mardi 29 décembre 2015

CHEMIN DES CRÊTES : NOS CHERS VOISINS...



Bonjour à tous !

En ces tous derniers jours de l'année, le vent du sud nous a fait quelques frasques à Agorreta.
Quelques plaques envolées, rien d'inquiétant, une ou autre toiture un peu échevelée. L'ordinaire, dans ces vieux bâtiments quelque peu délabrés.








Là, nous sommes revenus au calme. La pluie est annoncée, paraît-il. Elle sera bienvenue. La sécheresse incongrue en cette saison n'est pas une trop bonne affaire.









Un petit saut dans le temps et hop ! retour Chemin des Crêtes, en ce bel été 2003, aride et chaud, souvenez-vous...






Oronos, évoqué dans les derniers articles, fût l'un des volets de ce triptyque rural. Non des moindres !
Notre grand tout fou nous fit passer par tous les échelons émotionnels, du rire étonné à la colère noire. 
Nous nous étions presque attachés à ce grand escogriffe, à force de côtoyer ses folies douces, et moins douces.

La mairie d'Urrugne nous offrit elle aussi l'occasion d'échanges variés et enrichissants. Nous apprîmes beaucoup en cette période. Nous fîmes des rencontres imprévues et intéressantes, dans les hautes salles vétustes de cette mairie si typique de notre belle contrée.
J'y reviendrai, vous pensez bien.

Pour aujourd'hui, par souci d'un semblant de méthode, après Oronos, j'ai envie de vous détailler un peu la troisième entité de notre tragi-comédie des Crêtes : les voisins.





Nous les englobions dans une même bulle. La même source du même genre d'ennuis.
Pourtant, ils étaient bien différents les uns des autres.
Ils se cachaient volontiers derrière les boucliers officiels, mairie ou police nationale.
Ils n'aimaient pas avoir directement affaire à nous. Les quelques réunions organisées par les services municipaux les voyaient se regrouper frileusement autour des représentants de l'autorité légale.

Ils devaient nous prendre pour des délinquants, des sauvages, ignorants de toute règle. A ne pas trop approcher, comme les bêtes fauves. 
Seigneur, nous, braves paysans inquiétés du premier recommandé reçu, affolés de la moindre convocation en mairie. Nous, démunis face à une adversité si imprévisible.
En réalité, ils nous semblaient tout-puissants, alliés des décideurs. Et nous devions leur paraître inquiétants.
Des peurs face à face, des méfiances et des soupçons. Rien de bon...

Seuls, Mme et Mr M. nous reçurent un jour chez eux, à ma demande.





Nous traversâmes la maison, de larges pièces claires et vides, après une immense porte en fer forgé ovale.  Cette même porte vola en éclat, un matin, soufflée par une explosion de bombe artisanale. D'autres que nous devaient avoir maille à partir avec ces M...

La propriété est ceinte de murs épais, "gardiennée" par vidéo-surveillance. Comme ses voisines. 
Ces gens-là ne vivent pas bien tranquilles, dirait-on.

Tout de même, Mme et Mr M. nous reçûmes, en délégation, mes deux frères et moi, par un clair dimanche après-midi.
Je voulais établir un contact direct. Ma première approche épistolaire avec Mme et Mr de C n'avait pas été concluante. Ils n'avaient pas donné de suite à mon appel. J'essayai donc Mme et Mr M. en deuxième approche.

Je fus agréablement surprise de la cordialité de leur accueil.
Ils nous firent asseoir au bord de la piscine, et nous proposèrent à boire. Ça ressemblait presque à une visite amicale. 
Très vite pourtant, Mr M. sembla vouloir nous faire dire que notre activité n'était pas agricole, mais commerciale. Tiens donc ! Il insistait, réclamant des détails, s'informant de tarifs, de réglementations. Je sentais le vieux matou aux moustaches dressées.

En première démarche, les voisins s'étaient par mairie interposée inquiétés de savoir si nous n'avions pas de projets de construction, sur notre parcelle CA 70.
Eux-mêmes avaient obtenu des autorisations, là où beaucoup d'autres avant se les étaient vues refusées. Curieux, mais, bon...
Ils se retrouvaient sur la Crête, entre eux, entre gens de bonne compagnie. Ils ne voulaient pas partager le privilège de ce magnifique panorama. Un peu féodal, comme système, non ? Mais tellement courant dans nos verdoyants pâturages...






Ensuite, les nuisances réelles occasionnées par le gros chantier espagnol les avaient fait sortir de leurs gonds. Cette réaction, nous l'admettions, et reconnaissions le bien-fondé de leurs récriminations d'alors.

Depuis, les rotations de camions venant apporter de la terre chez nous s'étaient faites beaucoup plus diluées. Il y avait bien plus de poids-lourds empruntant le Chemin des Crêtes en direction de la décharge municipale de Labourénia, en bout de voie. 

Les nuisances au voisinage n'était pas plus aiguës par le fait de notre activité, que par celle de la mairie. Elles l'étaient même plutôt moins, malheureusement pour l'avancée de notre projet.

Les villas des voisins sont en retrait de la route, et pour la plupart ceintes de façon à atténuer les bruits de circulation. Les jardins sont du côté opposé à la voie. Il faut vouloir voir passer du camion, en se postant au bord du chemin, comme le faisait très régulièrement l'acharné Mr R.
Les revendications de nuisance  se justifiaient mal.

Cependant, les voisins s'intéressaient à nous, à ce que nous faisions, aux possibles bénéfices que nous en tirions. Ils se demandaient si nous ne faisions pas un petit commerce profitable, là, sous leurs yeux. 
Et si, peut-être, il n'y avait pas moyen d'en tirer avantage pour eux-mêmes. 
Là, c'est mon imagination perfide qui parle, évidemment. Vous l'aurez reconnue, la rouée mauvaise...

