vendredi 30 janvier 2015

Trop sûre de moi ?




Il est quatre heures du matin. 
Je remonte d'en bas. Mon père s'agitait comme un beau diable dans son demi-sommeil. J'ai entendu son fracas et j'ai préféré aller voir ce qui se passait.
Les trois chiens m'ont accompagnée, ravis de cette promenade improvisée à travers la ferme endormie.

Arrivés dans la chambre paternelle, un joli désordre de foire nocturne, mais rien de particulier.
Le brave homme était déjà même rendormi dans les draps et couvertures entortillés. Il ne s'est même pas réveillé quand je l'ai déroulé de là dessous comme une nem qu'on défait.
A peine un grognement de satisfaction à se sentir plus confortable, bien couvert et bordé comme un joli bébé... de 87 ans !

Remontés ici, les chiens se sont à leur tour remis en position repos, roulés en boule les uns contre les autres.

Moi, ma gredine d'oreille siffle tellement que je ne vais pas pouvoir replonger facilement dans les bras de Morphée.
Bah ! J'ai fait une bien belle sieste hier à la faveur de la tempête, dehors. Je ne suis pas trop fatiguée. J'irai aux bêtes dans moins de deux heures.
Je me suis fait une tisane (nuit tranquille...). Olivier m'a ramenée la bouilloire dont il ne faisait rien à Rivière, puisque la grande consommatrice d'eau chaude pour ses infusions, sa petite épouse hors domiciliée conjugalement,  était délocalisée par rapport à son objet.

Le vent souffle toujours fort autour de la vieille ferme. Je ne suis pas mal, là, dans un gilet bien chaud offert par ma belle-fille, notre si charmante Virginie, bientôt maman pour la seconde fois.
Ca aussi, il faut que je vous raconte. Ma vie peu orthodoxe de femme mariée en secondes noces, les deux très beaux-enfants de mon mari, la belle famille à Saubusse. Enfin, un autre chapitre, quoi, un de plus !

Pour cette nuit, me trotte en tête une remarque de mon directeur respecté.

Mon directeur, à la jardinerie, c'est Jean-Michel. Je vous en ai un peu parlé, déjà.
Je vous partagerais un petit texte inspiré par le personnage. Mais je dois d'abord me faire confirmer son accord.
Je ne voudrais pas me le contrarier. Il doit prochainement nous faire passer les entretiens de fin d'année. En février. Mais bon, il est un peu comme ça, l'homme.  C'est le typique des cinq dernières minutes où tout se dénoue après une tension soigneusement entretenue.

L'an dernier, à la même occasion, il soulignait comme un point faible le fait que je sois "trop sur d'elle". Tel quel.  Jean-Michel n'est pas le seul à me considérer comme un genre médian entre l'homme et la femme. D'autres collègues m'attribuent volontiers des particularités masculines dans le travail. 
Quand il s'agit de charger des sacs un peu lourds dans un coffre de voiture toujours trop haut, par exemple, on n'hésite pas à faire appel à moi.
C'est curieux, n'est-ce pas ?
 Il y a bien d'autres femmes et jeunes filles à la jardinerie, bien mieux taillées que moi d'ailleurs pour soulever des poids. Je ne suis pas un gros gabarit. Sans être une petite chose fine et fragile, loin de là, je reste un petit bout de femme d'à peine un mètre soixante pour un petit demi-quintal.
 Ceci étant un reste de mon ancienne carrière dans les coopératives agricoles (où j'ai rencontré mon mari, cf la fin de mon dernier article...). 
En vente de céréales, un quintal représente cent kilos. Ca, c'est pour la pédagogie.

Je ne suis pas d'un physique raffiné, mais bon, il ne faut pas y regarder de trop près pour voir que je suis femme, quand-même, enfin !
Une petite vexation supplémentaire dont j'ai choisi de rire...plutôt que d'en pleurer !

Trop sûre de moi, donc.
Ca me revient là, pas tout à fait par hasard.
J’œuvrais jeudi avec Martine, une collègue de mon âge, elle, tout à fait féminine. Soignée, coquette, non, vraiment, là, il n'y a pas matière à se demander.
Par ailleurs, bien plus solidement bâtie que moi, beaucoup plus grande et charpentée à souhait.

Nous parlions de ce "blog", justement.
Elle me demandait, la cabotine, si je parlais de mes collègues de travail, dont elle, évidemment.
Et me rappelait le droit à l'image. Moi, je suis plus dans les mots. Et ce que j'écris, j'en suis libre, tant que je ne verse pas dans la calomnie ou les incitations interdites. Surtout par les temps qui courent...

Le droit de réponse reste ouvert. J'ai averti en préambule, je ne sais plus où, mais par là dans les débuts, que ces pages étaient ma vérité, ma version des faits et des gens.

Je ne pense pas Martine inquiète de mon opinion sur elle. Elle est suffisamment fine pour la savoir plutôt favorable dans l'ensemble. Pas forcément dans ses méthodes de travail, mais sur sa personnalité de femme.
Je me suis confiée à elle plusieurs fois et sa capacité d'écoute m'a toujours frappée. Et aidée.
Grâces soient donc rendues à notre grande et belle Martine.
Si avec ça, je ne me mets pas à l'abri, je ne sais pas ce qu'il y faut !

Bref, après ce petit avertissement incongru au vu du nombre restreint de mes lecteurs, (je crois avoir un seul "follower", merci encore Jean-Michel), elle me demande ensuite si je garde l'esprit critique quand je me relis.

Et là, sans une seconde de réflexion, je lui réponds : non, du tout, absolument pas.

Et c'est la pure vérité. Quand je me relis, ou plus largement quand je repense à ce que j'ai pu faire ou dire, jamais ne me vient à l'idée de me juger. De me remettre en question, comme il est pourtant si souvent recommandé de le faire. Non, non, non et non !

Je suis ma meilleure amie, la plus attachée à moi même. Je suis totalement partiale et partisane quand je me considère. Je me pardonne tout, je me justifie de n'importe quoi.

Aussi, si on y pense, si on fait les choses en toute sincérité et bonne foi, c'est qu'on essaie de faire pour le mieux. Je ne dis pas qu'on y arrive. Mais l'intention, si elle n'est pas l'action, vaut absolution. D'après moi, toujours.

Dans mes écrits, je n'engage que moi. Je parle des autres, évidemment, mais je dis ce que moi, j'en pense. sans en faire une vérité universelle. Ou alors, là, ce sont eux qui ont une foi démesurée en moi. Plus que moi même. Et ça, ça parait impossible...

Je suis sûre de moi, de ma bonne foi et de ma meilleure volonté. Je suis la mieux placée pour en juger. Sauf cas de subconscient tourmenté et diabolisé, mais là, on entre dans des zones turbulentes où je préfère ne pas aller me faire bousculer.

Pour mes mots et mes faits, j'admets et accepte la contradiction. Même, j'aime assez débattre et défendre mes actes et mes idées. J'y cultive une certaine ténacité. Demandez-leur donc, à mes collègues !

Je suis persuadée d'avoir un esprit ouvert et tourné vers les autres. Comme nous le sommes en majorité, même ceux dont on peut penser qu'ils ont la largesse de vue d'une jument "en-oeillérée".

Mais trop sûre de moi, je ne sais pas. C'est combien, trop ?

