mercredi 11 novembre 2015

FANTASTIQUE BROUILLARD




Bonsoir, suiveurs de ce "bloc" !

Une heure un peu inhabituelle, aujourd'hui, pour nos entretiens.

Une fantaisie de mon emploi du temps, pourtant bien prévisible d'ordinaire.
J'aime bien, ces moments imprévus, ces sauts dans mes horaires.



























Le temps a, lui aussi, marqué une saute d'humeur, depuis hier soir.
Après ces radieuses et incroyablement belles journées, gorgées de lumière,  le brouillard nous est tombé dessus.







Hier soir, j'étais à la jardinerie, et j'ai été surprise de la rapidité avec laquelle l'atmosphère a changé.
Au petit matin déjà, une humidité oubliée venait ourler les toitures de la ferme. Des gouttelettes fines et légères effleuraient en caresse mon visage.

Autour des midis, grand et franc soleil, sans la chaleur presque trop forte des jours précédents.
Une après-midi d'automne idéale.
Je vaquais paisiblement. 
Un petit tournis m'avait fait vaciller au mitan de la journée. Je me sentais un peu mollette, mais d'entrain quand même, toute à mes projets de réaménagement de la pépinière.
Oui, là aussi, ça me prend, de temps en temps, j'ai des pulsions de changements d'envergure. Demandez à mes collègues, ils vous diront...

Passées les 17 heures trente, d'un coup d'un seul, en l'espace de dix minutes, un brouillard de densité pourtant légère mais suffisamment opaque feutra les alentours, obscurcissant brusquement la fin de journée.
Les halos des projecteurs extérieurs semblaient flotter dans l'espace, irréels, lueurs détachées loin de terre.
Une ambiance fantasmagorique.
Comme au petit matin, l'humidité se posait partout, légère et feutrée. Les volutes suspendues enveloppaient les choses et les endroits, les rendant inconnus et étranges.

Ma journée de travail terminée, je rentrais à la ferme.

Les chiens viennent m'accueillir tous les soirs, courant autour de la voiture tout le long du chemin menant à la ferme. Je prends garde de n'en écraser aucun, tant ils sont imprudents dans leur enthousiasme.

En descendant, je notai immédiatement la posture de mon petit Txief, le petit mâle couleur noisette.





Il était arqué, et tenait une patte arrière en l'air.
Il était venu jusqu'à moi quand-même.
Quand je voulus le toucher, il gémit, et se retira dans le grenier, tout penaud et courbé comme un petit vieux.

Ce chien est nerveux, vite craintif.
Il aboie de façon aiguë, très désagréablement pour toute oreille, et plus encore pour les miennes en particulier.
Il est affectueux aussi, et très expressif.
Je suis très attachée à mes chiens, trop, vous diront mes proches. Bon, d'accord, peut-être...

Inquiétée par ce comportement et cette posture de souffrance, je m'approchai doucement de mon petit chien, et le prit contre moi pour l'examiner.
Il se laissa faire, les oreilles aplaties et avec quelques gémissements.
A première vue, rien de cassé, rien d'écorché. 
Mes chiens ont la sale manie de courir après les voitures passant dans la cour de la ferme. Il y a une vingtaine de personnes dans les trois maisons autour, et presque autant de voitures, évidemment.
Un petit trafic, tout de même. 
Certains conducteurs sont paisibles, d'autres plus excités, c'est selon.
Dans ce contexte, mes chiens se font parfois heurter par une roue, quand ils ne se font pas écraser une patte, au mieux.
Souvenez-vous ma Bullou sinistrée, blackboulée sérieusement dans sa jeunesse. Elle en est restée un tantinet chaotique dans sa démarche, et cultivera sans doute une mauvaise arthrose dans ces vieux jours. Si elle y arrive.
Un ou autre chien a fini se course plus fatalement, dans les parages. 
Je n'enferme pas mes bêtes, je ne les tiens pas attachées. Je connais les risques, et je les accepte, en espérant une conduite plus raisonnable de mes voisins de quartier...

Pour cette fois encore, mon Txief a eu plus de peur que de mal. Quelques caresses plus tard, il se sentait déjà mieux, le pauvret !





A ce matin, son allure n'était pas encore bien fluide, son dos en accent circonflexe et sa patte inopérante.
Pour ce soir, il n'y paraît presque plus. Il a même retrouvé le goût de courser encore une ou autre voiture. L'inconscient !
Lola, plus vieille, n'en est pas plus sage pour autant. Elle n'éduquera pas les plus jeunes.
Tant pis !

J'ai comme vous l'imaginez continué mon atelier peinture, en ce 11 novembre.
J'avance, j'avance. Le résultat me satisfait, et je me trouve en si bonne veine de réussite, que je suis partie pour tout repeindre !




Sur les conseils judicieux d'Elorri de la jardinerie, j'ai personnalisé ma vieille armoire, en éclaircissant par colonnes son bois sombre. Élégant, non ?






La seconde pièce est terminée.
Ces vieux meubles ne s'offusquent pas de ce "safran" pimpant.
Ils en sont même tout ragaillardis.

Ce sont de vieilles pièces, lourdes et brinquebalantes.
Il faut les bouger avec précaution, en respectant les faiblesses des bois mités.
C'est bien simple, la grande armoire, je peins autour. Sans ça, je me la prends dessus...

Bah ! je ne suis pas à ça près. 
Admirant l'effet "cérusé" de mes boiseries après la première couche de peinture, j'ai décidé de les laisser ainsi. J'adore cet effet, et ça m'évitera d'avoir à y revenir. Comme c'est pratique !

Je vais ramener de la jardinerie une console dont la finition imite cet effet, justement. Je serai ainsi à la pointe de la subtilité décorative.



Vous avez du mal ici à vous rendre compte de la finesse de ce rendu. Mais bon, imaginez, là encore, imaginez...

En parlant d'imagination, la pièce que vous voyez ici dessus, est le verrouillage de la fenêtre. D'époque, évidemment.
J'y vois une tête de monstre, de gorgone, ces figures fabuleuses en sous-bassement de corniches, dans les constructions médiévales. Enfin, je crois, médiévales...
Et le rappel de ces mêmes figures, dans la tête de lit et sur le haut de l'armoire.
Quelle curiosité pour des meubles sensés inviter au repos paisible, n'est-ce pas ?

Un lit coiffé d'un démon ventru, pour exorciser peut-être ceux qui s'invitent dans nos mauvais rêves.
J'ai dormi dans ce lit. Beaucoup d'autres aussi. 
Pour ma part, mon sommeil n'a nullement été perturbé par ce surplomb inattendu.

L'artisan en ses œuvres devait connaître des chemins à notre fantasmagorie, ignorés de moi.

Le fantastique est partout. Dans ces brouillards d'automne, comme dans les mains d'un ébéniste méticuleux.

J'aime à m'en laisser imprégner.
C'est pour ça aussi que j'aime ma vieille ferme, ces vieilles pièces aux murs fissurés et ses quelques vieux meubles mités.
Pour laisser venir en moi ces histoires lointaines et d'un sens oublié.

Vendredi, j'attaque la salle d'eau, puis, ce sera la cuisine.
Voyez, mon chantier avance rondement.
J'ai plaisir à faire ces travaux. J'ai plaisir à mettre ces mots dessus.

Je vous souhaite d'avoir de votre côté de ces plaisirs sains et simples. 
Et, pour ce soir, de profiter d'un bon sommeil, avec ou sans gorgone au dessus de votre tête.

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