jeudi 27 avril 2017

DU BIENFAIT D'UNE CURE DE SILENCE



Je retrouve l'alentissement d'un recul nécessaire.
J'en sens l'étrangeté, pour moi tournée vers le mouvement, et le bienfait possible.
Je sens surtout l'envie d'essayer ça, de tester les effets d'une inertie choisie.
 
Se laisser aller, enfin, s'oublier. Se sentir presque minéral comme le caillou clair au bord du chemin.
 
On ne peut pas se déconnecter de tout, dans une vie.
Du moins, je ne veux pas, me déconnecter de tout.
Je garde un peu d'énergie pour mes essentiels.
Le reste, je laisse aller.
Me préserver encore un peu de cette agitation fatigante m'est autorisé.
Je dois saisir cette occasion, sans perdre plus de temps à tergiverser sur le bien-fondé de ce relâchement.
 
Il est là. Qu'il le soit pour la bonne cause !
 
 
Si l'envie d'écrire et de me triturer les neurones me quitte comme me quitte cette frénésie épuisante, et bien, soit, cela aussi sera !
 
Et le monde ne s'en trouvera pas changé pour autant...
 
Je vous laisse en toute bonne conscience, assurée que là où vous êtes, comme là où je suis, vous et moi, nous ferons notre chemin, du mieux que nous pourrons.
 
Pour moi, ce silence est bienfaisant, ce calme nécessaire.
Pour vous, faites comme vous le pouvez.
Quoi que vous ou moi nous fassions, la force de vie persistera. Différemment, peut-être, mais toujours là.
Alors...

lundi 24 avril 2017

ELARGIR



Les résultats de ce premier tour des élections présidentielles parlent d'une envie de croire encore à ce qui paraît pourtant impossible. S'accrocher, coûte que coûte, s'aveugler si nécessaire.
Je ne suis pas une férue de politique et mon analyse est sûrement simpliste.
Une autre forme de ce "ne pas penser"...

J'ai fait dernièrement l'expérience de la cruauté d'une lucidité crue et sans amortisseurs.
Il vaut mieux parfois ne pas tout voir, ne pas tout savoir, pour vivre mieux.
Se distraire, s'aveugler, même, par moments, d'une réalité implacable.

Pour cela, nous ne manquons pas d'opportunités. Alors, saisissons-les.
Je refuse de me morfondre. Analyser pour améliorer ce qui peut l'être, oui. Gratter, fouailler et faire toujours saigner les vieilles cicatrices, non !
Tourner en rond sur soi, s'étrécir à en perdre l'horizon, non, et renon !

Je veux regarder plus large, m'intéresser à ce monde dont je fait partie. C'est ce monde qui est mon avant et restera mon après. Ma petite personne là au milieu peut choisir d'y apporter une contribution légère mais au moins gaie.
J'ai failli me fourvoyer sur un sentier bon à se perdre.

Je relâche enfin cette tension mauvaise et inutile.
Je dois rester vigilante. J'ai eu la vision bien grise d'une erreur d'aiguillage.
Je n'écarterai pas toutes les ombres.
Je veux quand même les empêcher de prendre toute la place.

Les acacias fleurissent. Les aubépines se couvrent de milliers de fleurs délicates et immaculées.
Tout parle de renouveau et d'une force de vie entêtée.

Je préfère regarder de ce côté là.
Et, surtout, je préfère regarder maintenant dehors, prendre de l'air et de la lumière.
Je ne regrette pas mes options passées. Elles m'ont menée là où je suis, et d'où, si je prends la juste mesure de moi-même, je peux repartir, sereine et bien plus légère.

Il ne tient qu'à moi, ou presque !
Alors...
Le choix est vite fait.

Comme il paraît vite fait entre l'utopie Macron et le repli Marine...

jeudi 20 avril 2017

NE PAS PENSER



Dans la continuité de mes simples d'esprits, les esprits simples, sains, me revient une réflexion de ma pauvre mère défunte, paix à son âme :
"Je vais aller travailler au jardin, ça va m'empêcher de penser".

Penser était pour elle quelque chose à éviter. Il fallait occuper son esprit à autre chose qu'à "penser". Penser était néfaste.
Je trouvais ça curieux.
Aujourd'hui, je comprends bien mieux.
Moi, jusqu'ici, penser, j'aimais bien.
J'ai toujours eu l'imagination fertile. Dès que je le pouvais, des historiettes me trottaient dans la tête. Ca me semblait agréable, divertissant. Je prenais l'air, sans bouger de place. Mes petits voyages étaient à l'intérieur de moi, je pouvais m'évader, même coincée en vase clos.
Les têtes à têtes avec moi-même, je les recherchais. Je me trouvais de bonne compagnie.
Sans être jamais une grande méditatrice ou une contemplatrice éperdue, mes moments solitaires me paraissaient enviables.

Je continue de croire que l'on devrait pouvoir être le meilleur ami de soi-même. Se regarder avec bienveillance, et lucidité cependant.
Tous ces rôles que nous endossons tout au long de nos vies laissent des traces en nous. Je me demande même s'ils ne nous égarent pas, au point de nous masquer notre véritable identité.
Nous existons plus par ce que nous faisons, par ce que nous paraissons, avant de nous sentir être.
Lors d'un échange banal de civilités entre deux personnes qui viennent de se rencontrer, le "que fais-tu dans la vie ?" remplace bien souvent le "qui es-tu dans ta vie ?" Réducteur, et tellement incomplet !

Je ne suis pas seulement la pépiniériste, la bonne fille qui s'est occupée avec dévouement de sa mère, qui voudrait continuer de le faire pour son père.
Je ne suis pas que cette tracassière qui se mêle de tout et veut mettre son grain de sel partout.
Je ne suis pas non plus uniquement cette frustrée noircissant du papier sans jamais intéresser personne.

Non, en ce moment, je suis une femme mâture, en recherche d'elle-même.
Désorientée de sentir tous ces rôles s'effriter et de ne pas reconnaître ce qui reste, quand les faux-semblants sont tombés.
Cette recherche se fait dans la douleur et la fatigue. L'énergie des adolescents m'a depuis bien longtemps quittée, et j'ai dilapidé mes réserves sans y prendre garde, les croyant inépuisables.

Et bien, cela demandera des efforts et de l'aide.
Mais cela en vaut la peine, j'en suis persuadée.

J'ai l'impression de vivre dans un monde malade de faux-semblants. Où paraître prime sur être. Je sais l'humain adaptable, et je souhaite sincèrement à nos jeunes générations de trouver le moyen de s'épanouir dans toute cette agitation frénétique et bruyante.

Moi, j'ai envie de calme. Je me sens capable de participer encore à la marche du monde, d'y apporter une contribution utile et bénéfique.  Mais mon rythme m'est propre, mes envies et mes besoins me sont personnels, et je dois les respecter, ne plus prendre le risque de me perdre de vue.

Les positions trop longtemps tenues déforment les postures. Redresser tout ça ne se fait pas facilement.
C'est pourtant essentiel, je le crois, de se tenir debout en s'appuyant sur soi-même, et non sur un avatar...


mercredi 19 avril 2017

HEUREUX LES SIMPES D'ESPRIT



Non, non, je ne me prends pas pour le Christ descendu de sa croix et ressuscité dernièrement.
Je reprends juste ces paroles, avec toutes les interprétations qui ont du y mettre des sens approximatifs.

Le catéchisme d'ailleurs tel qu'on me l'a enseigné m'a toujours paru être une fable trop imagée pour qu'on puisse y adhérer tel quel.
Il faut de la maturité, la capacité de transposer, l'acuité de voir derrière ce qui se montre, pour saisir la substantifique moelle d'un tel enseignement.
Tous ces courants d'idées spirituels, habillés d'apprêts différents finissent par nous perdre, et nous décourager, quand ils sont sensés nous dispenser une clairvoyance propre à mener nos vies au mieux.

C'est bien dommage, mais c'est ainsi.
Le trop abstrait devient difficile à s'approprier. On se fatigue de chercher un sens là où on ne perçoit qu'histoires trompeuses, quand ce n'est pas contradictoires !
A croire que ces enseignements sont à destination des seuls initiés capables de déceler derrière la parabole le sens vrai et profond. Sûrement pas à la portée d'enfants à la tête remplie de jeux et de plaisirs. Remarquez, à chacun de s'y replonger s'il en a envie... Je n'en suis pas !

Pour le coup, je me posais cette question à propos de cette formule-ci : "heureux les simples d'esprit".
On peut comprendre heureux les imbéciles, et s'appuyer sur cet "imbécile-heureux" dédaigneux.
On peut aussi préférer heureux les esprits simples, pas compliqués. Heureux les gens qui vivent sans se poser milles questions existentielles pour lesquelles ils n'obtiennent jamais de réponses totalement convaincantes.

Se résigner à admettre que l'on ne saura jamais, quand on se prend pour un esprit éclairé, c'est frustrant, c'est difficile.
Toutes nos avancées scientifiques nous donnent l'illusion que tout s'explique pour peu que l'on dissèque suffisamment.
Et pourtant, il reste toujours une part de mystère à laquelle nous n'avons pas accès.

Ma petite expérience du moment me fait sentir combien il est présomptueux, douloureux, et, pour le moment, stérile, de chercher à savoir à tout prix, de vouloir comprendre, pour neutraliser l'angoisse de ne pas savoir et avoir l'impression de maîtriser notre destin.

Elle me fait courber suffisamment l'échine pour m'éduquer à cette humilité que je croyais  revendiquer pour mienne, sans en être sincèrement persuadée.
Se sentir fort, c'est bien. Se savoir faible, l'admettre et vivre serein avec ce sentiment, c'est une force bien supérieure.

Je veux simplifier mon esprit, ne plus l'embarrasser de toutes ces quêtes qui l'empêchent de me donner cette joie que je réclame.
Je dois accepter de payer ce tribut momentané de mal-être à ma présomption passée.
Je dois veiller à maintenir cette présomption loin de moi, comme l'ennemi intérieur qu'elle est.

Ces ennemis là doivent pouvoir se combattre aussi. Leurs ruses se déjouer.
J'y suis bien décidée.
Mon cheminement est lent, pour moi toujours trop impatiente. Le temps fait partie du remède...




lundi 17 avril 2017

LE CHAT ET LA SOURIS



Ma petite parade semble être efficace.
Mon écriture, déshabillée d'images, devient plus intimiste et mieux authentique.
Je cherche le véritable sens de ce que je sens, et je montre au plus près. Il y aura toujours une part de distorsion dans les phrases que l'on propose aux autres , comme dans celles que l'on se dit.
Nous sommes tous, plus ou moins, un peu tordus...

