vendredi 3 avril 2015

RÉSURRECTION AU BALCON




Bonjour à vous tous !







Quelle merveille, ce matin, le levant léger sous les nuées irisées de stries étirées !

J'ai admiré cette vue, avant de remplir ma caisse des presque derniers choux-navets.





Vous les apercevez, ces troupes de fleurs jaunes éclatantes ?

Vous avez du les remarquer sur les coteaux, en campagne.

Ce sont les fleurs des navets prêts à monter en graines.
Ces graines que je confierai à la terre au mitan de l'été.
Pour avoir de nouveau un champ de fourrage à proposer à mes bêtes l'hiver prochain.
Au premier plan, les choux-navets, cousins germains, plus résistants au temps qui passe.
Ils démarrent dès juillet, et restent comestibles jusqu'à Avril passé.
Cette année, je vais privilégier cette culture plus avantageuse. Vous verrez comme c'est joli, un carré de choux-navets emperlés de rosée !

Mais, ne brûlons pas les étapes.


En voilà un, pressé de faire quelque chose alors que le moment n'en était pas venu.

Mon navet follet du bout de balcon. Sorti de terre fin février !

Ce matin, il s'ouvre en fleur, lui aussi, histoire de se fondre dans un mouvement qu'il n'a pas respecté.

Bah, il n'est pas vilain, tel qu'il est.
A défaut d'offrir sa chair, il nous propose sa vue...





Nous arrivons à ce moment de Pâques, fête religieuse et pourtant un peu païenne de ce rapprochement flagrant des cycles naturels.
La résurrection, le recommencement, un nouveau départ.

Si la pluie ne vient pas déranger mes plans, je vais pouvoir ensemencer dès lundi :





Le terrain labouré cet automne, dûment fumé et amendé, ressuie au soleil chaud.
la croûte pâlit, l'humidité reflue. 
La terre se prépare comme une miche de pain que l'on cuit. Elle se réchauffe, elle se gonfle de l'air vivant. Ses mottes craquellent, de masse lourde et collante, elle devient friable, meuble.
Il faut la travailler au bon moment, là encore, savoir attendre.
Les sillons dressés s'offrent à la belle saison, les crêtes s'effritent et les gorges s'enherbent déjà.

Il sera temps, si le répit sans eau est suffisant.
Lundi, en principe, je plante, et je sème.

Je confie à la terre mes espérances, et j'y mets la ferveur des croyants dans les mystères religieux.
Ma foi est toute pragmatique, et pourtant, elle me tire en avant, comme cette autre.
J'aime la simplicité de ces choses, leur force et leur sens.

Prosaïquement, je vais planter la pomme-de-terre, et semer la betterave.
Plus tard, vienda le temps pour le maïs, et les citrouilles.
Souvenez-vous, je vous ai promis de vous faire suivre mes modestes travaux, cette année.

Ce recommencement rituel, ce cycle imperturbable, à peine dérangé par les aléas d'une météo-déesse. Les divinités incontestées devant lesquelles il nous faut ployer.
Je vous le dis, moi, catholique par circonstances, je suis une fervente croyante d'un idéal diffus.
Je n'adhère pas du tout aux mises en scènes, et aux habillages de la plupart des religions. Je les connais d'ailleurs très mal.

Mais j'admets la nécessité de croire en un temps et en une énergie au delà de la nôtre. Je me sens imprégnée de cette spiritualité là. Plus large que l'humain, intimement liée à la nature, et diffusée par des voies intangibles.

C'est ma religion personnelle, magmas de sensibilité et de croyance, relais d'une espérance nourrie par des sensations abstraites.
Les représentations, les simplifications, sont peut-être nécessaires. Mais elles sont aussi polluantes. Du moins, elles dérangent ma perception, en habillant mal une silhouette pourtant séduisante.
Je n'aime pas l'idée d'une instrumentalisation de la spiritualité. 
L'idéal est un moteur puissant, évidemment. Cette idée au delà de soi-même vous tire en avant, et vous galvanise, sans doute.

Il est tentant de l'utiliser, pour motiver des esprits malléables, perméables faute de consistance propre.
Sans être spécialement cynique, j'imagine bien l'usage pervers de ces espérances nourries à des fins contraires à ce qu'elles prétendent.

Je repense à cet homme, dont on parle beaucoup, qui a précipité 150 personnes contre les rochers.
Son idéal a annihilé tout sens moral, toute humanité. L'objectif à atteindre a effacé tout le reste.
Absurdité insondable. Effroyable.

Personne, jamais, ne trouvera un sens à cet acte. 
L'injustifiable, l'incompréhensible s'invite dans nos vies, sporadiquement.

Et nous continuons pourtant à vouloir comprendre, ce qui nous pousse et où nous allons.

Le destin se charge de nous ramener à plus d'humilité. Nous en restons suffoqués, un moment, et nous retournons à notre quête.

Ce besoin est inscrit en nous, sûrement, et nous dépasse.

Je pose ces mots et je n'y vois pas plus clair. S'il y avait des réponses à ce genre de question, il n'y aurait plus de quête, plus d'aspiration, et plus de religion, quelles qu'elles soient. Non ?

Bah, ces thèmes évaporés ne me réussissent pas. Je m'y aventure, comme ça, par distraction.
Mais ce n'est pas mon terrain de prédilection, au quotidien.

Au quotidien, je préfère observer les hirondelles.
Elles sont deux, maintenant. Et déjà, elles commencent à réhabiliter les nids de l'année dernière.
Regardez :



Ces deux là n'ont pas encore été visités.




Quand celui-ci a trouvé grâce à leurs yeux d'arrivantes.
Déjà, elles ont ourlé le bord de terre fraîche. Vous voyez, l'anneau plus foncé ?

Une inspiration, l'aspiration orientée vers ce nid, justement. Du hasard, sûrement, mais peut-être pas.
Et ce doute qui séduit ma quête et l'entretient.





L'homme de la maison rentre de sa promenade.
Tête baissée face au soleil levé, il marche, tranquille et satisfait.

Avec lui, je ne parle pas souvent de spiritualité. 
Quand je m'y essaie, il avance la lèvre inférieure et hausse les épaules.

-"Ezin jakin"

Impossible de savoir.

C'est ça, impossible. Alors...


Bonne fin de semaine à vous tous, Joyeuses Pâques, chrétiennes ou pas.
Retrouvez-vous en joie et ne vous cassez pas la tête à vouloir aller au delà !

A une prochaine fois.


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