jeudi 24 août 2017

DOLENCE



Bonjour !

Je me rends compte d'une certaine dolence venue se poser sur moi.
Comme une plume perdue en plein vol vient doucement à terre, sans faire de bruit, légère et inexorable dans sa chute.
Pour le moment, la glissade est plutôt tranquille, bien moins nerveuse et crispante que celle de ce printemps. Voyons comment cela tourne...

Je commence maintenant à devenir familière des méandres de mon tempérament.
J'essaie d'en modérer les excès, quand une énergie exigeante me pousse et me rend envahissante aux autres,  acérée.
C'est bien agréable c'est sûr, de connaître cette sensation de force, de dynamisme et d'énergie.
Pour celui qui la vit. Je le sais, j'en suis...
Bien tentant à ces moments de se croire invincible, et de mépriser ceux dont les plaintes ressemblent à des jérémiades à nos oreilles infatuées.
Oui, c'est vrai. Je peux le dire, parce-que ça m'arrive...

Et bien moi, maintenant, par périodes, je suis dans l'un et l'autre camp.
Je suis de ceux dont le sang bouillonnant les fait vivre intensément.
Je suis aussi de ceux dont la lymphe ralentie abaisse l'énergie vitale et l'enlise.
C'est un tempérament, bien agréable dans les phases hautes, plus lourd à porter dans les autres.
Pour le moment, puisque j'en suis à observer ces alternances et les pics de ces courbes dans un sens et dans l'autre, je vais raisonnablement tenter d'amortir les montagnes russes, particulièrement dans ces vals moins gais.
J'ai pour moi l'expérience de ces passes pour les supposer passagères, et garder l'espérance d'une "sortie de crise" favorable.
J'ai pour moi des conditions optimales, et la volonté raffermie de m'accrocher à ce qui m'aide.
En ce moment, il n'est pas bon pour moi de m'appesantir sur une histoire familiale et ses drames. Des drames, il y en a partout, et tout le temps.
Ca n'empêche pas les gens de continuer à vivre. Ca les empêche parfois de vivre gais, évidemment.
Moi, mon ambition est toujours la même : vivre sereine, et, si  possible, gaie, justement.
Puisque mon tempérament m'en donne la chance, souvent, je savoure pleinement cette chance.
Quand ce même tempérament me prive de belle lumière, et bien, j'attends, le retour de jours meilleurs.
La recherche de cause, d'explication, me fatigue et ne m'éclaire pas, en ce moment. Je vais laisser ça pour plus tard, ou à jamais !

Mieux vaut je le crois rechercher ces petites choses qui me sortent de là.
Je m'y emploie.

J'ai pour moi je le crois, je l'espère !,  la sagesse de ne plus m'épuiser dans une lutte inutile, et celle de composer avec l'inéluctable.
Je connais bien la tentation de cacher ses faiblesses, cette peur de montrer sa vulnérabilité.
Je connais aussi la véritable force de savoir les reconnaître, et d'apprendre à composer avec.


Je vais comme je le fais épisodiquement me recentrer sur mon noyau dur, et sûr.
Etrécir les cercles d'un rayonnement affaibli, pour garder au plus près un restant de chaleur et de lumière.

Je reviendrai ensuite.
Reprendrai mes bavardages et mes curiosités, sans doute.

Là, je vais restaurer mon enthousiasme, en laissant passer la vague lente et lourde.

A plus tard !

mardi 22 août 2017

MANUELLA CARRERA Y MANCUZO



Bonjour !



Voici notre Amatxi Manuella.
Avant d'être cette femme imposante qui regarde plus loin, elle a été une petite fille et une jeune femme.
Nous avons toujours un peu de mal à imaginer les gens autrement que ce qu'ils ont représenté pour nous.
Notre Amatxi d'Agorreta, je vous en ai parlé aux débuts de ce "bloc".
La femme placide, à l'autorité tranquille, qui nous préparait nos repas, nous faisait promener, un mouchoir blanc quadrillé de bleu noué aux quatre coins posé sur sa tête blanche, par les journées chaudes comme celle d'aujourd'hui.
Elle avait beaucoup de difficultés à marcher, raidie dès l'âge de cinquante ans paraît-il par une arthrose envahissante.
Sa gourmandise et son appétit pour le gras la rendaient lourde, et la pauvre femme ne se déplaçait qu'avec peine.
Il lui arrivait de chuter lourdement, et je me souviens de ses cris, quand, dans la cuisine, elle avait glissé, et se retrouvait par terre, une poêle ou une casserole encore à la main, étalée là dans ses jupes noires sans pouvoir se relever.
Ma mère n'avait pas assez de force pour le faire, l'Aïtatxi Iñazio encore moins, alors, c'était mon père, le gendre,  qui arrivait en héros, la soulevait en la prenant sous les bras par derrière, dans un élan ahanant.
Manuella remettait de l'ordre dans sa tenue, et continuait sa tâche là où elle l'avait laissée...