Jamais les voisins, n'ont, aussi clairement qu'Oronos, manifesté l'intention de ramasser quelques billets au passage. Non, jamais ! Tout au plus Mr de C. s'est-il enquit du prix du terrain agricole, de notre éventuelle intention de vendre... Comme ça, manière d'entretenir la conversation entre voisins, sans penser plus loin. Le bougre !

Je n'avais pas d'éléments de réponse satisfaisants à leur apporter. Que mon frère terrassier se fasse rémunérer pour son travail, que les entrepreneurs impliqués trouvent entre eux des arrangements financiers, je n'en avais cure. 
Moi, je voulais une parcelle cultivable. Je n'avais sûrement pas les moyens de prendre en charge le financement des travaux nécessaires à cet objectif.
J'avais cette opportunité de concilier mon projet et mes capacités à le mener à bien. Je n'allais pas la laisser passer !

Nous étions avec mes deux frères une entité diffuse, une hydre à plusieurs têtes. L'un propriétaire, l'autre exploitant, le troisième maître d'oeuvre. Personne ne s'y retrouvait trop bien. Les amalgames se multipliaient. Nous ne faisions pas grand chose pour éclaircir la situation, honte à nous !
C'était amusant, ces changements de pieds, ces volte-faces. Une petite danse arythmique et surprenante, pour tous nos interlocuteurs, un peu perdus au milieu d'autant de Legorburus...

Mme et Mr B. crurent avoir rassemblé les pièces du puzzle en un tableau plus facile à cerner. 





Ils firent le rapprochement entre mon activité salariée d'alors, au sein d'un grand groupe céréalier, à l'époque, et un de leurs amis, justement à la tête de l'une des principales filiales de ce groupe.
Cet ami, pour eux, l'un de nos grands patrons, pour moi, se fendit même d'un coup de fil sur mon lieu de travail, pour me parler de mes problèmes de voisinage, Chemin des Crêtes.
Il se fit proprement recevoir, comme de juste ! Je lui rétorquai qu'au magasin, je me devais de prendre en compte ses directives. Et je le faisais. Chemin des Crêtes, j'étais chez moi. Et ni lui ni personne ne viendrait m'y faire autre loi que celles applicables à tous, y compris à ses amis.

Et toc, j'étais toute fière de ne pas avoir plié devant la grande autorité... Je fus mutée, à 80 kilomètres de chez moi, dans le mois qui suivit. Sans lien de cause à effet, évidemment, là encore !

Comme les gens deviennent teigneux, quand ils se heurtent à leurs faiblesses inavouées.
Bah, je fais pareil, et vous aussi, sans doute, non ?

Allez, je vous laisse ici pour aujourd'hui.
Je vous parlerai encore de ces braves gens. Ils méritent que l'on s'y attarde,  un peu, mais pas plus.

A bientôt !






dimanche 27 décembre 2015

CHEMIN DES CRÊTES : LA PLAIE ET SES TOURMENTS



Bonsoir tout le monde !

En ces derniers jours de l'année, l'ambiance est aux fêtes, aux retrouvailles en famille ou entre amis.
Je reviens souvent à mon clavier. Les journées sont dolentes, les soirées longues. J'aime ces temps en intérieur. Comme j'aime ceux en extérieur, à la saison venue. Chaque moment vécu comme bon et bienfaisant.

Continuons sur notre lancée, en flairant de plus près notre redoutable et fantasque Oronos du Chemin des Crêtes, entre 2003 et 2004.




Mes échanges avec ce garçon furent nombreux, divers et variés. Très contrastés.
Nous nous retrouvions aux champs, par ces rendez-vous informels que l'homme décidait seul. Il ne venait m'y retrouver que quand il le voulait. Il me surveillait depuis la maison de sa tante, en face. Et, quand l'envie lui prenait de tailler une bavette en ma compagnie, il arrivait, au volant d'une vieille voiture défoncée, ou à pieds, selon.

Il œuvrait aussi par beau temps sur cette fameuse parcelle en bord de route, qu'il prétendait sienne. En fait, ce terrain, personne ne savait trop à qui l'attribuer. Un certain Ostiz, peut-être, mais pas de certitude, et moins encore que cet Ostiz là était un membre de la famille de notre intrépide Oronos. Un grand flou, quoi, que les services cadastraux ou fiscaux n'ont jamais éclairé.
Oronos aimait les travaux de plein air. Il faisait volontiers des plantations, sur ce lopin de terre ouvert sur le large. Evidemment, ses plants, il n'allait pas les acheter dans une jardinerie, chez Lafitte, par exemple. Non, non, ses plants, lui, il allait les cueillir sur pied, il les glanait, par ci par là. Les jardins des voisins, le Parc Floral Florénia, tout proches, lui faisaient office de magasins.
Il posait des clôtures, avait besoin de piquets. Qu'à cela ne tienne, il en avait à foison, juste à côté, chez nous !
Voulant rétablir la vérité géographique selon son idéal, il fermait un accès ici, ouvrait une voie là. Forcément, dans les accès à fermer, il y avait celui qu'empruntaient les camions pour venir décharger la terre chez nous. Evidemment...







Finalement, les lubies de ce grand gaillard faisaient plutôt bien l'affaire de nos chers voisins. De là à penser que tout ce petit monde entretenait sciemment les utopies de notre grand fantasque, il n'y avait qu'un pas, et vite franchi !
Oronos avait été vu en conversations avec Mme de C, et avec Mr R.
Durant l'une de nos rencontres, il me dit même un jour que "ces gens là payaient bien"...

