vendredi 30 juin 2017

APRES TEMPËTE




Bonjour !

L'avant dernière nuit fût tempétueuse.

Toute la journée d'hier le fût aussi.
C'était un plaisir de regarder derrière les larges vitres de la jardinerie, les combats célestes des troupes nuageuses en colère, poussées par un vent rageur, puis, sans grand préavis, les éclaircies inattendues.



La grâce de mes oreilles défaillantes, c'est que, ces tumultes, au moins, je les entends bien atténués.
Le vent peut hurler et la pluie crépiter : moi, l'orage et les tempêtes, je les ai dans la tête, alors...
Les chancellements et le sol dérobé sous mes pieds, nul besoin d'un ouragan pour m'y habituer et les apprivoiser. Non, tous ces tournis, ces déstabilisations et ces oscillations vertigineuses, mon petit cervelet malmené les pratique maintenant au quotidien.
De cet exercice assidu naît un accommodement, une adaptation, ma foi avantageux en ces circonstances exceptionnelles pour ces autres, les presque malchanceux, ceux dont les oreilles fonctionnent correctement.
Comme quoi, souvent, à quelque chose malheur est bon !



Par contre, parce-qu'on ne peut pas n'avoir que les bons côtés en toute chose, j'ai mis la matinée d'hier à comprendre qu'il n'y avait pas une cafetière géante autour des caisses de la jardinerie. Et à arrêter de craindre que ça y était, le délire me reprenait, mes hallucinations auditives allaient vriller tant et si bien ma perception de la réalité, j'étais repartie pour un tour de piste dans le tourbillon aspirant de la folie !
C'est ainsi que l'on vit quand on s'est approché de trop près de ces zones rouges, ou noires.

Une demi-boîte de pastilles Fleurs de Bach sérénité plus tard, (merci Lucie !) j'ai enfin eu l'explication, toute rationnelle et oh combien ordinaire, presque décevante : le vrombissement séquentiel n'émanait pas de l'imagination maladive de mes oreilles enflammées, non, du tout, du tout.
Ce simili gargouillement pour moi si déroutant naissait de l'imprimante, tout bêtement, très sollicitée hier par les éditions incessantes des bons d'inventaire, au fur et à mesure de l'avancée des comptages.
Cette zone du magasin ne m'est pas trop coutumière. Moi, ma "zone", c'est la pépinière. Chacun son secteur...
Je ne suis pas familiarisée aux bruits inhérents, et, surtout, pour moi très agressifs, des bips des douchettes de caisse, et glougloutements cadencés des imprimantes diverses.
J'évite autant que je le peux l'environnement, trop bruyant, sauf à accompagner un client particulièrement sympathique et nécessiteux de mes services en cet endroit.

Presque résignée à devoir abandonner mon poste de travail pour début d'hallucination inquiétante, j'avais quand même eu la bonne idée de partager ma frayeur à mes collègues proches.
Voyez combien j'ai changé : je livre maintenant mes détresses, petites ou grandes, à tous ceux qui veulent bien les entendre, et même à ceux qui s'en passent, tiens !
Mes jeunes collègues éclairèrent ma lanterne, allégèrent mes peurs, et rirent de bon cœur, avec moi, bien soulagée.

Ma petite affection auriculaire est ainsi : elle me fait entendre des choses qui ne sont pas, et m'en permet la perception d'autres, qui passent hors de votre portée, en une fantaisie parfois troublante.
C'était l'envie d'une bonne tasse de thé qui me mettait ainsi bouilloire en tête...
Comme je suis compliquée, à passer par Cabourg pour arriver à Rennes !
Remarquez, c'est peut-être dans la trajectoire, ça, non ? Ma géographie est comme mes oreilles, elle ne s'est pas améliorée ! Et mon association de ces deux villes ne tient qu'à la mélodie de leur prononciation, à moins qu'une subtilité supérieure ne me les ait fait, malgré moi, unir.
Qui sait ? Je ne m'étonne plus de rien, et espère peut-être bien plus qu'il n'y est, de mes facultés particulières et bizarres...

Nous avons donc hier terminé notre inventaire annuel.
Tout s'est bien déroulé, merci, et le résultat obtenu est pleinement satisfaisant.
Il est même exceptionnel, le meilleur de cette dernière décennie, et sans doute au delà. Mes statistiques chez Lafitte datent d'alors.
Cette année où ma défaillance m'a fait manquer le plein de la saison, mon équipe a pallié mes faiblesses, magistralement.
Sans compter leur peine, tous mes petits jeunes et moins jeunes ont assuré, de main de maître.
Ils ont allégé ma frustration en démontrant leur valeur, rassuré mes doutes en me relayant sans faillir.

Cette réussite est la leur.
Ils me la partagent et m'en offrent l'éclat pour y réchauffer mes vieux os meurtris. Je leur en suis infiniment reconnaissante, gratifiée et admirative.
De là à penser que les choses vont mieux sans moi, il n'y aurait qu'un pas, n'est-ce pas ?
Allez, allez, ne nous flagellons pas, non plus : le destin a ceci de clément qu'il nous épargne de savoir ce qu'il serait advenu, autrement. Et nous évite ainsi les supputations douloureuses et stériles. Ainsi en soit-il...

De la même façon que les miens ont partagé mon épreuve et me l'ont rendue possible à surmonter, mon équipe de travail m'a fait comprendre la force d'une équipe, justement, et son intérêt.

Je les remercie ici tous pour leur soutien, leur appui... et leur grande patience !
Il leur en a fallu et leur en faut encore pour parer mes persistants coups de sabots de mauvais cheval.
Dans notre équipe de la jardinerie Lafitte, du tempérament, il y en a, à tous les étages, et dans tous les rayons. Des personnalités bien diverses, mais toutes riches : des grands cœurs, des coléreux, des fougueux et des rêveurs. Des réservés, pas trop, et des spontanés volcaniques, davantage.
La diversité de notre équipe, sa couleur chatoyante et tonique, c'est en plus de la mienne une vraie pépinière. Une planche de culture grandeur nature de nos caractères hybrides et variés.
Un microsome fourmillant et grouillant, où les éclats pétaradent secs et vite.
Un cocon doux, aussi, où les peines et les peurs trouvent abri et réconfort.
Un travail comme une chance, une équipe comme un trésor.
J'ai cette chance et veux garder jalousement ce trésor, à partager et veiller.

En ces jours d'inventaires, particulièrement, je me montrais insupportable, je le reconnais maintenant, et fais amende honorable.
Je voulais tout contrôler, me croyais souveraine et irremplaçable, "paone" (féminin de paon, voyons !) imbuvable. Honte à moi !

Il est trop tard pour rattraper les erreurs passées. Ce qui est fait, est fait.
Encore temps, heureusement, de m'amender, et de corriger les excès de ma nature profonde. De faire profiter de ces "corrections" ceux-là même qui ont eu tant à pâtir de ces excès.

J'y travaille, et, sans présomption, je crois, du moins, j'espère, qu'hier, j'ai été plus... agréable !
Comme quoi, à quelque chose malheur est bon, je le disais plus haut et le confirme ici.

Espérez, vous aussi, et pardonnez mes offenses, comme je tâche de les pardonner, moi, à ceux là qui m'ont aussi offensée...

A la semaine prochaine pour d'autres homélies païennes.

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