Ca, c'est l'Amatxi que j'ai connue, forte en gueule, tendre à sa manière, gloussant en silence sur un rire qui lui agitait le double menton, quand elle avait fait une mauvaise farce. Comme elle aimait à le faire !

Sa jeunesse, Manuella n'en parlait pas trop, du moins je ne m'en souviens pas.

J'ai découvert je vous l'ai dit dernièrement de vieux papiers, et ces vieux documents m'ont amenée à me représenter ces aïeux dans leur jeunesse.

Manuella Carrera est née en 1896, elle aussi du côté d'Oyartzun.
Elle a du partager l'enfance et l'adolescence des jeunes paysannes d'alors, vouées aux tâches domestiques et préposées à la basse-cour familiale.
J'ai été surprise tout de même d'apprendre que Manuella avait de l'instruction. Elle savait lire et écrire, et maniait même un espagnol littéraire.
Pour son époque et sa condition, c'était tout à fait exceptionnel.
Ses enfants étaient moins lettrés qu'elle ne l'était.
Peut-être les parents de Manuella, conscients de ses facultés et de son désir d'apprendre, avaient-ils en tête de lui donner les meilleures armes pour améliorer sa condition paysanne.
Je ne peux que supposer, mais le fait m'a paru intrigant.

La seconde chose qui m'a intriguée, dans ces vieux papiers retrouvés, ce sont ces actes de baptêmes de 1940, pour Manuella et Iñazio, et 1942, pour leur premier fils José-Marie, né en 1916, quatre années avant leur mariage.
C'étaient les années de guerre, évidemment, et les déportations massives menaçaient.
Je n'ai jamais entendu parler d'une ascendance juive. Les patronymes ne l'évoquent pas non plus. Cela reste possible, pourtant.
D'autres causes peuvent expliquer l'absence de baptême, aussi. Des convictions religieuses, politiques, idéologiques... Même si j'imagine difficilement mes aïeux férus d'idéologie, politique ou autre. Mais pourquoi pas ?
La tradition paysanne basque était majoritairement catholique, même si le clergé était aussi très controversé. Une tradition de convenance, peut-être, plus que de conviction...

Ces baptêmes à cette époque parlent du besoin de se mettre sous la protection de l'église, pour éviter d'être déporté, en Allemagne, au risque d'y mourir.
Ils me rappellent l'histoire de Françoise Giroud, dont j'ai parlé cet automne je crois ici.
Elle affirmait être catholique, quand, d'ascendance juive,  elle n'avait été baptisée que pendant la guerre, pour être mise à l'abri, justement.

Ces papiers m'inspirent une curiosité légitime, je pense.
Je ne vais pas rechercher plus avant. Mon père n'a pas d'éléments pour lever l'énigme.
Juste remarquer ces résonnances historiques dans mon histoire familiale, et laisser les mystères apporter leur touche romanesque...

Manuella se retrouve enceinte avant son mariage, là encore à une époque où l'on ne plaisantait pas avec la morale !
Iñazio est loin. Manuella est seule, et doit faire face.
Là encore, j'imagine ces années de doute, la difficulté d'une situation pareille, et la force de cette Manuella toute jeune mère.
Cette Manuella de bien avant la mienne.


vendredi 18 août 2017

JOSE INAZIO ILDEFONSO OLACIREGUI



Bonjour !

Je vous ai relaté mon grand-père, tel que je m'en souviens, sur le peu d'années partagées avec lui.
S'invitent dans mes souvenirs ceux entendus de mes frères et de mes parents, évidemment.

Cet Iñazio a pu être un tout autre homme pour d'autres.
Cet homme qui allait jouer aux cartes, à la ferme Erreka, devait être bien différent du personnage resté dans ma mémoire.
Nous offrons un visage particulier à chacun des rôles composés dans une vie.
Notre personnalité est multiple, et le ciment liant l'ensemble de ces rôles bien méritant...