Si je me trompe et qu'on me le montre, je n'aime pas ça. Mais bon, que voulez-vous, par force, je m'incline. Avec raideur, oui, la posture ne m'étant pas familière, mais je m'incline.
Si je me suis engagée dans une mauvaise voie, je fais demi-tour ou marche arrière. Tant que j'en ai l'énergie, ça n'est pas un problème.

Si avoir l'esprit critique, c'est chercher à tout prix la petite bête, c'est vouloir en priorité se dévaloriser, mettre en doute ses capacités, se flageller et se jeter à terre, non, je vous le confirme, je ne l'ai pas. Mais alors là, pas du tout.

A priori, je me regarde avec sollicitude et amitié. Prête à me pardonner mes péchés. J'assume mes fautes et le mieux que je fasse, c'est tâcher de les réparer.

Alors, oui, je suis sûre de moi. Si j'ai tort de l'être, il va falloir me le montrer, me le démontrer.
Et là, c'est sûr, je serais très étonnée. Déçue, évidemment, je m'aime tant...

Et je continuerai. Tant que je le pourrai.

Voyez-vous mes amis, je reste persuadée que si dans notre société les gens cultivaient cet amour d'eux-même, ils seraient mieux en capacité d'en avoir assez pour les autres aussi.

Aimons-nous d'abord, soyons bons pour nous mêmes. C'est le meilleur point de départ pour pouvoir aimer les autres et les aider à, eux-aussi, s'aimer.

Bien ! Sur ce prêche pompeux et emphatique, et là, mon esprit critique me met le sourire aux lèvres et la tiédeur dans le cœur, je vous laisse à votre fin de nuit.

Faites comme mon père, en bas, grognez un peu d'aise, et rendormez-vous profondément.
Moi, je vais aller prendre un bon petit-déjeuner.

A dimanche, sans doute !





CHOSE PROMISE, CHOSE DUE




Je revendique volontiers haut et fort, mon respect à la parole donnée.
La nécessité pour moi de tenir mes engagements.

Je ne me dédirai pas encore cette fois-ci !
Je vous ai annoncé des recettes charcutailles, vous aurez des recettes charcutailles.
Les miennes.
Celles d'Agorreta, transmises de mères en filles et adaptées par chaque génération.






Le temps se prête en cette fin de semaine aux préparations culinaires.
La température fraîche garantit les conditions sanitaires convenables.

A Agorreta comme ailleurs, du jeune temps de ma vieille mère, la "cochonaille" était l'affaire d'une bonne petite semaine.
Il y avait encore dans les années cinquante, une troupe de deux ou trois femmes, dédiée à l'opération.
Elles intervenaient de fermes en fermes, convoitées et adulées comme des prêtresses. Elles cultivaient le secret de leur science, et œuvraient en maîtresses incontestées d'un art presque magique.
On les recevait comme des reines et elles profitaient pleinement de leur statut prestigieux.
C'était bien simple, dans les fermes, on ouvrait avec déférence sa porte au curé, au médecin, et à ces cuisinières. 
A la limite, un notaire, ou un érudit, un représentant quelconque d'une institution officielle, pouvaient se respecter de la même façon, mais alors, une note de défiance gâchait la dévotion entière et totale due aux premiers. Ces gens plus ou moins garants des lois n'amenaient souvent rien de bon avec eux...

Maintenant, seul, le "tueur de cochon" garde une prérogative incontestée.
C'est un homme de l'art. Il fait chaque année sa tournée et abat les bêtes avant de les découper en morceaux à cuisiner.
Il va lui aussi de fermes en fermes, et colporte racontars et historiettes diverses et variées.
Ses informations de première main sont tout à fait appréciées. Presque davantage que son travail...

Chez nous, le "tueur", c'est Beñat de Biriatou. Il est jeune encore, et remplace son prédécesseur, Jean.

Je vous l'ai dit, la tuerie du cochon est une petite fête. A cette occasion, la famille se regroupe. Pas tant par nécessité de main d'oeuvre. Plus pour le plaisir de rire ensemble, et écouter les nouvelles glanées par cet informateur irremplaçable.

Depuis longtemps, il n'y a plus de cuisinières volantes. Chaque maison se débrouille avec ses locales. A Agorreta, ma mère et la sienne dirigeaient la manœuvre en distribuant les tâches aux uns et aux autres.
Pendant plusieurs jours,  c'était l'effervescence à la ferme.
Le premier jour, celui où on sacrifiait la bête, on répartissait les morceaux suivant leur destination. On découpait l'oignon et on le hachait pour le mettre à égoutter jusqu'au lendemain dans un chaudron retourné.
Ainsi, il perdait son eau, et, si on arrivait à renverser le chaudron en plaquant bien le couvercle de façon à ne pas répandre la moitié de l'oignon par terre, on avait une bonne masse essorée.
Si, par malheur, la manœuvre avait été mal conduite, on récupérait l'oignon répandu à terre, en enlevant au mieux les corps étrangers. 
Souvenez-vous, tout ça se passait dans l'étable, certes un peu dépoussiérée, mais bon, un peu approximative en tant que laboratoire de cuisine...
Comme la conversation avec le "tueur" et les visiteurs venus pour l'occasion était prenante et intéressante,  on ne faisait pas grand chose de plus ce premier jour.
Goûter, repas, histoires et éclats de rire, c'était le gros du programme de travail...
Ah, non, c'est vrai, on passait aussi les boyaux à l'eau pour les détendre !

Le lendemain, on attaquait la préparation du boudin. Et de nouveau, avec les aidants et participants à degrés divers et variés, conversations, discussions, collations.
Le surlendemain, on se retrouvait en plus petit comité. On s'occupait alors des pâtés.

Pour le restant des viandes, il fallait laisser reposer. A température ambiante, juste à l'abri des chiens. Quelques chats ou rats se faufilaient dans la remise mal fermée, mais bon, il y en avait suffisamment pour tout le monde, alors...

A J+3, on se mettait à la saucisse. Là, il y fallait la journée, puisqu'on hachait la viande, on assaisonnait à vue de nez, on mélangeait, et on faisait frire un petit échantillon pour goûter.
C'était bien agréable, on passait la journée à manger de la chair à saucisses frite, sur des morceaux de pain. 
Tout le monde était consulté, et chacun donnait son avis, souvent différent de celui du voisin.
A la fin des fins, on se décidait pour dire que ça allait. Et on enfilait tout ça dans les boyaux.
Arrivait vite le soir où on mettait les chapelets de saucisses à sécher au grenier.
Là encore, quelques bêtes de passage se remplissaient la panse à peu de frais...

Ca n'était pas terminé ! Il fallait encore le jour d'après faire fondre la graisse et passer ce liquide ambré et épais dans les pots en grès. Elle servirait pour les confits.

Les dits confits se faisaient eux sur une autre journée encore. 
Je vous dis, le temps de ranger le dernier bocal dans l'armoire du grenier, de remiser les bassines et marmites récurées au fin fond de la grange pour l'année suivante, nous étions rendus à la semaine d'après.

Ca, c'était du temps de ma mère, il y a plus de trente ans.

Depuis, la cuisinière, c'est moi.