L'enjeu pour moi maintenant est de ramener ces volutes dans des limites raisonnables.
De ne plus les laisser me donner des tournis vertigineux et m'envoyer à terre.
Il faut tout, pour le moment. La mécanique s'emballe encore très vite, et m'entraînerait facilement là où je ne veux plus aller. J'ai mes atouts, mes alliés, mes béquilles. j'apprends à m'en servir, au mieux. Ca ne va pas tout seul, ça non plus, mais ça vaut vraiment la peine du mal qu'on s'y donne.

Notre propre esprit peut devenir un chat qui joue avec une souris. Pas forcément méchant, mais cruel dans son désir de jeu. Comme n'importe lequel de nos organes peut se transformer en notre pire ennemi. C'est ainsi.
Et la souris, ma foi, elle essaie ce qu'elle peut pour s'échapper. Savoir qu'un jour elle finira, entre les griffes du chat, les mâchoires d'un piège ou les dents acérées d'un rat de passage, ne doit pas l'empêcher de vivre au mieux sa vie de souris. D'apprendre à éviter autant que possible ces dangers qui partout guettent, mais souvent passent au loin, aussi.

Mon "bloc" va devenir de moins en moins séduisant.
Je finirai sans doute par en être la seule lectrice.
Il sera mon témoignage fidèle de petit reporter sans envergure, juste appliqué et plein de la meilleure volonté.

La volonté de se laisser oublier du chat dangereux qui s'ennuie, et de se tenir loin des pièges bien maquillés qui séduisent pour mieux vous tromper.

Je reviens à mes essentiels.
J'ai cette chance d'en avoir conservé beaucoup, de ne pas m'être trop éloignée de notre nature animale et organique.
Ce sacré mental  que j'ai cru pouvoir maîtriser, il paraît un peu trop sophistiqué pour mes facultés du moment. Et peut-être me porterai-je tout aussi bien de m'en éloigner, d'en rester aux choses légères et agréables, mieux à ma portée.


Ma quête intellectuelle est peut-être trop ambitieuse, ou trop pernicieuse.
Puisque qu'elle paraît pour la période plus nocive qu'utile, je vais la remiser, et, peut-être, l'oublier là.
On n'a peut-être pas besoin de tout comprendre. Il est peut-être risqué de trop analyser.
En ce moment pour moi, manifestement, ça l'est.

Alors, pas d'introspection fouilleuse et juste la cueillette de sensations agréables.
Apprendre à vivre sain, ce n'est pas qu'une affaire de régime alimentaire ou d'hygiène de vie.
C'est aussi un exercice cérébral, comme les mots fléchés, tiens, où l'on assouplit le neurone, sans le torturer.
En prenant bien soin de choisir la bonne force, ni trop ardu, ni trop simple...
Toujours ce satané équilibre à trouver !

Ca s'apprend, je veux devenir bonne élève, de toutes mes forces.








vendredi 14 avril 2017

POURQUOI CE BLOC



Je m'interroge beaucoup, ces temps-ci.
J'essaie de le faire dans une visée constructive.
Je suis bien placée maintenant pour savoir qu'il faut se méfier de ses motivations annoncées...
Comme il faut se méfier des images montrées, des assertions appuyées, des justifications anticipées et autres manigances farceuses.

Une chose certaine, c'est la vérité de l'appel de mon premier article.
Il y a longtemps déjà...
Je demandais que l'on jette un œil bienveillant sur moi.
Nous avons je crois, pour la majorité d'entre nous, besoin de ce regard là.
Les ermites sur les hauts sommets népalais s'en passent, semblerait. N'est pas ermite qui veut...

Je crois, disais-je, que notre humaine nature a besoin de s'exprimer, que les échanges avec nos semblables sont essentiels, et nous nourrissent.
Comme toute nourriture, il faut apprendre à trier celle qui fait du bien, donne de la force, et celle qui nuit.
Encore et toujours cette histoire d'équilibre raisonnable à trouver, cette balance bénéfice-risque.

Dans mon entourage naturel et familier, nous sommes plutôt des taiseux. Notre nature paysanne ne nous porte pas à l'introspection, et à la divulgation de nos émotions, états d'âme et autres chinoiseries.
La matérialité, les éléments tangibles, le concret, là, ça roule.
Le reste, on ne remue pas trop, et, si possible, on oublie.
La joie, la satisfaction, la gratification rattachées à une réussite, une événement heureux, un travail bien mené, nous en voyons bien le mécanisme et en apprécions légitimement les effets.
La tristesse, la peine, la douleur, reliées à un de ces chaos de la vie, un deuil, une blessure, une maladie, ou autres aléas mauvais, là encore, ça se comprend, ça s'explique, et ça se surmonte, si possible.

Pour toutes ces méandres floues et lentes, pour tous ces mouvements plus abstraits, et moins faciles à expliquer, ça devient plus subtil, et, pour le coup, plus difficile.

J'ai l'impression pourtant que ces arabesques là font partie de notre nature, et qu'il faut apprendre à les apprivoiser, sous peine de les voir se jouer de nous avec une malice pas toujours amicale.
Mon univers étant peu perceptible à cette demande, je me suis naturellement tournée vers une écriture où je pouvais livrer mes pensées farfelues.
J'ai ce plaisir d'écrire. Je n'ai pourtant pas le talent suffisant pour que mes écrits trouvent écho largement. Je fais bien la différence entre mes babillages gentillets, et le véritable art de manier les mots de ceux qui vous prennent aux tripes quand vous les lisez.
C'est dommage, mais c'est ainsi !