Aujourd'hui, je vais inventer le personnage de mon grand-père, puisque je n'en connais que peu de choses.
Les quelques dates retrouvées sur de vieux papiers épais, les deux ou trois évènements marquants de cette existence modeste, vont jalonner cette fiction.
Par moments, puisque j'imagine, je vais imaginer plusieurs voies possibles, et laisser les bifurcations de ces deltas me mener ici ou là.


Pour une fois, soyons un peu méthodique, et commençons par le commencement :





José Iñazio Ildefonso Olaciregui y Delpuerto est né en 1894, aux environs d'Oyartzun, au pied des Pyrénées venues se rendre à la mer.
J'ai été étonnée déjà de ces trois prénoms. Mon grand-père a toujours été appelé Iñazio.
Où est passé ce José ?
Deux de ses fils porteront bien ce pénom. Sans doute un ascendant peut-être trop encombrant ?
Ildefonso est moins courant, mais il faut se rappeler que nous remontons deux siècles en arrière !

Il était d'une famille paysanne. A cette époque dans la région, l'activité était à la polyculture, avec de petites fermes familiales, où quelques moutons, deux ou trois vaches  et quelques arpents de terre cultivée assuraient  la substistance.
Les paysans travaillaient dur, les journées étaient longues, et la vie saine.

Iñazio jeune homme devait être ni plus ni moins aventureux que ses contemporains.
Quand la première guerre mondiale éclata en 1914, il avait à peine 20 ans.

Ces périodes de guerre crispent toutes les ardeurs, bonnes ou mauvaises.
Iñazio n'échappa pas à ce sentiment d'urgence à vivre.
Jeune, habitué à travailler sans se plaindre, il avait soif de connaître la vie d'homme, de s'y frotter, sentant tout près cette menace.

Les jeunes paysans vivaient simplement, le constant contact avec  la nature les maintenait bien loin de nos sophistications contemporaines !
Quand les jeunes garçons commençaient à se sentir des ardeurs d'homme, ils faisaient tourner l'œil au plus près : les fermes voisines s'offraient à leur prospection, avec souvent un lot de jeunes filles tout aussi décidées à vivre, et à le faire vite.
Les mariages devaient s'arranger raisonnablement. Les familles ne devaient pas être bien riches, chez mes aïeux. Les enjeux économiques des alliances assez limités. Dans ces conditions, les jeunes gens étaient plus libres de leurs penchants, sans doute.
On ne plaisantait pas trop avec l'honneur, tout de même, et les codes étaient stricts.
Les dévergondages et batifolages devaient rester sans conséquences, ou alors être "réparés", au plus vite !

J'imagine que mon grand-père et ma grand-mère, s'ils n'étaient pas voisins, devaient quand-même être géographiquement proches.
Les familles étaient nombreuses, en ces temps-là : une fratrie moyenne alignait facilement une bonne dizaine de têtes blondes et brunes.
Cela donnait un large choix de possibilités à chacun. 
Filles et garçons se côtoyaient dans les travaux des champs où il fallait prêter main forte entre voisins. Il y avait besoin de bras, quand les machines n'existaient pas. 

On se recevait les uns chez les autres, après le dur labeur, autour de tables animées. Les sangs vigoureux fouettés par le grand air, la bonne fatigue, les chairs dévoilées sous le soleil haut, les peaux luisantes de sueur, tout y était.
Nos jeunes paysans n'y allaient sûrement pas par quatre chemins. Les prétendants se jaugeaient, s'aguichaient, et, sans trop de manières sans doute, se promettaient l'un à l'autre.
Les affaires se concluaient autour d'un verre d'amitié comme sur la place du marché.
Il fallait évaluer les potentialités de chacun, les aînés reprenant souvent la ferme derrière les parents, les autres s'établissant ailleurs.
Les jeunes d'alors tout comme ceux de maintenant échafaudaient leurs projets d'avenir,  des étoiles plein la tête.

Pour Iñazio, en 1915, à 21 ans, il avait jeté son dévolu sur Manuella. Elle en avait 19.
La guerre gronde, toute proche.
Iñazio va être enrôlé. Il doit partir.
J'imagine ces deux jeunes paysans, vigoureux, tenaillés par l'envie de vivre, et effrayés par cette rumeur de mort.
J'imagine des rencontres furtives quand la nuit tombe sur les campagnes parfumées.
Des promesses, des étreintes.

José Iñazio quitte sa ferme pour s'en aller loin, sous les drapeaux.
Il laisse derrière lui Manuella.
Enceinte, de José-Marie, qui naîtra en 1916.