Je ne renie pas le plaisir de faire un peu de fête autour d'une occasion comme d'une autre.
Pour ce qui est du travail, je n'aime pas lambiner.
Mes collègues de chez Lafitte vous le confirmeront, je serais, limite, expéditive.

A Agorreta, dernièrement, le cochon, c'était l'affaire de quelques heures.
Beaucoup regrettent cette rapidité et l'étroite latitude qu'elle laisse aux relations publiques.
Le boucher, Beñat, lui, non.
 Ce garçon travaille à l'extérieur, il a une vie de famille, et il élève en plus quelques têtes de bétail. Alors, pour lui comme pour moi, les journées sont suffisamment remplies. Il apprécie les retrouvailles avec mes frères et l'ambiance festive. Il joue son rôle de glaneur et transmetteur d'informations. Il y met même sa touche personnelle, en fines et subtiles allusions.
Mais bon, il arrive sur le coup des treize heures trente, et, au plus tard, deux heures après, il est reparti. Un ou deux cafés, quelques bavardages bien condensés, mais le travail à faire vite plié.

De mon côté, je ne suis pas en reste.
Je m'entoure de deux de mes nièces, et à toutes les trois, nous nous activons gaiement,  entre la cour où le pauvre cochon tué palpite encore et l'étable où les marmites bouillonnent déjà.

Pour le soir, le gros du travail est fait. Nous laissons quelques tâches pour le lendemain matin, histoire de prendre le petit déjeuner ensemble après un dîner un peu tardif le jour même.

La tuerie, c'est le samedi en début d'après-midi. Pour le dimanche en milieu de matinée, le dernier chaudron est rangé. 
A l'heure de l'apéritif hebdomadaire en famille, nous goûtons le pâté cuit au four, les boudins, et les saucisses.

Evidemment, ça écourte la semaine de fête. L'ambiance est moins marquante. 
Mais que voulez-vous, la vie moderne est ainsi. Plus rapide. Pas forcément mieux.

Personnellement, avec ce tempérament un peu vif, vous vous doutez bien que, pour rien au monde,  je ne reviendrais en arrière. Plus d'une semaine à jongler entre les bassines grasses et les réchauds brûlants, merci bien, très peu pour moi !

Avec tout ça, vous vous dites, ça y est, c'est reparti, elle va encore nous laisser en plan, en se perdant dans ses histoires, madame efficacité !

Que nenni !
 Je tiens mon programme, et vous trouverez ici-même et dans le détail, l'ensemble de mes 


recettes héritées (un peu adaptées mais pas trop) des femmes d'Agorreta !



Petit rappel des fournitures et du matériel :






Bassines, réchauds, stérilisateur
en haut





Légumes et aromates à droite



Epices et condiments en bas






















1/ LE PÂTÉ DE FOIE

Pour un foie de un kilo, prévoyez deux kilos de viande grasse. Hachez le tout, avec deux gousses d'ail et une branche de persil. Rajoutez une pincée de muscade en poudre, un demi-verre de porto et quatre œufs.
Assaisonnez à raison de 12 grammes de sel par kilo de pâté, 3 grammes de poivre et 2 grammes de piment fort.
Gardez en tête ces grammages d'assaisonnement. Je les applique à toutes les préparations charcutières.
 Et je m'en félicite, quand les autres ne le font pas suffisamment à mon goût.
Quand tout est bien mélangé, remplissez les terrines, et mettez les à stériliser deux heures.
Vous pouvez aussi préparer un plat allant au four en versant la préparation dans la "crépinette" du cochon. 
La "crépinette", c'est mon terme. Techniquement, je crois que c'est le diaphragme, enfin, l’espèce de toile blanche tramée en dentelle qui sépare le cœur et les poumons, des viscères digestives.
A la cuisson, c'est cette "crépinette" qui donne ces nervures blanches sur la croûte brune de pâté cuit. N'est-ce pas joli ?

Vous voyez, vous avez attendu un peu, mais là, en plus de mes secrets de cuisine, vous avez un petit cour de biologie animale pour le même temps d'attente. N'est-ce pas formidable ?

Allez, passons à la suite, sans perdre de temps...



2/ LA HURE OU PÂTÉ DE TÊTE


Prenez une tête de cochon. Prenez aussi un cœur,  deux pieds, ou quatre.
Si vous aimez l'aspect gélatineux de la hure, rajoutez de la couenne, à raison d'un demi-kilo.

Faites bouillir tout ça dans un bouillon bien aromatisé et épicé. Bouquet garni abondant, aromates riches (thym, laurier, romarin). Goûtez pour vous rendre compte. Le bouillon doit être parfumé et bien épicé. Les viandes à cuire absorbent bien les goûts et vous les rendront au centuple...

La tête mettra plus longtemps à cuire que le reste. Il faut qu'une fourchette s'enfonce sans mal dans la joue du cochon (pensez qu'il est mort, ça vous aidera à lui planter votre fourchette sans crisper votre légitime sensibilité). Réalisez le test aussi sur le langue et le cœur. (Toujours d'accord, hein, là, il est mort).

Pendant le temps de cette cuisson, une bonne heure ou plus suivant la taille de la tête, vous pouvez faire une pause-thé avec vos amies. Éloignez-vous de la marmite, sinon, vous serez toutes plus parfumées que vos viandes à pâtés...

Hachez les viandes cuites. Attention de bien désosser la tête. Le hachoir n'aime pas qu'on lui donne un bout d'os ou une dent à manger !
Rajoutez un demi-kilo de chair à saucisses crue.
Incorporez quatre œufs,  deux gousses d'ail et assaisonnez comme ci-dessus. (Je vous avais prévenus, il fallait garder en tête, ou noter...)

La préparation ne doit pas être trop sèche. Là, c'est une question d'évaluation. Pour vous aider, ça doit tenir dans une cuillère bombée bien droite, mais glisser dès que vous la penchez. Technique ça, non ? Enfin, quand vous l'aurez fait une fois, pour la suite, vous saurez !

Si le mélange parait aride, il faut l'arroser de bouillon, jusqu'à obtention d'une texture un peu coulante. (Mais pas trop !)  Moelleuse, mais pas visqueuse. Comme une jolie poignée d'amour, si ça peut vous aider.

Là, toujours pareil, on remplit les terrines et on les met à stériliser deux bonnes heures.

Vous voilà avec une jolie tripotée de petits pots de pâtés à servir en entrée.
Vous conserverez ces pots à l'abri de la lumière, dans un endroit tempéré. Ils se gardent sans problème une année, et même deux. Plus, je ne sais pas, je les ai toujours mangés avant !



3/  LE BOUDIN


C'est la partie la plus difficile. Mais très à portée de tous, ne vous inquiétez pas.

On met dans le boudin tout ce qu'on n'utilise pas ailleurs. C'est bien connu, dans le cochon, tout est bon.
Alors, tête, poumons, cœur,  morceaux gras, couennes, tout peut y passer, si vous n'en avez rien d'autre à faire.
Comme pour la hure, on fait cuire les viandes et viscères. Pareil pour la pause. 
Moi, je fais les deux préparations en même temps, dans le même bouillon. La difficulté, c'est de trier les morceaux pour les retirer au milieu d'une fumée aveuglante. Pour faciliter l'opération, je mets les morceaux destinés à la hure dans un filet plus facile à récupérer. Finaud, non ?

