lundi 11 janvier 2016

CHEMIN DES CRÊTES : Mr R.




Bonjour à tous !

Ah ! ce lundi s'annonce mieux ensoleillé :





Des trouées de ciel dégagé, une luminosité meilleure, non, vraiment, la matinée au moins nous amènera le soleil.

Et, pour la suite, ma foi, nous verrons ensuite !

La pluie tombée dernièrement a suffisamment détrempé le terrain pour me jouer des tours, au petit matin, quand je vais avec mon fier Karraro vider la benette à fumier.




J'ai, depuis début décembre, inauguré un nouveau parcours.
Au lieu de traverser la cour goudronnée, et y laisser deux rubans de semelles boueuses décrochées des roues du tracteur, j'ai décidé de passer derrière la ferme.
Jusque là, tout allait bien. J'avais constitué un petit chemin coquet, deux passages de roues bien dessinés.
Je revenais de mon tas de fumier, je rentrais dans l'étable, sans salir la cour. 

C'était magnifique !

Depuis la pluie, la sortie arrière de mon étable est devenue boueuse. Mon joli chemin, glissant. Mon vieux Karraro a quatre roues motrices, certes. mais une conductrice assez incertaine...
Dans la nuit, je ne vois pas toujours le tracé de ma trajectoire, pour remettre mes roues dans les ornières des jours précédents. Je louvoie, à l'aveuglette.
Vous le voyez, la clôture de cousinou est toute proche. Il ne faut pas grand écart pour aller se mettre dedans !
Quand je sens mon équipage flottant, je serre les dents, m'attendant à chaque instant à me retrouver empêtrée dans le vieux barbelé rouillé.
Vous vous souvenez que je n'utilise pas l'éclairage de Karraro pour économiser sa batterie. Imaginez ma tension, dans le noir, sachant le risque si proche, et sentant le sol sous moi si peu stable !

J'ai demandé à mon frérot aîné d'intervenir. Il a tout l'équipement et le matériel nécessaire pour remédier à mon problème. Un peu de bonne volonté devrait lui venir. Du moins, je l'espère...


En attendant, nous allons terminer notre tournée du voisinage du Chemins des Crêtes.


J'ai choisi de finir par Mr R.
Mme R. ne s'est jamais montrée, ni manifestée.




Mr R., lui, est celui avec lequel j'ai eu le plus d'échanges.
Il était résident permanent, Chemin des Crêtes. Très disponible, toujours aux aguets, un vrai furet près de son terrier.
Il avait pris à cœur cette affaire, vraiment.
Il était partagé, entre son rôle de représentant officiel des voisins, et sa volonté, sincère, parfois, de concilier les choses avec nous.

Cet homme m'a horripilée, puis intriguée. Il a fait preuve d'un souci d'honnêteté, à quelques très rares occasions, qui me le rendait touchant, un peu.
Ces brèves étincelles positives n'ont évidemment pas suffi à éclairer le tableau chaotique et sombre de son personnage dans notre pièce.

Je vais vous livrer ici plusieurs documents authentiques. Sans les commenter. Je vous laisse latitude de vous faire votre propre opinion. La mienne est gravée dans le marbre, maintenant. Et revenir sur ces joutes ridicules et fatigantes me remettrait dans une tension inutile.










































































































































Ici, une série de rencontres,  de visites de chantier, avec ce Mr R. Il semblait apprécier ma compagnie, nos sorties au grand air. Nous longions parfois la clôture, Chemin des Crêtes, empoussiérés par les passages drus des camions. Nous saluions de concert les chauffeurs un peu étonnés par notre équipage.
Mr R. aimait se sentir impliqué, je pense, intégré, à ce projet dont l'envergure l'impressionnait. 
Il restait très agaçant, et j'avais du mal à ne pas l'envoyer paître. Consciente de la nécessité de nous l'apprivoiser au mieux, je me retenais de lui dire ce que je pensais de ses simagrées.
Je faisais même mine de l'apprécier, et n'hésitais pas à flatter son goût du commandement, en lui demandant conseils et avis. Quelle duplicité, honte à moi !

Ca marcha, un temps.
Ensuite, Mr R. comprit mes visées, et ne s'y laissa plus prendre...


Les relations diplomatiques furent rompues.
Nous continuâmes notre ouvrage. 

Les voisins continuèrent de harceler la mairie, la police, les préfectures, et tout ce qui représente l'autorité, invoquant des dieux païens pour les sortir de l'enfer.





Le printemps passa. Vint l'été.
Nous avancions, contre vents et marées.









































































Nous décidâmes d'ignorer ces maudits voisins.
Et depuis, nous ne les considérons pas beaucoup plus...

Mr R. n'est plus de ce monde. 
Sa villa a été rachetée par un autre homme, du même genre. 
Celui-ci veut s'assurer la tranquillité en élargissant les limites de son territoire.
Il veut acheter notre parcelle, pour s'assurer une sérénité, qu'il n'aura jamais. Notre parcelle ne le préservera pas de sa peur de l'autre. Elle est grande, certes, mais jamais les hectares n'achèteront la paix de l'âme.

Notre trio soudé de l'époque s'est aujourd'hui désagrégé. Mon frère vend cette terre. Celle que nous avons si bien défendue.
C'est son idée. Pas la mienne. 

Je suis heureuse d'avoir mené cette petite bataille. Rassurée d'avoir vérifié à cette occasion que l'ordre des choses n'est pas établi à l'avance. Que l'on peut y avoir son rôle, actif et tonique.

Pour la suite, j'en viendrai à la mairie.
Encore une qui nous a donné du fil à retordre !

A très vite en ces pages, où notre petite campagne prend des allures de scène de théâtre champêtre.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire