jeudi 27 juillet 2017

RESPIRATION



Bonjour !

J'ai organisé ces derniers jours autour d'un petit chantier de rénovation de la vieille cuisine de la ferme.
Un de ces projets prenants et exigeants, auxquels j'essaie de ne pas totalement m'asservir maintenant...
J'y arrive, à peu près.
Mes finitions, elles, sont restées... déconcertantes.
Qu'à cela ne tienne, à moi, elles conviennent parfaitement !
Vous savez ce que c'est : on commence ici, té... le résultat n'est pas mal ! Encouragé par ce début prometteur, on continue, puisque, c'est vrai, là aussi, il y aurait bien à faire, allez...
On avance, et, au fur et à mesure, la chance du débutant vous bouderait presque, et, là, cet alignement devient douteux, ce coloris moins heureux, cette pose plus aléatoire.
Non, ce qui pourtant avait si bien commencé, s'annonce moins aisé, plus chaotique, perd en fluidité.
Bah !!
Agorreta est vieille et les traces des années autorisent quelques à peu près. Même, trop réussi, parfait, ce serait intimidant et blessant pour ma vieille dame bien marquée.
Alors, comme pour rien au monde, je ne voudrais la froisser, ce n'est évidemment pas par maladresse, non, évidemment pas, que je commets quelques impairs et fautes de goût, (vous savez, ce goût, affaire de gens hautement autorisés, paraît-il), mais bien par délicatesse, voilà, c'est ça : délicatesse, c'est tout moi, ça !
Et tellement plus digeste, n'est-ce pas ?
Mes erreurs sont à Agorreta chez elles. Ma fougue s'y contient comme un poisson dans l'eau !

Je fais une petite pause dans mon histoire de famille.
Tous ces drames, ces guerres, ces morts, demandent halte, légèreté, respiration.
Je vais regarder les jolies choses autour de moi, et laisser pour après ces vies fracassées.
Le mal ne se nie pas, mais il peut se mettre à distance, parfois.

J'ai ici une pensée pour ceux qui souffrent, pour ceux qui sont pris dans le piège de la douleur et de la peine.
Dans ces moments, il paraît impossible de se laisser réchauffer par le soleil, tant le froid vous perce à cœur. Pourtant, un répit vient, par surprise et effraction, une brèche par où le mal se laisse distraire assez pour céder un bout de terrain. On se sent mieux, et, venu de là où l'on vient, c'est tellement bon !
Allez, allez, respirer, j'ai dit, regarder les jolies choses. C'est une mesure de préservation, une sauvegarde et une question de saine survie.

Des jolies choses, autour de moi, il n'en manque pas, à mes yeux.





Dans le déroulement rituel de mon quotidien, la fête des chiens le matin se jetant sur moi accroupie jusqu'à me faire tomber le cul par terre.
Zaldi, la toute belle, venue réclamer sa gourmandise sous le balcon, hennissant doucement comme on murmure une gentillesse.









Le lever de soleil, radieux et légèrement voilé de laitances diaprées.
Une belle journée nous vient, après la grisaille maussade. Le soleil de retour se fait aimable, sans trop peser encore.








Je fais le tour de mes bêtes, regarnis mangeoires et râteliers. Tout le monde va bien.
Remarquez le bouclage particulier de la Rubita.
Bêtement, samedi soir, en voulant lui poser la nouvelle boucle d'identification, puisqu'elle avait perdu l'originelle, assistée de mon frère Nicolas, l'homme des situations fortes, ne voilà-t-il pas que d'une maladresse idiote, je sertis la boucle dans le vide, au lieu de la fixer sur l'oreille. Mince !
J'avais bien noué un licol autour de la tête de ma rousse, Nicolas tenait ferme la cordelette.
J'essayai de remettre la boucle neuve dans l'ancien trou de l'oreille, pour ne pas repercer dans la chair. Rubita n'aime pas être entravée, elle secouait la tête, tirait. Mon frère sentait la cordelette trop fine lui serrer douloureusement la main. Rubita elle-même, en voulant se dégager, accentuait la tension de son licol autour de son mufle.
Zut et rezut !
J'étais déconfite, ma pince avec la boucle sertie au bout, à la main, comprenant que je l'avais refermée dans les poils fournis, au lieu de la glisser dans le lobe troué.
Que faire ? Une boucle sertie ne se dessertit pas. J'étais bonne pour en recommander une autre.
Tout de même, ne voulant pas rester totalement sur l'échec, avec le prompt renfort de deux autres gros bras, nous avons finalement noué la boucle en pendentif coquet, juste sous l'oreille de ma bête impatientée. L'affaire avait trop duré, et Rubita n'avait pas aimé ça, du tout, du tout, du tout !
Ce n'est guère protocolaire, là non plus, mais ça fera l'affaire en provisoire, qui risque de durer longtemps !
Rubita n'est pas rancunière, et elle tourne maintenant vers moi sa grosse tête mal "pétentée", comprenez :"pendantée", du basque "petenta", boucle d'oreille,  en ruminant paisiblement. Brave bête !

Au poulailler, rien à signaler. Mes pondeuses produisent des œufs en continu : leur passion va les perdre, elles deviennent sèches comme de petites momies, transformant tout ce qu'elles mangent en œufs, et s'oubliant sans chair. Ma foi, leurs petites têtes sont ainsi faites, et je ne les referais pas...

Après les bêtes, visite al Padre, lui aussi tout à fait satisfait de sa nuit de repos.
Puis, le tour du potager, sur lequel Mère-Rhune ouatée de nuages veille en aveugle.






Il fait bon, ce matin. On se croirait au début de l'automne, avec une rosée abondante.
Les citrouilles vont bon train, étoilées de fleurs éclatantes, promesse des fruits à venir.




















En parlant de fruits, les melons grossissent sous les feuilles drues.
Ils viendront tous à la fois, il y aura distribution !

Les choux, eux, repiqués juste avant les deux jours de grosse chaleur, ont accusé le coup. Certains plants repartent difficilement, sur une triste feuillette malingre.

Un ancien du coin disait :
 - Aditua diet aza azkarra dela, serbitzatuko zaiok !

 - J'ai entendu dire que c'est solide, le choux, ça va lui servir !

En effet, ça lui sert...

Nous avons été hier avec mon père rendre visite à notre voisine Maïté, la sœur de Mizel du Karrarro. Pour les suiveurs assidus, vous me comprenez. Pour les autres, laissez tomber.
Je reviendrai plus tard (encore!) sur cette autre figure locale. Elle vaut le détour.

Pour mettre la cerise sur le gâteau, en un ordonnancement cohérent, je garde pour la fin le futile, et non moins indispensable : les fleurs.






J'aime bien, les fleurs. C'est coloré, gai.
Mes compositions sont là aussi foisonnantes et peu académiques.
L'académie, je m'en fiche un peu. Je respecte, mais ce n'est pas tellement dans mes façons, non.

Allez, la journée est magnifique, elle tient ses promesses.

J'aime ma vie, comme me le disait dernièrement un client de la jardinerie.
Je lui expliquai que pour se débarrasser du chiendent dans sa pelouse, le mieux à faire était de les déraciner un par un, à la fraîche.
Je ne sais pas où il en est à cette heure...

Pour nous, à plus tard, et le bonjour chez vous !


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