lundi 14 décembre 2015

CHEMIN DES CRÊTES : DE POULES A POULAILLER




Bonjour à tous !





Temps calme sur Agorreta en ce lundi 14 décembre 2015.

Retournons Chemin des Crêtes, entre l'été et l'hiver 2002.
Là, c'était déjà beaucoup moins calme...

Je vous parlais dans mon dernier article de la survenue d'une poule, Chemin des Crêtes, entre 1998 et 2002.
En fait, il en vint plusieurs... Quatre couples de poules et coquelets. Quatre paires d'un genre différent, mais tous unis à un moment ou à un autre, contre notre grand projet du moment.

Il y eut d'abord, le couple Mme et Mr B :





Vite suivis en ces parages par le couple Mme et Mr M :





Ceux-là furent sur la place au début du chantier.
Ces maisons étaient comme de bien entendu des résidences secondaires, vides les trois-quarts du temps.

Je n'entamerai pas ici le débat sur le Pays-Basque aux Basques, et autres litotes.
Je travaille dans un commerce, et je connais la part prise par ces résidents de passage dans notre économie locale.
Je pense que l'accueil sur nos terres de gens venus d'ailleurs peut être une source de richesse, et je ne boude pas cette opportunité en jouant les vierges outragées.

Cette petite parenthèse refermée, je ne vous présente pas aujourd'hui ces personnages. Je le ferai plus loin. Au moment dont je parle, je ne les connaissais pas. A peine les avais-je entraperçus, au volant de leurs longues et puissantes voitures sombres, quand ils rentraient ou sortaient de leurs belles propriétés bien gardées.

Vinrent ensuite, dans l'ordre Mme et Mr de C :








Puis, derniers coquelets du poulailler, Mme et Mr R :











Les trois premiers, à gauche du Chemin des Crêtes quand on regarde vers l'ouest, les derniers à droite, et un peu à l'écart.
Barricadés pour le coup, eux, derrière ce haut mur défensif.

Les aléas insaisissables des lois de l'urbanisme, avec leur zones littorales, protégées, et autres complexités indéchiffrables trouvent un aboutissement en apothéose dans cette zone, cristallisant tous les inexplicables. 
Je n'ai jamais saisi comment ces villas ont pu s'élever là, quand tant de demandes de permis de construire ont été refusées, au même endroit... Enfin !

Mme et Mr R résidaient à demeure dans cette villa.
Leur arrivée coïncida pour nous avec le début des ennuis.


2002 : le début des hostilités...

A notre charge, je conviens d'un élément déclencheur.

En 2002, si vous êtes du coin, vous vous en souvenez peut-être, un immense chantier fut entrepris, du côté espagnol de la frontière, à Béhobia.
Il s'agissait de la grande zone commerciale Zaiza. Des hectares de terrain furent aménagés. Des tonnes de terre déplacées. Et acheminées chez nous, sur cette fameuse parcelle CA70 du Chemin des Crêtes.

Ces entrepreneurs espagnols n'y vont pas avec le dos de la cuillère !
Sur ce tout début d'été 2002, ils travaillaient de 7 heures du matin à 8 heures du soir. Les camions impressionnants, en surcharge pour la plupart, faisaient des navettes entre Behobia et Urrugne, via la route nationale, jusque dans cette contrée verdoyante et campagnarde.
Paisible jusque là.

Ils ne traînaient pas : les chauffeurs étaient payés "au tour", et je vous prie de croire qu'ils appuyaient sur le champignon, histoire de rentabiliser au maximum la longue journée de travail.
Mon frère n'arrivait pas à mettre en place la terre au fur et à mesure, tant il en arrivait. Qu'à cela ne tienne : les entrepreneurs espagnols envoyèrent un autre bulldozer, un monstre, pour relayer le frérot débordé. Les camions vrombissaient, chauffaient, on les remplaçait !
C'était une déferlante, un tsunami terrassier.

