lundi 27 avril 2015

L'INCONGRU



Amis suiveurs d'Agorreta, bonjour !








Ca, c'était hier. La petite troupe au complet. Bigoudi et Galzerdi en deux pièces, et Pollita et son petit toujours unifiés.
Aujourd'hui, peut-être ?
Mon père voit des signes avant-coureurs tous les jours. Je suis sur les dents !
Presque dix mois de gestation, c'est long...
Tout semble pourtant aller bien. Je descends plusieurs fois par nuit, surveiller ma belle. Elle me regarde, tranquillement couchée dans la fougère, s'étire en enroulant sa queue sur son dos, et retourne à ses rêves. Et moi aux miens, un peu inquiète, quand elle paraît si paisible.









Ca aussi, c'était hier.
Mon vieux pommier joliment couvert de fleurs opulentes.


















Et là, le même, ce matin.
La tempête est passée par là, emportant les deux tiers des pétales délicats.

En principe, les fleurs ont eu le temps d'être pollinisées sur les jours précédents, entre la grêle du samedi et le vent de cette nuit.

Gageons que nous aurons des pommes, en fin d'été...







Mes vaches à l'étable, fin avril, comme au plein cœur de l'hiver.

Une incongruité, un rappel de l'aléatoire, météorologique ou autre.
Rien n'est acquis, tout arrive, n'importe quand, ou presque.

La grêle s'invite, ravageuse et signe de la toute puissance du sort. Un rappel à l'humilité. Un encouragement à s'incliner devant la fatalité. Une résignation à cultiver, sans tomber dans la passivité, évidemment.

Se donner les chances de la réussite ne garantit pas son avènement. 
Mais l'espérer sans se donner la peine d'y participer, là, pour le coup, c'est tout laisser entre d'autres mains. Et ces réussites là, après tout possibles aussi, par le fait du hasard parfois amical, doivent avoir une saveur plus fade, je crois.

Le mérite, la gratification gagnée à la force du poignet, voilà des bases solides, à mon avis.
Pourtant pas toujours suffisantes.

L'incongru est partout.
Dans ces tentatives molles et sans peine couronnées d'un franc et total succès.
Ou dans ces entreprises méticuleusement échafaudées, qui capotent pourtant lamentablement.

La part de chance est comme la grêle : elle s'invite quand et là ou bon lui semble.
Et la malchance, aussi. Avec en plus son lot de désolation et d'incompréhension inhérentes.
Toujours, notre désir de rationaliser nous masque  cet incongru, perçu comme injuste quand le sort se montre défavorable.
Nous intégrons un faisceau d'éléments, nous calculons des probabilités, nous anticipons des enchaînements.
Et tout nos échafaudages s'écroulent parfois, sans que nous comprenions où nous avons failli, et pourquoi.

Tout simplement, parce-que, parfois, il n'y a pas eu de faille, ni de cause. Un effet, gratuit, injustifié, et injustifiable.
L'horreur du sort affreux de ces petites filles, enlevées, tuées, ou relâchées, selon le caprice d'un fou.
L'absence de raison dans tout ça. Et notre impossibilité d'admettre cet incongru terrible.
Des vies entières à chercher à comprendre, à justifier.

Quand rien ne justifie, ni n'explique.
Cette raison qui fait faux bond. Cette horreur surgie de nulle part et repartie dans sa tanière.

L'hébétude nous paralyse. Nous n'apprivoiserons jamais le sort, bon ou mauvais.
Notre seule liberté est de ne pas nous perdre dans la recherche d'une raison, là où il n'y en a pas.
La fatalité existe. Elle ne doit pas nous exonérer de participer activement à notre destin.

J'essaie de garder toujours en tête que tout ne se mérite pas. Que parfois, je n'ai pas mérité, justement, ce qui m'arrive, en bien ou en mal.
Le sort a été amical jusqu'ici avec moi. Il peut me montrer une autre face. Et là, toutes mes théories voleront sûrement en éclats brisés.
Mais bon, à défaut de bien savoir de quoi je parle, j'ai toujours la légitimité de tenter d'apprivoiser les circonstances.
Et de leur accorder une juste part d'effort.

J'ai intégré l'incongru. Je ne me débats pas contre la part irraisonnable des choses de la vie.
Je m'incline, en accompagnant cette courbure sans y laisser trop de forces.

La sagesse ne nous est peut-être pas accessible. Mais j'essaie de la garder en point de mire.
Et d'inclure l'incongru comme on mettait une assiette supplémentaire pour le vagabond.

Le vent et la pluie de ce matin sont comme une petite remarque acerbe d'un ami. On ne s'y attend pas. Elle pince un peu désagréablement.
Mais nous fera mieux apprécier le soleil revenu, n'est-ce pas ?

Et cet ami désobligeant, remettez-le à sa place, de temps en temps, vous lui rendrez service...
Ne donnez pas à ses sautes d'humeur plus d'importance qu'elles n'en n'ont. Lui même a oublié sa remarque acide sitôt l'avoir proférée, ou presque.


A bientôt, sous des cieux plus cléments, quand le sort se fera souriant, comme il sait si bien l'être aussi,  parfois.

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