vendredi 30 janvier 2015

Trop sûre de moi ?




Il est quatre heures du matin. 
Je remonte d'en bas. Mon père s'agitait comme un beau diable dans son demi-sommeil. J'ai entendu son fracas et j'ai préféré aller voir ce qui se passait.
Les trois chiens m'ont accompagnée, ravis de cette promenade improvisée à travers la ferme endormie.

Arrivés dans la chambre paternelle, un joli désordre de foire nocturne, mais rien de particulier.
Le brave homme était déjà même rendormi dans les draps et couvertures entortillés. Il ne s'est même pas réveillé quand je l'ai déroulé de là dessous comme une nem qu'on défait.
A peine un grognement de satisfaction à se sentir plus confortable, bien couvert et bordé comme un joli bébé... de 87 ans !

Remontés ici, les chiens se sont à leur tour remis en position repos, roulés en boule les uns contre les autres.

Moi, ma gredine d'oreille siffle tellement que je ne vais pas pouvoir replonger facilement dans les bras de Morphée.
Bah ! J'ai fait une bien belle sieste hier à la faveur de la tempête, dehors. Je ne suis pas trop fatiguée. J'irai aux bêtes dans moins de deux heures.
Je me suis fait une tisane (nuit tranquille...). Olivier m'a ramenée la bouilloire dont il ne faisait rien à Rivière, puisque la grande consommatrice d'eau chaude pour ses infusions, sa petite épouse hors domiciliée conjugalement,  était délocalisée par rapport à son objet.

Le vent souffle toujours fort autour de la vieille ferme. Je ne suis pas mal, là, dans un gilet bien chaud offert par ma belle-fille, notre si charmante Virginie, bientôt maman pour la seconde fois.
Ca aussi, il faut que je vous raconte. Ma vie peu orthodoxe de femme mariée en secondes noces, les deux très beaux-enfants de mon mari, la belle famille à Saubusse. Enfin, un autre chapitre, quoi, un de plus !

Pour cette nuit, me trotte en tête une remarque de mon directeur respecté.

Mon directeur, à la jardinerie, c'est Jean-Michel. Je vous en ai un peu parlé, déjà.
Je vous partagerais un petit texte inspiré par le personnage. Mais je dois d'abord me faire confirmer son accord.
Je ne voudrais pas me le contrarier. Il doit prochainement nous faire passer les entretiens de fin d'année. En février. Mais bon, il est un peu comme ça, l'homme.  C'est le typique des cinq dernières minutes où tout se dénoue après une tension soigneusement entretenue.

L'an dernier, à la même occasion, il soulignait comme un point faible le fait que je sois "trop sur d'elle". Tel quel.  Jean-Michel n'est pas le seul à me considérer comme un genre médian entre l'homme et la femme. D'autres collègues m'attribuent volontiers des particularités masculines dans le travail. 
Quand il s'agit de charger des sacs un peu lourds dans un coffre de voiture toujours trop haut, par exemple, on n'hésite pas à faire appel à moi.
C'est curieux, n'est-ce pas ?
 Il y a bien d'autres femmes et jeunes filles à la jardinerie, bien mieux taillées que moi d'ailleurs pour soulever des poids. Je ne suis pas un gros gabarit. Sans être une petite chose fine et fragile, loin de là, je reste un petit bout de femme d'à peine un mètre soixante pour un petit demi-quintal.
 Ceci étant un reste de mon ancienne carrière dans les coopératives agricoles (où j'ai rencontré mon mari, cf la fin de mon dernier article...). 
En vente de céréales, un quintal représente cent kilos. Ca, c'est pour la pédagogie.

Je ne suis pas d'un physique raffiné, mais bon, il ne faut pas y regarder de trop près pour voir que je suis femme, quand-même, enfin !
Une petite vexation supplémentaire dont j'ai choisi de rire...plutôt que d'en pleurer !

Trop sûre de moi, donc.
Ca me revient là, pas tout à fait par hasard.
J’œuvrais jeudi avec Martine, une collègue de mon âge, elle, tout à fait féminine. Soignée, coquette, non, vraiment, là, il n'y a pas matière à se demander.
Par ailleurs, bien plus solidement bâtie que moi, beaucoup plus grande et charpentée à souhait.

Nous parlions de ce "blog", justement.
Elle me demandait, la cabotine, si je parlais de mes collègues de travail, dont elle, évidemment.
Et me rappelait le droit à l'image. Moi, je suis plus dans les mots. Et ce que j'écris, j'en suis libre, tant que je ne verse pas dans la calomnie ou les incitations interdites. Surtout par les temps qui courent...

