samedi 7 février 2015

REPARER MES ERREURS




Lecteurs des Nouvelles d'Agorreta, bonjour !


Je viens vous tenir au courant de nos dernières péripéties à la ferme.

Vous le savez, dans le courant de mes activités, j'utilise des engins agricoles plus ou moins en état (plutôt moins que plus d'ailleurs).

Cet état, comment pourrait-on dire, délabré ? Ou alors, plus diplomatiquement, d'une usure avancée,  pardonne difficilement les erreurs.
Faute est plus lourd de conséquence, à mon sens.

Une faute, il faut l'expier. Une erreur, la réparer, pour pouvoir se la faire pardonner...

A Agorreta, ce matin, nous étions en pleine opération rédemption.

Je vous raconte.

D'abord, reprenez ce paysage si souvent contemplé.







Cette photo n'est pas d'aujourd'hui.
Aujourd'hui, notre petite mère Rhune, elle est toute blanche.

Je vous la montrais hier matin, depuis mon Ttiki-Haundi ressuscité de ses cendres :






En gros, vous ne la voyez pas.

Alors qu'aujourd'hui, elle est magnifique, blanche et majestueuse.

Mais bon, ce matin, je n'avais pas une minute à moi pour faire mes prises de vues comme d'habitude.

C'est ballot hein ? Le seul jour de la décennie peut-être où elle sera blanchie de neige de la tête au pied.



Mais bon, faites comme moi, laissez aller votre imagination, ça fera tout aussi bien l'affaire qu'une photo, qu'aussi bien, j'aurais été bien capable de rater !

Reprenez donc la photo du haut. Observez bien, en premier plan, en bas à gauche.
Ce petit tas brun, plus ou moins heureusement empilé, c'est du fumier.

Le fumier de mes vaches, leur litière souillée. Je retire ce paillage sali matin et soir pour le meilleur confort de mes demoiselles.
Je transporte tout ça dans la petite bennette attelée au tracteur. Le dit tracteur restant à demeure dans le fond de l'étable, en attente du remplissage de la caisse.






Vous comprenez à présent parfaitement le schéma.

Tous les matins, à la pointe du jour, voire en pleine nuit l'hiver, je vais vider ma caisse de fumier. La bennette bascule. Je manœuvre, d'après moi,  adroitement, pour me rapprocher du tas et vider là ma cargaison.

Je n'ai plus ensuite qu'à avancer pour réenclencher le système de verrouillage de la benne.  C'est d'une technique simple et tout à fait efficace.

Une fois par semaine environ, mon frère Antton reconstitue une pile digne de ce nom, avec le Xérès armé de sa fourche. Le Xérès, vous vous souvenez, le bon compagnon de Ttiki-Haundi dans le hangar.







Ainsi, ma litière souillée se valorise en bon fumier organique, riche et odorant à souhait.
Comme nous sommes délicats, nous éloignons un minimum cette source nauséabonde des habitations. Un minimum, pour ne pas non plus passer la moitié de la matinée à aller vider le fumier ! 
Mon père, de son temps, le faisait. En manière de promenade,  et sans du tout se soucier de tout paramètre de rentabilité.

Ce tas de fumier se retrouve derrière le hangar, là où je vous l'ai montré. 
Il est utilisé au printemps pour les semis de maïs, et à l'automne pour les parcelles labourées à cette saison.

Dimanche dernier, allant gaiement vider mon fumier, je commis une légère erreur.
Dans la nuit sombre, il m'arrive de benner approximativement, sans trop bien voir où je suis.
Ah, oui, il faut que je vous explique ça aussi.

Ttiki-Haundi n'a pas d'éclairage. Plus exactement, son éclairage ne fonctionne plus, depuis belle lurette.
J'ai donc depuis longtemps pris l'usage de faire ma tournée de fumier dans le noir, par les saisons à nuits longues.

Depuis la défaillance de Ttiki-Haundi, j'utilise pour cette mission quotidienne Karrarro l'indestructible.






Karraro a tous ses feux, comme on dirait qu'on a toutes ses dents !

Pour un vieux monsieur de son âge, c'en est même étonnant.
Mais bon, chez Karrarro, tout veille et clignote à la demande.

Je pourrais utiliser avantageusement cette opportunité.


Pourtant, je ne le fais pas.





Pas par habitude, routine, plaisir de rouler en aveugle, non, quand même pas.
Si je laisse Karrarro aveugle, c'est pour économiser sa batterie. Et oui... Vous ne le savez peut-être pas, vous, mais moi, qui bénéficie des conseils éclairés d'un mécanicien certifié, je vous l'apprends, comme je l'ai appris moi même.