Sans plus d'éléments, je ne pouvais évidemment pas accuser les voisins de se servir d'Oronos, pour faire cesser notre activité, puisqu'ils n'y parvenaient pas par les voies légales et autorisées.
Mais je pouvais assez sérieusement le penser.
J'imaginais bien la sèche petite Mme de C, s'enflammer pour ce beau jeune homme, un restant de progestérone l'étourdissant suffisamment pour lui faire sortir quelques billets.

Oronos d'ailleurs ne faisait pas mystère de son besoin d'argent. Il ne travaillait pas, d'où tout ce temps libre qu'il mettait à notre disposition. Une petite allocation quelconque ne devait pas suffire à servir ses grands projets. En attendant de devenir millionnaire, quand il aurait vendu ces fameux terrains, le jour où ils seraient, un, à lui, et deux, constructibles, il lui fallait bien quelques subsides.
Il m'annonça au détour d'une autre de nos conversations, son tarif : "quinze euros par camion, et je les laisse passer". 
Tiens donc ! Il m'expliqua qu'en décharge officielle, le prix à payer étant de plus de vingt euros par tonne, soient près de deux-cent euros par camion, il me faisait un vrai prix d'ami, par sympathie... 

Comme dit mon frère aîné, "ces fous, jamais tu ne les vois bêcher dans la montagne, toujours, ils veulent se faire de l'argent sans travailler !!" 
Ce n'est peut-être pas faux, encore que, dans le cas présent, Oronos saisissait volontiers le manche, pelle, pioche ou bêche. Il fallait lui reconnaître ce mérite.

Oronos avait plusieurs registres, dans ces échanges au grand air avec moi.

Par une magnifique matinée,  limpide et ciselée, il s'approcha de moi, venue là voir où en étaient les travaux. Perturbés par les entraves multiples qu'il nous occasionnait.
Il avait un grand chien, mitigé berger et loup. Une jolie bête, puissante en finesse, un peu comme lui.
Ce matin là, Oronos était d'humeur mauvaise.
Il attaqua immédiatement par des menaces, m'interdisant de stationner là.
Il m'abreuva d'insultes bien senties que mes chastes oreilles réceptionnèrent. Il me promit quelques sévices, sexuels et autres, de toutes natures, mais tous assez douloureux.
Pour conclure, posant une grosse pierre sur un piquet de bois devant lui, arraché quelques jours plus tôt de notre clôture, il intima à son chien l'ordre de me mordre.
L'animal n'était pas méchant, et, heureusement pour moi, visiblement pas dressé à l'attaque.
Je m'agenouillai, l'animal vint vers moi, et se laissa voluptueusement caresser l'échine.
Son maître, contrarié, me promit de venir me tuer de ses propres mains.

  - Bah ! lui répondis-je, il faut bien mourir un jour, non ? Alors pourquoi pas ici, et de vos mains...

J'étais dans un état étrange, distanciée de moi-même et de la scène. Très calme, quand j'aurais du être un peu inquiète, tout de même. Je ne saurais pas expliquer pourquoi. 
Oronos perçut ce détachement, et me lança, jetant son gros caillou à terre :

  - Mais, vous êtes encore plus folle que moi, vous ! Je vous aurai, un jour !

Ma foi, ça repoussait le terme fatal à une autre fois.

Oronos était en fait un individu violent. Il lançait des pierres sur les pares-brises des camions, au risque de blesser le chauffeur. Il avait frappé sa grand-mère, bousculé sa tante. Une vraie famille à tempérament ! La tante dont je fis connaissance plus tard, était aussi agile qu'une jeune fille, quand elle approchait les quatre-vingt printemps. Incroyable !

Durant le printemps et l'été 2004, encore, il dégradait les clôtures, écrasait le foin en roulant dessus avec sa voiture. 





























Il était suffisamment mauvais pour s'en prendre à des arbres, les écorçant sur tout leur périmètre pour empêcher la sève de circuler, et faire ainsi périr les chênes.

































Oronos fut notre plaie, ces deux années là.
Oronos plantait des piquets dans le bitume, au travers de l'entrée de notre champ.
Oronos empêchait un camion de béton contrôlé de livrer sa marchandise, finalement bonne à jeter d'avoir trop attendu dans la toupie.
Oronos caillassait les camions.
Oronos faisait déposer des troncs d'arbres sur le chemin.
Oronos, Oronos, Oronos...

Cet été 2003, il a fait chaud, très chaud. Souvenez-vous, la canicule, fatale à je ne sais combien de pauvres vieux isolés.
Oronos, perçait de sa barre à mine le goudron, son polo roulé en turban autour de sa tête, au plus chaud de la journée.
Les policiers appelés le sommaient de s'arrêter. Il continuait. Puis, relevant le front, s'interrompait : "Ah oui", disait-il.
Puis, venaient les discours, les négociations : "Je suis sur un terrain privé, vous n'avez pas le droit d'intervenir". Les policiers reculaient, dépités. Et nous, donc !
Oronos nous apprit ainsi deux trois choses, dont ma foi je fis profit, à une ou autre occasion. Je vous raconterai, si je ne l'ai pas déjà fait, me semble-t-il. Je me perds un peu moi-même dans ce "bloc" touffu, maintenant...

