dimanche 18 janvier 2015

Les trois couronnes ont coiffé le bonnet



Ce dimanche ressemble à un dimanche de janvier.
Vendredi matin annonçait le tournant...









La petite mère Rhune perdait la tête dans les lourds nuages sombres assis sans façon sur elle !


































Ce matin, les Trois Couronnes avaient enfilé le bonnet de neige. 
Vous les devinez mal ici. Elles sont derrière le petit bois. Vous voyez, cette lueur ?

J'aurais pu aller les chercher plus près, mais d'autres tâches m'appelaient... 
Croyez -moi donc sur parole, c'est un joli spectacle.


Ma petite chronique des Nouvelles d'Agorreta avait un semblant de structure au fil des articles du mois dernier. 
Je retraçais une histoire familiale, un parcours de vie sur trois générations.

Nous avons repris contact inopinément à la faveur d'une actualité qui m'a parue marquante avec ces attentats de début janvier.

A partir de là, ma chronique se fera plus décousue. Complètement anarchique.
Je vous préviens, il y aura ici du tout et rien, sans aller quand-même jusqu'au n'importe quoi !

Je n'écris pas pour dire des choses importantes ou transmettre des messages essentiels. Du tout ! Je n'ai aucune prétention philosophique ou analytique.

J'écris comme je vis. Je me fais du bien. Et ce bien, de tout petits riens me le procure aussi vivement que de grandes choses pourraient le faire.

Je viens à vous partager ces petits riens. En toute simplicité et innocence.
Retirez-en ce que vous pouvez. Mon seul souhait est de vous distraire, un peu, de vous amuser, peut-être. Vous émouvoir. 

Ce dimanche à Agorreta, il ne se passe rien de particulier. Le secteur est des plus calmes. 
Je suis ici en milieu d'après-midi, après une sieste souveraine et avant d'aller promener mes chiens dans le vent vif.
En Janvier, la jardinerie est fermée les dimanches. Ca nous laisse un jour de plus pour converser.

Je me sens en paix, tranquille, dans la vieille ferme. 
Mon père regarde à la télévision la retransmission d'une partie de pelote.
 Nous avons ce matin passé du temps ensemble, de ce temps précieux que nous étions persuadés tous les deux ne plus avoir. Alors, chaque jour est un cadeau. Et chaque jour, nous nous étonnons un peu de le recevoir encore.

Evidemment, vivre avec un vieil homme de près de quatre-vingt dix ans, ce n'est pas toujours plaisant !
 Je ne peux pas prétendre comme on pourrait le croire en lisant les lignes précédentes que je vis chaque minute dans la béatitude et les remerciements émus, à ce sort qui a tiré mon père des griffes pourtant bien acérées de la maladie qui l'emportait loin de nous il y a presque trois ans maintenant.
J'avoue mes agacements, mes fatigues, et mon découragement de certains moments. 
Je ne suis pas seulement la bonne fille qui prend bien soin de son père. Après avoir bien pris soin de sa mère pendant de longues années là encore...
Non, non, non ! Je le jetterais aux orties plus d'une fois !
 Je n'ai pas honte de dire que certaines nuits, ses appels me le rendent insupportable.
Que quand on m'annonce qu'un tel de son âge est mort dans mon entourage, je me demande sans scrupules combien de temps il va durer, lui, encore !
Et je me demande même si je ne vais pas lâcher la rampe avant lui...

Vous pouvez vous offusquer et me condamner. Mais j'ai pour moi une longue carrière derrière, et la sensation d'avoir accompli un devoir difficile. Personne ne me l'a imposé. Je me le suis choisi, et, à aujourd'hui, j'en suis fière. Fière d'avoir tenu et de tenir encore.

Ce choix m'a donné autant de bons moments que de mauvais. Et il m'a donné une bonne opinion de moi. N'est-ce pas déjà énorme ?

Alors, oui, aujourd'hui, dans la vieille ferme Agorreta, il fait bon vivre. 
Le grand poêle ronronne, les bêtes dorment, les gens savourent.

Ca paraît mortel, comme ça. Pour moi, c'est plein de sens.

Allez, pour ne pas nous enliser dans trop de considérations abstraites, revenons à du bon vieux concret.

Le temps d'hiver avance. J'entamerai cette semaine ma dernière citrouille. La plus belle. Gardée en démonstration comme preuve de mon savoir-faire jardinier.