Cette opportunité de "bloc" ouvre à tous les écrivaillons en mal d'édition dans mon genre une issue acceptable.
On écrit, on s'épanche, on déblatère, on se prend à croire que l'on pense, avec un grand P.
Le côté pitoyable d'une solitude avouée, le pathétique de confidences sans intérêt n'enlèvent pas le bienfait de partager ses petits intérieurs à ceux que ça intéresse.
Au pire, on est ennuyeux comme une pluie têtue sur un pré déjà inondé, au mieux, on peut distraire, voire, divertir. Intéresser, peut-être, pourquoi pas ?

L'écueil à éviter, là comme partout, c'est de vouloir coller à une image trop éloignée de soi.

Se montrer à son avantage, c'est bien humain. Ouvrir  à partir d'une fêlure une faille impossible à réunifier, là, ça devient risqué.

Je veux maintenant revenir à moi, à ce véritable moi oublié et un peu perdu de vue.
Je me sers de ce "bloc" dans cette aventure conservatoire.
Je me sers aussi de mes proches et de mon entourage.
C'est pour répartir la charge, de façon à la rendre mieux supportable pour tous que je dépose un peu partout mes petits fardeaux.
Me débarrasser de mes vieilles peaux est indispensable.
Je les dépose là où je le peux.
 Qui sait si ce cheminement ne donnera pas à d'autres l'idée de s'alléger aussi ?
Là, c'est mon prétexte, et cette petite entorse à mon éthique du moment ne me fait pas sentir trop coupable.
C'est comme pour les régimes, il faut s'octroyer de petits plaisirs ponctuels, pour pouvoir mieux tenir sur la durée...

Et moi, tenir, c'est ce que je veux. Et si possible bien, et pendant longtemps encore.







jeudi 13 avril 2017

OU J'EN SUIS



Ecrit le 13 avril 2017


Je décide aujourd'hui de livrer de nouveau mes tribulations.
En me concentrant sur une authenticité revendiquée jusque là, et pourtant faussée.

Il est essentiel de se fonder par soi-même. De ne pas se construire uniquement sur le regard des autres, et sur l'orgueil destructeur que ce regard peut nourrir.
Le regard des autres, et, par effet de calque, le sien propre, biaisé.

Je sais que me remettre à me dévoiler ainsi peut ressembler à la quête de ce regard aux effets pervers.
Je sais aussi que quand on est tombé de cheval, il ne faut pas tarder à se remettre en selle.
En gardant bien en tête ce qui vous a fait chuter, et en évitant de commettre les mêmes erreurs.

Cela peut sembler présomptueux  de penser que l'on est capable d'éviter cet écueil.
Cela peut être aussi le bon moyen de vérifier cette capacité.
Des deux options, je choisis la plus optimiste.

Je veux aussi me servir de l'effet bénéfique de ce partage d'une expérience formatrice.
Je sais que je ne suis malheureusement pas la seule à m'être sentie ainsi vulnérable, humiliée de cette faiblesse, honteuse de ne pas être ce qu'on attendait de moi, ou du moins, ce que j'imaginais que l'on attendait de moi.
Je sais aussi et surtout que ce "je sais" est une faute. Je dois dire, je crois, et mieux, j'espère.
Voyez, j'ai de quoi faire...

Je vais éviter de montrer des images bucoliques et une vision surfaite.
Je vais livrer des mots, au plus près de ce que je sens de moi.
Ne pas chercher à paraître. Chercher à toute force à être, ce que je suis vraiment, et proposer cet être, comme on tend un cadeau, modeste mais offert avec cœur.

Je vais commencer. Il était grand temps.
Le chantier est grand, mon envie de commencer par le bon bout aussi.
Je me lance, précautionneusement, échaudée par ces dernières semaines douloureuses.
Je me lance, avec confiance cependant, épaulée par les miens et leur sollicitude réconfortante.
Je suis affaiblie, c'est vrai, mais je suis combative, aussi.
Je suis décidée à me servir de tout, à ramasser chaque petit caillou pour faire mon chemin, dans la bonne direction.

Le mieux-être physique est déjà incontestable. 
Les crises de vertiges qui me mettaient à terre n'ont pas disparu, mais elles se sont estompées. Je ne me raidis plus comme en transe quand je sens mon équilibre vaciller.
Le tintamarre insupportable dans mon oreille qui me privait de sommeil s'est assourdi suffisamment depuis deux trois jours pour me rendre ce repos indispensable.
Mon cerveau survolté, affolé de fatigue et d'angoisse,  faisait tourbillonner dans ma pauvre tête des idées sombres et mauvaises.
Là  aussi, la tension s'apaise, tout doucement.

Je ne suis pas encore rendue. Mais je crois avoir pris le bon chemin pour retrouver le mieux-être et une vie agréable.

Je ne veux plus surestimer ma capacité à surmonter les épreuves. J'ai senti durement les limites de cette capacité. Pour autant, je sais que je ne l'ai pas perdue, non plus. Elle est là, fatiguée, retirée dans sa tanière comme une bête blessée.

Les tanières sont faites pour ça : pour se mettre à l'abri et se refaire.
C'est ce que je fais, raisonnablement, enfin.









LE CORSET TROP SERRE





Ecrit le 12 avril 2017

Je suis en phase de désintoxication d'une écriture obsessionnelle et compulsive.
Je continue de m'épancher dans des mails à rallonges. J'essaie tout de même de varier les cibles, pour ne pas user et risquer d'en perdre mes exutoires. Je les remercie au passage d'accepter mes logorrhées verbales. Je réfrène mes ardeurs épistolaires, en thérapie.

Concernant cette plage-ci, plusieurs jours sans replonger : c'est un net progrès !