Pas une semaine ne se passait sans que nous ne nous rendions au commissariat, porter plainte pour une énième exaction. "Ne vous découragez pas" nous disait-on. Il faut multiplier les plaintes. Ca finira par aboutir. Hum...
Nous rencontrâmes à ces occasions des gens charmants, un Major Huet adorable, un Groundt, je ne suis pas sûre de l'orthographe, là encore, complètement va-t-en-guerre.
Un immense soldat en uniforme se déploya devant nos yeux ébahis, un torride dimanche après-midi, dans la salle d'attente où nous patientions pour la ixième fois.
Un vrai travail à plein temps, où je ne me faisais pas relayer aussi souvent que je l'aurais voulu par mes frères. Ils faisaient ce qu'ils pouvaient, pourtant.
Il faut dire que l’énergumène sortait du lot. Et la situation nous laissait démunis.

Curieusement, les voisins, présents, n'entendaient ni ne voyaient rien. Une tronçonneuse vrombissant à plein régime au beau milieu de la nuit, ne les réveillait pas.
Oronos arrachant des piquets, jetant des pierres à de braves chauffeurs ahuris et effrayés, rien de tout cela ne les faisait réagir. Fallait-il que ces gens soient sélectifs dans l'appréciation des nuisances qui les dérangeaient... Enfin !

Avec un tel phénomène, nous ne savions plus à quels saints nous vouer.
En désespoir de cause, j'invoquai carrément le Bon Dieu, en la personne du futur président Nicolas Sarkozy, (futur d'alors, pour maintenant, c'est un peu tôt pour le dire...) ministre de l'intérieur de l'époque :





























Perdus, nous étions perdus et désemparés.
Ce garçon nous rendait tous aussi fous que lui.
Je faillis l'écraser un jour, au volant d'une grosse machine que je ne maîtrisais pas, toute à ma furie.
Cela me valut une convocation au commissariat pour tentative de meurtre, rien que ça !

Je ne vous raconte pas tous les débats que nous eûmes, tous les plans que nous échafaudâmes, dans le seul but de nous débarrasser de notre ennemi public numéro un local.

Finalement, nous nous retrouvâmes tous devant les tribunaux.
Evidemment, le garçon n'étant pas solvable, nous ne verrions jamais l'ombre des dédommagements qui lui furent réclamés.
Il fut  emprisonné, quand, après avoir fracassé la machine à café du commissariat, ce qui fit bouger les choses bien plus que toutes nos clôtures, foins et arbres arrachées, écrasés, et saignés, il s'en prit physiquement à un ou autre agent de la police nationale.

Au moins, grâce à Oronos, nous fîmes l'expérience des cours de justice, et de leur théâtralisation.
Le tribunal de Pau, particulièrement, me parût être une scène avantageuse, une tribune propre à exprimer mes talents de comédienne-née. Cela me plût beaucoup. Même si j'aurais préféré ne pas avoir eu à me débattre au milieu de tant de tracasseries, pendant deux ans,  pour en arriver là.

Finalement, Oronos disparût enfin de notre paysage. Paix à son âme.
Et aux nôtres...

A une prochaine fois !







samedi 26 décembre 2015

CHEMIN DES CRÊTES : ANGE OU DÉMON ?




Bonjour à tous les suiveurs de ce "bloc", et bienvenus aux visiteurs de passage !






Les journées se succèdent, magnifiques, en cette fin d'année 2015.

Pas de pluie depuis plusieurs semaines. Mon navet commence à prendre triste tournure. les feuilles se dessèchent, se recroquevillent sur leur misère. Elles perdent ainsi moins d'eau. Le bulbe n'a pas besoin de grand chose, en cette saison. Il conserve sagement sa ressource. A la première averse, au retour de l'humidité de saison, il pourra de nouveau espérer restituer un peu de vigueur à ces pauvres feuilles en souffrance pour le moment. Elles redéploieront une végétation généreuse.

La nature est bien faite. 
Elle sait ce qu'elle peut, et ne demande pas plus, dans sa grande sagesse...
Ne devrions-nous pas prendre exemple ? 
Et oui... mais bon, nous sommes humains et imparfaits, n'est-ce pas ?


Revenons à notre Chemin des Crêtes.

Et retrouvons notre personnage du moment, ce brave Jean-Christophe Oronos.
Je n'orthographie peut-être pas toujours correctement son nom. Une fois Oronos, comme "ya" un os, ou alors Oronoz. Je m'excuse auprès de lui de cette approximation. Qu'il ne la prenne surtout pas en mauvaise part.
Dans la même veine, Jean-Dominique Boyé devient parfois Boyer, d'aboyer, peut-être ?
Encore une fois, je suis confuse, mais pas tant que ça...

J'ai fait connaissance de ce charmant jeune homme, en ce  début de mai 2003.
Le premier jour où je l'ai vu, nous avons devisé, dans le soir tranquille.
Je ne pouvais pas m'attarder trop longtemps.

Je me souviens bien de cet échange.
Je vous l'ai raconté, je repartais, au volant de ma petite voiture, après avoir fait demi-tour sur le Chemin des Crêtes, en face de la villa de Mr et Mme de C, à la sortie de notre champ :




Il pluvinait légèrement ce soir là, une de ces pluies légères et feutrées de printemps.

J'avais à peine dépassé cette maison. 
Je pensais déjà aux petits travaux dont je devais m'acquitter en rentrant à la ferme.
Assistance à ma mère, rentrée des vaches, petite préparation de la logistique familiale pour le lendemain.
Mon petit quotidien de l'époque, pas tellement différent de mon petit quotidien d'aujourd'hui.

Ma défunte mère en moins, mon vieux père en plus.

Soudain, je vois surgir à ma droite, une ombre longue, comme sortie de nulle part.
En fait, l'ombre se tenait dissimulée dans la haie de la deuxième villa. L'homme devait m'avoir surveillée, tapi dans la végétation. Il se montrait, avant que je ne reparte.