Le droit de réponse reste ouvert. J'ai averti en préambule, je ne sais plus où, mais par là dans les débuts, que ces pages étaient ma vérité, ma version des faits et des gens.

Je ne pense pas Martine inquiète de mon opinion sur elle. Elle est suffisamment fine pour la savoir plutôt favorable dans l'ensemble. Pas forcément dans ses méthodes de travail, mais sur sa personnalité de femme.
Je me suis confiée à elle plusieurs fois et sa capacité d'écoute m'a toujours frappée. Et aidée.
Grâces soient donc rendues à notre grande et belle Martine.
Si avec ça, je ne me mets pas à l'abri, je ne sais pas ce qu'il y faut !

Bref, après ce petit avertissement incongru au vu du nombre restreint de mes lecteurs, (je crois avoir un seul "follower", merci encore Jean-Michel), elle me demande ensuite si je garde l'esprit critique quand je me relis.

Et là, sans une seconde de réflexion, je lui réponds : non, du tout, absolument pas.

Et c'est la pure vérité. Quand je me relis, ou plus largement quand je repense à ce que j'ai pu faire ou dire, jamais ne me vient à l'idée de me juger. De me remettre en question, comme il est pourtant si souvent recommandé de le faire. Non, non, non et non !

Je suis ma meilleure amie, la plus attachée à moi même. Je suis totalement partiale et partisane quand je me considère. Je me pardonne tout, je me justifie de n'importe quoi.

Aussi, si on y pense, si on fait les choses en toute sincérité et bonne foi, c'est qu'on essaie de faire pour le mieux. Je ne dis pas qu'on y arrive. Mais l'intention, si elle n'est pas l'action, vaut absolution. D'après moi, toujours.

Dans mes écrits, je n'engage que moi. Je parle des autres, évidemment, mais je dis ce que moi, j'en pense. sans en faire une vérité universelle. Ou alors, là, ce sont eux qui ont une foi démesurée en moi. Plus que moi même. Et ça, ça parait impossible...

Je suis sûre de moi, de ma bonne foi et de ma meilleure volonté. Je suis la mieux placée pour en juger. Sauf cas de subconscient tourmenté et diabolisé, mais là, on entre dans des zones turbulentes où je préfère ne pas aller me faire bousculer.

Pour mes mots et mes faits, j'admets et accepte la contradiction. Même, j'aime assez débattre et défendre mes actes et mes idées. J'y cultive une certaine ténacité. Demandez-leur donc, à mes collègues !

Je suis persuadée d'avoir un esprit ouvert et tourné vers les autres. Comme nous le sommes en majorité, même ceux dont on peut penser qu'ils ont la largesse de vue d'une jument "en-oeillérée".

Mais trop sûre de moi, je ne sais pas. C'est combien, trop ?

Si je me trompe et qu'on me le montre, je n'aime pas ça. Mais bon, que voulez-vous, par force, je m'incline. Avec raideur, oui, la posture ne m'étant pas familière, mais je m'incline.
Si je me suis engagée dans une mauvaise voie, je fais demi-tour ou marche arrière. Tant que j'en ai l'énergie, ça n'est pas un problème.

Si avoir l'esprit critique, c'est chercher à tout prix la petite bête, c'est vouloir en priorité se dévaloriser, mettre en doute ses capacités, se flageller et se jeter à terre, non, je vous le confirme, je ne l'ai pas. Mais alors là, pas du tout.

A priori, je me regarde avec sollicitude et amitié. Prête à me pardonner mes péchés. J'assume mes fautes et le mieux que je fasse, c'est tâcher de les réparer.

Alors, oui, je suis sûre de moi. Si j'ai tort de l'être, il va falloir me le montrer, me le démontrer.
Et là, c'est sûr, je serais très étonnée. Déçue, évidemment, je m'aime tant...

Et je continuerai. Tant que je le pourrai.

Voyez-vous mes amis, je reste persuadée que si dans notre société les gens cultivaient cet amour d'eux-même, ils seraient mieux en capacité d'en avoir assez pour les autres aussi.

Aimons-nous d'abord, soyons bons pour nous mêmes. C'est le meilleur point de départ pour pouvoir aimer les autres et les aider à, eux-aussi, s'aimer.

Bien ! Sur ce prêche pompeux et emphatique, et là, mon esprit critique me met le sourire aux lèvres et la tiédeur dans le cœur, je vous laisse à votre fin de nuit.

Faites comme mon père, en bas, grognez un peu d'aise, et rendormez-vous profondément.
Moi, je vais aller prendre un bon petit-déjeuner.

A dimanche, sans doute !





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