En plus des viandes, il faut, pour un boudin savoureux, prévoir des légumes.
De l'oignon frit, à raison de 3 kilos pour 15 kilos de viande, auquel on a rajouté 2 beaux blancs de poireaux, une petite poignée d'ail,  4 ou 5 carottes et un bouquet de persil.
Le tout doit avoir "compoté" gentiment dans un faitout à couvert. Goûtez pour vous assurer que les légumes sont justes fondants, surtout pas craquants.
Assaisonnez. Il faut que ce soit bien épicé, là encore, pour ne pas affadir les viandes.
Vous mélangez la viande cuite hachée à vos légumes "compotés."

Et là, attention, c'est la clef de l'opération !

Votre mélange viande légume doit être très chaud. Par contre,  au moment d'incorporer le sang, il ne faut surtout pas qu'il le soit trop. Moi, je laisse la bassine sur le feux pendant que je mélange viandes et légumes, je goûte pour ajuster l'assaisonnement. Pensez que le sang affadit la préparation. Elle doit être limite trop épicée, mais pas trop !
C'est là qu'intervient le talent de la cuisinière. Si tout était mathématique, n'importe qui y arriverait, ah !
Au moment, d'ajouter le sang, je coupe les feux. Je verse le sang, rapidement, et je fais remuer vivement par une assistante. Ou deux, si elles y sont.
Pour la quantité, c'est un peu au jugé. (Encore !)  En gros, le mélange doit noircir, être un peu de la même texture que la hure de tout à l'heure. Vous vous souvenez, la poignée d'amour ?
Pour vous donner une idée quand même, parce-que je ne saurais vous laisser embarrassés, prévoyez un litre et demi de sang pour vos quinze kilos de viande, à la louche.

Vous pouvez goûter le mélange prêt à être enfilé dans les boyaux. Le sang a cuit dans la préparation chaude. Ne craignez pas de tourner au vampire.
Si vous en avez le cœur soulevé, ça n'est pas grave, acceptez juste l'augure d'avoir des boudins trop fades, ou alors, trop épicés...

Quand vous avez rempli vos boyaux avec la pâte à boudin, chaude, ça se fait mieux, il vous reste à les faire cuire dans le bouillon réservé. (Vous l'aviez jeté, dommage... Bah, préparez-en un autre pour cette fois, à la prochaine, vous y penserez !)
Les boudins doivent frémir (pas bouillir!) pendant une demie-heure. Ils virent au gris, se soulèvent dans l'eau. Si vous les voyez gonfler au point d'éclater, percez-les avec une aiguille fine.
Là, pas trop de bavardages avec les copines en oubliant le chaudron. Il faut surveiller de près.
Ensuite, on retire les grappes de boudins et on les laisse sécher quelques heures.
C'est un petit coup de main aussi à prendre, la confection de la grappe de boudins. A la sortie de l'entonnoir où la pâte vient remplir le boyau, il faut former les parts et les regrouper pour en faire une belle "xorta" comme cela se dit en basque.
Mais bon, c'est une question de forme. L'important, c'est le goût !

Et voilà pour vos boudins !


Le reste, c'est de la gnognotte. 


4/ LES SAUCISSES


Là, rien de bien sorcier. Vous hachez de la viande, pas trop maigre, vous assaisonnez, et vous enfilez dans les boyaux. Vous divisez en parts pour faire les chapelets, vous laissez sécher quelques heures, et vous pouvez manger. Ou confire, ou congeler, comme vous le voulez.
Selon le goût, on peut rajouter à la viande un peu d'ail haché. Pas trop, pour ne pas compromettre la conservation. L'ail a aussi une vertu vermifuge non négligeable quand on consomme du porc. Voyez, après la biologie, la pharmacopée. Je vous avais dit que ça valait la peine d'attendre...


5/ LES CONFITS


Pour réaliser vos confits, le plus simple, c'est de mettre les morceaux au sel pendant deux jours.
Ensuite, vous les faites cuire dans de la graisse bien chaude pour qu'ils dorent un peu.
Puis, test de la fourchette. Là, il n'y a plus qu'à faire rentrer les morceaux frits dans les bocaux, rajouter un tiers de graisse fondue, et stériliser deux heures.

Chez moi, les stérilisations, c'est toujours deux heurs. Ne me demandez pas pourquoi. Ca marche très bien comme ça, c'est tout.

Et voilà, nous avons réalisé un petit échantillon de charcuterie maison.

Pas plus compliqué que ça !

Bon, là, je vous presse un peu sur la fin. Encore une fois, le temps m'a passé si vite avec vous !
Je dois descendre soigner les bêtes... et les gens !

Le temps ne se prête de toute façon vraiment pas à la promenade. Alors, pas de regrets !








Dieu, que tout ça est noir et froid. Mes pauvres arbres prient le ciel d'être plus clément. Mais il ne les entend pas. Le vent l'assourdit.


Allez mes amis, je vous laisse ici. J'étais si bien avec vous. J'ai du mal à vous quitter...
A très vite !


Tiens, je reviens à vous vite fait après mon coup de fil du soir à mon mari exilé dans ses Landes natales.
Il voudrait me faire préciser que tout le matériel nécessaire à la fabrication de mes charcuteries maison s'achète dans les magasins type coopératives agricoles, dans l'une desquelles, justement, il travaille.
Le bougre, un peu plus, et il me demandait de vous faire passer les prix promotionnels des hachoirs à viande, poussoirs à saucisses et autres bassines et terrines...
Je n'en ferai rien, évidemment ! Je suis une épouse conciliante, mais j'ai ma déontologie !
Allez, ce coup-ci, on se quitte. Bonne nuit à tous !

















mercredi 28 janvier 2015

Mes recettes cochonailles



Amis suiveurs ou découvreurs de ma chronique, bonjour à tous !


A la demande générale, soient trois personnes, je vais aujourd'hui vous livrer mes recettes les plus secrètes.

L'univers d'Agorreta est rural et traditionnel, vous le savez maintenant. Ou vous le découvrirez très vite...





La ferme est vieille. Le mode de vie, pratiquement, ancestral...



A Agorreta, pendant longtemps, nous avons élevé nos cochons. Je sais, porc, est plus correct, mais moi, j'aime mieux, cochon. Ici, c'est moi qui écris, c'est moi qui choisis !

Jusqu'à l'an dernier, il y avait sur le côté sud de la bâtisse un enclos habité par une bête à groin.




C'était ici, côté soleil levant, là ou vous apercevez maintenant à gauche du Karraro un tas de bois.

Il y a là quatre emplacements d'une douzaine de mètres carré chacun, où nous élevions autant de cochons.

Nous les achetions petits, en début d'année, nous les nourrissions jusqu'à l'hiver, et, ensuite... (attention aux âmes sensibles et délicates),  nous les mangions !





Souvenez-vous, nous étions nombreux à Agorreta, et il fallait prévoir de la nourriture en conséquence.
Aujourd'hui, la densité humaine a drastiquement diminué. Nous sommes deux résidents, et quatre autour de la table, puisque deux de mes frères, les célibataires, nous font l'honneur de partager notre maigre pitance.

Ainsi, j'ai, au fur et à mesure des années, diminué l'importance de mon élevage porcin.
J'élevais un moment deux bêtes pour les destiner à la vente, histoire de diversifier les sources de revenus à la ferme.