Iñazio ne le sait pas. 
Il accomplit son temps militaire.
De cette période, paraît-il, il a gardé un excellent souvenir ! Il n'a pas eu à combattre, cantonné quelque part tout au sud de l'Espagne. Les années ont passé, au grand soleil de Méditerranée.
Iñazio découvre une vie moins laborieuse. Peut-être s'y initie-t-il à ces jeux de cartes qui le distrairont les dimanches après-midi, plus tard, à Erreka, avec son ami Pantxoa. La nourriture ne manque pas, il prends du poids.
Pour Iñazio, paradoxalement, ce temps de guerre est une période agréable.

Quand il revient, en 1919, après la fin de la guerre, il retrouve Manuella, et leur petit garçon d'alors trois ans.
Il faut revenir à la dure réalité de la vie paysanne, et endosser par là dessus le rôle de père et chef de famille. Un saut brutal dans une réalité tenue à distance pendant quatre ans...
Iñazio reprend le collier.
On peut imaginer la difficulté à reprendre ainsi le fil d'un temps si longuement coupé.
On peut imaginer le sentiment pesant d'obligations incontournables.
Je ne sais pas si Manuella et Iñazio échangeaient des lettres. Je ne sais pas si Iñazio s'attendait à trouver cet enfant à son retour.
Il devait y avoir la possibilité de prendre une permission, pour se marier, je pense. D'autres dans le même cas l'on fait.
Je ne peux qu'imaginer, là encore, et penser qu'Iñazio ignorait qu'il était père. Qu'il l'a découvert à son retour.
Et en a assumé la responsabilité, en épousant ma grand-mère, en 1920.

C'est ma version.
On pourrait aussi penser les amours d'Iñazio et Manuella furtives et moins romantiques.
Brutales et sans rêves.
On pourrait penser ce José-Marie né hors mariage fruit d'amours moins jolies.

On pourrait, mais je n'en ai pas envie !

Je vous retrouve semaine prochaine, sur cette lancée là.
Je regarderai du côté de Manuella, jeune femme à la situation bien difficile, en ces temps-là.

Bon dimanche à tous !









mercredi 16 août 2017

INAZIO



Bonjour !


Voici l'homme, mon grand-père maternel.
Le regard un peu désabusé, les lèvres pincées.
Il se tient droit, sans arrogance mais avec fierté.

Son visage est bien réparti, je trouve : le front haut et le menton ferme se répondent bien. Rien ne fuit ni ne se dérobe.
Le nez, bien droit sans être trop avancé, sépare agréablement de son pied des yeux suffisamment écartés, pas trop.

Je vous avais présenté aux débuts de ce "bloc" un portrait de profil, où j'assimilais mon grand-père à Hitler...Si vous en êtes curieux,  ce doit être autour de la fin d'année 2014.
Tenez, je vais être bonne avec vous, je vais vous la retrouver, cette photo :



L'analogie était frappante, d'après moi, et mon souvenir de cet homme sur sa fin venait s'y couler comme dans un moule tendu opportunément.
Aujourd'hui, je suis moins sûre de la justesse de ce parallèle. J'y trouve même un excès dérangeant. Mais bon, je disais comme ça, alors...

Oui, mon grand-père a laissé le souvenir d'un homme autoritaire, souvent colérique, sans patience. "Erria" disons-nous souvent, "brûlé". Brûlé d'une aigreur acide dont il reste des traces parmi nous, ses descendants.
On retient aussi de lui le travailleur acharné, l'homme aimant le travail de ses mains paysannes, les longues heures où le corps s'engourdit à la tâche répétée, et où sûrement l'esprit s'oublie au rythme du geste scandé.

Je relevais la cruauté de ce vieux monsieur écorchant vif les hérissons pour en manger la chair.
La brutalité de ce mari tuant à coups de bâtons les chats que sa femme aimait caresser.
La fureur de ce grand-père insupporté par le chahut de ses petits-enfants, au point de leur lancer des objets à la tête.
La méchanceté de ses rebuffades quand ma mère se penchait sur son pied pour refaire le pansement de son orteil gangrené.

J'ai gardé aussi, et peut-être maintenant surtout, le souvenir de ses retours du potager, où il allait chercher au fond de la poche de son pantalon de travail une petite figurine déterrée lors de son sarclage du jour, pour me l'offrir.

