mardi 5 janvier 2016

CHEMIN DES CRÊTES : Mme et Mr B.




Bonjour à tous !

En ces journées ventées, les esprits s'aèrent en un rien de temps.
Une simple virée en extérieur, et, l'espace d'une heure, on rentre ébouriffé et l'esprit assaini, n'est-ce pas ?

Je vous emmène avec moi, Chemin des Crêtes, toujours en ce fameux été 2003, où je fis la connaissance de nos sympathiques voisins.






Après le matois Mr M. et sa dame au visage de pleine lune, voyons maintenant, leurs voisins de gauche, les B. :





Ceux-xi ont eu le privilège d'être les premiers sur la place.
leur maison a été bâtie tout début 2002, si ce n'est un peu avant, je ne sais plus.
Je me souviens y être entrée, pendant sa construction, et avoir visité, sans y avoir été invitée, honte à moi...
Une cabine de douche équipée de jets multi-usages ( ?),  m'intéressa fortement, au premier étage. Le summum du confort, d'après moi !
Des boiseries de charpente un peu légères, à mon avis. Souci d'économie ?

J'ai fait le lien entre ces B. et l'un de nos directeurs de branches de l'époque, Mr D., bien avant qu'eux n'aient fait le même rapprochement. 
J'avais repéré chez ces B. des artisans venus de la région Paloise. Tout le monde s'étonnait de la délocalisation d'un tel chantier de construction privé. Les frais de déplacemens n'allaient-ils pas grever le bénéfice d'une mise en concurrence aussi élargie ?
Ces mêmes artisans, je les retrouvais sur les ouvrages à réaliser sur les magasins faisant partie du groupe pour lequel je travaillais alors. J'imaginais ainsi une connexion occulte, et un peu troublante.
Enfin, troublante pour moi, qui suis facilement troublée, voyant le mal partout, même là où il n'est peut-être pas...

Toujours est-il que, quand mon grand directeur vint me susurrer à l'oreille qu'il avait eu vent de mes frasques Chemin des Crêtes, j'eus la fulgurante répartie de lui citer le nom de ce Mr B. J'avoue n'avoir pas été mécontente de constater le blanc, à l'autre bout de fil, trahissant un petit mouvement de surprise. Toujours bon, ça, n'est-ce pas, de prendre l'adversaire à contre-pied ? Le peu de temps que l'effet joue en votre faveur, au moins.
Je vous l'ai dit plus haut, le temps ne joua pas bien longtemps de mon côté. Je payai chèrement ma petite victoire du moment, en sillonnant deux départements, durant plusieurs années, pour me rendre à mon nouveau lieu de travail, décidé par ce grand homme. sans qu'il n'y soit pour rien, évidemment... Ces hasards, alors !

Plusieurs mois plus tard, d'ailleurs, autour de la Toussaint, mon grand directeur organisa une rencontre sur zone, avec le troisième larron de l'histoire, Mr de C. Mon patron avait élargi son cercle de connaissances, ou alors ces trois là se pratiquaient avant de se retrouver en nos paysages.
Je vous raconte ça en évoquant les De C., la prochaine fois.

Pour Mme et Mr B., ils constituaient un couple de belle allure. Tous deux grands, élancés, sportifs et bronzés. 

Je ne sais pas si vous l'avez remarqué, ou si vous le vivez vous-mêmes : quand on est petit, on supporte mal les grands. Je ne sais pas à quoi ça tient au juste. Peut-être à la petite douleur imposée aux cervicales, quand, étant soi-même au ras des pâquerettes, il faut relever la tête pour s'adresser à plus haut que soi.
Chez les Legorburus d'Agorreta, en plus d'être petits, ce qui n'est déjà pas rien, nous sommes aussi un peu épais. Que voulez-vous, la génétique ne nous a pas été favorable...
Alors, grand, c'est déjà très déplaisant, mais par là-dessus, élégants et racés, ça nous fait trop !
Ce couple nous narguait par sa beauté, déjà. La condition de voisins parachutés et vite hostiles à notre projet n'allait évidemment pas adoucir notre agressivité latente et larvée.

Autant Mr M. était reposant, à l'écoute et à la vue, même s'il restait inquiétant, et presque, d'autant plus, autant Mr B. était crispant. Il parlait vite, avec un accent pointu prononcé. Il bougeait beaucoup, sautillant sur place, incapable de se contenir dans l'espace. Avec ses mollets de sauterelle, il bondissait, passant d'un cailloux à une motte de terre, fatigant rien qu'à le regarder.

Il nous fit un jour un cours sur la bonne façon de mener un remblai. Il avait paraît-il supervisé la construction du plus grand barrage du monde, au Brésil ( ?). 

    - Vous savez, un remblai, il faut l'avoir étudié comme je l'ai fait. On utilise des matériaux appropriés. On tasse par couche de 20 centimètres au pied-de-mouton. Ici, vous faites n'importe quoi. Tout ça ne tiendra pas, et vous aurez de graves problèmes très vite !

Venir hululer ça à l'oreille de mon frère aîné, maître artisan terrassier, quelle présomption !

Une autre fois, armé d'un énorme appareil photo qu'il portait en bandoulière autour du cou, il sautilla sur de larges pierres, en un équilibre instable, manquant plus d'une fois la chute.
Nous voyant arriver, il se précipita hors de notre champ, se sentant pris en défaut.
Comme nous nous arrêtions à sa hauteur, l'obligeant sous peine de grave incivilité à nous parler, il nous argumenta sur la composition de notre ouvrage, toujours en grand technicien, qu'il n'était pas, visiblement !

