samedi 16 janvier 2016

MIEUX QUE PENSER, RÊVER ...



Suiveurs de ce "bloc", bonsoir, ou bonjour, plutôt !

Je vis une époque particulière, où le premier sommeil de plomb me dépose amicalement sur les berges d'une contrée où l'imaginaire m'accueille en amie chaleureuse.




Un de ces paysages où, derrière de sombres silhouettes saccadées de tourments, l'azur pur d'un ciel sans nuage tend une toile parfaite où projeter ses rêves.


Ouh là, là !!... me direz-vous. Où tu vas, comme ça ?

Je ne le sais pas, pas plus que vous, où je vais. 
Du moins, comment je vais finir, oui, je le sais. Morte. 
Mais, en attendant ce triste jour, ce jour juste et nécessaire, ce seul jour concluant une longue série d'autres, promis à vivre, je veux vivre, justement, au mieux. 

Sans connaître les détours de cette vie, ses courbes et lignes droites, à l'avance. Mais en acceptant de me laisser glisser dans cette trajectoire sans opposer une résistance inutile et épuisante.

Me vient l'image de ce sport de glisse insolite : un petit équipage ramassé en une sorte de traîneau très compact se lance dans un circuit de glace creusé en un sillon étroit et arbitrairement incurvé. Le bobsleigh, peut-être ? 
Je ne suis vraiment pas calée dans ce domaine, mais je suis sûre que vous voyez à quoi je fais allusion. Je l'espère du moins. Je ne saurais pas vous le nommer mieux ni le décrire plus explicitement.
Le petit noyau dense et essentiel se lance, glisse, vite, très vite, aborde les courbes à pleine vitesse, se déporte dangereusement tout près de l'orée de la piste, risquant à quelques millimètres près d'en être éjecté. Il effleure des limites à ne pas franchir, en une griserie dangereuse.
L'équipage prend de l'allure, vertigineusement, parfois, puis, ralentit, en des temps moins oppressants, plus lents mais moins intenses.
On a l'impression que l'homme (ou les hommes ?) assis dans l'engin fou n'ont aucune part à la chose.
Qu'ils sont offerts en sacrifice à un arbitraire aveugle.
Pourtant, cette discipline fait partie d'un concours où l'on évalue, justement, la capacité humaine à tirer partie des éléments pour en ajuster au mieux les rouages, de façon à optimiser une course folle, oui, mais pourtant maîtrisable.

Ouh là, là !!... me direz-vous encore. Mais ce sont tes pauvres neurones, oui, qui sont lancés en pleine course folle, tu ne sais plus où tu vas, ma pauvre fille !
Je vous le répète, où je vais, je le sais. C'est comment j'y arrive, que je laisse glisser sous moi en un ruban que je veux croire lisse et agréable, tant que je ne me fracasse pas à une aspérité incontournable.
Ne vous ai-je pas parlé de ces petits chevaux sauvages, bien plus sympathiques à libérer que les vilains rats aux dents pointues à laisser impérativement dans l'ombre de leurs terriers ?
C'est ma seule obstination en ce bas monde. Mon pivot et ma base. Ma ressource et le fondement de ma vie.

Je m'aide dans cette trajectoire où je tâche de rester, sans sortie de piste, de vous tous. Humains, faillibles et vulnérables comme moi. Et vivants, pourtant, jusqu'à mourir.
J'ai cette chance de connaître des gens chaleureux et authentiques. Capables d'empathie et soucieux d'éclairer mes doutes à la bonne lumière.

Je vous ai montré les ornières où je manque embourber mon Karraro, parfois :






Ah oui... Ça devient limpide, comme démonstration !
Deux traces sombres et grasses, marquées dans la boue.

Mais oui, voyons ! La trajectoire à suivre, sans s'égarer et glisser en dehors, sous peine de s'embourber, de se perdre.

Voyez, de terre boueuse à glace implacable, de fil en aiguille, tout s'imbrique et se rejoint.

Vous ne voyez pas ? Je reste impossible à suivre ? Laissez tomber, je me suis bien, moi, c'est bien suffisant, pour le moment !

Il m'a semblé en rentrant ce soir apercevoir des signes de travaux dans ces parages. Mes frérots ont, je pense, essayé d'écarter ce surplus de boue, cette lippe mauvaise et prête à me faire glisser hors du droit chemin. Me sentant en difficulté, ils ont tenté de me maintenir sur la bonne trajectoire. 
Je leur en suis reconnaissante, comme je suis reconnaissante à ceux qui m'écoutent amicalement de me tenir la main, d'aider mon équipage à tenir la route.
On a parfois besoin d'un éclairage extérieur, quand les doutes et les peurs  masquent votre horizon. Quand les ramures sombres et chaotiques vous cachent les cieux lumineux derrière.

J'ai cette tendance à enfouir ce qui me tourmente, à ne pas le laisser remonter à la surface. Je le sais là, je ne me le cache pas. 
Comme la bête suitée met ses petits à l'abri quand elle sent le danger, j'écarte ce que je veux sauvegarder des remous où je ne veux surtout pas le perdre. Au risque d'ailleurs de ne plus retrouver ce que j'ai voulu préserver.
Ce risque, je le prends. Et j'assume ses conséquences, sans me plaindre ni larmoyer. Je suis persuadée de faire au mieux. Et je suis persuadée qu'on ne réussit pas toujours ce qu'on essaie, même en y mettant ses meilleures forces et volontés.
Pourtant, je garde espoir et confiance. Mes tentatives sont sincères et entières. Je n'y vais pas par quatre chemins, c'est vrai, mais je n'y vais pas à moitié ! Quand peut-être je le devrais ? Peut-être, sait-on jamais tout à fait...

Vivre, c'est bien se savoir mortel et prendre pourtant chaque moment comme si on était éternel. Entretenir soigneusement cette douce illusion, ce piège pervers et tentant de contourner une réalité pourtant implacable.
L'homme se sait faible, et se sent fort de son imaginaire capable d'aller au delà.
Ce corps périssable où se loge un esprit indestructible.
Je ne vous parle pas des neurones vulnérables. Je vous parle des idées que rien n'arrête.
Des rêves, qui animent, j'en suis sûre, même ceux-là qui ne pensent plus, tant qu'une étincelle de vie fait battre leur sang. Et peut-être même après ?
C'est ce que je veux croire, et ce qui me tient si bien debout. Comme vous, sans doute.

Décidément, mes mots de cette nuit semblent plus confus que jamais. Et pourtant, non. Pour moi, ils deviennent au fil du temps de plus en plus limpides.
Congruents. En phase avec ce que je vis, et ce que je sens, pour le dire tout simplement. Tournés vers mon objectif de toujours, la recherche de la sérénité.

Laissez-moi errer dans mes espaces intérieurs, sûrement cousins des vôtres.

Je reviens bientôt à notre Chemin des Crêtes. Là encore, un chemin, une trajectoire, un but à ne pas perdre des yeux.

Je vais retourner fermer les miens, dormir, ouvrir la porte à ces songes où la mort inéluctable n'existe plus.

A une prochaine fois, et douce nuit à tous !

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