mercredi 17 août 2016

LE POULAILLER D'AGORRETA : SUITE...




Bonjour et bienvenus !








Il va falloir nous contenter de la brève averse du 15 Août au soir.
Toujours pas de pluie pour le moment. Les feuilles d'acacias tombent.  Celles des maïs commencent à jaunir par le bas.
Hahh, ce mois d'Août sera bien aride !

Un peu de pluie nous viendra sans doute, bientôt. Espérons-le.
Déjà, les nuées atténuent les ardeurs brûlantes d'un soleil autoritaire. L'ambiance est bien plus paisible. Un soulagement, déjà.

Retournons après ces classiques considérations météorologiques, à notre poulailler d'Agorreta.





Nous avons dressé des portraits aiguisés de nos premiers personnages.
L'ardeur piquante du bel astre solaire devait acérer mes perceptions.

Maintenant, je me sens moins agressive, Dieu merci, à la faveur de cet automne approchant.
Et aussi de mes fines observations, rassemblées vers une bien agréable conclusion.

Allez, allez, ne nous égarons pas davantage, et reprenons le cours de la basse-cour.


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Tout le temps que durèrent les luttes intestines au sein du poulailler, nos volailles s'agitèrent en désordre et grande fatigue.
Chacune y allait de son coup de bec, hérissant l'atmosphère en une spirale mauvaise.


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La vieille poule glousse et chapon Napoléon s'épuisèrent au combat. Ils se volaient dans les plumes, se tournaient autour en rougissant de la crête.  L'un et l'autre s'acharnaient, le ton montait.
Nos deux volailles outragées démêlaient mal les influences contraires qui les agitaient.
De douces lueurs baignaient par moment leurs méchantes ardeurs. Malheureusement,  les démons effrénés qui les gouvernaient tous les deux prenaient le dessus, et les lançaient à la gorge l'un de l'autre, en des combats de coqs de foire. Quand ils étaient de braves volailles de basse-cour...

Chapon Napoléon sentait en lui ce manque resurgi de sa prime jeunesse. 
Un autre tourment le pinçait douloureusement : le sentiment de la faute, une culpabilité lourde et impossible à justifier. 
Le désordre dans la basse-cour, il n'en était pas le seul coupable, ni l'unique responsable. Si la glousse et les poulets l'avaient approché avec bienveillance, s'ils avaient essayé de comprendre les turbulences qui agitaient leur aîné, Chapon attendri et soulagé n'aurait sans doute jamais disputé le grain à partager.
Il se serait libéré de ses démons et aurait retrouvé la paix.

 Chapon avait le sentiment qu'on voulait lui faire porter tout seul le poids de ce trouble dans le poulailler. Et l'attitude de la glousse et des poulets ne faisait rien pour l'apaiser.
De leur côté, ceux-là avaient souffert de la suprématie de leur aîné. Ils en avaient assez de s'écarter devant lui, quand, de son temps, leur mère poule le leur intimait. 
Vous savez, cette mère poule elle même culpabilisée par son deuxième poussin disparu. 
Tout ceci remonte à si loin dans l'histoire de notre poulailler... Comme bien souvent ce terreau fertile où s'ébattent nos petits démons intimes !

D'ailleurs, d'où pouvait bien venir à Chapon cette idée de faute saugrenue et sans fondement ?

De l'attitude de nos belles volailles, évidemment. De cette facilité chez la poule de faire porter à d'autres une charge gênante à partager. La diablesse !

Mais aussi, je le crois, de plus loin, bien plus loin encore. D'une genèse bien enfouie mais grouillante encore de douleur et de passion.
Souvenez-vous, ce deuxième œuf clairet et son poussin mort presque sitôt né.
Mère poule anéantie reporte sur son premier son amour orphelin, mais aussi cette peine et ce poids d'une faute imaginée.
Le futur Chapon croule sous cet amour exclusif, et s'imprègne de cette culpabilité si lourde à porter.
Elle le marque au fer rouge d'une blessure profonde et vive. Impossible à cicatriser si l'on ne rouvre pas les chairs qui la cachent maintenant.
Après tout, pourquoi les fouailler encore, ces chairs ?  Pourquoi ne pas renoncer à remuer toutes ces profondeurs troubles, et alléger simplement la mémoire de notre poussinnet trop encombrée ? 
Le soulager de ce sentiment de faute ? Quand bien-sûr, de faute, il n'y en a pas, puisque le sort mauvais s'amuse parfois à distribuer la mort autour de nous, survivants et pourtant victimes aussi ... Nous n'y sommes pour rien, et pourtant nous en portons tous la souffrance.

La poule glousse devinait tout ceci. Peut-être se trompait-elle. Elle était poule, et non, artisan d'âmes.

Cherchant auprès de la vieille poule placide confirmation de ses théories hasardeuses, elle n'obtint qu’œil rond et haussement d'ailes :



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- Allons la glousse, lui conseilla-t-il, range-moi ces bêtises et va t'arrondir sur tes œufs tièdes !




La glousse obtempéra, rangea ses conclusions, et reprit sa tâche.
L'aventure l'avait bien assouplie. Son cou détendu amollissait sa fibre et la rendait presque tendre...
Une jolie fleur bleue lui poussait dans la tête.





Une jolie fleur bleue qu'elle se décida à veiller avec toute l'énergie qu'elle avait mis à protéger les œufs, maintenant tirés d'affaire. 

Vieille poule placide la félicita de cette sagesse enfin gagnée :

- Tu es en chemin, ma fille, lui dit-elle, ne t'en détourne plus !






Parce-que confiance et bienveillance encouragées
Ramèneront toujours paix et sérénité dans les poulaillers les plus agités.

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