Je repense à ce parcours de ces dernières semaines.
Objectivement, je vais déjà mieux, sur le plan physique : les crises de vertiges tétaniques s'estompent. Je retrouve depuis peu quelques heures de sommeil en continu. Je ne suis plus paniquée par tout et n'importe quoi.
C'est un réel bienfait, un soulagement bienfaisant.
Je lutte encore contre mes excès et ces petits démons, dont je parle depuis bien longtemps, les sentant là, mais ne sachant pas au juste où.
Tout ça se précise, jour après jour.

Je n'ai pas l'intention de faire l'inventaire public de mon grenier intérieur, comme on fait une vente à l'encan.
Je n'ai rien à vendre. J'ai juste à trouver la jolie lumière nichée quelque part par là, en dépoussiérant les ombres autour.
C'est déjà un projet bien ambitieux...

Je la sens,  cette petite flamme, fragile et malmenée, bien vacillante encore, durement bousculée ces dernières semaines. Mais bien là.
Je sais la fragilité de la plantule à peine sortie de terre. Je sais aussi sa force de vie et sa capacité à raciner profond, quand on lui préserve les bonnes conditions.
Je ne serai jamais à l'abri de tout. On ne peut jamais l'être, tout à fait.
Mais je ne suis pas non plus sans défenses, ni aides.

J'ai cette tendance à transposer, à parler par images.
Je connais maintenant les limites de cette méthode. L'image montre, une réalité choisie, pas toujours authentique. On y voit ce qu'on veut bien y voir.
La parole aussi peut-être trompeuse, évidemment. Les paraboles s'interprètent et leur sens s'y perd, parfois.
Ecrire, c'est pourtant mieux réfléchir aux mots que l'on pose. Les tracer et les retrouver tels qu'on les a écrits, pas déformés par un souvenir pas toujours fiable.
Je veux maintenant m'astreindre à écrire au plus près de mon vrai. Utiliser des métaphores pour illustrer mieux, pas pour mettre des voiles.

Nous sommes victimes souvent de nous-mêmes, croyant et voulant croire autre chose que ce que nous oublions de sentir et de vivre. Notre nature profonde se maquille et nous en oublions le véritable visage.
C'est ce visage que je veux retrouver. Cette nature que je veux réhabiliter.

Pour vivre en paix et harmonie, atteindre cette congruence indispensable pour approcher ma sacro-sainte sérénité tant réclamée.
Le chemin est long, tortueux parfois, mais la lumière est au bout de ce chemin là, j'en suis persuadée.
Encore une de ces paraboles parfois opaques dont j'use et abuse parfois...
Elles ont tout de même l'avantage de représenter plus clairement ces choses abstraites qui nous échappent, pour lesquelles nous n'avons pas toujours les mots justes pour les désigner.
Je ne sais plus qui disait : ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire viennent aisément.
La difficulté avec ces facéties de l'esprit, ces pistes brouillées de nos personnalités compliquées, c'est de bien concevoir, justement, de ne pas se laisser piéger et gruger par des faux-semblants séducteurs.

Une jolie silhouette peut-être naturellement gracieuse et harmonieuse.
Elle peut aussi paraître séduisante, en l'étant moins, si on la corsette bien serrée.
Seulement, tôt ou tard, les petits bourrelets comprimés demandent à être relâchés. Et la pression est d'autant plus douloureuse qu'elle est forte.
Quand une rondeur joliment épanouie et portée avec joie est tellement plus belle à vivre, pour soi et pour les autres...

Je m'étais corsetée trop serrée dans des idées rigides.
Je dois "relâcher la pression", comme dit si joliment notre imprimante de la jardinerie.
On ne se débarrasse pas facilement d'un corset porté trop longtemps. Je dénoue les lacets et les relâche, jour après jour.
Ca demande du temps, de la persévérance et de la confiance.
Mais ça fait du bien. Tellement de bien...

J'arrête là. Par mesure de libération conservatoire !




JE CHEMINE



Ecrit le 7 avril 2017


C'est un apprentissage singulier que celui de soi-même.
Une rééducation subtile et délicate.

On voit bien l'os fracturé se ressouder. On sent le muscle blessé se renforcer.
Remuscler le mental comme on travaille ses abdominaux, c'est un exercice particulier.
Ce petit cervelet a de la ressource. Il a aussi un sacré talent de manipulateur. C'est là qu'il faut veiller avec vigilance et bienveillance.
Désintoxiquer le cerveau de ses toxines toxiques, comme on dégorge un foie. Là, le pamplemousse ne suffit pas...
A grands coups d'air, d'histoires qui finissent bien, de joliesse et de bons sentiments sincères.
J'ai l'immense chance d'avoir tout ça à portée, en ce moment où j'en ai besoin.

Par petites touches, jour après jour, je retrouve un peu de fluidité dans mon fonctionnement.
Mes vertiges tétaniques ont assuré leurs rôles de sirène d'alarme. Je les ai entendus, et pris en compte, sérieusement. Ils me laissent maintenant un repos plus confortable, pour me refaire.

Je happe tous les moments de plaisir et de bien-être disponibles. Comme on cueille des fleurs pour préparer un joli bouquet.
Je fais de petits sondages circonspects et prudents. Pour vérifier en douceur, sans remuer douloureusement.
Il faut ménager ce mental malmené et à vif. Etendre du baume apaisant sur les nerfs écorchés.

Tolérer pour accepter les imperfections de notre vaste monde et de ses habitants m'aidera à tolérer et accepter les miennes.
A révéler cette personnalité profonde en la dépolluant de toutes les scories accrochées autour comme la suie s'incruste en cailloux noirs dans les tuyaux de ma chaudière.

