vendredi 6 février 2015

MATIN DE NEIGE




Ah, ça y est, quand même ! Agorreta a eu droit à ses petits flocons, elle aussi !









Il a neigé un peu partout ces jours derniers. Et ici, berniquette ! Rien du tout !
Nous étions un peu frustrés, tout de même.

Ca n'est pas que nous soyons des acharnés des sports d'hiver. Nous pourrions sur les pentes d'Agorreta nous élancer sur des luges de fortune ou autres sports de glisse.
Mais, d'un, nous ne sommes pas adeptes des sports en général, et des sports de glisse en particulier.
Et de deux, connaissant la configuration du terrain, les quelques irrégularités, obstacles, débris contondants et  autres possibles sources de douloureux accidents dans ces perspectives, nous nous abstenons.

La petite neige de ce matin a été bien éphémère.  Elle a juste laissé le temps d'apprécier sa lumière.
C'est joli, la neige. C'est amical. Ca rend tout plus beau.
Quand elle n'est pas trop abondante, quand elle n'écrase pas tout d'une masse lourde et gloutonne, la neige embellit.

Ce qu'elle couvre, elle le recouvre, en douceur. Légère et silencieuse, elle apaise, arrondit les arêtes vives et adoucit les angles trop vifs.
Elle se fait respectueuse et cisèle avantageusement les silhouettes, quand elle reste raisonnable.

Elle souligne en finesse les armatures effeuillées des arbres, accompagne chaque branche d'un trait de lumière. Elle sublime, et enveloppe, protège et préserve.

Quand elle n'écrase pas de tout son poids ou n'engloutit pas...

La neige,  c'est comme tout. A bonne proportion, c'est un bienfait, une grâce. En excès, ça devient vite un poids...

Ce matin, puisque je n'allais pas prendre la route pour aller travailler jusqu'à Bayonne, j'ai fait comme les enfants, je me suis émerveillée.













Comme c'était joli !





Bon j'ai dit, la neige ça embellit, quand ça n'étouffe pas. C'est vrai.
Mais là, pour rendre la vieille ferme avenante, il en aurait fallu un peu plus !

Bah, bien armée contre le froid, elle reste rassurante et protectrice. C'est d'abord le rôle d'une maison, non, avant même d'être belle.
Pour Agorreta toujours, c'est comme ça !


Tout cet enchantement bien engrangé dans un coin de mémoire, je me suis dit :

- Tiens, je vais essayer de me faire démarrer Ttiki-Haundi...

Une idée, comme ça.

Vous vous souvenez que Ttiki-Haundi, restée en carafe aux derniers froids de décembre, est repartie comme en quarante, après une intervention, certes, un peu controversée, mais bon, finalement, admise et approuvée. (Ou tout comme).

Dans un premier temps, je l'avais mise en convalescence dans le grand hangar.






Elle y était bien installée, le museau tournée vers la caresse du soleil tôt levé.

Mon père, pourtant, n'aimait pas trop la voir dans le même voisinage que le Zétor d'Antton.




Le Zétor, vous vous rappelez ?

Ce grand machin venu des pays d'Europe de l'est.

Une grande "bestiasse", pas très sympathique à l'abord, et, en plus, d'une puissance à faire trembler ma pauvre vieille Ttiki-Haundi.

C'est bien simple, la voyant se ratatiner aux côtés de cette mécanique impressionnante, je l'avais déménagée, ma Ttiki-Haundi traumatisée.










Je l'avais transférée de l'autre côté d'une muraille, où la vue de sa trop imposante voisine lui était épargnée.

Je la sentais mieux rassérénée, là.










Le tracteur est une mécanique sensible.
Notre Ttiki-haundi a besoin d'un minimum de relations sociales...

Les balles de foin, pour un tracteur, ça ne peut pas être un interlocuteur intéressant. 
Ca lui rappelle le travail, la peine et la fatigue. Rien de bon pour le moral d'un malade en rémission.

Non, non, je me suis dit, à ma Ttiki-Haundi, il lui faut un compagnon de bonne société.



Et je lui ai proposé Xérès. Vous le voyez, Xérès, à droite ?
Xérès, plus de 20 ans, lui aussi. Vous êtes toujours à le ferme Agorreta, n'oubliez pas.

