mardi 20 juin 2017

AGORRETA 2122



Bonjour !

Nous subissons les outrances de l'ardent soleil, ces jours-ci.
Impuissants et vulnérables, nous recherchons les parades pour éviter la morsure implacable de l'astre trop vigoureux.

Il pèse, ce satané soleil, quand il s'y met, il vous pose avec une insistance pénible sa cape sur les épaules, le bougre !

Je suis bien placée maintenant pour connaître les dangers de tous les excès, et je tâche de m'en préserver, quand je le peux...
Je ne le peux pas toujours, évidemment ! 
Pépiniériste, c'est dehors, forcément...

Pour me distraire de ces conditions trop rudes, je visite dans ma tête mes projets pour les siècles à venir. Rien que ça !

Ca fait du bien, ces visites là, ça vous aère, et ça vous fait promener loin du quotidien parfois étroit.
Je ne m'en prive pas.

Mon projet Agorreta me tient, ces temps-ci. Il ouvre dans ma tête une jolie fenêtre, sur un paysage agréable.
De ces paysages dont j'ai tant eu besoin quand le noir s'était invité en moi comme un malotru exigeant.

Mon projet s'articule sur deux charnières.
La première est de mon ressort, dans mon périmètre et mes possibilités.
La seconde requiert l'élargissement, la fédération de forces plus larges et plus lointaines.

J'ai dans l'idée, avec logique et bon sens, je veux le croire, de commencer par le commencement.
Si j'y arrive, il sera temps de rayonner autour, et mon idée gagnera comme les cercles d'une onde tranquille.
Je ne veux pas paraître particulièrement mystérieuse. Je vous ai déjà dévoilé ma vision pour l'avenir de la ferme.
Je vois bien Agorreta poursuivre son destin d'asile pour les réfugiés, comme elle l'a été au Moyen-Age pour les cathares, d'après Kepa Arburua Olaizola.
Je n'ai pas eu l'acharnement de poursuivre des recherches historiques plus poussées que les siennes : je n'en aurai jamais le courage assidu, et l'envie ne m'en tenaille pas.

Je fais confiance à mon instinct, à cette intuition dont je sais être le jouet parfois, quand à d'autres moments il me guide sûrement.
Je garde aussi cette légende de léproserie dans un coin de la tête.
J'écoute mes vieilles pierres, et elles me susurrent un discours concordant.
Ce "bloc" dans son ensemble devient cohérent, quand il le paraissait si peu !
Les éléments épars se rassemblent et dessinent enfin ce paysage où mon imaginaire se repose comme à la vue d'un lac tranquille.

Mes réfugiés ne viendront pas de loin. 
Des gens qui cherchent refuge, qui ont besoin d'un asile où se reposer un instant, il y en a tout près.
J'ai eu moi même besoin de me "réfugier", ce printemps. 
J'ai trouvé à Rivière, auprès de mon mari et sous les grands arbres de la forêt,  la respiration et la paix dont j'avais tant besoin, à ce moment là.
Je ne suis pas seule à ressentir parfois ce besoin. D'autres, j'en suis sûre, ont l'envie aussi d'une pause dans leur vie, d'un moment et d'un endroit où apaiser leurs écorchures vives.

Cet endroit, je voudrais le proposer, ici, à Agorreta.
Accueillir entre ces vieux murs épais les pincements douloureux d'un quotidien parfois trop bousculé. Offrir une ombre paisible et une lumière calme où reposer ses tourments.

Je le ferai à mon niveau, à toute petite échelle, pour commencer. 
J'ai cette chance d'être ici près de la nature, des bêtes, et des pierres.
J'ai cette chance ici d'avoir compris combien la compassion aide et soutient.
J'ai cette chance d'avoir frôlé un gouffre noir, sans y être tombée tout à fait.

Si mon projet intéresse plus largement, s'il fédère et obtient une adhésion au delà des miens, alors, Agorreta pourrait devenir ce havre où on revient se refaire une force, cette terre d'accueil où on admet la souffrance pour essayer de la soulager.

Pour le moment, je prépare, pas à pas et petitement.
Je plante mes arbres, je pose mes jalons.
Je ne verrai peut-être pas mon projet aboutir.
Je ferai mieux, je l'emporterai partout avec moi, et il éclairera mon temps de vie.

C'est ma façon de me réaliser, de me sentir appartenir à un univers bien au delà de moi, m'y perpétuant et m'y fondant.

Agorreta et ses vieilles pierres étaient là bien avant moi, et le resteront sûrement bien après.
J'y aurai laissé une trace ténue, mais ma trace quand-même !

Voyez, je m'emballe !  J'arrête là, vais prendre le frais, si j'en trouve, et ramener mes grandes idées à une saine humilité.

Je vous retrouve plus tard.










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