Elle s'est un peu emballée, ma chaudière.
Là, elle passe de la surchauffe à une température acceptable.
Encore un peu de temps, et elle ronronnera paisiblement.

Nous allons vers les jours chauds. Elle pourra se reposer, et retrouver pour la prochaine saison toutes ses potentialités de bonne chaudière.

Assez pour aujourd'hui.
Toujours pareil, remuscler, à petits coups, pour tirer le juste bénéfice de l'exercice, sans aller trop loin et rechuter.

Je chemine. Prudemment, mais sûrement, je le crois.






AIDE-TOI, LE CIEL T'AIDERA !




Ecrit le 6 avril 2017


Je continue dans mon cheminement vers le mieux-être.
 Je parlais un temps de sérénité. Soyons raisonnables, commençons par le commencement.

Raisonnable, c'est ce que je dois devenir.
J'avais cette tendance aux excès, à l'extravagance, dans tous les sens.
Tant que la mécanique est jeune et résistante, tout va bien. Elle supporte sans rechigner les cahots et les sursauts.
Après, les amortisseurs fatiguent, les accus demandent plus de temps pour se recharger.
De la même façon qu'on évite les chemins cabossés quand on sent ses cardans craquer, je me tiens sagement dans une zone protectrice.

J'ai besoin en ce moment de calme, de repos, de jolies histoires  et de belles images.
La saison s'y prête, la nature me tend partout ce que je demande.
La ferveur printanière, cette fièvre fougueuse et exigeante, je dois la tenir à distance. Admirer la discrète violette sur le talus, et ne pas me laisser égratigner par la ronce exubérante.
Faire le tri, entre ce qui m'aide, et ce qui m'agresse.
Cela s'apprend, j'y travaille.

Mes oreilles sifflantes ont donné une alarme. L'alarme est devenue sirène d'alerte.
Bien. J'ai cette chance d'avoir un corps plus sensé que moi-même.
Du moins, apte à lever mon aveuglement.
Sans ça, j'en serais encore à me croire invincible, quand nul évidemment ne peut l'être !

Je remercie le sort d'avoir ainsi contribué à ma sauvegarde.
Et, en gratitude, je m'engage de mon côté à  mettre en œuvre tous les moyens pour restaurer cette bonne vieille mécanique, un peu usée, certes, mais encore pleine de bonnes ressources.

Le premier de ces moyens, raisonner mes ardeurs exagérées.
Mesurer mes frénésies, y compris et peut-être d'abord celle qui me rive à ce clavier.

Ecrire, oui, mais gentiment, comme on se promène.
Là encore, regarder les jolies choses, et détourner son regard des laides.

Pour celles-ci, il sera bien temps plus tard.
J'ai su les affronter déjà, et les affronterai encore.
Mais je choisirai mon moment.

Je sais avoir aide et soutien autour de moi. Je sais ne pas devoir en abuser, et les user.
Je sais surtout avoir aide et soutien en moi-même.
Et je suis bien décidée à ménager cette monture pour la faire encore aller loin.

Ce sera tout pour cette fois.
Voyez, petit à petit, j'arrive à gouverner ce tempérament.
Alors, tous les espoirs me sont permis, et je ne vais pas me priver de m'y réchauffer.

A une autre fois !


CE QUI ME FAIT DU BIEN






Ecrit le 1er avril



Dans cette phase désagréable mais nécessaire dans une vie, je dois restaurer une image mentale malmenée.

On est ce qu'on est, oui, mais on devient comme l'on se voit.
Et l'on se voit, comme l'on nous regarde, en partie.

Cette image se forge essentiellement entre l'enfance et l'adolescence.
Ensuite, le jeune adulte doit être capable de se figurer indépendamment.
C'est le rôle de cette crise d'adolescence, pendant laquelle l'enfant s'éloigne de l'influence de ses parents, se forge sa propre personnalité.
Il s'appuie évidemment sur ce qu'on lui a enseigné, transmis. Mais, partant de ces fondations, il construit sa propre vie, à sa façon.

Moi, j'ai du louper un chapitre !
Et, ma crise d'adolescence, je la fait à 52 ans. Mieux vaut tard que jamais... J'ai bien eu les amygdales enflammées à 40 !

J'ai eu les bases, l'élevage, un peu rude, oui, mais tout à fait correct dans son ensemble.
Je n'ai aucune envie de chercher des prétextes et des excuses à mon malaise de maintenant.
Comprendre, oui, mais avancer, surtout, avec ses bagages, et ses armes.
J'ai eu le tort de ne pas savoir poser les limites à ce que je pouvais assumer, par orgueil.
C'est bien, d'essayer de se surpasser, ça aide à élever son seuil de capacité et de résistance.
Mais ça a ses limites, ça aussi.
Le regard admiratif que je sentais posé sur moi m'a fait prendre pour ce que je ne pouvais pas être. Ou plus être, du moins.
J'ai mes atouts, mes forces. Les éprouver les a aguerris. Je ne les ai pas perdus. Ils sont toujours là.
Je les ai surestimés. Surmenés et usés.  L'erreur...

Cette distorsion de sa propre image mentale finit par être douloureuse, intenable.
J'en suis à ce stade.
Je parlais de reflet inversé, de choses qui se voient quand on les regarde différemment.
C'est ça : je me vois maintenant différemment.
L'angle de vue inhabituel et les remous brouillent l'image.
Je dois m'attacher à pacifier ce reflet, à le laisser reposer, et révéler.

