travaille, où je passe de bons moments avec mes collègues et les clients.
Je suis là "comme à la maison". 
J'y vais, contente de retrouver une ambiance joyeuse et animée. Comme on va à la rencontre d'un groupe d'amis.
C'est vous dire si je tiens à garder cette place !
C'est chose précieuse d'être épanouie dans son travail. Chose à préserver et à estimer.

Vous comprenez le raccourci fait entre la jardinerie et Agorreta. 
A travers moi, les deux mondes se côtoient, interfèrent et s'entremêlent.

Je les vis en osmose, en totale congruence. Mon individualité est ambivalente, mais cette cohésion entre mon travail est ma maison me réunifie. me reconstitue.
En un mot comme en cent, je suis bien à la jardinerie, comme je suis bien à Agorreta.
Voilà !

Sans trop creuser, il y a à la jardinerie bien des passerelles vers les mondes enchantés et magiques que je décris autour de ma vieille ferme.
Plus d'une fois, nous avons, avec plusieurs de ces collègues qui participent à ma joie d'être au travail, été saisis de cette impression d'être protégés, couvés, préservés du mauvais sort par une bonne fée.

La jardinerie a 25 ans. Pour un magasin, un bâtiment ouvert au public et traversé d'un trafic abondant, c'est beaucoup.
Evidemment, il y a eu des rénovations, des travaux, des remises à niveaux.

Mais la jardinerie a su garder son authenticité de dame bien vieillie. Elle est fière de ses rides et des marques laissées par le temps. Elle sait bien, elle, dans sa grande sagesse, que ces signes là sont les garants de sa longévité. Que tenter de les masquer serait une maladresse de vieille coquette déraisonnable.

La jardinerie, comme ma ferme, est fière de tout ce temps passé, de toutes ces saisons vécues, et de sa pérennité maintenant avérée.

Vous la voyez, la belle passerelle ? Comme quoi, tout mène à tout et tout est lié, en ce bas-monde, et peut-être même, au-delà...

A la jardinerie comme à la ferme, on tombe sur des incongruités, des petits signes du destin.
on se sent lié à un univers magique et irrationnel.

Pour preuve, je vous livre une découverte faite il y a peu.
je vous l'ai dit, nous sommes en travaux. Nous déménageons les bureaux à l'étage, pour agrandir le cœur du magasin.

Nous avons à cette occasion exhumé des vieilleries sorties de tiroirs où elles dormaient depuis bien longtemps, en toute paix.

Et là, un jour, au détour d'un carton éventré, que vois-je, tombé à mes pieds ?
Une chemise, cartonnée, jaune, un peu écornée mais encore potable.
Je la retourne. Elle est vide.

Sur la couverture, annoté au gros feutre noir : 


TRAVAIL EN ATTENTE OU A FAIRE








Tiens, encore une fantaisie de mise en page.
C'est tout Agorreta, ça, et beaucoup la jardinerie, aussi...

Après réflexion, je me suis dit : Tiens donc, il y aurait des choses, du travail, en attente, mais qui pourrait ne pas être à faire...

Je l'ai noté, déjà, il y a, ici comme ailleurs, pas mal de choses, en attente. Et pas mal d'autres aussi, à faire. Attendant donc d'être faites.

Mais là, ça supposait du travail qui pourrait rester en attente, et ne pas être à faire, puisque les deux notions parallèles pouvaient ne jamais se rencontrer. mathématiquement, d'ailleurs elles ne devaient, pas le faire.

C'est tout l'univers magique de la jardinerie, ça ! 
Du travail en attente, mais pas forcément à faire. Vous en connaissez beaucoup, vous, des entreprises qui respectent ce genre de subtilité ?

Moi, non. 

Mais j'y retrouve un certain esprit, une jolie fantaisie, la prédominance de l'humanité imprévisible dans le monde ordinaire trop matérialiste du travail.

Puisque j'avais ce clin d’œil entre les mains, je m'assurais quand-même bien que la chemise soit vide. 
Imaginez, du travail en attente ou à faire, depuis la dernière visite à cette chemise ?
Non, tout de même pas ! 
A la jardinerie, les choses sont faites, en temps et presque à l'heure ! 

La ferme et la jardinerie, proches cousines en pourvoyeuses d'étonnantes improbabilités.

Je vous laisse ici. Je vais me coucher. Et m'endormir en paix d'avoir si joliment travaillé dans un univers presque enchanté.

A bientôt  et bonne nuit à vous !

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