Xérès est plus grand et plus fort que Ttiki-Haundi. Mais moins que Zétor,  le redoutale.

D'ailleurs, Xérès a toujours été mal apprécié. Pas de force, pas de "couple moteur", (là, ne me demandez pas ce que c'est, je n'en sais fichtre rien ! Une histoire de transmission ou d'embrayage, je crois, vaguement...)

D'ailleurs, un jour où mon père lui en demandait un peu trop, Xérès a failli fumer. 
Antton, notre spécialiste es-mécanique agricole, a rattrapé le coup de justesse, heureusement !

D'ailleurs, de cet épisode, mon père parle peu. Trop occupé à dénigrer ce pauvre fils mal-aimé !

Et, plus sûrement, pas trop fier d'avoir failli flamber un tracteur par pure maladresse...
Bah, il y a prescription maintenant, ne revenons pas sur ces choses qui fâchent.

Ttiki-Haundi et Xérès s'entendent à merveille.
Ils doivent échanger des histoires de tracteurs, se consoler l'un l'autre d'avoir été à un moment donné mal jugés.

Ils se parlent en privé. Leurs conversations ne me sont pas accessibles.
Mais je vois bien que, depuis que je l'ai changée de voisin, ma Ttiki Haundi a repris de l'allure.
elle a meilleur teint et plus fière tournure.


Ce matin, donc, pour en revenir à notre histoire, j'ai fait démarré Ttiki-Haundi.
Je l'avais déjà fait, il y a peu. Et prise en photo, faute de savoir tourner une vidéo.

De méchantes langues ou des esprits chagrins, souvent d'ailleurs, les deux à la fois, m'ont fait remarquer que ladite photo ne prouvait rien. Ttiki-Haundi démarrait-elle vraiment ?

Ah ça, me suis-je dit, je ne vais pas laisser ce doute en l'état.
Je ne vais tout de même pas organiser un rassemblement à Agorreta, pour faire une démonstration criante de vérité !
Ces gens suspicieux, je ne vais pas les inviter chez moi...

Alors, ce matin, je vous ai fait la preuve de mes avancées.
J'ai d'abord démarré ma Ttiki-Haundi, puis, je l'ai menée à travers la cour immaculée de neige fraîche jusque derrière la ferme.




Vous voyez, ces traces de pneus toute fraîches ?

Ttiki-Haundi est un peu raide de direction, surtout par ce froid.

Il faut prévoir de virer large, si l'on ne veut pas l'emboutir tout droit contre un mur ou autre obstacle qui se présente.

A cette précaution près(!) on arrive très bien à la manœuvrer  !













Et là, preuve irréfutable de la capacité de locomotion de Ttiki-Haundi, vous la voyez derrière la ferme, devant ce paysage montré si souvent dans ces pages.


Vous n'allez quand même pas imaginer que j'ai pu pousser Ttiki-Haundi comme une brouette, n'est-ce pas ?
Bref, si encore vous doutez, je n'irai pas faire plus d'effort pour vous convaincre.

Pour la majorité, je vous sais gens de bonne foi. Et nos conversations ne sauraient souffrir de méfiance malvenue et injustifiée.


Avec tout ça, mon père, le plus heureux des hommes de voir son alter-ego mécanique braver la neige et les médisances, me proposait de passer un moment au coin du feu, au chaud dans la cuisine, pour me raconter encore ses histoires, pour notre "bloc".





Tout en prenant le café, tranquillement, nous avons parlé.


Les anecdotes évoquées ce matin, lecteurs de la version française de ce "bloc" d'Agorreta, vous les connaissez déjà.

Je vais les raconter dans ma chronique en basque.

Demain, sans doute.







Pour aujourd'hui, mon temps d'écriture est déjà passé. Je suis bien avec vous, ici, je vous l'ai déjà dit.

Mon estimé directeur Jean-Michel m'ayant proposé de me reposer demain, je serai exceptionnellement à la maison.
Et, par la journée froide annoncée, j'y serai bien.

Je raconterai dans ma langue cette histoire des gens de mon sang.

Je m'en fais un plaisir.
Ce même plaisir que je partage avec vous.

A bientôt, amis lecteurs. 
Il se passera sûrement encore de grandes choses, à Agorreta...


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