lundi 13 avril 2020

12 avril



Dimanche 12 avril 2020 10h







Tiens ! On a voulu donner compagnie à mes châtaignes.
Quelques sillons gras s'ourlent assez joliment, il est vrai, tout près.

Je n'en veux pas, de cette compagnie là, pour mes châtaignes. Ni pour moi !

Les terrassiers peuvent aller terrasser, plus loin. Là où, entre deux fleurs de faïences et un bulbe de bidet, une ou autre culture grossière trouvera à s'arrimer. Une de ces cultures alibi de paysan de posture. Pas de métier, ni de nature.

Les dernières terres fertiles du haut d'Agorreta, là où la main de l'homme vorace n'a pas encore tout ruiné, rendront ses bois à cet endroit.
Il y faudra du temps, et je n'en verrai pas les ombrages larges.
Raison de plus pour ne plus tarder à entamer l'ouvrage.
C'est mon projet. Je l'ai partagé à qui de droit, et en attends les miens.
De ces droits inscrits noir sur blanc sur des feuillets dûment tamponnés et garnis de jolis cachets.

















J'ai entendu tout dernièrement une chose singulière :

- les papiers, ça vaut rrrien !!

hurlé à pleins poumons d'une rage mauvaise.

Ca alors... Il va falloir en parler à tous les notaires, dignitaires et autres scribouilleurs de notre société civile. Tant d'arbres sacrifiés, pour tant de liasses de papiers, de dossiers empilés et de documents soigneusement enregistrés, et tout ça... pour rrrien !
Tiens donc, quel gâchis, tout de même.

L'assertion était virulente, et son auteur convaincu.
Je ne le suis pas, moi.
Moi, j'aime les mots, les mots tracés sur ces fameux papiers.
J'en noircis moi-même pas mal. Et y trouve avantage.

Je m'y fie, à ces papiers.
Je me trompe peut-être ?

La parole, celle de ce hurleur congestionné, serait plus sincère ?
Non, pourtant, non. 
Celle-ci, je l'ai entendue, nous l'avons entendue, à plusieurs.
Et je l'ai vue, nous l'avons vue, à plusieurs, piétinée par celui-là même qui me hurle que les papiers "ça ne vaut rrrien !"
Pour le dixième du prix d'un gros jouet même pas joli.

Si les papiers, ça ne vaut "rrien", sa parole à lui, à ce grand hurleur, ne vaut pas beaucoup plus.

Qu'en attendre, alors ?
Pas grand chose. Et, plus sûrement.... rrrien !

Je ne suis "rrien", moi non plus. Rien qu'une petite paysanne mauvaise vachère.
Je reste au ras de mes pâquerettes.
Ca m'évitera de tomber de trop haut.
Et, puis, tomber, avec mon maudit Ménière, je sais ce que c'est !
Pour le moment, je m'en suis toujours relevée.

Et pour après, le temps est parfois long, plus long que la vie d'un homme, pour voir ses rêves se réaliser. Ca n'empêche pas de les garder au frais.


Où est-il passé, ce grand frère  rieur que je regrette encore ?
Là où il a toujours été, peut-être : dans mes rêves !
Ces rêves à laisser à d'autres, et pour plus tard.


On n'en sort pas, de ces chroniques règlements de compte et mises au point à sens unique.
Je n'ai pas mieux, comme méthode de communication, à portée. Les hurlements dans une cabine de tracteur vrombissante, ce n'est pas beaucoup plus satisfaisant, me semble-t-il.

Alors, et puisqu'on m'y attend, tenons ces rendez-vous là, au moins.






Lundi de Pâques 13 avril 2020 16h15

C'est aujourd'hui le jour anniversaire de Totepiñ, la sœur aînée de mon père. 95 ans.
Une petite conversation téléphonique entre le frère et la sœur, ce matin a récapitulé la situation :

- Korritzeuk ?
- Tu marches ?

Comme une affaire entendue. La tendre sœurette soutenant sans doute qu'un côté de moins, d'accord, ce n'est pas rien, mais qu'il en reste toujours un de bon, nom de nom !

Le fait est là : mon père aujourd'hui a fait 64 pas.
Hier fût une journée moins productive. Une petite baisse de forme tenait l'homme au repos.
Une nuit de rêves agités après, le voilà reparti pour un tour.

Dieu sait de quoi il rêve, celui-ci, quand il geint et grogne en s'enroulant dans les draps malmenés. Lui même ne le sait pas, et s'en réveille tranquille, étonné de ce désordre autour de lui.

C'est encore le mieux à faire. S'étonner, se désoler, s'il le faut... et passer !


17h30

Je vais chercher les génisses avec Antton.
Si elles ne comprennent pas les bonnes règles, nous allons leur expliquer ça, avec deux trois coups de bâton.
La pédagogie douce a ses limites, quand l'élève est trop buté.

Elles comprendront. 
























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