Vous commencez à me connaître un peu maintenant. Vous vous doutez bien que je ne faisais pas les choses à moitié !

Mon père et un ou autre de mes frères, allaient au mois de janvier quérir trois petits cochonnets dans un élevage des alentours de Saint-Pée sur Nivelle.
Ca leur faisait une promenade, ils aimaient bien ça.
En principe, ils y allaient le lendemain du jour où l'on avait occis le dernier cochon à la ferme.
Nous disposions, nous l'avons d'ailleurs toujours, d'une charmante cage grillagée. Nous la chargions sur une remorque attelée à la voiture et hop ! l'équipée partait en goguette à la recherche de viande fraîche pour l'année à venir.

Le temps que ces hommes choisissent les bêtes les plus prometteuses offertes à leur expertise, je préparais les logements des nouveaux arrivants.
Paillage frais et bouffant, auges nettoyées à fond, portes vérifiées. Les occupants de l'année précédente n'avaient pas toujours été des invités soigneux. Ils mettaient parfois à mal l'installation, particulièrement, les panneaux des portes en bois. 
De temps à autre, à l'occasion de ces changements d'occupants, quelques rénovations rudimentaires s'avéraient indispensables,  si je ne voulais pas voir mes cochonnets enfuis sitôt arrivés.

C'est que c'est bigrement malin, un cochon. Il faut les voir faire !
Déjà, au déchargement, tout énervés par le trajet, les arrivants sont très agités. 
Comme ils sont jeunes, petits, lestes et légers, il faut bien s'assurer de pouvoir les canaliser avant d'ouvrir la cage où ils sont enfermés.
Depuis le temps, nous étions bien aguerris à la manœuvre, chacun à son poste.
J'ouvrais le vantail de la porcherie (nous disons volontiers "le cochonnier", par traduction du basque "Zerri tokia" l'endroit du cochon).
Mon frère reculait au maximum la remorque. Un autre s'apprêtait à ouvrir la grille de la cage. Et mon père, armé d'une fourche, assurait le blocage de toute éventuelle tentative de fuite.

Je ne sais pas si vous avez souvent eu l'occasion d'essayer d'attraper un cochon. Particulièrement, un jeune cochonnet vigoureux et énervé.
Le cochon a bien une tête avec deux oreilles, assez grandes même, quatre pattes, et même une queue si elle n'a pas été coupée par l'éleveur.
On pourrait penser qu'avec tous ces appendices, il ne manque pas de prises possibles.
On pourrait le penser, oui, jusqu'à temps d'avoir essayé ! Parce-qu'alors là, ça n'est pas une mince affaire...

Un cochonnet, déjà, c'est une ogive. Long, oblong et rond. Lisse, vif et tonique !
Il fend l'air comme un missile et se propulse sans hésitation vers l'inconnu. Ah ça, il n'a pas les tergiversations d'un jeune veau ou d'une vache débarquée de la bétaillère. Lui, il ne se pose pas mille questions, il ne cherche pas à humer l'air pour apprécier la nouvelle ambiance, lui, il fonce !
Le petit cochonnet fraîchement arrivé, n'est pas du tout engourdi par l'immobilité du temps de trajet. On pourrait l'espérer, mais, je vous l'assure, pour l'avoir bien souvent expérimenté, le cochonnet fraîchement arrivé a une détente, étonnante.
Dès qu'il sent autour de lui un peu d'espace, dès qu'il flaire une possibilité d'évasion, notre cochonnet ne fait ni une ni deux, et le temps que vous vous étonniez de cette fulgurance, il est déjà loin !

Il nous est arrivé d'en laisser échapper. Et bien, il a fallu mobiliser du monde, et s'armer de patience, pour réussir à remettre la main sur le fugitif. Des courses, des sauts, des cris, des chutes, j'en passe et des meilleures.
Le cochonnet vous glisse dans les mains comme une anguille, il feinte et esquive comme le plus agile des boxeurs poids-plume. Vous croyez le tenir, il vous bouscule et vous file entre les jambes, avant que vous n’ayez eu le temps de comprendre comment vous vous retrouvez les quatre fers en l'air, au milieu de la cour de la ferme.

Je vous dis et vous le redis, méfiez-vous du cochonnet qui dort. Il se transforme en bombe en un quart de seconde...


Bref, à Agorreta, l'arrivée des nouveaux porcelets était un petit événement.
Les animaux enfermés dans leurs bauges, nous pouvions mieux les examiner.
La pré-sélection faite chez l'éleveur ne donnait pas toujours entière satisfaction. 
Je voulais des cochons longs, larges d'épaules et de hanches. Des gabarits potentiellement prometteurs, quoi.
Je préférais avoir des petites femelles châtrées. Elles s'avéraient plus calmes. Moins sales aussi que les mâles qui parfois avaient la dégoûtante habitude d'uriner dans l'auge où ils mangeaient.
L'auge est longue, et eux, quand ils arrivaient, courts. Ils pouvaient du coup s'installer dedans et s'y soulager sans se soucier de souiller leur nourriture. Les malotrus !

Les dernières années, l'éleveur n'avait plus de femelles stérilisées. Nous prenions faute de mieux des femelles sensées devenir truies. Elles n'en avaient ni le temps, ni l'occasion, bien-sûr. Nous les mangions avant qu'elles ne puissent devenir mères.

Nonobstant, elles en avaient les émotions et les pulsions. C'est-à-dire que toutes les trois semaines, mes "porcelettes" devenaient invivables pendant deux jours. Un véritable tempérament de feu, ces petites ! Elles s'agitaient, ne voulaient plus manger, malmenaient et ruinaient la litière propre dans l'heure où je l'avais changée. Une véritable plaie !

Mais bon, l'alternative, c'était de prendre des mâles. Ceux-là étaient bien castrés. Mais alors, "caractère de cochon", je peux vous confirmer que c'est une rudement juste expression.
Le cochon mâle est grognon. Ronchon, bougon. Il se détend rarement. Même rassasié, dans un habitat fraîchement nettoyé, il reste malcommode et vite agressif.
Alors, dès qu'il a un peu faim, dès qu'une contrariété l'agace, il devient impossible. Vous l'approchez, il vous bouscule, vous voulez lui gratter le dos pour lui adoucir les cervicales, il chercherait presque à vous mordre !
Non, non, le cochon mâle, peut-être suite à la frustration de sa castration, je ne sais pas, est un animal très désobligeant.

J'élevais mes cochonnes pendant toute l'année. Nourriture saine, légumes verts à volonté, restes de table, pain trempé dans du lait, rien ne leur manquait.
Je les tenais toutes proprettes, changeant leur couche de fougère tous les matins.
Pour la fin de l'année, elles étaient devenues de longues et lourdes bêtes. Dolentes de ce poids difficile à remuer, elles grognassaient gentiment, et appréciaient les vigoureuses frictions de dos qui les faisaient couiner de plaisir.

Le cochon est un animal extrêmement attentif, et d'une ouïe incroyable.
Mes cochonnes percevaient le bruit du moteur de ma voiture, bien avant mon arrivée à la ferme. Elles me sentaient venir de loin.
Même si je connaissais leur destin, je ne pouvais m'empêcher de m'y attacher, à mes "Kutzutzu" comme je les appelais.
Nous n'échangions pas beaucoup, il est vrai, mais bon, j'ai eu passé de jolis moments avec elles.

