lundi 23 février 2015

L'EVEIL





Bonjour à tous !

En ce lundi pluvieux, j'attaque la saison III des Nouvelles d'Agorreta...
Nous avons eu l'automne, le temps nostalgique des retours sur le passé, l'hiver et ses longs moments de méditation somnolente.

Et nous voici aux portes du printemps.

Je ne me suis pas concertée avec Vivaldi, en son temps. Je ne suis pas sûre de son ordre à lui. Mais bon, à chacun ses fantaisies. J'aime bien démarrer là où d'autres finissent. Pourquoi pas ?
Laissez moi mes petits caprices.  Et merci encore pour votre compréhension...


A Agorreta comme dans toutes les fermes, nous devons respecter les rythmes naturels.
Nous avions, souvenez-vous, profité de l'éclaircie de vendredi pour épandre la chaux :





La verte prairie ainsi "amendée" luttera contre l'acidification des sols. Elle repartira en pousse quand les jours se feront plus chauds, et donnera du fourrage de bonne qualité à pâturer.
Si l'on ne fait rien, les champs se peuplent des seules espèces supportant les terrains de plus en plus acides. 
Rien de bon ! De l'oseille, du pissenlit, de la menthe et du jonc. 
Puis, si on laisse carrément aller, de l'ortie, de la ronce, du genêt sauvage, de la sale broussaille, quoi !
Vous comprenez l'intérêt de conserver nos paysans, nom de nom...


Remarquez, c'est joli aussi, un genêt tout juste fleuri, sur un beau ciel bleu, comme ici.

Mais alors, pour y faire pâturer mes vaches, ah non, merci !

Elles sont mieux habituées, les bougresses.

A la limite, ces saletés, bien séchées et finement broyées, pour le transit, pourquoi pas ?
Ca se faisait dans le temps, pour économiser les fourrages plus nobles, surtout.


Cet hiver d'ailleurs, mes vaches ont adoré, les balles de menthe et joncs coupés et séchés d'un champ misérable à nettoyer. 
Je pensais les utiliser en litière, et, quand j'ai vu comment mes demoiselles et bientôt madames tiraient la langue pour essayer de la manger, je le leur ai distribué dans les râteliers.

Ca embaumait la menthe dans l'étable, elles en avaient l'haleine toute rafraîchie !
Un véritable succès...



Regardez-me les, mes beautés !
Par matinées ensoleillées, elles se haussent du col pour regarder dehors, sentant le temps proche d'y aller.
Mais, aujourd'hui, elles n'ont pas d'autre envie que de vider sagement leurs mangeoires.

Vous voyez ma petite Bullou ?
Elle surveille les petits moineaux, pour essayer de les attraper.
C'est son obsession, la lumière de ses jours.
Elle y dépense une énergie folle.
Sa tactique est très rodée.
Elle aboie et s'agite, le moineau apeuré volette d'un point de chute à un autre.
Pour finir, épuisé, par tomber au sol, où elle peut alors l'attraper. Et le croquer, la cruelle...
Là, les oiseaux se perchent sur le râtelier à foin. 
Bullou n'ose pas s'engager au milieu des vaches. Elle trépigne et rage.
Ma seule crainte est, qu'un jour, elle se lance, et récolte un coup de sabot qui l'enverrait s'aplatir sur le mur de dure pierre. 
Je ne voudrais pas ça, mais ma Bullou est si intrépide...

Hier matin, je ne sais pas si vous l'avez remarqué, mais, c'était bien joli à voir :



Ah, zut ! sur la photo, ça n'est pas saisissant.

Mais, regardez mieux, peut-être, avec de bons yeux, et un peu d'imagination, vous allez les distinguer, parsemées sur la prairie. Non ?

Ces petites étoiles blanches éparpillées comme de minuscules constellations sur la voûte étoilée...


Allez, voyons, si, ici, c'est mieux :










Non, pas tellement, je le vois bien.

Alors, vous l'avez deviné, je le sais, et même, vous l'avez sûrement vous aussi remarqué, hier.

C'était la première éclosion de pâquerettes de l'année.
En voilà une, aussi la pâquerette, signe de misère dans une prairie.

Mais là, pour le coup, c'est réellement joli à voir, ce tapis gai et enjoué posé sur le vert uniforme un peu triste de fin d'hiver.

La cousine primevère a déjà investi le talus proche. Elle s'est lancée plus tôt. Et ses fleurs délicates en on payé le prix :



Mais elles ont encore de la ressource. Et le talus refleurira.

A la jardinerie hier, j'ai vu aussi les amandiers en fleurs, les pêchers et les pruniers aux bourgeons gonflés sur une vitalité impatiente. Mon figuier du poulailler verdit en bout de ramilles. Il va développer ses larges feuilles dans les jours prochains, déjà.

L'éveil, partout, la sève qui se remet à circuler, la vie qui repart. Le printemps, quoi.
Pour bientôt :



A Agorreta, le maître s'impatiente lui aussi.

A près de 90 ans, il reste sensible aux saisons, à ce renouveau du printemps proche.

Les vieux n'aiment généralement pas l'hiver. Cette obscurité leur parle trop de la dernière.

Le printemps, c'est la vie qui redémarre, la promesse d'une saison qui en amène d'autres.
La promesse d'un temps encore à vivre, de la lumière et de la chaleur à sentir.

Aujourd'hui, mon père a voulu que je lui coupe les cheveux.

- Ez zare oztuko ?
 Tu n'auras pas froid ?

- Bai to ! sasoin onari emanak gaituk emendik aintzinerat !
Penses-tu ! Nous allons vers la belle saison maintenant !






Là, cet enchevêtrement noirâtre, c'est mon figuier du poulailler.

Et les petites pointes claires au premier plan, les bourgeons des feuilles à venir.

Quoi, elle est bien laide cette photo ! Et alors ? 
Passez au delà de l'image brute. Voyez la promesse derrière, et projetez-vous dedans...










Voyez, ne vous laissez pas impressionner par deux tempêtes ou trois gelées. 
Faites comme ici, puisque la nature vous le dit, croyez-y !



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire