mercredi 31 août 2016

ET LES VACHES SERONT BIEN GARDÉES...




Bonjour tout le monde !


Pour la chronique de ce jour, revenons à des sujets plus... terriens.
Ceux là où nous sommes les mieux basés : nos élevages.

A Agorreta, vous le savez, de la tradition éleveuse d'antan, nous avons conservé ce goût de la vache, et le loisir d'en animer encore notre vénérable étable.
Mon modeste troupeau, dont les têtes se comptent maintenant sur les doigts d'une seule main, vous le connaissez aussi :









La vedette de l'année, celle par qui la bonne nouvelle est arrivée en ce 1er mai, ma si jolie petite Agatte. Brune-bai mélangée, avec ses bottes blanches, son mufle maquillé et le petit accent malicieux sur le côté du front.

Notre Agatte est bien jeune encore. Elle n'a pas encore quatre mois.
Elle est bien bâtie, de petit gabarit, mais joliment découplée.
Son coloris est un enchantement. Son pelage oscille du brun au noir, avec des contrepoints de blanc savamment disposés.
Une petite merveille, ma joie, mon contentement, la prunelle de mes yeux !

Sa mère Bigoudi est notre mascotte. Fière et facétieuse, elle développe une intelligence fine et alerte. Admirez ce port de tête gracieux et éveillé, ses oreilles souvent dressées et le clin d’œil permanent de son regard coquin.
Ma Bigoudi est bonne mère, laitière honnête et chef de troupeau responsable : attentive, sans inquiétude.

Vous connaissez aussi mes deux jeunes génisses de l'année passée. Rubita, la belle rousse, et Galzerdi, rebaptisée depuis Beltza. 













Rebaptisée à cause d'une évolution  nettement tranchée vers le noir, maintenant, Beltza, en basque.









Après une longue période de tâtonnements, de recherche, d'hésitation, Galzerdi est passée en une année du noir de jais au froment, puis de nouveau à l'ébène profond, pour consentir quelques reflets auburn, réminiscences de son enfance, maintenant.





Et quoi ?! N'est-il pas permis de douter, de se tromper de chemin, et de revenir sur ses pas ? Que Diable !!






Ma perle rare d'Agatte est aussi imprévisible que sa grande sœur, son aînée.
On ne peut pas trop savoir quelle teinte prendra finalement sa robe. L'avenir parlera, là encore...

Pour le moment, Agatte vit aujourd'hui une bien agréable journée. Voyez là au pis de sa mère, se remplissant voluptueusement la panse, la bougresse !
Elle en a le mufle tout trempé de riche crème.

Ah ça, hier était un autre jour...

Hier, mon Agatte, elle avait le naseau mouillé et blanchi, aussi. Mais pas de bon lait tiède, non, pas du tout !
Hier, mon Agatte écumait de fatigue et d'effroi, perdue loin de son pré et de sa famille.
La pauvrette s'était faufilée à travers la clôture. Tiens donc, une clôture de mauvaise qualité, à Agoretta ? Non, pas de ça ! Et pourtant... si.
Beltza son aînée était en chaleur. Son rut la rendait follette et tourmentée. Elle mettait le bazar, bousculant l'une,  voulant grimper l'autre.
La petite prise dans le mouvement a du se faire pousser tant et si bien qu'elle est passée du côté des vaches du cousinou babillou.



Pour vous situer la scène, Cousinou Babillou fait paître ses vaches à la gauche des miennes.





De l'autre côté, vers le soleil levant, nous avons l'étable de mon frère aîné Balié, avec ses vaches à lui en prolongement :









Je me situe donc stratégiquement au beau mitan, entre le grand frère et le cousinou, deux Gabriels, pas tout à fait archanges, mais presque.

Ma petite Agatte, bousculée hors de son pré, un peu ébouriffée sans doute et curieuse de ce vaste monde ouvert pour elle, a longé la clôture, pour se retrouver à l'opposé, dans le champ des vaches de mon aîné.
J'ai été avertie de cette petite tragédie grecque à midi, par mon autre frère.
Il avait bien essayé de ramener Agatte à la raison, et à la maison. La pauvrette complètement égarée, affamée et effrayée, n'avait pas perçu la bienveillance de son entreprise.
Elle se mêlait à ce nouveau troupeau, trouvant sans doute les silhouettes familières, mais consciente évidemment que sa famille, à elle, n'était pas celle-là.

Je suis arrivée depuis la jardinerie pour tâcher de ramener ma petite précieuse aux siens, et aux miennes.
Il a fallu deux heures. Les champs sont grands, quand il faut courser des bêtes en jambes.
Agatte a fini par affoler tout le monde. Bigoudi et les génisses n'ont rien trouvé de mieux à faire que de sortir elles aussi de leur pré par le passage que je venais d'ouvrir pour ramener Agatte.

Toutes ces belles vaches, tachetées, colorées, blondes et platines, se sont mêlées dans un désordre complet.
La Beltza en rut ne se contrôlait plus du tout, la chienne !
Les blondes de Balié, placides et tranquilles pourtant, trouvaient le divertissement suffisamment agaçant pour se mettre de la partie.

Il a fallu l'intervention de toutes les bonnes volontés alentour pour remettre en place toutes ces pièces de puzzles éparpillées.
Dieu merci, il s'en est trouvé.
A nous tous, nous avons ramené nos vaches dans leurs prés.
Et remis nos bêtes à leur juste place.

Au grand soleil, les bêtes mélangées s'en sont données à cœur-joie.
Pour le soir, elles étaient fatiguées, et bien contentes de retrouver leur étable familière et paisible.






J'ai remarqué juste en bordure du portail menant au pré, ces deux roses bien écloses.
Comme elles sont émouvantes, ces fleurs mâtures et fragiles de fin de saison !
Comme il survient de jolies choses, même au milieu d'un tapis de ronces et de liserons !

Une belle journée, à Agorreta. Un peu perturbée, mais joliment terminée.

Ah oui, pour cet hiver, cette maudite clôture, il va quand même falloir penser à la refaire.
On ne peut pas toujours mobiliser les uns et les autres, n'est-ce pas ?

Promis, je m'en occupe. Là encore, je vais devoir trouver des bras. Jusqu'ici, quand il l'a fallu, nous n'en avons jamais manqué.  Alors, remercions le Seigneur, et gardons la foi !



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