Le travail avançait vite, à ce train là, et notre terrain accidenté se comblait à vue d’œil.
Nous étions contents, un peu débordés par cet afflux inattendu, mais satisfaits de voir l'affaire prendre si rapidement belle tournure.

Les voisins, arrivés en ce début d'été pour profiter des loisirs de la campagne tranquille, voyaient tout ça très différemment, évidemment...
Le Chemin des Crêtes par ces magnifiques journées de la fin du mois de juin, ressemblait à la lune. Tout y était gris de poussière. Quand enfin les camions cessaient leurs navettes, un silence ahuri et saisissant vous tombait dessus.

Ces gens n'y tenaient plus. C'était compréhensible. 
Nous aurions bien voulu terminer nos travaux au plus vite. Nous en avions l'opportunité avec ce chantier. Nous n'en aurions pas de sitôt un autre de la même envergure.
Reconnaissant l'ampleur des désagréments occasionnés en cette période de vacances estivales, nous nous résignâmes à ralentir la cadence, dépités mais conscients de la légitimité des récriminations de la partie "adverse".

Une réunion de crise fût organisée en mairie. Je n'y étais pas. Je ne suis intervenue que plus tard, en fin d'année.
J'ai tout de même le déroulé des opérations, vous pensez bien...

Voici une première pièce, authentique et certifiée :



































Ah ! Encore mes numérisations obliques !

Allez, allez, ne faites pas votre mauvaise tête, tordez un peu le cou, ajustez vos lunettes, et tout ira bien !


Vous noterez au passage l'intervention, déjà, d'une antenne de la jardinerie dans cette affaire.
Mme Faizon, citée ici, est la petite-fille de Germain Lafitte, fondateur des pépinières du même nom, pour lesquelles je travaille, maintenant.
Comme quoi, nous étions un peu prédestinés...

Au passage aussi, les propos du Mr R, qui comptait 400 à 500 camions par jour, sur le Chemin des Crêtes. Y en a-t-il seulement autant à la gare de péage de Biarritz la Négresse ?
Cet homme, aujourd'hui disparu, a toujours eu tendance à exagérer. Paix à son âme.

La mairie, sans doute harcelée par les voisins excédés, mélangeait un peu ses pinceaux. Elle évoquait des arrêtés de circulation, certes réels, mais ne concernant pas le Chemin des Crêtes :








Une petite approximation géographique de quelques kilomètres, pardonnable compte-tenu de la tension du moment.

J'imagine aisément le roquet Mr R jappant quotidiennement dans tous les bureaux de la mairie d'Urrugnne, à tel point que pour le faire taire, on lui jeta un os, trouvé là par hasard.














L'erreur sur l'arrêté en question ne fut pas immédiatement repérée.
Par contre, sa mise en application entraîna quelques problèmes.

En effet, le Chemin des Crêtes dessert la décharge publique de Labourénia, alors en pleine activité.  Des camions autres que les nôtres l'empruntaient plusieurs fois par jour. Ces camions là transportaient eux aussi de la terre et des gravats. Simplement, ils s'acquittaient de la mise en décharge à Labourénia, auprès des services de la même municipalité, qui prétendait leur en interdire l'accès. Le chien qui se mord la queue...

Mince ! Des dérogations furent accordées, tous azimuts :







Pas une journée à la mairie d'Urrugne, sans une demande de dérogation, pour permettre aux plus de 7.5T de circuler sur le chemin des Crêtes.

La matrice de la lettre type devait être sur le haut de la pile des dossiers en instance.
Dans le désordre de la distribution, on en envoie même une à mon frère aîné !

















Ah ça ! on n'est pas en reste !
































Amusée de ces désordres rocambolesques, je tente ma chance, au nom de mon autre frère, histoire de maintenir la fourmilière en activité.

Ce sera mon premier échange épistolaire, au nom de mon frère, avec la mairie d'Urrugne.
D'une sobriété exemplaire :



Le premier d'une longue série.

Dans un crescendo flamboyant et inattendu.
Des moments de tension, des rires, des grincements de dents.
Je vous raconte la suite, prochainement...





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