dimanche 19 avril 2015

CA Y EST !!




Bonjour tout le monde, et bon dimanche chez vous !


Je viens à vous, vite fait, vous apporter la bonne nouvelle :







Comment ça, vous ne distinguez rien ! Ah bon ?

Remarquez, même moi, qui y étais, je ne reconnais pas la scène...

Il faisait sombre, dans la vieille étable, cette nuit.
Et j'étais un peu affairée, autour de ma Bigoudi et de sa petite !


Vous l'avez compris : Bigoudi a vêlé, cette nuit.





Elle m'inquiétait un peu. Tellement ronde...

Hier au soir, en rentrant de la jardinerie, je la trouvais mal à l'aise, malcommode sur des appuis qu'elle changeait souvent..
Des glaires épaisses présageaient le début du travail.

Dieu merci, dans l'après-midi, mon frère Antton avait rentré tout ce petit monde à l'abri avant l'averse de grêle. Imaginez, mes belles délicates fouettées de gros grêlons furieux !

Mon père, voulant se mettre de la partie, en ombre chinoise au bout de l'étable, a du perturber la manœuvre.
J'imagine très bien le tableau : les vaches rentrent sans se faire prier, se dirigent tout droit vers les mangeoires garnies. Elles sont parfaitement habituées à leur place maintenant, et, à part un coup de fantaisie toujours possible, elles s'y rangent, si rien ni personne n'intervient pour les distraire, et les inquiéter.
Occupées à trier les meilleurs morceaux, elles se laissent nouer la chaîne autour du cou sans bouger.
Déjà, mon frère ne leur est pas très familier. En l'appelant en début d'après-midi, pour lui demander de rentrer les vaches,  à l'annonce du mauvais temps proche, je lui ai conseillé de ne pas se montrer pour les attacher.

- Comment je fais ? Pour les attacher sans me montrer ?

Evidemment, ça ne manquait pas de bon sens. 

- Ne te montre pas avant qu'elles soient placées, ai-je du préciser.

Je me doutais bien que la Kattalin le détecterait bien assez tôt, et serait  assez nerveuse pour compromettre le ballet entier.
Si, en plus, mon père se met de la partie, ça devient plus folklorique encore !
Vous savez qu'il saisit toutes les occasions pour dénigrer son fils, et celle-ci lui semblait sans doute trop belle ! Sous prétexte d'aider, on dirait bien qu'il se fait un malin plaisir de compromettre le succès de toute entreprise filiale.

Au lieu de se laisser mettre la chaîne au cou, les génisses s'arrêtent au milieu de l'étable, empêchent les suivantes d'avancer, créent la perturbation, quoi !
Comme si celle du ciel ne suffisait pas...

Je n'ai pas demandé de détails. A mon arrivée, alors que les amas de grêle sur le bord du chemin témoignaient de la violence de l'averse passée, j'ai trouvé mes bêtes bien tranquilles, au chaud, au sec, et repues.
Tout allait bien !

Ma Bigoudi paraissait mûre.
Je décidai de la surveiller de près.

22 heures, rien de particulier. Je me couche. Elle aussi.
Minuit, elle est allongée, et perd les eaux. Bien.
3 heures, un meuglement déchirant m'appelle.

En basque, nous avons le mot "marruma". Il me paraît plus approprié. Meuglement manque de "rr", ce roulement du ton de  voix de la vache alarmée, en besoin d'aide.

Je descends en hâte, j'allume.

Dans la litière souillée, toute gluante et désarticulée, ma petite "Galzerdi".
Enfin, à cette heure là, juste une masse sombre entre deux mondes encore.
Ma Bigoudi, bouleversée, affolée de douleur, cherche la raison de toute cette souffrance, et essaie d'encorner sa cause. 
Ses feulements me broient les tympans. Comme si mes pauvres oreilles avaient besoin de ça. Je vais mettre quinze jours à m'en remettre, c'est sûr !
Bigoudi est attachée. J'écarte la petite, essaie de calmer la mère.

Je détache Pollita pour nous libérer un peu d'espace. Cette grande brave ne pose pas de questions, et s'éloigne vers le fond de l'étable.
A sa place, j'attache la petite vêle. Elle ne redresse pas encore la tête, se laisse traîner comme morte. Mais elle est bien portante, juste sonnée comme moi par les hurlements de sa mère, et par cette sortie dans un monde nouveau après son séjour dans des entrailles chaudes et sombres.  Silencieuses.

Bigoudi veut toujours la malmener. Je lui fait sentir mes mains engluées de placenta déchiré.
Elle me lèche. Son "marruma" se fait plus doux, devient grognement interrogatif, moins affolant.
Elle hume sa petite, lui souffle dessus, commence à la laper, un peu brutalement encore.

La petite vêle commence à se démener. Elle se débat, la chaîne la contraint, sa tête se plie en angles improbables.
Bigoudi s'affole de ces mouvements.
Bon. 
 Pollita revient voir ce qui se passe par ici.
Toutes les autres haussent les têtes par dessus les murettes.
Mon père bien sûr est venu lui aussi voir ce qui se passe.

Je vais déblayer le terrain, faire sortir toutes ces demoiselles au champ à quatre heures et demie du matin.
Détacher mère et fille, et les laisser s'apprivoiser.
Je reste là, au cas où Bigoudi deviendrait plus agressive envers sa petite. Ca peut arriver, parfois.

Mon père, un peu pressé par mes recommandations, retourne se coucher.
Une heure passe.

Les choses se calment dans la vieille étable.





A cinq heures, Bigoudi et Galzerdi ont fait aimablement connaissance.
Galzerdi, c'est "chaussettes". Vous comprendrez quand vous la verrez bien. Ses deux minuscules sabots postérieurs, tout blancs, une étoile sur le front, et le restant de sa robe, noir.

Une heure après à peine, Galzerdi tête le pis gonflé de sa mère.
Bigoudi expulse le placenta, le mange...

Et là, elles se reposent paisiblement, côte-à-côte.
Les autres sont dehors.

Bigoudi n'a pas fait de jumeaux, et Galzerdi est plutôt de petit gabarit. 
Mes prévisions s'avèrent erronées...

Maintenant, voyons ce que nous fait Pollita :




Bizarrement, je m'inquiète moins pour elle. Pourtant, rien n'est joué d'avance, à ces jeux-là.

Bah, à la prochaine fois.

Ayez un bon dimanche, et profitez vous aussi des joies de la famille, peut-être...

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