mercredi 7 janvier 2015

CHARLIE HEBDO.




J'apprends la nouvelle ce soir.

Et, comme vous sans doute, je suis stupéfiée, et atterrée.
Comme nous l'avons été à l'annonce des décapitations d'otages, comme nous l'avons aussi été en 2001.

Et, comme vous, je vais continuer de vivre ma petite vie, entre Agorreta et Lafitte. Et laisser ça de côté, en me disant que je ne peux rien y faire. Que d'autres sauront, sûrement.

Seulement, quand la jeunesse se laisse brûler la tête par des idéaux de destruction et de violence, je ne suis pas sûre de pouvoir compter sur ceux là même qui financent directement ou pas toute la logistique de ces idéologies de paravent.

Je ne suis pas férue de politique. Loin de là. Je ne sais pas comment vont ces choses.

Mais, comme vous, je sens ma civilisation malade. Et, comme vous, pour pouvoir continuer de vivre en paix, je préfère fermer les yeux.

L'émotion est vive ce soir, évidemment. Elle le restera quelques jours pour la plupart. Et la blessure saignera pour les proches des morts tant que eux vivront.

Mais ils seront seuls dans leur combat contre des forces de l'ombre.

Notre civilisation ne se relèvera peut-être pas de ses chancres. Elle pourrit de l'intérieur. Il faudrait un miracle pour la sortir de là. Un sursaut de conscience phénoménal.

Un idéal plus séduisant que celui qui pousse des jeunes en désespérance à se jeter dans la violence et  la mort, à donner, et à recevoir pour finir en héros.

J'ai honte. Je ne sais que répéter ce que d'autres ont déjà dit bien mieux que moi. Et je ne vois pas comment sortir de là.

Comme vous, je vais me coucher, un peu perturbée. Demain, je parlerai de tout ça avec mes collègues. Et notre vie à tous reprendra, très vite, comme si de rien n'était.

D'autres fous meurtriers répandront le sang. Et ceux là qui les utilisent continueront jusqu'au jour où la violence qu'ils ont nourrie se retournera contre eux.

On peut manipuler des esprits perdus. Mais on ne peut plus contrôler des malades qu'on a formatés pour détruire. Ils iront jusqu'au bout.

J'ai  honte. Je ne ferai rien de plus. La résignation nous englue. Comme si la révolte n'était plus à notre portée.

Du moins n'est-elle plus à la mienne...

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