dimanche 8 novembre 2015

AGORRETA ET LA FEE ELECTRICITE



Suiveurs de ce "bloc" bonjour !







Je me suis réveillée à la petite aube, ce matin. J'avais deux trois choses en souffrance.
 L'été indien perdure, et j'en profite largement.


Je reviens ici, entre deux de ces petits travaux dont je vous parlais dans mon dernier article.
Quand un projet me tient de cette manière, j'ai du mal à m'en décrocher. Je dois veiller à ne pas me laisser complètement investir, et garder pour mes quotidiens ordinaires des plages de temps suffisantes.
J'ai la tentation d'écarter tout ce qui n'est pas ma lubie du moment. Tentation envahissante, et à garder en respect !

Avec ce "bloc", j'ai trouvé la bonne mesure. J'écris ici régulièrement, mais je m'astreins à ménager des temps d'absence. 
Dans le courant de mes occupations diverses et variées, des mots, des tournures et des phrases viennent racoler dans les parages distraits de mon esprit. Si je m'écoutais, je bondirais sur le premier clavier venu, pour laisser libre cours à ces petits chevaux sauvages.
Il m'arrive de noter sur un morceau de papier tel assortiment d'après moi réussi, pour ne pas me le perdre. Mais je laisse mon papier au fond de ma poche, jusqu'à la séance prochaine, plus ou moins prévue dans un programme pas trop rigide.
Parfois pourtant, mon papier me hèle depuis le fond de la poche. Je complète une première ébauche succincte. Je me laisse tenter, séduire, et finalement je capitule.
Je commets un texte, je fixe ces phrases indisciplinées et pressantes. Pour qu'elles me laissent en paix, jusqu'à la prochaine fois.
En clair, je suis soumise à des pulsions exigeantes, et je n'ai pas suffisamment de volonté et de maîtrise de moi-même pour y résister.

Mes travaux en cours, j'avais pensé les réaliser à heures perdues, quand je n'aurais rien eu de mieux à faire. Evidemment, je me suis encore une fois prise au jeu, et je suis incapable de m'écarter de mon chantier en cours.

J'ai commencé par le vieil appartement du premier étage de la ferme. 





Nous le louions en période estivale, à ces estivants assoiffés de campagne, porteurs d'air citadin et de modernité dans la vieille bâtisse d'un autre temps.
Ils aimaient bien son ambiance vieillotte. 

Nous ne recevons plus de touristes à la ferme maintenant. L'appartement est vide. Et de plus en plus vieillot...

Je vous le disais la dernière fois, Agorreta est vieille, et vivante. La construction s'émeut au rythme des saisons, et les murs de pierres posées sur la terre expriment les mouvements naturels du terrain, par des fissures nombreuses et parfois impressionnantes.
Dans la pièce du fond de l'appartement en question, une vilaine cassure traverse de façon récurrente deux pans de murs,  longeant les corniches du plafond, pour plonger subitement vers le plancher.

Ca n'est pas bien joli à voir !
D'ailleurs, je ne vous le montrerai pas. Il y a suffisamment de sujets d'affliction comme ça en ce bas monde, sans aller s'en mettre sous les yeux, quand on peut se les épargner.

J'ai commencé la semaine dernière par reboucher ces fentes discordantes. Sommairement, vous me connaissez. Tout de même, je n'étais pas mécontente de la facilité avec laquelle l'enduit se prêtait à la manœuvre, se laissant docilement déployer dans les zébrures, s'ourlant sans regimber sur les bords, jusqu'à rattraper le niveau environnant sans trop de boursouflure. Non, vraiment, c'était bien plaisant ! Le résultat me semblait tout à fait honorable, pour une peine très modérée.
Enfin, tout ceci, vu par moi, bien-sûr... Un professionnel resterait sans doute bouche-bée devant une finition aussi imparfaite. Mais bon, moi, ce travail me paraissait convenable, et satisfaisait mon besoin très relatif de minutie.

La dernière rénovation de ces pièces avait été l'occasion d'exprimer pleinement ma période "crépis intérieurs".
J'adorais cette silice minérale ! La granularité rustique de ce revêtement, cette solidité d'une matière issue de roches anciennes, me séduisaient infiniment. Déjà alors, je privilégiais l'authenticité d'un matériau certes rude mais de bonne composition, à tout raffinement et sophistication pourtant davantage recherchés en matière de décoration intérieure.

Je badigeonnais tous les murs qui se présentaient à moi de centaines de kilos de ces crépis.
L'avantage indéniable, jamais démenti depuis, de cet enduit, réside dans son appropriation aisée de tout rattrapage de coups et autres fissures. Dans un intérieur comme celui d'Agorreta, une véritable qualité,  je vous prie de le croire !

