vendredi 12 août 2016

LE POULAILLER D'AGORRETA : LA VIEILLE GLOUSSE



Bonjour à tous !

Après notre chapon Napoléon, voyons un deuxième personnage de notre fable : la vieille poule glousse :




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Celle-ci n'est pas mal non plus, dans son genre.
Voyez son œil perçant  et sa crête vite en alerte...


Notre poule glousse couve ses œufs jalousement. Elle se sent importante de toute promesse à elle confiée. Pour le coup, elle en a fait son oeuvre, son combat !
Elle doit couver ses œufs,  les mener à bien éclore, c'est son rôle et son sacerdoce.

Notre poule glousse prend sa fonction très au sérieux. Elle a un sens du devoir aiguisé par la haute idée qu'elle se fait d'elle même. Elle ne doit pas faillir. Sa fonction la justifie. 
Elle s'enferme toute seule dans ce carcan rigide. Elle s'y contraint et ne dévie pas.

Le reste de la valetaille poulaillère la laisse faire. Si tel est son bon plaisir, puisqu'elle paraît si bien s'en trouver, ma foi, qu'elle s'en charge, n'est-ce pas ?

Vieille poule glousse est devenue intransigeante, avec les années, et tous ces œufs à couver.
Tenir tout ce temps cette même posture lui a raidi quelque peu l'échine, et acéré le bec. 
Elle est vite sur la défensive, et défend plus qu'on ne l'attaque. La rondeur et la tiédeur des œufs qu'elle couve auraient pu l'attendrir. Parfois d'ailleurs, elle rabat sa crête et adoucit son œil vif. Pas assez souvent, ni bien longtemps.

Le temps a passé et notre vieille poule glousse a enfoui la rondeur et la douceur derrière sa crête vite hérissée. Son cou aux plumes ternies s'est raidi, encore et encore.
Il en est devenu douloureux.

Vieille poule glousse aima beaucoup chapon Napoléon, pendant longtemps. Elle est apparue dans le poulailler trop tard pour le couver. Mais elle a si fort en elle ancré l'usage de prendre sous son aile, qu'elle l'a lui aussi materné comme les jeunes poulets, aux moments où il s'y prêtait.

Quand chapon Napoléon s'est senti rattrapé par ses vieux démons,  il a renvoyé la vieille poule glousse dans ses quartiers. Qu'elle lui laisse champ libre et grain à volonté, cette vieille poule qui se prendrait volontiers pour coq ! Non, mais...

Vous vous doutez bien que notre vieille poule glousse coquelée n'a pas voulu s'en laisser si facilement conter : elle s'est rebellée, s'est raidie encore davantage. 
Elle a manifesté sa colère en hérissant toutes les plumes de son cou raidi, en une fraise ridicule et fastidieuse.
Une vraie vieille poule glousse, mauvaise et agressive !



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La basse-cour en son ensemble frémit des pugilats entre chapon Napoléon et la vieille poule glousse. L'insouciance perdue du poulailler valdinguait dans des contrées oubliées. 
Les jeunes poulets n'aimaient pas chapon Napoléon devenu insatiable. Ils en avaient assez de voir leurs graines convoitées. Eux, ils voulaient vivre en paix, contents et insouciants.
Pas se faire voler dans les plumes et ramasser des coups de becs perdus !

Vieille poule glousse se fatigua de disputer son autorité à chapon Napoléon. 
Elle rameuta assez de forces pour mettre ses derniers œufs à l'abri  des colères du chapon.
Les poulets alarmés de la sentir malmenée l'aidèrent.

A eux tous, ils vinrent à bout des démons du chapon, libérés dans le poulailler. Ils les cernèrent et les empêchèrent de tout dévaster dans la basse-cour.
Malheureusement, ils ne purent les faire taire tout à fait, et durent se contenter de les avoir muselés pour un temps.

Le temps pour la vieille poule glousse fatiguée de prendre du repos. De se refaire une plume lisse et de détendre son cou trop raidi.

Un peu d'insouciance revint égayer notre poulailler.
Les poulets reprirent leurs jeux. Vieille poule glousse se laissa attendrir par la jolie rondeur de ses œufs.
Chapon Napoléon boudait dans son coin. 


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La poule placide, elle, arbitra de loin ces simulacres de combats qu'elle savait bien vains.
La vie du poulailler reprit un cour mieux apaisé. 
La seule ombre venait de ce triste chapon isolé et renfrogné.
Qui sait, les démons retournés dans la lampe s'y laisseront peut-être endormir à jamais ? 
On peut toujours l'espérer...



Parce-que sottes  luttes et batailles enragées pour du grain à partager,
jamais ne feront vie belle et joyeuse dans un poulailler.

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