Quand arrivait décembre ou janvier, il fallait se résoudre à mettre fin à cette existence. Certes, pas très épanouissante, puisque mes bêtes ne sortaient jamais de leurs bauges, mais bon, tout de même.

Comme celles que je destinais à la vente se valorisaient au kilo, j'avais tout intérêt à ce qu'elles pèsent le plus lourd possible, évidemment.
Et elles pesaient, les bougresses ! Nourries deux fois pas jour, elles absorbaient une quantité phénoménale de nourriture.
A tel point qu'en moins d'un an, elles passaient de quarante à plus de trois-cent kilos !
Beñat, notre boucher de Biriatou m'en est témoin.
C'est lui qui se chargeait de la tuerie et du découpage.
Nous entrions tous les deux dans le "cochonnier", pour pouvoir entraver les pattes de la bête avant qu'elle ne sorte.
C'est un moment un peu délicat. L'animal, habitué à moi, sent aussitôt, avec la présence d'un tiers, un danger possible. Il s'alarme vite et peut devenir dangereux.
Je prenais garde de lui distribuer sa nourriture favorite et de le distraire autant que je le pouvais, pendant que le boucher liait les quatre pattes.

Mes frères attendaient dehors pour prendre le relais en se saisissant des quatre cordes de façon à empêcher la bête de fuir.
Entre son arrivée et ce jour fatidique, la malheureuse s'était tellement alourdie qu'elle était beaucoup moins agile.
Je n'aimais pas ce moment. Dès que l'animal était sorti, on le suspendait pour l'égorger.
C'était fait au plus vite, et je ne pouvais pas espérer mieux pour cette brave cochonne...

Ensuite, ma bête nourrie et soignée tous les jours devenait un tas de viande à conditionner.
Nous faisions la pesée. C'était la sentence de mon travail.

Evidemment, pour celui qui achète un cochon de plus de trois cent kilos, le budget n'est plus le même que s'il en faisait cent-cinquante de moins !
Et, quand un cochon pèse trois-cent kilos, c'est qu'il y a au moins une bonne vingtaine de kilos de graisse dont on ne fera rien. En gros, payés pour être distribués aux petits oiseaux en hiver.
Certes, la prise de conscience de l'importance de l'écologie pour la planète est en progrès. De là à consacrer sept pour cent de son panier repas aux petits moineaux, il y a un sacré pas...

Mes acheteurs reconnaissaient la qualité incomparable d'une telle viande, sa saveur inégalée, mais bon, par les temps qui courent, les portefeuilles en fin d'années, eux, ne pèsent pas lourd.
Alors, comme je ne voulais pas produire du cochon de moindre valeur, j'ai arrêté tout net mon petit commerce.

Mon père ne mange plus de viande. Moi même, je n'en suis pas friande. Mes deux frères célibataires se lassaient de "toujours manger du cochon". Bon.
Maintenant, à Agorreta, je continue de préparer la "cochonaille" pour mes frères mariés.
Eux l'achètent tout élevé, moins lourd, moins cher, mieux, quoi. 
Moi, je ne commente pas plus que nécessaire. C'est-à-dire que je ne manque pas une occasion de dire que ce cochon, venu d'on ne sait où, est petit, maigre, sec, filandreux, en gros,  il n'a rien à voir avec la merveille que je produisais, moi !

Que voulez-vous on se défend comme on peut !

Tout de même, en bonne fille, je continue d'assurer les préparations des pâtés, boudins et autres saucisses, pour ces ingrats indélicats.

Je crains d'avoir été un peu longue dans mon préambule.
Je devais vous livrer mes recettes.

Pardonnez mes errances. Je tiendrai ce que j'ai promis. La prochaine fois.

Je vous montre juste le matériel et les fournitures nécessaires, sommairement.
Je vous donnerai le détail de chaque opération. Vous pourrez ainsi réaliser vous aussi vos charcuteries maison.


Il vous faut d'abord, bien sûr, un cochon. Ou un demi, ou un morceau. Tout se vend dans n'importe quelle charcuterie.

Moi, je ne peux pas vous montrer de matière première, puisque, je vous l'ai dit, le dernier cochon d'Agorreta a expiré l'hiver dernier.






Il vous faut un petit équipement de base.
Bassines, marmites, réchauds et autres hachoirs et tutti-quantti.

Un emplacement, spacieux, propre et fonctionnel.

Ici, vous le voyez, un fond d'étable, par exemple.
Evidemment, le jour J, nous enlevons le plus gros de la poussière et des toiles d'araignées.

Un minimum d'hygiène s'impose !









Des légumes.

Là, je vous fais un petit échantillonnage des  variétés nécessitées.


Pour les quantités, ce sera en fonction du volume à réaliser.

Pas de panique, je vous livre tout par le menu dans ma prochaine chronique.











Des condiments, divers mais tout à fait courants.

Du sel, gros, demi-gros et fin, des poivres, gris, blancs ou noirs,

du piment, important pour les préparations à la basquaise,

et puis, muscade, girofle, et autres épices exotiques si l'on veut explorer de nouvelles saveurs.






Vous notez toujours, évidemment, un environnement propre à la réalisation de plats à consommer. Vous êtes à la ferme Agorreta, ici.
Chez vous, vous ferez comme vous le voudrez. (Encore heureux !)



En main d'oeuvre, ne vous chargez pas trop. Deux volontaires suffisent amplement. Plus, c'est juste pour faire la fête. C'est bien aussi, remarquez.
Ici, on ne s'en prive pas. "Zerri iltzea", la tuerie du cochon, c'est une occasion de se réunir, de rire et de manger...


Mes spectatrices s'étonnent de cette activité dans l'étable d'ordinaire plus calme. Mais bon, elles participent, à leur façon !








Kattalin a horreur des visites impromptues.

Elle reste sur ses gardes tant qu'elle voit passer du monde qu'elle ne connait pas.

Ca la fatigue d'ailleurs, et elle met trois jours à s'en remettre.

Sa voisine, Fauvette, elle, elle vit sa vie sans façons.










A côté, Oswitx et Pintta-Mona, sont curieuses, aussi.

Pintta-Mona la gourmande, surtout, souvenez-vous.

Elle surveille en se demandant s'il n'y a rien à happer au passage.













Et mes deux grandes.
Bigoudi la blanche et Pollita la beige.

Leur statut de futures mères les rend plus intérieures.

Elles s'intéressent, oui, mais rien ne saurait les détourner du futur veau qu'elles portent en elle.

C'est pour ce printemps, vous vous souvenez ?







Et voilà, j'ai dépensé sans compter mon capital temps.
Et mes demoiselles en bas, doivent commencer à le trouver long, ce temps d'attente avant la distribution des rations du soir.

Mais, entre nous, rien ne nous tient ni ne nous oblige, n'est-ce pas ?
Notre programme est libre et le sommaire diffus.
Je vous raconte, je me fais plaisir.

J'espère seulement vous faire partager ce plaisir.
A bientôt, je n'oublie pas mes engagements. Je vous respecte trop pour ne pas honorer mes promesses.

Portez-vous bien.

lundi 26 janvier 2015

DIMANCHE DE FETE !