Agorreta a été longtemps une décharge. Le remblai de maintenant est la continuation de cette vocation à recueillir l'hétéroclite inutile d'ailleurs, pour en faire quelque chose ici.
Du fait, sur les hauts de la ferme, en travaillant la terre, on a longtemps remis au jour de vieux ustensiles borgnes, des casseroles bosselées amputées de leurs queues, des morceaux de faïence aux motifs tronqués, des billes irisées, des figurines maculées.
J'ai très longtemps gardé un petit cheval en plastique jaune, à la queue en panache, la tête ramenée sur le poitrail, un antérieur relevé sur un trot orgueilleux.
Il était entier, et a habité mes courses éperdues, autour de la ferme, un bâton planté en oblique entre les cuisses, quand je me sentais chevaucher mon petit cheval fougueux, sans me rendre compte de l'indécence de ma posture... L'innocence des enfants les préserve de nos turpitudes d'adultes, et notre gêne leur est étrangère, Dieu merci !
J'ai gardé aussi de ces récoltes là le goût des verroteries colorées, des mosaïques disparates où de petits bouts de rien s'assemblent en un plus grand... n'importe quoi !

Je n'ai connu mon grand-père que dans les cinq premières années de ma vie.
L'âge devait l'avoir amolli, avant que la maladie ne l'affaiblisse.
Il était encore tonitruant, et sa voix grinçante nasillait douloureusement à nos oreilles.
Je me souviens de ses menaces contre ma grand-mère, quand il voulait lui planter un couteau, hurlant sa rage et sa hargne.
Mon Dieu quelles scènes terribles, ces deux vieux, l'une presque impotente, et l'autre rendu fou par la douleur, sans doute,  se hurlant leurs défis.
Mon père barricadait pour les nuits ma grand-mère dans ce vieil appartement où j'écris maintenant.
Il menaçait de la tuer, et rien ne le détournait de cette idée.
Pas étonnant que je me sente bien ici, puisque cet endroit représentait dans mon enfance un refuge sûr...

Je veux maintenant essayer de comprendre le parcours de cet homme dont je n'ai connu que la fin.
Comprendre à partir de ces quelques dates recueillies comment la vie d'un jeune paysan d'Oyarzun a déroulé son fil dans les méandres de ces temps là.
Comprendre l'homme, essayer de me mettre à sa place, dans son temps.

Ma tentative sera bien sûr tâtonnante et aléatoire.
Je vais imaginer, une réalité lointaine, en assemblant des fragments disparates, des bouts de vie et d'histoires.

Je ferai cette tentative pour chacun des personnages de cette famille, la mienne.

Puisque mon intérêt et le hasard m'ont mis ces éléments épars en main, j'en ferai mon tableau à ma manière.

J'ai cette envie de regarder, de recueillir, de réunir et de voir ce que ça dit.
Une lubie d'un moment, comme il m'en vient souvent !

Je vous laisse ici, j'ai mangé mon temps d'écriture d'aujourd'hui.
Je n'ai plus cette urgence des débuts.
Ce que j'aurais mis au jour, il y sera. Le reste, ceux que ça intéresse pourront toujours le dépoussiérer à leur tour...

A une autre fois !















lundi 14 août 2017

DIMANCHE A LIZARRIETA



Bonjour !

Je reviens ici en ce lundi, la tête pleine d'images de grands arbres plusieurs fois centenaires, de trouées entre les hautes futaies droites où les paysages se laissent apercevoir dans le lointain à peine embrumé.

Je reviens d'un paisible dimanche au col de Lizarieta, avec Olivier.
J'aime ces hêtres majestueux et placides, j'aime ces sous-bois accueillants où la base des troncs épais s'ourle de mousse drue et moelleuse où poser la tête.
 J'en reviens allégée et emplie en même temps de ce sentiment de plénitude réconfortante, où un temps bien plus long que le nôtre nous rassure et apaise nos écorchures devenues plus légères d'être ramenées à leurs petitesses.

J'aurais pu vous ramener de belles images.
Vous les avez déjà vues, sans doute, et, ce Lizarieta, il est à portée de tous. Allez y voir par vous-mêmes, c'est encore le mieux !










Mes images d'Agorreta sont différentes.
Elles me parlent de la douceur de ces jours parfaits d'après pluie, quand la végétation rafraîchie exulte.
Elle me parlent de la saison avancée, de ce lever de soleil au juste mitan de la pinède, quand vient le milieu du mois d'Août.
Elles me parlent de petites choses simples, authentiques et bienfaisantes.

Elles me parlent de cette douceur à vivre, dans un monde tranquille.

