dimanche 15 janvier 2017

LE MONDE CRUEL DU POULAILLER D'AGORRETA


Bonjour !





Mère-Rhune s'est enneigée à la faveur des dernières pluies glacées.
C'est joli à regarder, surtout quand on a tout près un intérieur douillet et accueillant...

Une petite pensée pour tous ces malheureux cherchant abris, misérables et transis.

Dans notre poulailler d'Agorreta se joue un véritable drame.
J'ai remarqué vendredi en fin d'après-midi l'apathie de ma vieille poule placide.





Si vous vous en souvenez, c'était la dernière survivante de mes volailles d'avant.
J'attendais son trépas pour réintroduire de la jeune poulette, en me disant que celle-ci ne saurait supporter les arrivantes, et les tuerait sans doute, comme le font parfois ces vieilles poules mauvaises quand elles ont jeunesse vulnérable à portée.

Finalement, puisqu'elle ne se décidait pas à mourir, je me résolus cet automne à tenter l'expérience.
Tout se passa fort bien. La vieille s'apeura même un peu des nouvelles, et, finalement, tout ce petit monde cohabita en bonne entente.



Jusqu'à tout dernièrement...

Vendredi soir, en allant ramasser les œufs, je trouvai la vieille poule rousse tristounette.
Elle portait la crête basse et les ailes ramassées.
Il ne faisait pas chaud, certes, mais, tout de même, je la voyais bien abattue !
Et puis, les autres, elles, paraissaient bien plus toniques, avec les mêmes conditions. Plus jeunes, c'est vrai...

Alertée, je m'approchai pour mieux examiner ma volaille en souffrance supposée.

Elle s'anima de me voir approcher, et reprit meilleure tournure.
Je notai cependant son jabot déplumé. 

Les poules sont friandes de sang. Cruelles qu'elles sont... 
Il arrive par désœuvrement, qu'elles se distraient à picorer la moins vive d'entre elles. Elles arrachent une plume, presque par jeu, l'avale, pour en faire quelque chose. Ce petit goût de sang au bout de la penne, cette chaleur organique et vivante, les affole et réveille en elles les instincts les plus vils.
Je ne sais quel démon sanguinaire soulève en leur tréfonds de volaille un élan meurtrier et sauvage.
Ne se raisonnant plus, elles piquent et repiquent, poursuivant leur victime sans relâche.







Mon poulailler est bien suffisant pour mes cinq poules. Elles n'y sont nullement à l'étroit.
Je leur apporte régulièrement de la verdure et des mets variés pour éviter toutes carences.
Ces poules ne manquent de rien, ni d'espace, ni de grain, ni d'autre chose. A mon sens !
Pourtant, quelque chose doit les pousser à cette conduite inexplicable et meurtrière.
Un instinct, une bassesse.

Ma vieille poule placide présentait des débuts de plaies sur le haut de ses cuisses. De chaque côté, un médaillon de plusieurs centimètres de diamètre avait été mis à nu, déjà.
Une goutte de sang commençait à perler.
A ce stade, ma pauvre poule n'en aurait plus eu pour longtemps. Plus vieille et plus lourde que les autres, elles ne leur échappait pas facilement dans l’entrelacs des branches du figuier dénudé.
La petite noire et la grise particulièrement, la coursaient sans répit, et la piquaient chacune d'un côté.

Je suis évidement intervenue aussitôt, isolant l'ancêtre de cette jeunesse sans pitié.
L'innocente vient près du grillage de séparation, quémander la compagnie de ses presque tueuses.
On ne comprend pas ce qui se passe dans la tête de ces volailles.
On constate seulement que la nature animale n'est pas toujours amour et paix, elle non plus.
Bien loin de là...





Dans l'étable tranquille, Bigoudi et ses filles donnent à voir un spectacle bien plus apaisant.
La vache, je vous le dis depuis longtemps, la vache est un reflet paisible sur un lac transparent.

Il faut tout voir et tout retenir. Les contemplations bousculent parfois. Et ces assauts nous parlent de nous, aussi...

Bon dimanche à vous, à écouter tomber la pluie drue. Restez au chaud, vous qui le pouvez, et souvenez-vous que la rudesse n'est pas bien loin, et qu'il faut tâcher de la tenir à distance.

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