Voyez vous même :






Les deux petites à côtés pèsent autour des trente kilos. La largeur de ce box désaffecté est de près de trois mètres.
Mon phénomène mesure plus d'un mètre de long et près de quatre-vingt centimètres de haut.
Le poids, je ne peux pas vous dire. Certains fanfarons ont voulu la soulever... et ont capitulé. Elle n'a pas de prise, ont-ils dit ! Elle est surtout trop lourde pour toi, ai-je répondu.
Je l'ai ramenée du jardin avec beaucoup de difficultés.
Je l'y avais choyée toute la saison passée.
Je ne voulais évidemment pas la blesser !
Elle était magnifique, belle, flamboyante, royale ! Au fur et à mesure que l'été passait, les larges feuilles de son pied s'écartaient sous sa poussée. 
J'avais semé un champ de citrouilles cette année. Pour pouvoir nourrir mes vaches durant le long hiver. 
Ce n'est pas un fourrage très traditionnel, la citrouille, pour les vaches. On connaît plus le navet, le choux, la betterave aussi. J'ai d'ailleurs aussi cultivé ces variétés. Histoire de ne pas me retrouver comme l'an dernier dépourvue quand ma parcelle de navet sécha subitement en fin d'été ! 
Adieu alors veaux, vaches et cochons !
Jusque là, je réussissais parfaitement mon petit navet fourrager. C'est une culture sans caprices. Elle demande certes de nombreuses heures de binage. Mais bon, à la belle saison, j'aime bien, moi, biner, tout en prenant le soleil.
Quand la plante s'est suffisamment développée, elle couvre le sol autour d'elle, et le gros du travail est fait.
Il suffit pendant tout l'hiver de venir quotidiennement en récolter pour les distribuer aux bêtes. Ce petit navet les rafraîchit en cette période de nourriture sèche. Elles apprécient énormément ! Et bien, l'hiver dernier, 2013-2014, bernique ! Le navet magnifiquement venu, déployé largement et vigoureusement, dépérît lamentablement en l'espace de quinze jours au début d'octobre. Quelle catastrophe...
Toutes ces heures de travail perdues pour rien, d'abord. Et ensuite, la perspective d'un hiver de misère. Rien à manger en vert ! 
Mes vaches ne l'auraient pas supporté ! (Pourtant, partout ailleurs, elles font bien avec ou plutôt, sans !)
Je me désolais, me désespérais, me lamentais au coin de mon champ desséché.
Heureusement, et je lui en voue une reconnaissance éperdue, Olivier, vous savez, mon grand mari en ombre chinoise, oui, Olivier, mon époux, mon bien-aimé, me sauva de ce si triste pas !

N'écoutant que son courage et sans regarder à la peine, il me ramena durant tout cet hiver maudit des charretées (enfin, je veux dire des remorques, nous sommes quand même en 2014!) de longues et belles carottes. Déclassées dans les Landes à cause de leur calibre imparfait.
Pour une obole misérable, je disposais de carottes à profusion. Tout le monde mangea et se gava de carottes l'hiver dernier à la ferme Agorreta. 
Je ne sais pas si ça nous rendit à tous la fesse rose. Mais mes vaches, elles, s'en portèrent au mieux. Elles croquaient la chair parfumée en rythme et cadence. La distribution des rations devenaient un concert harmonique.
Ca sentait la carotte dans l'étable, la couleur orangée dominait dans tous les coins de stockage.
C'est peut-être de là que me vint l'idée de tenter la citrouille.
Je savais déjà que les vaches aimaient ça. J'en cultivais assez pour en avoir un peu pour elles.
J'avais récupéré celle en démonstration à la jardinerie. Une citrouille de 200 kgs, d'après le fournisseur de terreaux et engrais qui nous l'avait procurée.
C'est une des graines de cette citrouille là, qui m'a donné ce fleuron de courge cette année.
Si vous regardez bien, en fait, vous ne pouvez pas le manquer, vous remarquez la boursouflure sur son flanc. Cette cicatrice est la suite de plusieurs tentatives de Pintta-Mona (une de mes vaches, à présenter une prochaine fois), pour croquer dans ce fruit appétissant que je croyais avoir remisé hors de sa portée. Pas assez manifestement ! Mais bon, plus de peur que de mal, la gourmande n'a entamé que la peau en surface, et le fruit a pu cicatriser. Loué soit le Très-Haut !

Je n'étais pas reporter-amateur cet été. Sans ça, je vous aurais montré ma magnifique récolte de courges. Il y en avait plus de deux-cents. Des oranges, des vertes, des beiges, des unies, bigarrées, des longues et des rondes. Une merveille d'abondance et de couleurs.
J'en ai rempli le fond de mon étable. Elles ont nourri mes vaches pendant plus de trois mois.
Et, cette semaine, donc, j'entame la dernière, la plus belle.

Au passage, et sans aucune relation d'ailleurs, je vous montre Karrarro.



Vous vous souvenez, c'est lui qui fait l'intérim durant l'hivernage de Ttiki-Haundi.






Les premiers froids l'avaient saisie, ma valeureuse Ttiki-Haundi.














Là, elle attend des jours meilleurs pour repartir... ou pas !










Et, histoire de faire un lien à l'affaire, c'est dans la bennette attelée à Ttiki-Haundi que j'ai ramenée ma reine-citrouille, et sa cour de courges et courgettes...


Bien, je vous laisse ici pour aujourd'hui. J'ai passé un bien agréable moment.
Je vous retrouve un de ces jours, si ça vous dit.

Bonne fin de dimanche à vous !

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