Même si je sais que tranquille, le monde ne l'est pas toujours.
Même si je sais que quand moi, je savoure égoïstement la quiétude de ma vie préservée, d'autres souffrent et hurlent leur douleur.

Je suis impuissante et désemparée.
Je ne peux qu'essayer de montrer une jolie lumière.

On m'a ce matin même fait très justement remarquer combien il est facile de blesser, même sans y penser, par ces simples mots jetés ici.

J'ai parfaitement repéré les passages où mes aigreurs avaient besoin de s'épancher hors de moi.
Je n'en suis pas spécialement fière, mais c'est une issue bien commune à notre espèce, de s'alléger en se déversant, n'est-ce pas ?
Je ne suis pas meilleure que vous ne l'êtes, et mes perfidies sont sûrement cousines des vôtres.
Cette communauté dans la vilenie ne l'excuse pas, elle la fond seulement dans le paysage...

Je vais tâcher de m'amender, je le promets. J'ai du mal je l'avoue à résister à un bon mot, à une tournure leste ou une image piquante. Mais bon, l'ironie n'est pas la meilleure voie vers la sérénité, aussi, je dois combattre ce versant de ma nature, allez !
Je parle ici de ces petites méchancetés intentionnelles, réponses à celles reçues, bien loin du "tendez l'autre joue" censé apaiser les choses, mais assuré d'abord de vous prendre le double de claques, aussi !

A d'autres moments, par contre, et là, je ne peux que vous demander de croire en ma sincérité, tout en comprenant très bien combien vous pouvez la mettre en doute, mes mots ont heurté, sans que je le veuille. Sans même que je me rende compte qu'ils pouvaient effectivement le faire.
L'auditoire de ce "bloc" est assez confidentiel. Pourtant, si l'un de mes lecteurs vient me demander de retirer une phrase, ou un article, je peux très bien comprendre cette requête, et m'y plier. Honteuse et confuse, même, de n'avoir pas prévu une telle réaction.
Je manque de délicatesse, parfois, il est vrai.
Là encore, j'ai de quoi m'améliorer...

Que voulez-vous,  une vie n'est parfois pas assez pour devenir meilleur.
Je tâche de mettre mes pas dans la bonne direction.

Renoncer à un petit plaisir pour soulager une peine, je peux faire.
Même, ce renoncement me donne le sentiment d'être un peu meilleure, et ça, ça fait toujours du bien !

Alors, je vous laisse ici, et vous retrouverai plus tard autour de mes familiers.
En essayant là aussi de séparer le bon grain de l'ivraie...





vendredi 11 août 2017

UNE HISTOIRE ET LES MIENS



Bonjour !

En images, les personnages de ma saga familiale maternelle :







José Iñazio Ildefonso Olaciregui y Delpuerto le père de ma mère, né en 1894

Manuela Carrera y Mancuso la mère de ma mère, née en 1896


José-Marie Olaciregui, le frère aîné de ma mère, établi en Gironde en 1947

José Olaciregui, le deuxième frère de ma mère, assassiné en 1943 à Biriatou



Nikolas Olaciregui, le troisième frère de ma mère, parti aux U.S.A en 1954


Carmen Olaciregui Legorburu, ma mère, mariée à mon père en 1951




 Domingo Olaciregui, parti aux U.S.A en 1953, et retrouvé mort en 1957

Ma famille maternelle, mes ancêtres, ceux dont je viens et d'où je tire en partie l'inspiration de me pencher sur cette histoire.

Mon intérêt  pour mes aïeux revient en boucle dans ce "bloc".
Je l'avais initié, déjà, en parlant d'eux, très vite.

J'espère avoir depuis lors évolué positivement.
En relisant mes écrits d'il y a presque trois ans maintenant, certains passages transpirent d'une petite aigreur acide.
Cette aigreur, nous l'avons dans le sang, je le sais. Cette ironie un peu méchante, cette défiance atavique, elle se justifie sans doute par cette histoire meurtrie de garçons morts bien trop tôt, de temps de guerre où la méchanceté et la bêtise des hommes font rage sans garde-fou.
Nos vies à tous, même toutes ordinaires et langées de temps plus faciles, nous font immanquablement à un moment ou à un autre le lit de sentiments mauvais, aigris.

Je suis persuadée maintenant de la fatigue inutile de ces rancœurs stériles et usantes.
Je suis persuadée du libre choix qui nous est donné de les parquer là où elles ne prendront pas toute la place.
J'ai choisi de cultiver mon jardin intérieur en le tournant vers une lumière plus douce et plus claire.
Parce-que je trouve que c'est bien plus facile à vivre, tout simplement, et sans aller chercher plus loin !