L'animal adorait ces apparitions surprises. Un vrai gamin ! C'était saisissant, de le voir se matérialiser, subitement, là, où on se croyait seul. 
Les membres de la famille Picabéa, dont j'ai parlé plus haut, et d'autres encore, étaient impressionnés par cette faculté d'apparition soudaine.
Ils ressentaient vraiment le phénomène comme l'incarnation d'un démon, une magie noire et inquiétante.

Oronos s'en amusait, visiblement.
Je fus moi-même surprise. Pas tellement inquiète, puisque, en venant là ce soir là, j'espérais bien rencontrer notre nouvel os du moment, sur la parcelle CA 70, maintenant fameuse.

Je me garais obligeamment à hauteur du jeune homme.
Il portait un ciré, et sa silhouette encapuchonnée participait du spectacle qu'il tenait à m'offrir.

J'ouvris ma portière, il s'approcha.

Oronos était grand, bâti en force. Je le pensais plus jeune. Il avait à l'époque moins de quarante ans. J'ai appris par la suite qu'il était plus jeune que moi de 3 ans. 
Il avait donc en 2003 trente-cinq ans. La pleine force de l'âge.
Ses cheveux encadraient son visage en boucles brunes, drues et désordonnées. Il avait un air très romanesque, à la Chateaubriand.
Son regard était sombre, mais direct. Son sourire un peu désarmant, quand il lui prenait l'envie de l'offrir. Rarement, comme je pus le constater durant l'été.

Je le sentais un peu désappointé de ne pas me voir plus impressionnée par sa vision. En fait, je tâchais de paraître très tranquille, quand je ne l'étais qu'à moitié.

Nous étions seuls sur ce chemin désert. Je ne connaissais l'individu que par ses frasques de l'après-midi, rapportées par mon frère. Se mettre en travers de la route de camions, imposer à des travailleurs de faire demi-tour, sans plus d'éclaircissement sur ses motivations, ne me paraissaient pas être des signes très favorables à nos intérêts. 
Je ne savais pas encore ce qui nous tombait dessus avec cet Oronos. Je pouvais raisonnablement supputer que ce n'était pas la meilleure chose de la terre...

Je ne me trompais malheureusement pas !

Pour cette première entrevue, je choisis de mettre les chances de mon côté. Muselant une agressivité montante, je  me fis bien urbaine :

      - Bonsoir, voudriez-vous me parler ?

N'était-ce pas entrée en matière fort civile ?

Oronos s'appuya du coude sur la portière. Il se pencha vers moi, restée assise au volant.
J'éteignis le moteur.

       - Bonsoir, oui, je crois que j'ai des choses à vous dire.

Bien... Le dialogue était amorcé. Tous les négociateurs de situations de crise vous diront que c'est un préalable encourageant.

       -  Je vous écoute.

       - Vous êtes la propriétaire de ce terrain ?

       - Non, j'en suis l'agricultrice. Le propriétaire, c'est mon frère.

       - Ah... mais je préfère quand même parler avec vous.

Très honorée ! 
J'avais perçu son hésitation. Il ne fallait pas que le bougre me file dans les pattes, maintenant que je l'avais à portée.

       - Je m'occupe des opérations de remblaiement. Si vous avez des choses à dire là-dessus, nous pouvons en parler ensemble.

Il me regardait intensément, me jaugeant aussi attentivement que je l'évaluais.

Il commença alors par me parler de l'arrêté municipal faisant interdiction aux poids-lourds de circuler sur le Chemin des Crêtes. Il avait bien noté, lui, la mauvaise localisation du premier arrêté, celui de 2000. Il semblait très attentif à la géographie des lieux, et très désireux de partager cette science à qui voulait l'entendre, moi, en l’occurrence, ce soir là.
Je le laissai parler. 
J'avais dans la voiture un petit dossier administratif, à disposition des uns et des autres. Quand, par exemple, les forces de police intervenaient, au débotté, je voulais pouvoir leur présenter les éléments sur l'instant.
J'extirpai donc l'arrêté en question d'une liasse d'autres documents.
Je fis remarquer à mon interlocuteur la mention de la dérogation prévue pour les activités agricoles. Assez cohérente, s'agissant d'un chemin "rural".
Oronos se montra vivement intéressé. Il se rapprocha encore, et, pour ne pas risquer de mouiller le feuillet que je lui tendais, il fit de son ciré un petit abri, sous lequel nous étions tous les deux comme deux oisillons au nid.
Il me détailla un point de vocabulaire, m'expliquant : voyez, seuls "dérogent", signifie "ne sont pas concernés".
Au cas où j'aurais des lacunes dans la bonne connaissance de la langue française... Moi !
Je ne relevai pas cette indélicatesse, et me montrai au contraire reconnaissante de cette science dispensée ainsi.

Tout ça commençait à durer, et je voyais le temps passer, sans avancer beaucoup dans la résolution de mon problème, à savoir : que venait faire Oronos dans mon affaire ?

       - Dites-moi, tentai-je, cet arrêté, son application, en quoi vous intéressent-ils ?

Je ne voulais pas lui jeter : qu'est-ce que ça peut bien vous faire, espèce d'empêcheur de tourner en rond ?! mais je n'en pensais pas moins, je vous prie de le croire...

Et le voici parti à m'expliquer qu'il existait sur les anciens plans un chemin, en bordure de notre champ. Ce chemin reliait la propriété de sa tante, en face, à un terrain abandonné, juste à côté de notre parcelle. Ah... Et alors ?
Et alors, si nous remblayions notre parcelle, le chemin, qui avait existé mais n'existait plus, disparaîtrait. Tiens, donc !