Bonjour à tous !


Pour mes plus fidèles suiveurs, vous avez du vous demander pourquoi je n'avais rien écrit ce dimanche.

Nous sommes encore en janvier, la jardinerie est fermée, alors, où est passée cette Marie-Louise pourtant si  ponctuelle d'ordinaire ?

Figurez-vous que j'étais de sortie, hier...
Ca m'arrive bien rarement. Alors, quand ça se présente, c'est pour moi une grande occasion.

Et quand, en plus, je retrouve mes deux amies Yvette et Hélène, ça devient la fête !
Je ne vous ai pas parlé d'Hélène et d'Yvette jusqu'ici. Vous vous doutez bien que ça arrivera, plus tard.
Elles ne font pas partie d'Agorreta. Mais elles accompagnent mon parcours depuis plus de vingt ans maintenant.
Ce sont deux anciennes collègues de travail. Aujourd'hui, deux amies.
Yvette est en retraite maintenant. Elle vit à Bidache avec son Jean-Louis de mari.
Elle nous a reçus hier comme des princes. Mes papilles palpitent encore des saveurs dégustées.
Hélène est à Saint-Pierre d'Irube. Elle était venue avec ses deux filles, Flore et Blanche.
Hélène est une petite porcelaine fine et ciselée. Elle paraît fragile et vulnérable. Elle l'est, parfois, mais toujours jusqu'ici, je l'ai vue finir par recoller ses morceaux.
Elle est d'une joliesse surprenante chez une femme de plus de quarante-cinq ans. Comme en plus, elle est vive, amusante et spirituelle, elle rendrait toutes les autres femmes folles de jalousie, si elle n'avait pas cette tendance à collectionner les peines de  cœur.
Mais la vie n'est pas trop mal faite. Les femmes à la séduction très moyenne comme moi, se consolent toujours de n'être pas aussi jolies que leurs amies, en se disant qu'au moins, côté sentimental, leur vie est plus paisible...
Ca n'est pas glorieux, je le sais bien, mais tellement humain !
Allez, je faisais juste cet aparté aujourd'hui. Ma chronique en basque m'appelle aussi.
Et je dois  rattraper leur retard de promenade à mes chiens en manque d'exercice.





 Vous les voyez, frétillants, nerveux et toniques ?

Ils sont sur le départ, prêts pour prendre un minimum d'exercice.

Là encore, leur présence sur mon lit est bien évidemment exceptionnelle.

Comme je l'assure à Olivier, mon mari, jamais au grand jamais, les chiens ne viennent dans la chambre,  allons...





Comme le discret rai de soleil va très vite se faire manger par les nuées sombres partout alentour, je ferai bien de ne pas tarder.

Allez, nous nous parlerons plus longuement la prochaine fois.
Je profite juste de cette page pour remercier encore le destin d'avoir mis sur  mon chemin  Yvette et Hélène, ces deux femmes de cœur et de raison.

A une prochaine. Regardez la petite mère Rhune encagoulée. Si je ne veux pas nous tremper, il faut vraiment que je me décolle vite d'ici !



vendredi 23 janvier 2015

ANTTON LE MECONTENT




Je reviens à nous plus vite que prévu.

Je suis coincée ici par la visite annoncée de notre docteur des familles.
Rien de particulier, rassurez-vous, juste une visite de routine, histoire de confirmer que, pour un mourant certifié, le patriarche local ne va pas si mal.

Je m'installe donc en vigie devant la baie, bien au chaud, face au chemin d'arrivée.






Le côté pratique de l'installation, à Agorreta, c'est que la ferme est stratégiquement retirée au bout d'un chemin moyennement carrossable. Ca aussi, toute une histoire, pour une future veillée encore !

Si j'écris, comme cette après-midi, sur la petite table ronde devant ma baie, je ne peux pas manquer de voir passer le moindre visiteur. Je reste disponible à l'arrivant, et en même temps, je peux paisiblement continuer ma conversation avec vous. Impeccable !

Un collègue de travail d'une grande finesse intellectuelle, j'ai nommé notre estimé Cédric de
 chez Lafitte, me faisait une fort juste remarque. Elle concernait mes photos. Et cette fâcheuse propension dans la plupart d'entre elles, d'y placer en plein milieu un énorme câble électrique, un pylône disgracieux, ou autre incongruité de nature à gâcher l'ensemble.

Je reconnais là sa finesse d'observation. Encore que, le constat peut se faire facilement, même sans être très raffiné, tant la laideur s'installe sans façons aux alentours d'Agorreta, au beau milieu de paysages par ailleurs plutôt avenants.
Je l'ai déjà noté avant, je crois, mais cette vérité est incontestable.
Agorreta, ce sont de très beaux points de vue, mais sans aucun souci d'esthétique recherchée. La laideur est là, elle fait partie du paysage et ne cherche pas à se cacher.
Je vous montre ce qui est, et, comme moi, vous pouvez toujours faire abstraction des incontournables hideurs, pour contempler sereinement le beau qui vous est offert derrière.

Alors donc, je vous disais que ce matin la valeureuse Ttiki-Haundi ne nous avait pas déçus.
Beñat, rentré déjeuner avec nous à midi, partagea notre satisfaction pleinement.

Restait à rendre publique notre réussite.
Mon père ne résistait pas au plaisir de river son clou à Antton. Antton, vous savez, celui de mes frères chargé de la maintenance du parc matériel à Agorreta. Il n'est pas sans travail, le pauvre garçon !

Regardez-le dans sa prime jeunesse :



Antton, c'est le plus jeune de mes frères, celui tout en bas.





A l'époque, c'était un petit garçon lourdaud et maladroit. Il a connu des déboires de santé quand il était petit. Notre mère, tout naturellement, le surprotégeait par rapport aux autres.

Est-ce de là que vient l'hostilité à peine déguisée que lui voue mon père ? Je ne sais pas. Toujours est-il que le maître de la ferme Agorreta ne perd pas une occasion de rabrouer son fils. Et qu'à force, le dit fils se défend, brutalement parfois, maladroitement toujours.
Entre mon père et ce frère, le dialogue a toujours été difficile.
Le garçon n'est pourtant pas de mauvaise volonté. Mais il est écartelé, entre ce besoin de chercher encore et toujours une approbation paternelle qu'il n'aura jamais, et ce légitime réflexe de sauvegarde pour se faire une image favorable qu'on ne veut pas lui tendre.

Antton se montre très maladroit quand il tente de démêler ses tourments intérieurs. Il attaque à torts et à travers, au lieu de s'en prendre à ce qui le blesse vraiment.
Je vous livrerai à la fin de mon article d'aujourd'hui un texte qu'il m'avait inspiré à une époque où ses coups m'avaient sérieusement ébranlée.
Vous me connaissez un peu maintenant, mon sens de la nuance est tout relatif, et mon impartialité complètement annihilée quand l'émotionnel me prend à revers.

Ce midi, comme tous les midis, Antton rentre pour déjeuner à Agorreta. Il n'habite plus la ferme. Mais, pour les repas, il est là...
Ainsi, mon père ne mange jamais seul. C'est mieux pour son moral.
Et très commode pour ces deux frérots affamés. Ils se mettent autour de la table garnie et y vont de grand appétit, les voraces !
Enfin, la paix et l'harmonie familiale étant la priorité, je ne commente pas plus que nécessaire et continue d'approvisionner pour quatre, quand nous sommes deux à Agorreta !
Je m'éloigne du sujet.
Revenons à ce midi.