Mon regard sur mon histoire se fait bienveillant. Une mansuétude obstinée rectifie ma vision, et dirige mes pensées.

C'est ma maladie, ce Mesnière déroutant et facétieux, aussi, qui m'aide.
Grâce à cette petite affection, je ne vois plus le monde pareil : fini l'horizon figé et la perspective stable. Tout autour de moi devient mouvant, glissant, incertain. Je dois forcer mon cerveau à corriger les défaillances de mes sens.
Ce que je vois tressauter devant mes yeux, je dois me persuader que non, ça ne bouge pas, en fait. Ce que j'entends tinter à mes oreilles, je dois me souvenir que ce sont ces acouphènes illusoires, qu'il ne faut pas en tenir compte. Ce bruit qu'il me semble entendre à ma gauche, il peut très bien venir de ma droite.
La terre ne tangue pas sous moi, non, je dois bien me le rappeler, ce sont mes perceptions qui flottent !

Ah, c'est sûr, c'est une petite gymnastique à faire, constamment...
Pour ceux qui connaissent, ils ont toute ma compassion sincère et expérimentée.
Pour les autres, qu'ils en soient préservés à jamais, et savourent le bienfait de se sentir exister dans un monde sûr et stable.

Moi, pour me consoler, je me dis que cette coquetterie n'a pas que du mauvais.
Je me dis qu'elle m'aide à voir les choses autrement, à chercher plus loin que le bout de mon nez quelque chose de fiable à quoi m'accrocher.

Je regarde mon histoire de famille, forte maintenant de cette science particulière.
Je regarde les images des miens, et j'essaie de comprendre.
Comprendre cette rudesse de gens dont la vie a été bien dure.
Comprendre l'aridité et la défiance de ceux qui ont vu si souvent leurs espoirs ravagés.

Comprendre aussi combien il est plein d'espérance d'avoir senti chez ces mêmes gens la force de vie de rire encore, d'une bonne farce ou d'une plaisanterie, comme le faisait Manuella.
Comprendre combien il est surprenant et doux de recevoir un tout petit jouet encore terreux des mains d'Iñazio, revenu de longues heures de sarclage sur les terres d'Agorreta.

Sentir la tendresse sous la rudesse, la force de vivre obstinément debout, d'éclater de rire encore, à gorges déployées :







 Alors, vous, je ne sais pas. Vous faites sans doute comme vous le pouvez.
Je fais pareil.
En essayant de tourner la tête du bon côté...

Ayez un bon dimanche !
Le soleil nous revient et réchauffe les frissons désagréables de ces derniers jours à contre-saison.
La pluie est bien tombée.
Elle a fait du bien, même si elle nous a très vite lassés.
Voyez, il y a toujours moyen de vivre mieux nos jours, quand on y est décidé...

A la semaine prochaine !






mercredi 9 août 2017

QUELQUES DATES



Bonjour !

En ce matin frais gris humide, tout à fait incongru pour un 9 Août, mettons un peu d'ordre dans nos placards de famille.

Vous l'avez constaté, je le déplore sans m'en désoler trop non plus, il y a dans ce "bloc" quelques approximations, au mieux, des omissions, souvent, des confusions et amalgames,  quand ce ne sont pas carrément des erreurs patentées...
Mon histoire de famille se construit au fil des mois, suivant les entretiens décousus et aléatoires glanés à la source, à savoir mon père, sur le point de fêter son entrée en 90ème année le mois prochain.
L'homme est comme les anciens, sa mémoire s'aiguise au fil de la remontée dans le temps.
Il est bien plus fiable sur les dates des années 1920, 30 ou 50, que je ne le suis moi-même sur celles du début de notre joli siècle contemporain. Alors, voyez !

Je vous livre ma connaissance imparfaite au fur et à mesure de son avancée, et ce cheminement en lui-même m'intéresse presque davantage que son terme.
Je vous l'ai dit et vous le répète, les motivations de nos errances en disent aussi beaucoup, sur un factuel plat et réducteur.
Je me trompe, oui ; j'ai cru longtemps des choses qui n'étaient pas véridiques, aussi.
Loin de me flageller de mes erreurs, je me demande au contraire avec intérêt pourquoi je les ai commises,  quels indices m'ont conduite à croire ceci, fabulé, plutôt que cela, avéré.
Mon imagination fertile y est pour beaucoup, sans doute, mais, cette imagination, quelque chose la nourrit et la mène. Ce quelque chose m'intrigue, et me séduit.