     - Ce chemin, n'est pas sur notre parcelle, il la longe, n'est-ce pas ? Nous ne touchons pas l'endroit où il était, et n'est plus...

       -  Oui, mais comme je ne sais pas au juste où il était, je ne veux pas que les traces disparaissent.

           - Quelles traces ? Je vois l'accès à notre champ, et cette descente où nous passons en tracteur pour aller à l'autre, en contrebas.











Oronos scrutait le paysage. Son "chemin", il le voyait sûrement très bien dans ses rêves, mais pas tellement devant ses yeux.

       - C'est ça, c'est ça ! me dit-il. Si je le laisse se perdre, jamais mes deux propriétés ne seront réunies. Avec l'évolution du foncier, ce terrain ici deviendra constructible, il vaudra de l'or ! Vous comprenez, je vais devenir millionnaire !!  Mais pour ça, il me faut ce chemin...

Le garçon s'emballait gravement. Je le voyais partir dans un délire maniaque caractérisé. Je connais un peu ces symptômes, par expérience.
Ses histoires de terrains, de propriétés à réunir, de millions  à recevoir tournaient dans la tête de ce bon Oronos comme mille lucioles survoltées. Ses neurones crépitaient, allumant des étincelles inquiétantes dans ses yeux  dilatés.
D'accord, compris-je alors. Le garçon est un peu désordre dans sa tête. Ses idées s'ordonnent comme ses boucles de cheveux. Aïe, Aïe, Aïe...

Raisonner une telle fantaisie s’avérerait difficile. La police, la mairie, les voisins, ça n'était pas gagné d'avance. Mais là, c'était un sacré raidillon à surmonter, pour le coup.

       - Ces terrains sont à votre tante, pas à vous...

Je lui parlai doucement.  Je marchai sur des œufs. Ce genre d'observation n'allait pas l'amadouer !

Il m'expliqua alors que oui, oui, pour le moment, ils étaient à sa tante. Mais que les partages n'étaient pas finalisés. Ils duraient depuis trente ans. Et il se faisait fort de faire plier la vieille tante. Mon Dieu Seigneur ! Quelle histoire nous tombait dessus, avec une famille d'acharnés de ce genre ! 
Déjà, les Picabéa, fâchés entre eux, puis en procédure avec la mairie depuis des décennies, ça paraissait un joli nœud d'embrouilles.
Ceux-ci n'étaient pas bien mieux ! 

Je vous le dis, ce Chemin des Crêtes, un vrai nid de vipères endiablées. Un petit Beyrouth de la pire époque, avec cratères de bombes et fumées d'incendies  à tous les coins de rues.
Il y a des endroits, comme ça, où toutes les passions mauvaises se retrouvent cristallisées en une masse sombre et explosive.

L'heure s'avançait, je devais rentrer.

    - Ecoutez, lui dis-je, ça m'a fait plaisir de vous rencontrer, et ce que vous me dites m'intéresse beaucoup. Seulement, là, je dois rentrer à la ferme. Voulez-vous que nous nous revoyions un de ces jours ?

    - Bien-sûr, bien-sûr ! Moi aussi, j'aime bien parler avec vous. Quand je vous reverrai par ici, je reviendrai.

Cette manière de rendez-vous ne m'étonna même pas. Je commençai à m'attendre à un peu tout, venant d'un pareil personnage.

J'étais loin du compte...

Je vous raconte, plus tard.

Profitez-bien de cette trêve des confiseurs, en attendant. Et réjouissez-vous de ne pas croiser un Oronos trop souvent !



vendredi 25 décembre 2015

JOYEUX NOEL !




Bonjour à tous !





Le premier des cadeaux de ce jour de Noël a été ce clair de lune magnifique.
Une lueur franche et pure a éclairé cette nuit magique.

Je n'ai pas réveillonné. Mon père s'est couché tôt. Et je n'ai pas tardé non plus.
Ce matin, j'étais parfaitement fraîche et dispose, pour admirer encore notre belle lune, à peine voilée de brume matinale, sur la baie scintillante de Fontarrabie.

Malgré les conseils avisés de Jean-Michel, je ne parviens toujours pas à présenter de clichés potables. Le miracle de Noël n'aura pas lieu, cette année encore, à Agorreta. je resterai incompétente...







La journée s'annonce magnifique.
Puisque mes images ne rendent pas cette beauté, allez la cueillir vous-même...

Quand vous vous serez remis de bien pardonnables excès, vous pourrez voir, et savourer, de vos propres yeux et de tout votre être.





C'est ce que je m'apprête à faire. Quelques petits travaux, légers et agréables, puis, promenade au grand soleil avec les chiens, dans cette douceur offerte elle aussi en cadeau.

A une prochaine fois, et très joyeux Noël pour tout le monde !

mercredi 23 décembre 2015

CHEMIN DES CRÊTES : LE COLLECTIF DONGOCHENIA



Bonsoir à tous les suiveurs de nos aventures palpitantes !




Je vous le disais la dernière fois, début juin, Chemin des Crêtes, un ange noir nous était tombé du ciel.
Pour vous comparer l'effet, nous pourrions évoquer un diable sorti de sa boîte, une comète fulgurante creusant par sa chute inouïe un cratère dans le désert du Nouveau-Mexique...

Nous étions sidérés devant cet incroyable coup du sort :
D'où nous sortait ce terrible et ténébreux Oronos ?
Que venait-il faire dans cette galère ?

Nous n'y comprenions rien.

