lundi 30 janvier 2017

MÉMOIRE ET ARRANGEMENTS




Bonjour !

Je poursuis en ce début de semaine mes réflexions dolentes.
Je ne suis pas une acharnée de la recherche. Je me pose des questions, comme ça, en dilettante, par oisiveté, presque.
Une certaine curiosité m'anime, mais sans presse.
Je suis partie à la recherche de moi-même, comme on promène.
Maintenant décidée à être amicale envers les autres et envers moi, je tâche d'orienter l'angle de mes points de vue. Evidemment, le naturel revenant au galop, il me faut souvent écarter mes premiers regards trop acerbes. Je m'y attache.

Vous me direz, n'avais-tu donc pas meilleur sujet de recherche que ta petite et triste personne ?
Que l'on aille à la découverte de contrées inexplorées, que l'on se lance d'aventure vers un monde nouveau, ou alors, pourquoi pas, une histoire, une science...
Tiens, avec tes cagots, on pensait que tes logorrhées verbales pouvaient avoir un semblant de sens. Et voilà que tu nous ramènes à toi ! 
Se prendre pour un sujet de recherche, non, vraiment !

Et bien moquez-vous de moi, raillez, raillez, si vous le voulez.
Je maintiens que, vivant en étroite cohabitation avec ma petite personne, le premier sujet de questionnement,  le plus abordable et le plus pratique, c'est encore moi !
Et de moi, élargissant à peine le cercle des investigations, oui, tout de même, cette humaine nature dont nous sommes tous fabriqués, et régis.
Voyez, ce n'est pas si idiot, de se considérer comme sujet de recherche, c'est même assez essentiel, je le crois.
On peut aussi naître et attendre de mourir, sans rien se demander et en s'agitant même à toutes forces pour ne pas se donner l'occasion de le faire. C'est vrai. Moi, je me laisse gagner par cette quête, peut-être vaine et peut-être pas, en me disant quelque chose du genre de : "ça ou peindre la girafe..."
Il faut bien occuper son esprit, et ma manière en vaut une autre, n'est-ce pas ?
J'encombre un espace et un temps mieux utilisés ailleurs ? Bah ! de l'espace, sur ce Veb, il n'en manque pas. Du temps, il s'en fait tous les jours. C'est décidé, j'écarte les scrupules, et je continue de me faire plaisir à m'écouter penser !

Toute à mes considérations, dans l'idée de décrypter mes mécanismes intérieurs, j'observe autour de moi. Attentive aux indices éclairant ma lanterne.
C'est ainsi que j'ai lu ce livre relatant l'histoire de Françoise Giroud.
Il a été écrit par une amie de ladite Françoise, Alix de saint André. ASA, comme elle se résume elle-même. Je connaissais, SAS, dans un autre registre, mais bon, ASA, pourquoi pas.
Ce livre est une manière d'enquête, là aussi.
Il a été écrit après la mort de son sujet. Des révélations concernant la judéité plus ou moins cachée de Françoise Giroud, la syphilis touchant des membres de la lignée, des histoires d'amour contrariées et douloureuses, lettres anonymes, dénonciations et autres bassesses à l'avenant émaillent la vie de cette brillante journaliste et femme politique.
On y retrouve des noms célèbres, JJSS pour Jean-Jacques Servan-Schreiber, ou Dieu seul sait comment s'écrit et se dit au juste ce nom là, BHL, pour Bernard Henry Lévy, là encore, mes excuses pour toute erreur très possible. Des Laure Adler, Madeleine Chapsal, Christine Ockrent.
Toute une panoplie d'intellectuels, une palette de l'élite, à mes yeux de paysanne.
Ces gens là, je ne les côtoie pas. Dans la cour d'Agorreta, ils seraient exotiques.
Je ne dis pas que je n'aimerais pas, ni que j'aimerais, d'ailleurs. Non, je n'en ai juste pas l'occasion.

L'intérêt d'aimer la lecture, c'est que les livres vous ouvrent de ces portes sinon closes pour vous. Vous pénétrez dans des mondes auxquels vous n'auriez pas accès autrement. 
Je vous le disais dernièrement, ce livre est significatif des arrangements pris avec un passé vécu.
Françoise Giroud se présentait comme étant catholique, quand toute sa lignée était juive.
Son petit fils, pour le coup, est devenu rabbin, pour faire contrepoids.
Elle continuait de percevoir sa judéité comme une menace. Elle transposait ce ressenti intact depuis sa prime jeunesse, à une époque pourtant différente, où cette judéité ne représentait pas, en principe, une menace de mort.
Pour la syphilis dans sa famille, la honte perdurait, là encore.
Les peines de cœur, la tentative de suicide, elle les ravalait derrière un grand sourire et une efficacité de travailleuse jamais mise à mal.

J'ai retenu de ce que j'ai lu ce qui résonnait le mieux en moi, évidemment. 
Ces souffrances, ces peurs, ces hontes refoulées et maquillées. Ce personnage donné à voir, cette histoire arrangée. 
Ces bassesses, ces méchancetés, tapies sous les apparences policées d'un monde au vernis impeccable.
Ce n'est pas une consolation pour moi de savoir mes vilenies universelles. Ça ne m'absout pas d'apprendre que des gens de qualité, comme il est dit, souffrent, mentent et vivent tant bien que mal leurs vies brillantes.
J'y vois juste confirmé notre mécanisme humain, et l'intérêt de ne pas se laisser happer par les pièges que nous nous tendons tout seuls.

Nous avons tous besoin de nous sentir en sécurité, de nous croire aimés et respectés.
Nous recherchons tous le moyen de conserver nos rêves.
Quitte à mentir, nous mentir, entretenir des utopies irréalistes et destructrices.

Je voudrais juste repérer ces manœuvres là, les vider de leurs poisons et trouver d'autres voies.
Repérer, et déminer.

Ah ça, ça n'est pas toujours simple ! 
L'humain ne se torture pas par plaisir. Il est soumis à sa nature trouble et ne s'en libère pas d'un claquement de doigts !

Voyez tous ces gens séduits par des promesses irréalisables : notre Benoît Hamon devait trouver lui-même la ficelle trop grosse : un revenu minimum pour tout le monde ,  tiens donc !
Et pourtant, on le suit... tant on préfère tourner le dos à la réalité, quand elle devient "rudette" 

Il y a toujours, je le crois,  un moment où il faut affronter, s'affronter.
Je m'exerce... à ma petite échelle.



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