L'irrégularité de mon application ne me gênait pas. L'effet n'était certes pas bien académique, mais correspondait bien à ma fantaisie. Pas besoin d'un fond parfaitement lisse et préparé avec soin. Le crépi s’accommode sans façons des imperfections et autres alignements hasardeux.
On pourrait croire qu'il est malaisé à peindre. Que nenni ! Un bon rouleau à poils longs, une peinture suffisamment fluide, et hop ! le tour est joué ! Un véritable régal, ce chuintement gras et voluptueux sur les petits granulés hérissés. 

Bien-sûr, il faut prévoir le double en quantité de peinture que celle préconisée par les fabricants. Et encore, le double, je suis courte...
J'ai été cette fois aussi surprise de me retrouver à court de couleur, quand je pensais en avoir prévu largement. Avec pour résultat de ce manque de prévoyance, des associations forcées, pour compenser. 

J'aurais pu aller chercher davantage de fournitures, bien-sûr. Mais j'ai une telle horreur d'aller en ville, que j'ai préféré faire avec les moyens du bord, réutilisant des restes d'anciens travaux, avec plus ou moins de bonheur.
Tout plutôt que d'arpenter les rayonnages, moi qui gagne ma vie dans un magasin !

Lundi dernier, par force, j'ai été faire mes emplettes. J'ai paré au plus pressé, en me servant dans les mises en avant offertes en têtes de gondoles. 29 euros le bidon de 5 litres, ça m'allait très bien. J'ai bien aperçu un choix plus chatoyant de couleurs un peu plus loin, mais les 75 euros annoncés dessous m'ont fait trouver les premières toutes aussi jolies.





Regardez, ce fuchsia, n'est-il pas profondément chaleureux et tonique à la fois ? Et ce flanelle, quelle douceur apaisante pour laisser aller ses pensées, non ?

Ainsi est née une subtile association fuchsia-flanelle-chocolat, dont vous me direz des nouvelles.
N'est-ce pas ainsi que naissent les meilleurs recettes, par accident ?
J'aurais imaginé le faire, je n'y serais sans doute pas si bien arrivé... 






Cette subtile utilisation d'une délimitation satinée entre deux pans de couleurs différentes est elle aussi due à une maladresse. La peinture à l'eau, trop allongée par manque, a bavé sur le scotch de protection, l'a imbibé et traversé. Je n'ai pas retiré ladite protection assez vite, et le "flanelle" a souillé le fuchsia. Mince alors !
Pour maquiller ces bavures coupables, j'ai utilisé le gris satiné, par dessus, en bande de camouflage, type frise. Voyez le résultat : n'est-ce pas joli et subtil ?
Je vous le redis, si j'avais voulu le faire, je n'aurais pas si bien réussi !




Plus loin, cette fenêtre, fondue dans le pan gris. Quelle commodité de tartiner sans ralentir la même teinte sur le mur et la boiserie ! Je sais, ce n'est pas très académique, là encore. Mais au diable les convenances, je vous l'ai dit. Les tons sur tons, satiné sur mat, et autres carcans déontologiques, je m'en fiche ! Je fais comme il me vient, et je m'en trouve bien...




Vous vous demandez pourquoi j'ai intitulé cet article de cette manière.

J'y viens :
Vendredi dernier, je terminais la peinture de la pièce du fond. Plutôt contente de moi, comme vous l'aurez compris plus haut.
Il me restait à peindre les plinthes.
Le dernier pan de mur repeint n'était pas tout à fait sec. Je ne vais pas risquer de saboter un aussi joli travail, me suis-je dit, par précipitation.
En attendant le séchage parfait, j'entrepris de changer le lustre. Oui, l'ancien ne correspondait plus du tout au nouveau style de ma pièce. C'eût été dommage de gâcher l'ensemble par un pareil appendice !

Je me suis mis en quête, dans les vieilleries entreposées ici et là, d'un nouveau lustre. Mieux en rapport avec mes choix du moment.
En cherchant bien, j'ai trouvé un abat-jour de verre opaline, fort joli. Et surtout, là, à portée, sans avoir besoin d'aller le quérir en boutique.
Evidemment, dans ces conditions, ma trouvaille n'était pas complète. Lui manquait le dispositif de blocage du fil en vue d'épargner le domino. Si vous avez déjà installé un lustre, vous savez de quoi je parle.
Le verre de mon lustre est assez épais, d'un poids un peu trop lourd pour espérer que le domino tienne en extension.
Le système d'accroche de l'ancien éclairage était tombé en poussière, au moment où je l'avais décroché. Il s'agissait d'un coquet bâtonnet de bois, lui aussi bricolé sur le coup, je pense.
Tout à Agorreta est ainsi. Improvisation et bonne fortune.