Le soir du jour où mon frère m'avait appelée au magasin, ce jour où ce démon s'était matérialisé en un beau et sombre jeune homme à boucles brunes, je fis le détour par le Chemin des Crêtes, en rentrant du travail.
Je le faisais d'ailleurs pratiquement chaque jour, tant je me sentais investie de ma mission de déesse protectrice des lieux. 

Personne à l'horizon. Je fis demi-tour, et m'apprêtai à rentrer à la ferme, où ma mère malade et mes bêtes m'attendaient alors.
Sur le chemin, le diabolique Oronos m'apparut, surgi des broussailles !
Il était coutumier, je m'en rendrai compte plus tard, de ces apparitions brusques et inattendues. Il aimait jouer avec l'effet de surprise, le taquin !
Je ne le connaissais pas. La description de mon frère, sa présence, me le firent présumer incarnation de ce nouveau problème sur le site...
Nous devisâmes calmement, agréablement, presque. Il m'expliqua ses raisons. 
Je vous dévoilerai dans mon prochain article nos propos, ce jour là et plus tard, puisqu'il y eut de nombreuses rencontres, de toutes sortes, et sur tous les tons.

Pour aujourd'hui, sachez seulement que l'individu était bien connu dans le voisinage.
Plusieurs riverains, autres que nos chers voisins immédiats, se manifestèrent et se rapprochèrent de nous.
La famille Picabéa, particulièrement, vint grossir nos rangs.Ils avaient eu maille à partir avec notre beau ténébreux, et voulaient saisir l'occasion de notre entrée dans l'arène, pour tâcher de mater le lion.

Je vous montre ici le courrier que nous adressâmes à la mairie d'Urrugne.





De nombreux feuillets accompagnaient celui-ci, détaillant les doléances des uns et des autres.

Dans la foulée, je me fendis d'un appel à la mère-justice :





J'étais partie. Accrochée, ferrée. Je ne pouvais plus lâcher prise. La confiance que tous ces gens mettaient en moi me portait au delà de moi-même. C'était grisant... 
Je m'amusai comme une folle, même si les tensions étaient réelles, et les situations parfois pénibles.

Je fis à la mairie d'Urrugne la connaissance d'une pièce maîtresse de notre échiquier rural : Mr Jean-Dominique Boyé :










































































C'était parti pour une sarabande endiablée, des échanges de courrier, des entretiens, des coups de fils.

Une mouvance tonique et fluctuante.
Une danse où tout le monde perdait ses pas par moments.






















Mais où chacun était persuadé d'entendre la seule vraie musique.
Comme on l'est tous, bien trop souvent...

Je vous laisse ici pour ce soir, et vous retrouve bientôt.

Passez un joyeux réveillon de Noël, goûtez aux joies simples de vous sentir vivants, et capables d'émotions.

A bientôt !

dimanche 20 décembre 2015

CHEMIN DES CRÊTES : ORONOS ENTRE EN SCÈNE.



Bonsoir à tous !





je vous ai cueilli ça tout frais ce matin :



Un incendie flamboyant sur notre placide Mère-Rhune encore enténébrée.
















La baie sort de la nuit, toute rose d'un plaisir rentré.

Un moment magique, à saisir.
J'y étais. Peut-être vous aussi, leviez-vous le nez à ce moment là.

Sinon, laissez résonner en vous les fulgurances d'une aussi majestueuse beauté, bien imparfaitement révélée par mes clichés hasardeux.



Je retourne à notre Chemin des Crêtes, en mai 2003.

Je vous le disais, nous étions dans une phase aussi flamboyante que le ciel de ce matin sur Agorreta.
Nous bravions les autorités, nous avions eu gain de cause, nous ne nous étions pas soumis.
Dans la guerre entre le pot de terre et le pot de fer, le pot de terre avait résisté. Alléluia !!

Nos camions continuaient d'amener de la terre sur la parcelle CA 70. Au gré des chantiers locaux, cahin-caha, le travail avançait.
Je me sentais importante, pivot central entre les chauffeurs, les entrepreneurs, les agents de police et autres intervenants plus ou moins officiels.
Ça faisait du bien à mon ego...

Grands seigneurs, nous nous permîmes même d'être magnanimes.
Consciente qu'il nous faudrait bien d'une manière ou d'une autre intégrer dans notre paysage ces maudits voisins perturbateurs, je décidai de prendre contact avec les plus proches d'entre eux, Mr et Mme de C :



Leur villa se trouve juste en face de l'entrée du champ alors à remblayer.
Ils étaient les plus légitimes dans leurs revendications de nuisances, puisque les camions tournaient et se croisaient juste devant chez eux.












Très courtoisement, je tâchai de les intéresser à notre projet.

J'espérai trouver une sortie de crise à nos relations par autorités interposées.
Nous pouvions nous parler, discuter, nous arranger, me disais-je...
Ma petite menace voilée en fin, représentant un camp de gais gitans à quelques pas de leur belle demeure, n'était peut-être pas très adroite.
Je le reconnais. Mais, bon !
















Leur réponse ne fût pas excessivement chaleureuse.
Ils se retranchaient derrière leur "conseil", les "voisins" l'arrêté municipal.

Comme derrière leurs murs...

Nous nous moquions bien du mariage de la pintade issue de ces volailles caquetantes, mais nous prîmes le parti, pour apaiser les choses, d'arrêter nos navettes toute la semaine autour du grand événement.
D'après nous, une grande démonstration de bonne volonté.