Mon père, tout excité de la joie du matin à avoir entendu son Ttiki-Haundi en marche, se tourne vers Antton, plongé dans son assiette.
A aujourd'hui, Antton pèse autour des 120 Kgs. Je vous prie de croire que, sur le coup de midi passé, par une journée froide comme celle-ci, il ne faut pas lui en promettre !
Il mange beaucoup, et en très peu de temps. Inutile de lui faire la conversation avant qu'il ne soit un minimum rassasié. Remarquez,  à l'allure où il ingurgite ses bouchées, ça ne prend pas bien longtemps !
Mon père susurrait quelques perfides allusions à une oreille peu attentive.

"Oui, lança-t-il avec détachement, il y a encore des gens qui s'y connaissent un peu, en mécanique"

Pas de réaction.

"Parce-qu'avec le froid de ce matin, un moteur foutu, tu ne risquais pas de le faire démarrer, toi !"

L'estomac d'Antton devait commencer à envisager la satisfaction de la plénitude proche. Son esprit se libérait progressivement de l'obsession nourricière pour permettre à ses oreilles d'émettre quelques messages à l'intention d'un cerveau rendu plus disponible à l'entendement.

Il essuya son assiette d'un revers de pain engouffré dans la seconde, et leva les yeux, enfin.

"Quoi ?"

Ah, la discussion devenait possible. Mon père se rengorgeait.

Je vous ai dit déjà que chez les Legorburu la tendance à l'ironie était atavique ?
Qu'ils adoraient se moquer des autres et le faisaient bien volontiers en toute occasion ?
Dans le même temps, cette même ironie, soit disant pas méchante, ils la supportent très mal quand ils la prennent dans les dents !
Et oui, c'est toujours très drôle, quand ça parle des autres...

"Et oui, le tracteur, qui était foutu, eh bé, ce matin, il a tourné !"

"Ce matin ? Ca m'étonnerait !"

Ces deux là s'emballent assez vite et la moutarde leur monte au nez en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.
Mieux vaut désamorcer vite fait si l'on ne veut pas assister à la mise à feux des poudres.

J'intervins depuis mon bout de la tablée, confirmant les dires de mon père, et tâchant de tourner les choses plus digestement pour l'amour-propre vite mis à mal du frérot écorché.

"Oui, bon, il a tourné, mais il faudrait s'assurer que la réparation soit correcte, tu regarderas..."

Beñat, le complice du forfait, me lança un regard plein de reconnaissance. Celui-ci a horreur des conflits. A une époque, il les attisait comme un beau diable. Mais ce temps-là, Dieu merci, est révolu.
Maintenant, il oeuvre activement pour la paix des familles. Il joue le rôle de tampon entre notre père et notre frère. Les deux sur la terre, et pas toujours en paix.

"Oui, oui, renchérit-il aussitôt, j'ai changé le réservoir d'arrivée, tu sais, mais il faut que tu regardes, toi".

Mon père le foudroya du regard. Il voulait voir l'Antton à terre. Pas question de lui tendre une main secourable !

"Lui, regarder ? Il n'y connait rien ! Qu'il s'occupe de son Zetor !

Le Zetor, je vous en ai parlé, je vous le montre :







C'est cet engin, Zetor. Une construction d'Europe Centrale, il me semble. Une mécanique puissante, mais assez rudimentaire. Pas de sophistication chez Zetor.
Si vous montez dedans, un jour, ne soyez pas surpris. Peu de cadrans sur le tableau de bord. Pas trop de leviers non plus. C'est bien simple, un jour où j'ai du le déplacer, j'ai cru qu'on lui avait fiché une barre à mines près du siège ! 
En y regardant de plus près, non, non, ce n'était pas ça ! Cet immense pieu de près d'un mètre, c'était un levier de vitesse, et oui !
Ah ça, il fallait tirer et pousser fort pour en changer, de vitesse. L'enclenchement n'était pas subtil et délicat. La finesse à la slave, sans doute...

C'est ce tracteur que mon père déteste. Parce-qu'il appartient à son fils méprisé, Antton. C'est un transfert d'inimitié caractérisé. 
Ce tracteur est trop gros, il ne sert à rien, il prend une place terrible... C'est une véritable litanie à chaque fois.

Enfin, le Zetor et son propriétaire sont toujours là.
A cette heure, Antton et Beñat sont penchés sur le moteur de Ttiki-Haundi.

"Oui, s'il ne prend pas feu au démarrage, tu pourras le faire tourner..."

Voici la sentence toute mesurée du mécanicien maison. Carrément, la vision terrifiante d'un incendie sous le hangar, près des balles de foin.
 Et moi, calcinée au volant dans l'explosion.
Tels les malheureux de Pompéi figés dans la lave bouillonnante.

Il y a de quoi frémir, non ?
Je vous avoue que je garderai en tête ces paroles. Je referai démarrer Ttiki-Haundi. Nous irons ensemble cueillir mon joli navet.

Toutes ces opérations en extérieur, histoire de ne pas trop tenter le sort.

Encore une fois, ça a failli tourner au vinaigre. Puis le soufflé est retombé. Chacun gardant pour soi ses ressentiments, pour préserver l'unité familiale prioritaire.

Que la paix soit sur la terre et à Agorreta !

Pour finir et comme promis, voici le texte évoqué plus haut.


En ce lundi 2 février, je préfère enlever ce texte de ces pages.
Pas sur la demande de l'intéressé. 
Pas non plus après une explication pourtant toujours attendue.

Juste parce-que j'ai purgé dans ce texte et dans le fait de le proposer à la lecture aux concernés à travers ce blog, une hargne dont j'avais besoin de me défaire.
La hargne de ceux qui réagissent sainement à une injustice.

Une hargne mauvaise et méchante, nourrie comme un contre-feu.
Je n'ai pas fermé complètement ce chapitre. Je ne le fermerai probablement jamais.
Mais je suis maintenant assez apaisée pour ne pas chercher à tout prix une vérité dont je vais sûrement devoir me passer. Parce-que parfois le prix est trop cher, c'est tout. Pour le bénéfice qu'on retire de ce qu'on obtient.

Ces propos semblent obscurs, peut-être. Pourtant, pour moi, ils sont limpides. Et de mettre mes ressentiments en mots les assainit.

Ce blog étant le mien, je peux bien l'utiliser à mes fins, non ? Y compris pour y régler mes petits comptes !

Pour les lecteurs étrangers à l'affaire, pardonnez mes écarts sur des chemins mal éclairés.
Je suis trouble parfois. Je ne m'en vante pas. Je n'ai simplement pas trouvé d'autre voie.
Fin de ma rectification. Merci de votre compréhension. (ou non...).



Je pense juste être un peu moins aigrie que dans ce temps là, à l'évocation de ce frère balourd et maladroit.

Les blessures familiales sont les moins faciles à cicatriser...


Je vous laisse ici. Notre temps est terminé pour aujourd'hui.
Le docteur va sûrement bientôt se présenter. Et, de toutes façons, j'ai mes vaches à aller soigner !

Passez une bonne fin de semaine et à bientôt !