mardi 15 décembre 2015

CHEMIN DES CRÊTES : LE DÉBUT DES CONFLITS



Bonsoir à tous les suiveurs des nouvelles d'Agorreta !








Chemin des Crêtes en été 2002, la tension se hérisse en pics douloureux.
De part et d'autre, les revendications, légitimes ou déraisonnables, donnent de la voix en un concert où tout le monde parle, et personne n'entend.

Du côté des voisins,  la peur de voir s'ériger en face de leurs belles villas des constructions. Finie la vue imprenable sur la mer ! 
Ils imaginent des bâtiments affreux, des murs opaques, un horizon désespérant. 
Eux, venus de la ville pour profiter des joies de la campagne, eux, arrivés là pour fuir l'urbanisation outrancière des villes, eux, ne supportent pas la perspective de se retrouver face à ce à quoi ils ont voulu échapper.

Pour aiguiser ces peurs, l'impression d'être mal acceptés augmente encore le malaise.
Tous ces gens viennent d'ailleurs, ils ne sont pas issus d'ici.

Ils ne se sentent pas intégrés. Ils se défendent, avant toute attaque. Leurs villas s'abritent derrière des clôtures, des haies hautes, des murs épais.























Je ne nie pas la difficulté de s'installer ici, quand on vient d'ailleurs.
Les basques ne sont pas connus pour être très ouverts, peut-être.
La seule langue est suffisamment hermétique et peu avenante à l'oreille pour ceux qui ne la comprennent pas.

Tout de même, la seule vue de ces murs n'engendre pas l'envie d'aller voir derrière, n'est-ce pas ?
On sent bien la volonté de se fermer, de se préserver. On se sent intrus et malvenu, accueilli de telle manière.

Le dialogue s'est mal amorcé, dès le départ.
On se croise peu, on se salue à peine. On ne se parle pas. Nous n'avons pas spécialement envie de les connaître mieux.
Ils ne montrent pas plus d'intention de le faire.

Un fossé, entre les paysans terriens et les citadins, difficile à combler. Plus profond encore que notre canyon de la CA 70 ! 
Un atavisme de campagnards asservis par les nobliaux hautains. Un reste de servage, quand plus rien ne le justifie, mais tout l'évoque quand même...

Le manque de communication, encore une fois, fera des ravages.
Nous ne tenons pas compte d'eux dans l'avancement de notre projet. Ils paraissent nous ignorer, nous les négligeons.
Nous aurions très bien pu aller les voir, convenir avec eux d'un calendrier pour réaliser les apports de terre par camion. Ils n'étaient pour les trois-quarts pas là sur de longues périodes.

Nous aurions du les associer à notre entreprise, leur expliquer, les rassurer.

Notre silence et notre désinvolture les a affolés, révoltés. Ils ne se sont pas sentis l'envie à leur tour de venir nous trouver, de discuter avec nous.
Ils ont préféré s'en référer à une autorité municipale, même défaillante et prise de court. 
Tout de suite, le malentendu a été monté en épingle.

L'absence de paroles directes et franches a nourri l'hostilité, cristallisé la méfiance.

Ainsi vont souvent les choses. Ce qui pourrait très simplement se concerter devient inextricable.
Les intentions des uns s’interprètent mal, les faits s'éclairent d'une lumière malveillante.
Tout devient difficile, quand tout aurait pu être si simple...

Nous échangions par envoyés de la mairie ou agents de la police nationale interposés.
Comme c'est commode, n'est-ce pas ?

Il y a eu toute une période de chassé-croisés tendus.
La moutarde nous est montée au nez, à tous. 

Persuadés les uns et les autres d'être menacés dans notre bon droit, d'être bafoués dans nos valeurs respectives et légitimes, nous avons campé sur nos positions avec de plus en plus de raideur et d'agressivité :





Nous avions très exactement cette impression d'être pris dans les assauts furieux et injustes d'un vent contraire.
Nous voulions tenir, résister, ne pas céder.
Toutes les conditions de la naissance d'un bon vieux conflit acéré de voisinage étaient réunies.
Avec toutes la bêtise et les crispations qui vont avec.
Nous étions mûrs pour nous pourrir mutuellement la vie.
Et nous l'avons fait...


Les événements se sont précipités.

Nous verrons ça dans ma prochaine chronique.

Gardez juste en tête que toutes ces fatigues, tous ces nerfs vrillés, auraient pu être évités, avec un peu de bon sens et de confiance réciproque...

A bientôt !

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