Je dois rectifier ma vision.
Pour le faire, je vais raisonner ces petits démons mauvais.
Plus tard. Les laisser là où ils sont pour le moment. Attendre, récupérer, et m'y atteler, après.

Je veux maintenant me réchauffer la couenne à ce qui est doux, à ce qui est joli, et agréable.
J'ai la grande chance de pouvoir le faire.

Mon environnement est paisible.
Mes proches attentionnés.
Mon grand mari aimant.
Mes bêtes, de bonne compagnie.
Surtout, ma vieille carcasse tient encore bien la route.
J'ai devant moi l'image grandeur nature de mon vieux père, capable de se remettre en marche quand il a été à terre, à près de 90 ans.
J'en ai quarante de moins. Ces quarante là, je veux en profiter pleinement, forte de cette expérience du moment.
Apprendre de soi est toujours bon. On se surprend toujours, sûrement, mais la connaissance  acquise est bénéfique. Si on se déçoit, parfois, il faut savoir se pardonner, comme l'on pardonne aux autres.

Je veux aller mieux, et je vais faire ce qu'il faut pour ça.
Regarder les grands arbres, les cieux légers et les hirondelles.
Laisser ma main courir sur le flanc de Bigoudi, et poser ma paume arrondie sur la tête chaude des mes chiens.

Prendre du recul, du repos, de la sagesse.
Retrouver la joie, la redistribuer et la recevoir en retour.

Aimer ma vie, aimer les autres, et me faire aimer d'eux.

Je vais vivre, quoi, et le faire au mieux.













FINALEMENT...


