vendredi 24 avril 2015

SEMAILLES A AGORRETA TRANCHE II



Bonjour les amis !








En ce vendredi matin, les augures sont amicales.
En cette dernière semaine d'Avril, il est temps de passer à la deuxième phase de nos semailles.

Il y a quinze jours, nous inaugurions la saison, avec la plantation de la pomme-de-terre, et le semis de la betterave fourragère :


 La valeureuse patate pointe déjà.
Ce plant particulièrement s'élance avec vigueur, vert profond, feuilles trapues étalées à ras du sol.

C'est le premier levé de la planche.
Les autres ne doivent pas être bien loin.
Deux semaines, c'est tout à fait honorable comme délai de levée.

Dès que les tiges se hausseront, je butterai de la terre meuble autour, pour accompagner le mouvement.



Plus loin,  ce sont les rangs de betterave.

En y regardant bien, truffe au sol et à quatre pattes dans les cailloux durs, on en distingue quelques unes.

Quoi, vous ne voyez pas ?
Regardez mieux, à gauche de l'ombre de ma main, juste en dessous du long fétu d'herbe sèche.
Alors ? Ca y est ? Vous la distinguez, ma fragile plantule bifide, tendre et vulnérable ?

C'est bien elle, ma betterave ! 
Je n'en ai aperçu que quelques unes. d'autres viendront compléter les rangs les jours prochains.
Enfin, c'est ce que j'espère, quoi...

Je suis toujours émue, de voir les premières levées de la saison. Ces petites pointes de vie, parfois presque imperceptibles. Les promesses de futures récoltes. Tout un temps de surveillance, de lutte, contre la mauvaise herbe, les pucerons, les chenilles, contre encore les rouilles, les mildious, les anthracnoses et autres joyeusetés adverses à la bonne réussite.
Je ne vous refais pas mon plan des ambivalences, des élans contrariés et des victoires arrachées au mauvais sort.
Mais bon, là encore, tout y est !




Le restant de la parcelle labourée s'enherbe salement. Sur les sillons dressés, malgré la dureté des mottes agglomérées,  l'adventice fait son affaire des conditions les plus agressives.





Je vous parlais plus haut de cette grande oseille, ce maudit rumex, conquérant en diable.

Il surgit de partout, déployé avec arrogance, et déjà en épis emplis de graines à essaimer plus loin encore.
Un conquérant tenace et pratiquement invincible.
Je vous ai parlé, je crois, de ses 150 années de réserve.
Cette graine, si elle ne trouve pas les conditions adéquates pour germer, est capable de garder sa ressource pendant plus d'un siècle, et de se remettre à germer après tout ce temps de dormance, si elle se retrouve dans un environnement propice à la pousse. 
J'avais été saisie à l'époque où cette information m'était parvenue !
Au point de vouloir la vérifier. Sur 150 ans, ça paraît difficile... Je pourrai léguer cette tâche aux générations suivantes, remarquez, mais bon, je ne suis pas sûre de pouvoir être en état d'en tirer les conclusions, le moment venu.
Alors, plus modestement, j'ai fait l'expérience sur une période de trois ans.
J'ai gardé sur une murette bétonnée exposé à tous les vents, aux frimas de l'hiver et aux canicules estivales, un tronçon de racine de rumex.
Ce tubercule tortueux s'est desséché, rétréci, a pris la couleur du béton sur lequel il gisait.
Nous avons ici une expression un peu triviale, mais tout à fait appropriée à l'image de cette racine exposée ainsi, "comme une merde au soleil".
Exactement ça, sauf qu'il y a eu du soleil, de la pluie, et du froid en plus.
La chose devenait minérale, dure au toucher et misérable à l’œil.

Après trois longues années de ce traitement de mauvaise faveur, je remis la racine en terre.
Même pas en bonne terre bien travaillée. Non. Je la laissai juste choir (encore une fois, comme une...).
Je ne la recouvris pas, histoire de la garder en vue.
Et bien, croyez-moi si vous le voulez : en l'espace de trois semaines, la racine minérale émit de petites racines bien végétales, elles. Elles allèrent se ficher en terre, entre les herbes hautes.
Le mois suivant déjà, les feuilles larges déployaient leurs nervures à mes yeux ébahis.
Je vous le dis, si ce sale rumex n'était pas aussi envahissant, il mériterait le plus grand respect.

Sur ma parcelle à cultiver, je ne veux pas le voir.
Pas plus que la petite véronique sournoise, aussi jolie soit-elle :





Elle tapisse discrètement, ne se montre pas, travaille en silence, et, si possible, dans l'ombre.

Ici, à ciel ouvert, elle ne peut pas se cacher, évidemment.

Tiens, je vous la montre mieux, plus bas, là :














C'est vrai qu'elle est mignonne, cette rouée petite bougresse...














Le laiteron, masquant mal sous ses feuilles à l'allure piquante agressive sa vulnérabilité de tige creuse pleine d'une laitance presque animale .

Regardez ici dessous ce liquide blanc épais, issu de la blessure de la partie coupée:











Encore une qui veut se donner des airs de dure à cuire quand elle éclate en sanglots blancs à la moindre écorchure !
















A cette saison déjà, et longtemps encore durant l'été, le mouron, parentèle assez proche de la véronique.

D'une nature fourbe, elle aussi, au ras du sol, les épaules courbées et le regard torve.
Une autre saleté à enlever avec précaution, si on ne veut pas arracher la plante cultivée en même temps.




Je vous le dit, le monde est plein d'envie et de convoitise. Toutes ces herbettes ne demandent qu'à faire leur vie à l'ombre de mes cultures. A profiter des soins prodigués à mes fourragères pour se faire la part belle !
mais je suis là, je veille, avec mon "antxur" fidèle :






Ce matin, près de ce champ, mon frère Beñat charge de la terre. Avec encore une fois, un outil de sa fabrication. Une pelle coquette, emmanchée loin, imaginée et créée pour cet office.
Mon père admire, avec une pointe d'ironie quand-même : on ne le refera pas !



Ces deux là adorent se chamailler, et ne s'en privent pas...






Moi, assistée de l'inspectrice de la protection des végétaux locale, je rassemble les graines à semer :

les graines de citrouilles, collectées des plus belles pièces de l'année dernière, séchées au feu de bois dans la cuisine.
Le haricot rouge à faire grimper sur le maïs.
Et, le maïs lui-même.

Je vais confier tout ce petit monde à la terre-mère.



Pas plus tard que cet après-midi, puisque le vendredi, à Agorreta, c'est jour de travaux ruraux.





Ttiki-Haundi et Rotavator sont prêts à reprendre du service.





Mes belles, elles, paissent au pré.

Vous voyez la petite tâche noire au beau milieu ?

C'est Galzerdi, ma dernière née.

Je me demande si pour Pollita, le moment n'est pas venu.
Elle paraissait un peu nerveuse, tout à l'heure.
Affaire à suivre, donc...







Là, il faut que je vous laisse ; les festivités ont commencé !

A bientôt, et passez une agréable fin de semaine.

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