Nous pensions avoir fait les choses au mieux.
Les autorités n'arrêtaient plus nos camions, les voisins devaient être d'après nous dans de bonnes dispositions, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Un beau jour, de ce même mois de mai printanier, j'étais au magasin, vaquant paisiblement, quand mon frère aîné me demande au téléphone.
Nous étions en liaison radio quasi constante, entre les chauffeurs  à rassurer, peu décidés qu'ils étaient à se risquer sur ce Chemin des Crêtes semé d'agents de police, et autres aléas toujours possibles en ces temps tourmentés.

  - Il y a un type qui barre la route aux camions, me dit-il, un peu essoufflé.


  - Un policier ?

  - Non, non, un jeune, je ne sais pas qui c'est.

  - Qu'est-ce qu'il veut ? Qu'est-ce qu'il dit ?

  - Que les camions ne doivent pas passer. Il est au milieu du chemin, avec sa voiture, et il ne veut pas bouger.

   - Passe-me le.

Je reprenais mon rôle de chef de guerre. Je m'y croyais...

   - Il ne veut pas te parler. Il dit qu'il reste là, et c'est tout.

Quelques parlementaires n'aboutirent pas. Les chauffeurs firent demi-tour, sous notre nez, encore une fois.

Je tombais des nues. Comme ce garçon nous tombait d'un mauvais ciel.
Jean-Christophe Oronos, en chair et en os, entrait dans l'arène...






















vendredi 18 décembre 2015

CHEMIN DES CRÊTES : FÉVRIER A MAI 2003




Suiveurs des nouvelles d'Agorreta, bonjour !






Encore une journée magnifique en perspective à Agorreta !
Quel bienfait, cette douceur en cette fin d'année...

Tout le monde en profite :





Mon père, Zaldi, les chiens, bêtes et gens réunis dans un même bien-être !

Evidemment, la température n'est pas de saison. Et alors ?
Allons-nous bouder pour autant notre plaisir ?

Non, non, non !
Prenons ce qui nous est donné, sans chercher à comprendre plus loin, et ce sera tout aussi bien, n'est-ce pas ?



Je reviens à notre Chemin des Crêtes, en 2003.
Tout ce printemps là fut mouvementé.
Les tensions et les pressions se faisaient sentir, de toutes parts, sans trop se manifester ouvertement, aiguisant par cette dissimulation leurs flèches empoisonnées.
Les intervenants avançaient masqués.
Les coups bas et les retours de manivelles se chahutaient.

Je ne sais plus qui remarqua enfin l'erreur de localisation de l'arrêté de circulation pris par la mairie d'Urrugne en 2002 :






Evidemment, nous fîmes profit de cette information !
Les services de police, houspillés par notre infatigable Mr R, envoyaient leurs agents inoccupés Chemin des Crêtes.
Les chauffeurs des camions étaient arrêtés, et devaient faire demi-tour, puisque l'autorité en uniforme les sommait de le faire...

Ca ne faisait évidemment pas notre affaire, de voir ainsi du bon et sain matériau nous échapper sous le nez !

Quand nous apprîmes que l'arrêté était mal localisé, nous en fîmes des gorges chaudes.
Munie d'un plan détaillé, je me rendis au commissariat de police hendayais, pour leur faire remarquer leur erreur.

Amusés de la survenue de cette petite bonne femme insignifiante, mais amusante, dans leurs locaux, ils m'écoutèrent, et me confirmèrent que, dorénavant, les camions pourraient circuler librement, Chemin des Crêtes.
Une belle victoire pour notre camp !

Evidemment, nous dûmes déchanter assez vite, malheureusement.
Les voisins n'allaient pas se laisser désarmer aussi facilement, et non !

Le 26 février 2003, le conseil municipal de la mairie d'Urrugne, prit en urgence un nouvel arrêté de circulation, mieux ciblé celui-là :





Et toc !
Revers du gauche !

Mince, notre parade n'avait pas fait long feu...

De nouveau, les agents de la police nationale vinrent goûter aux joies de la campagne, interdisant aux poids-lourds de circuler Chemin des Crêtes, selon l'arrêté du... tatati-tatata.

Mince et re-mince !

Je commençai à me prendre à ce jeu.

Vous me connaissez, quand je commence quelque chose, j'ai une légère tendance à m'emballer, à me prendre d'une passion dévorante pour le sujet.

J'avais goûté cette gourmandise. Je commençai à m'y amuser.
Je n'allai pas m'en décrocher à la première escarmouche !

A la lecture de ce second arrêté, je notai cette petite dérogation faite pour desserte des exploitations agricoles.
Je m'entichai alors de lectures aussi passionnantes que le Code Rural, le Code de l'Urbanisme, le Code Civil, et autres volumes traitant de réglementations compliquées.
Une véritable passion me prit pour la recherche de toutes ces informations pour nous précieuses, au milieu de ce fatras indigeste.
J'y passai des heures, me réveillant au milieu de la nuit pour vérifier un point, ou en confronter un autre.
Je devenais une véritable acharnée des réglementations, municipales et autres.

Je n'eus pas grand mal à trouver la bonne réponse à ce triste arrêté :






Puisque la mairie distribuait des attestations à tout-va, puisqu'elle consentait des dérogations dans tous les sens, pourquoi ne le ferais-je pas, moi ?

Je vous le dis, j'étais possédée d'un démon. Je me jetai dans cette petite bataille rurale, telle la Sabine sur le front des barricades.
Je me sentais vivre, je me sentais de taille à lutter contre les autorités, les pouvoirs en place, et la suffisance de la terre entière !

Rien ne me paraissait pouvoir nous arrêter.
Et, pendant un temps, en effet, rien ne nous arrêta...

Peu de temps, en fait...

Je vous raconte ça la prochaine fois.
Là, je vais promener ma mini-meute dans la douceur de ce jour de grande paix.