Ecrit le 25 mars


Bonjour !
Une interruption momentanée du son plus tard, me revoici.
Cet article-ci sera sûrement différent de la série précédente.
La pause intermittente a eu son effet sur le déroulement de ce "bloc".
Vous vous en souvenez peut-être, ou peut-être pas, une pause dans le même genre m'avait assise sur le bord de route, il y a neuf années. Ce doit être comme pour les baux commerciaux, trois, six, neuf.
Je suis persuadée de la nécessité et du bénéfice de ces pauses, dans une vie.
Tout le monde n'en ressent pas le besoin, sans doute. Moi, oui.
Cette pause-ci m'a été réclamée par ma vieille mécanique défaillante.
Les défaillances de mes systèmes connectiques informatiques étaient l'avant-garde de ces défaillances là.
Ma foi, quand la bête demande, il faut l'écouter. La mienne, de bête, un peu torturée sans doute, demandait en ayant l'air de ne pas le faire.
L'ensemble de ce "bloc", dérisoire et léger, souvent, un peu moins clair, parfois, dessinait bien cette courbe dont je parle souvent.
Je n'en voyais pas trop la sortie, mais en sentait le mouvement.
Trajectoire, parcours, histoire et questionnements, tous ces alambics fermentaient gentiment un bouillon incertain.
La décantation avance, et les sucs se clarifient. Se bonifient, je ne saurais le dire encore. On peut toujours l'espérer...
Mon intention est toujours la même : approcher  une sérénité à vivre.
Ce cap, je le tiens en visée depuis longtemps, et, pour le moment, mon regard ne s'en détache pas.
Quelques secousses et soubresauts me bousculent, oui, mais ne me découragent pas.
J'envie ceux là qui vivent serein par nature.
A un moment, je pensais même en être.
Le petit personnage décrit dans ce même "bloc" paraissait d'ailleurs bien tranquille et posément installé dans sa vie bucolique.
En partie, d'ailleurs, je pense qu'il l'était, réellement.
Je n'ai pas attendu ce jour pour me rendre compte de ma nature à plusieurs facettes.
Je ne m'étonne pas de cette complexité : je la retrouve chez beaucoup d'autres.
Notre humaine nature est assez surprenante n'est-il pas ?
Nous paraissons une chose et en sommes une autre. Montrons ceci et masquons cela. Parlons haut pour penser bas, et sentir autrement encore.
La congruence, vous savez, cette convergence entre être, faire, et dire, entre autres, paraît facile et pourtant ne l'est pas. Du moins pour moi.
Je n'ai pas dans l'idée de décortiquer davantage ce qui m'a mené là.
Je vous l'ai dit : mon idée, c'est d'avancer vers une jolie lumière.
Mes ambitions n'ont jamais été bien grandes, ni mes réalisations remarquables.
J'ai vécu, gentiment. Et je voudrais bien continuer, au mieux.
J'ai repéré au fil de ces pages deux trois choses qui, sans paraître particulières disent quand-même.
J'ai retrouvé une petite fille solitaire et renfrognée.
Une toute petite enfant roulée en boule sous le lit de ses parents, qu'on cherchait partout et retrouvait là, silencieuse et atterrée d'on ne sait quelle frayeur qu'elle ne pouvait dire.
Cette même enfant, tombée du grenier dans les râteliers à foin des vaches qu'elle voulait nourrir, attendant qu'on vienne l'en sortir.
Cette petite fille, toujours, plaquée à la grande porte de l'étable, un jour où la boule bleue de la foudre l'avait traversée.
L'enfant qui s'était enfermée toute seule derrière une porte qu'elle ne savait plus ouvrir.
Ce rêve récurrent où un danger menaçait, que je ne savais pas expliquer davantage, impuissante et affolée.
Et puis j'ai retrouvé la même petite fille un peu grandie. Orgueilleuse d'être une bonne petite élève, de mériter la fierté de ses parents.
Une fillette renfermée toujours, mais avançant vaillamment, ses peurs enfouies loin en elle, comme des faiblesses honteuses.
Une fillette persuadée d'être ce que l'on voulait voir d'elle, et bien décidée à taire tout ce qui n'y ressemblait pas.
Cette petite fille un peu affolée en son fond et si brave à l'image est devenue une jeune femme du même genre, dure et sûre d'elle.
Puis, depuis quelques temps, heureusement, la petite fille silencieuse s'est mise à parler. Comme je ne l'écoutais pas, pas assez, elle a parlé plus fort, et, finalement, s'est mise à me siffler dans les oreilles, pour se faire entendre, elle, en m'empêchant d'écouter le monde autour. Elle m'a assourdie, de l'intérieur.
Privée du son de ce monde autour pour lequel je me tenais droite, j'ai du écouter la petite voix venue de cette enfance oubliée.
Elle est têtue et pugnace, la petite fille qui s'est mise à parler en moi. Fragile et apeurée, oui, mais pas muette !
Comme je ne lui prêtais qu'une attention en pointillé, toujours persuadée d'être ce que je montrais, forte, fière et raide, elle a fini par se mettre en colère, et se manifester brutalement.
Ah ça, il a bien fallu que je me soumette : elle me jetait à terre !
Cette gentille maladie de Ménière, cette petite coquetterie auriculaire dont je vous ai parlé ici ou là, c'est comme ça que je me la vois, moi.
Vous me direz : pfff! des conneries, tout ça, avec un grand K, et en roulant le R.
Oui... peut-être, et peut-être pas !
La psychologie, c'est une science, aussi.
On peut ne pas aimer, se pencher sur soi comme ça. On peut préférer ne pas trop fouailler, et continuer d'avancer. D'ailleurs, si on avance droit, très bien, pourquoi pas ?
Mais moi, droit, justement, je n'avançais plus. Je tanguais, chancelais, et tombais. Comme une patate.
Alors, l'oreille, les vésicules, les cristaux, liquides et je ne sais quoi encore, sans doute.
Tout de même, bien près de ces oreilles, cristaux, liquides et vésicules, il y a bien une tête, et, pas trop loin non plus, un cœur.
Et tout ça se construit tout au long d'une vie.
Je veux prendre ce signal sonore comme une alarme bienveillante.
Désagréable et lancinante, oui. Mais qui dit quelque chose, quelque chose que j'ai besoin d'entendre pour continuer d'avancer.
Oui, oui, je sais, ça aussi, encore des Koonnerries !
Soit, ou pas...
Libre à chacun d'en penser ce qu'il veut. Moi, je m'arrange des choses à ma façon, comme nous le faisons tous.
Et cette histoire là me va.
Cette déroute de ne plus savoir d'où vient le bruit, cette angoisse de perdre le son, le contrôle, je veux les apprivoiser, les apaiser.
Je ne suis pas sûre d'y arriver. Je ne suis pas sûre d'être clairvoyante.
Mais l'est-on jamais ?
La vie est une angoisse dès que l'on pousse le premier cri dans la lumière dure.
Puis, elle nous donne la joie et l'espoir, tout de même, comme distraction.
Ma petite aventure est dérisoire. C'est la mienne.
Et je la vis de mon mieux.
J'ai commencé à raconter et à dire. Babiller et faire du bruit.
Maintenant, le bruit est en moi et je ne peux pas ne pas l'entendre.
Ce que je peux, c'est le rendre amical et rassurant.
Parce-que cela fait bien longtemps que je ne suis plus la petite fille sans défense et apeurée.
A force de jouer les dures, je le suis devenue suffisamment pour pouvoir résister, et me rassurer.
Pas trop heureusement pour pouvoir entendre encore celle que j'ai été et que je veux aussi rester.
Puis, autour des moi, des gens se sont levés pour m'aider. Ils sont venus rassurer la petite fille que je ne suis plus depuis bien longtemps, mais que l'on reste quand-même toujours un peu.
Ca m'a fait grand bien.
Je vous ai pris à témoin de ce cheminement.
Votre regard m'est encore nécessaire, sans doute.
Moins qu'avant, je le crois. Me montrer telle que je suis est ma manière de me libérer de cette dépendance.
Pour dire jusqu'au bout, et ne pas rester sur l'image fausse.
 Aussi, plus légèrement,  pour le plaisir et le réel soulagement de mettre les mots en jolie musique sur mes maux.
Soyez indulgents, si vous le pouvez, comme j'essaie de le devenir moi-même.
Vous verrez, ça fait du bien, vraiment.
A plus tard, puisque sans doute, mon goût me ramènera vers vous.


samedi 1 avril 2017

PRESERVATION



Bonjour,

Je me rends compte de l'effet pernicieux et pervers de cette écriture qui se montre.
S'exposer ainsi est insidieusement mauvais, dans mon état.
Réfléchir et chercher à comprendre, c'est utile, mais il faut choisir son moment.
Il reviendra, comme le reste reviendra, aussi.

Là, je vais me préserver. Comme je ne l'ai pas assez fait jusque là.
M'accrocher à ce qui m'aide vraiment, et tenir le reste à distance.

Je vois mieux les contours et les limites.
C'est déjà beaucoup.

Mon écriture, j'en ai besoin. Elle se fera intimiste.
Nous verrons ensuite ce que j'en ferai.
Rien ne presse.
L'urgence, c'est de me faire du bien.
J'y travaille.

Portez-vous bien de votre côté.
Et sachez vous préserver.