    - Voyez, là, j'ai repéré du fer à béton de 13 ! Vous vous imaginez ? Ça n'est pas de la terre, ça, ça va s'oxyder et engendrer une grave pollution ! C'est une décharge que vous faites là, sans aucune précaution ! Je vais empêcher ça !

Je ne suis pas experte en matériau de construction. Pour autant, du fer à béton, je crois le savoir, il en existe bien de plusieurs sections. Du 4, du 6, et ainsi de suite jusqu'à du plus de 20, il me semble. Mais du 13 ? Jamais entendu parler ! Et vous ? 
Enfin, cet homme était parti pour nous faire des leçons, et ne se privait pas de ce petit plaisir.
Il en était insupportable, et, d'ailleurs nous la supportions très mal, cette hystérique sauterelle enragée de Mr B.

Sa femme était moins pénible. Laurence, se prénommait-elle joliment, mais pas très aristocratiquement.  C'était un joli brin de femme, altière et agréable.
Elle prit un moment la tête du département diplomatique. J'eus une ou deux conversations téléphoniques avec elle, et nous échangeâmes quelques fax :































Notre tentative de conciliation n'alla pas bien loin.
La réunion fameuse du 26 Août, organisée conjointement avec les services municipaux, excédés à leur tour par les multiples sollicitations des uns et des autres, ne porta pas grand fruit.
Une belle soirée, dans la scène un peu surréaliste d'un amphithéâtre improvisé, entre des montagnes de terres et de gravats arrondies en arc de cercle autour de notre petit groupe, dans le soleil couchant.
La seule occasion où je vis tous nos chers voisins réunis, mis à part Mme M. que son mari excusa, et la mystérieuse Mme R. qui ne se montra jamais, durant tout le temps de notre affaire.

L'échange de messages ci-dessus s'ensuivit.
Une amorce de dialogue, vite avortée.
On y sent pourtant un frémissement positif, une volonté de s'ouvrir à l'autre, n'est-ce pas ?
Sans y regarder de trop près, pourtant, on y sent aussi une petite volonté à peine masquée d'imposer sa loi, de garder le paysan le nez sur sa terre, et pas au delà.
Quoi, quoi, quoi !? Mon imagination, encore, là ? Oui, peut-être... et peut-être pas !

Mme et Mr B. habitent toujours leur villa, en périodes de vacances. Nous ne frayons pas. Trop soulagés de ne plus avoir à nous épuiser à suivre les petits sauts énervés de Mr B.

Que la vieillesse le repose un jour, et lui apprenne qu'il est inutile de s'agiter autant, en vain.

Pour ce soir, j'arrête là.
Ces petits portraits me distraient. J'espère qu'ils ne vous ennuient pas. Si par hasard ils parviennent jusqu'à leurs muses, qu'elles ne s'en offusquent pas. Quelques vieilles rancœurs trouvent ici matière à dégorger leur fiel. C'est sain. Ça allège et soulage. Ces quelques méchancetés ne sont pas contre eux, mais pour moi. Pour mon bien-être, en rétrospective.


Comme je m'absous facilement de mes perfidies. Quand celles des autres me restent si longtemps en mémoire !
Pardonnez, pardonnez, comme je n'arrive malheureusement pas à pardonner à ceux qui m'ont offensée...

A la relecture de ce dernier article, je me demande si je ne fais pas une confusion entre Mr B. et Mr de C. Sur le point de leur relation à mon grand directeur de l'époque, Mr D.
C'est bien Mr de C. que mon patron retrouva Chemin des Crêtes, un matin de Toussaint, je crois bien, pour essayer de me sermonner, sous couvert d'une tentative de médiation amiable et responsable. (Toujours là, cette vieille méfiance mauvaise, n'est-ce pas ?)
Mr B. se targuait, lui, de relations amicales et même familiales, je crois bien, avec le préfet, ou le sous-préfet, je ne sais plus au juste. Un haut dignitaire de l'état, toujours, pour nous, terriens de la base.
Nous reçûmes d'ailleurs un courrier de ce sous-préfet, sans rien lui avoir demandé, nous rappelant à un ordre suffisamment flou pour qu'on n'en retrouve pas trop de justifications.
Tous ces gens connaissaient du beau monde, et nous le faisaient savoir.
Je les mélange, eux et leurs pareils, en une nébuleuse épaisse et peu attractive.

Moi, le beau monde, alors, déjà, ne m'impressionnait pas plus que ça. Au contraire, je suis vite sur la défensive, quand on me considère de haut. La taille, vous savez, les petits...
Les beaux costumes sombres, les mallettes, les ongles trop propres et les chaussures brillantes, font immédiatement naître en moi un a priori défavorable. Stupidement, d'ailleurs, puisqu'on peut très bien porter tout cet attirail, et être riche d'un cœur d'or à l'intérieur. J'ai connu, et avec bonheur, des gens de cette tournure.
 Mais il y a la façon, de le porter, ce déguisement. Cette subtilité de comportement, qui différencie ceux qui le portent par fonction, ou par goût, pourquoi pas, et ceux qui le mettent en avant en posture.

Cette petite rectification faite, je retourne ce matin à mes petits travaux de peinture, toujours.
Mes ongles, à moi, portent les traces de ma lubie du moment...










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