Seul, le fil pendait du plafond. Le fil issu du nouveau lustre n'est pas bien long. Pas assez pour permettre des arabesques compliquées.
Tentant le tout pour le tout, j'essayais de brancher le domino, et de suspendre le dispositif, tel quel.
L'après-midi s'avançait. La lumière du jour baissait.
J'avais du couper le courant électrique pour travailler en sécurité. 
Le compteur à Agorreta est comme le reste, vieux. Il loge dans la cuisine, en bas. Soit, quelques aller-retours à chaque fois, entre l'installation et la vérification de la bonne marche.

Notre installation électrique est comme notre alimentation en eau potable. Référez-vous à mon article précédent sur Agorreta et l'eau.
C'est-à-dire, d'un autre temps. A figer de saisissement affolé tout professionnel qui s'en approche. Tous, les uns après les autres, n'ont pu réprimer le masque de l'effroi à la vue d'une installation pareille.
Loin de nous les normes modernes, les armoires électriques lisses et immaculées, où les disjoncteurs s'alignent en rangs parfaits, avec les petits symboles des appareils qu'ils alimentent juste dessus.

Non, non, non. A Agorreta, rien de tout ça ! Nous avons un vieux compteur en bakélite, avec sa petite roue crantée qui défile, imperturbable.





Les disjoncteurs, anciens modèles, dignes de musées, commandent on ne sait quoi, on ne sait trop comment. Quand quelque chose cloche, il faut tout éteindre, et rallumer un par un pour cerner le problème. Une petite aventure à chaque fois.

Vous vous souvenez aussi, toujours en référence de mon article sur l'eau, que nous avons un "surpresseur", électrique, pour pulser suffisamment de pression dans les tuyaux.
Conséquence, à Agorreta, pas d’électricité, pas d'eau non plus !

Mes essais de branchement d'éclairage provoquaient des réactions en chaîne, à tous les étages de la ferme et de la grande maison.
Mon domino trop sollicité par le poids de l'abat-jour ne retenait pas le filament de cuivre. Le fil électrique glissait, le courant ne passait plus. Mon dispositif n'éclairait pas.
Mince, et re-mince !

Je descendais à la cuisine, remontais à l'étage, mon tournevis à la main. Le jour baissait toujours, bien-sûr. Je me hissais sur l'escabeau, maintenais comme je le pouvais les fils, le domino défaillant, le lustre. 
La position était inconfortable, mon dépit dévastateur.

Pressée par la population locale en manque d’électricité,  vaincue, j'abdiquai. J'abandonnai là mon ouvrage inabouti, cernée par l'obscurité que rien ne pouvait venir éclairer.

Il était l'heure de rentrer les vaches. Quand elles me sentent à la maison, elle demandent à rentrer à la tombée de la nuit.
Mon père était prêt au dîner. Qui, lui, ne l'était pas.

Un moment un peu désagréable, une tension mesquine, quand tout allait si bien jusque là...

Bah ! J'ai repris tout ça  ce dimanche matin, calmement. Ce qui paraissait difficile à la fin d'une journée bien remplie est devenu jeu d'enfant.

Aidée de mes fidèles assistants à quatre pattes, j'ai œuvré rondement.








Et voici le résultat de mes efforts. Une petite merveille, toujours d'après moi.































Je vous présenterai la globalité de mon projet. Quand je l'aurai mené à son terme.

Ici, par exemple, il manque le lustrage du parquet, et un bon tapis moelleux par là dessus.

On se croirait dans la salle d'attente d'un notaire de fond de province !

Pour moi, ce sera un espace de lecture et d'écriture, quand me viendra la fantaisie de loger ici.


J'ai fait une pièce. Il en reste neuf. Courage, allez, j'ai tout l'hiver devant moi...
Même si mon naturel me pousse au train et me presse d'une urgence fictive.

On ne se refait pas, allez ! On ne refait que les apparences.  Comme à Agorreta, on maquille tant bien que mal le plus gros des outrages... en se résignant humblement et sagement à l'inéluctable.

A la prochaine fois, quand j'aurais sans doute terminé la deuxième pièce. 
Pour cette après-midi, je vais travailler à la jardinerie.
La chaleur un peu forte s'atténuera très vite, et l'après-midi sera tout à fait agréable.

Je vous la souhaite ainsi.
A bientôt !





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