Une vieille mécanique de ce type, ça se conduit avec respect. La batterie énorme alimentant Karrarro est une bête fort gourmande. On lui demande de faire démarrer l'engin, bien.
On la sollicite à peine dix minutes par jour, d'accord. 
Mais alors, il ne faut lui en demander trop, non plus.
Si, en plus du démarrage, cette énorme batterie antédiluvienne doit assurer l'éclairage, sans avoir plus de temps pour se refaire une charge, et bien, non, là, ça n'ira pas.
 Il faut choisir, soit le faire marcher deux heures, pour rien, juste pour alimenter ce gouffre, soit l'économiser en oubliant les lumières et autres commodités.

Vous me connaissez un peu maintenant, le choix a été vite fait.

Le résultat de tout ça, c'est ça :








Vous ne voyez pas le rapport ?
C'est-à-dire que ce tas de ferraille dévasté que mon frère, sous l’œil attentif de notre père (bien sur terre et pas aux cieux, Dieu merci), essaie de redresser, c'est... la benne à fumier pliée !

Et pliée comment ?

Pliée par ma manœuvre hasardeuse dans la nuit noire en vue de rapprocher la cargaison vidée un peu loin de sa destination.

Pour être claire, il m'arrive de penser être au bon endroit, de déclencher le basculement de la caisse attelée, puis de me rendre compte en repartant que j'ai abandonné mon tas de fumier à quelques mètres du tas auquel j'aurais du l'incorporer.
Je ne veux pas accroître la charge de travail de mon pauvre frère Antton, déjà très sollicité par ailleurs (à ses dires...).
Et non plus, laisser à penser que je bâcle mon ouvrage. j'ai ma fierté, tout de même !

Alors, par une rapide petite marche arrière avec la caisse basculée, rrack, je pousse le tas misérablement esseulé vers sa famille d'accueil en attente.

Ca marchait très bien, jusqu'à dimanche dernier.

Je n'ai pas compris au juste comment tout ça s'est passé.
J'ai exécuté ma chorégraphie nocturne comme à l'ordinaire. Avec aisance et rapidité.
Et, au moment de repartir vers l'étable, quand, en principe, la caisse revenue à l'horizontale se verrouille en un puissant klank dans le système de relevage, rien à faire !
Ma bennette traînait par terre et ne voulait plus remonter !
Ca alors...  J'essayais de lui proposer un angle meilleur, un dénivelé plus approprié. 
La caisse est comme le reste, vieille, et un peu capricieuse. 
Elle me fait des siennes, me suis-je pensé.

C'était dimanche dernier. Dieu soit loué. Et loué soit Olivier, présent dans les murs ces matins de fin de semaine.

Mon grand mari, alerté par le fracas de la caisse traînée par terre dans la cour de la ferme, vint à la rescousse.
Il examina le sinistre. J'attendais son verdict, pleine d'espoir.
Olivier est un homme fort. Il va me redresser ça d'un coup de masse, me disais-je, confiante.

Malheureusement, le dégât était trop conséquent. L'homme ne put rien faire en l'état.
Nous avons quand même à tous les deux réussi à démonter cette épave lamentable et la laisser retournée dans le hangar, à fin d'examens plus poussés, mais ultérieurs.

Ce samedi, l'heure de l'intervention du tout pour le tout avait sonné.
Mon père, malgré mes recommandations de rester au chaud, assista à l'opération.
Plus exactement, il exacerba à tel point mes susceptibilités de conductrice prise en défaut, que je lui enjoignis de s'éloigner,  s'il ne voulait pas recevoir la clef à griffes dans les dents.

Ces dents que nous venons de faire refaire, et nous ont coûté assez cher !

Quelques insultes de part et d'autres plus tard, après avoir tiré, poussé, frappé, redressé tant bien que mal, notre valeureuse bennette reprenait forme "humaine".

Et revoilà notre attelage Ttiki-Haundi et sa caisse opérationnels pour les futures récoltes de navets et autres travaux légers.









Pour ce qui est du fumier, j'ai mis en service notre caisse de réserve, plus jeune et plus solide.

Voilà pour l'actualité de ce jour.
Rien de bien marquant, et pourtant, ça nous a tenus la journée !

A bientôt, et passez une bonne fin de semaine.
Demain, je serai à la jardinerie. Nous nous retrouverons peut-être lundi...


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