lundi 16 janvier 2017

D'AGOTE A AGORRETA



Continuons !

Nous avons commencé à flairer la thèse de Kepa Arburua Olaizola, alléchés par cette proximité Agote-Agorreta.

Pour la faire courte, en vue de développements ultérieurs, je vous résume :
d'après Kepa, les Cagots étaient les réfugiés cathares, pourchassés au Moyen-Age pour hérésie, en raison de leurs divergences de religion. Vous savez, Gaston Phobus, les Albigeois etc...
Ils fuirent les persécutions atroces de l'Inquisition, vers l'ouest, et s'établirent sur la côte basque.
Par une pirouette linguistique dont je vous reparlerai, Agorreta se traduirait : de chez les Agote,  Agote étant la traduction basque de cagot.
Agorreta, dont ma mienne ferme, serait une maison d'accueil de ces réfugiés de guerres de religion. On trouve des lieux-dits Agorreta à Ciboure, Bidart, Arcangues, effectivement.
Mais peu de maisons Agorreta. Ça ramène ma ferme au Moyen-Age...
Il y a bien un village Agorreta, en Navarre, je crois. 
Mais là, cet Agorreta serait antérieur, et les armoiries dénichées sur de vieilles pierres la relierait à la couronne de France !

Comme quoi, entre misérables bannis et descendants de rois, il y a un grand écart aux deux bouts de mon Agorreta !

Je reviendrai bientôt sur mes doutes concernant le rapprochement entre Cagot-Agote et Agorreta.
Pour la famille de sang-bleu d'Agorreta en Navarre (je crois...), je me suis un peu perdue dans le décryptage des blasons et armoiries.
Je me suis davantage intéressée à la vocation refuge de mon Agorreta à moi. Maison d'accueil de pauvres exilés.
D'abord, parce-que cette vocation a été effective pour ma famille maternelle, arrivée ici en 1936, à cause de la guerre en Espagne.
Ensuite, parce-que j'ai entendu dire depuis toujours, sans situer précisément la source de cette information, qu'Agorreta a été une léproserie.
Les cagots, et cela au moins paraît faire l'unanimité chez les différents historiens et universitaires qui se sont penchés sur leur sort, étaient accusés d'être lépreux. Cette lèpre, réelle ou supposée, en faisaient évidemment des parias, puisqu'on tenait la lèpre pour hautement contagieuse.
Cette convergence m'a parue significative, et je creuserai ce sillon.
Nous avons déterré il n'y a pas si longtemps des crânes humains, à la faveur de fouilles en vue de je ne sais quels travaux. C'est à ce moment là je crois qu'il a été question de cet hôpital pour lépreux,  en fonction anciennement à Agorreta.

Beaucoup d'incertitudes, de je crois et de je ne sais pas au juste, dans tout ça. 
Pourtant, des pistes et des lueurs, pointant une même direction. Convergence et congruence, toujours...

Les cagots, sont tenus pour être un peuple nomade, bohémiens issus d'Europe centrale, suivant plusieurs chercheurs. 
Leur provenance fait débat. Les "révélations" de Kepa sont effectivement une piste, plausible. Et les cagots pourraient être des réfugiés cathares, pourquoi pas.
J'en tiens pour laisser libre champ à tous les possibles.

Le point de convergence de toutes ces théories semble être la misère de ces pauvres gens, leur mise à l'écart pendant des siècles et des siècles.
Ces persécutions, cet acharnement à résister et à continuer d'exister, coûte que coûte me parlent et me touchent.
Je me sens de ce sang là, de celui des petites gens entêtées et tenaces.
Je n'ai connu nulle persécution et je n'ai aucun mérite à être ce que je suis, là où je suis.
Je veux juste apporter ma voix, la faire entendre, dans le concert plus large d'autres voix, plus académiques.
Je ne prétends pas représenter au delà de ce que je suis.
Mais je veux laisser la trace d'une existence semblable à beaucoup d'autres qui restent silencieuses.
Nous avons l'usage des écrits de lettrés, d'érudits, d'une élite fermée.
D'autres vivent, aussi, et peuvent avoir l'envie de le dire.
Tous, nous pensons, même si nous n'avons pas toujours les mots pour le faire savoir, ou la tribune pour le faire entendre.

Cette vocation de mon Agorreta, cette histoire, je n'aurai pas la patience et le courage d'un Kepa pour la fouailler comme le tailleur cisèle la pierre, éclat après éclat, pour en tirer une forme devinée et la révéler.
Plutôt que des recherches scientifiques et des investigations acharnées, je préfère me laisser aller à mes intuitions, et écouter la manière de discours des vieilles pierres d'ici.

A chacun sa manière et son parcours. Que tout le monde s'exprime et ait sa place, c'est tout ce que je revendique.

A une prochaine fois, pour voir où nous mène cette piste là...






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