La mise à plat de ces quelques dates va remettre ces méandres mystérieuses dans le fil plus droit d'un cours dont la logique se révélera à l'étude.

Je suis particulièrement interpelée par mon oncle Domingo, ce sixième, dernier de la fratrie Olaciregui, dont le nom revient souvent, quand le personnage s'éclipse et sautille dans le temps en séquences distordues.
Je le croyais plus vieux que ma mère. J'étais persuadée qu'il était mort bien plus jeune que ses 28 ans réels.
Je ne l'imaginais pas présent à la ferme Agorreta quand mes parents jeunes mariés s'y sont installés. Il l'était, pourtant.
Je pensais que nous allions nous recueillir sur sa tombe, à Biriatou, quand il a du être enterré aux Etats-Unis.
Ma mère évoquait parfois "Domingo zena", le défunt Domingo, Celui qui était Domingo, littéralement. Je reviendrai sur cette tournure si intéressante, là encore...
Rarement, elle parlait de Domingo vivant, sauf pour raconter comment il lui avait, par jeu, paraît-il, fiché la lame d'un couteau dans la joue !

Plus souvent, Nicolas venait illustrer une anecdote ou autre, quand les feux frères partirent  aux "Amériques" à une seule année d'intervalle.
Pourquoi Domingo s'est-il ainsi effacé des mémoires ? Sa mort mystérieuse dans les montagnes du Nevada l'a-t-il rendu trop douloureux à évoquer ?

J'ai été aussi très surprise de découvrir par Carmen Estomba, tout dernièrement, ce José, assassiné lui en 1943, en pleine guerre, à même pas 22 ans. De voir pour la première fois une image de lui.
Ce José que je baptisais jusque là Iñazio, et dont sûrement la dépouille a reposé sous cette tombe de Biriatou que nous allions visiter autour de la Toussaint.

J'ai allégrement confondu les deux frères, sur de vieilles photographies sépia.
Toutes ces erreurs ont une raison d'être. J'y regarderai, et distillerai ma version, en son temps.

Pour aujourd'hui, je pose juste les dates, pour les figer, et les avoir à portée de ma petite enquête familiale.

Je vais faire ça par ordre chronologique, histoire d'insuffler un semblant de logique dans ce désordre, justement !

Nous commençons tout de même deux siècles en arrière...

1894 : Naissance de José Iñazio Ildefonso Olaciregui y Delpuerto, mon grand-père maternel
1896 : Naissance de Manuela Carrera y Mancuso, ma grand-mère maternelle

Voyez, ça remonte à loin, tout ça !
Poursuivons :

1914 : début de la première guerre mondiale

1917 : Naissance de José-Marie, fils naturel de Manuela Carrera y Mancuso et  Iñazio  Olaciregui y Delpuerto, les parents de ma mère.

1918 : fin de la première guerre mondiale

1920 : Mariage de Manuella et Iñazio.

Pour la suite, nous intégrons les Legorburu, ancêtres paternels :

1921 : Naissance de José Olaciregui
1922 : Naissance de Nikolas Olaciregui
1923 : Naissance d'un enfant mort-né Olaciregui
1924 : Naissance de Carmen Olaciregui, ma mère
           Naissance TTottepin, chez les Legorburu, fratrie de mon père
1927 : Naissance d'Antton Legorburu
1928 : Naissance de Joseph Legorburu, mon père
1929 : Naissance de Domingo Olaciregui
1930 : Naissance de Léon Legorburu
1933 : Naissance de Pantxika Legorburu
1935 : Naissance de Jean Legorburu mort-né.

Voilà pour la première séquence naissances : les enfants pleuvaient drus, en ces temps-là. Morts ou vifs, les femmes n'avaient pas trop le temps de souffler, n'est-ce pas ?
Les temps morts correspondent sûrement à quelque chose... ou alors à la fatigue de ces ventres trop sollicités !

Prenons la suite :

1936 : Arrivée des Olaciregui d'Oyartzun à Hendaye, au début de la guerre civile espagnole
           passage à la ferme Domingoenea (!), puis arrivée à Agorreta

1939 : début de la deuxième guerre mondiale

1940 : Baptême  des parents Olaciregui
1942 : Baptême de José-Marie Carrera
1943 : Assassinat de José Olaciregui

1945 : fin de la deuxième guerre mondiale

1947 : Mariage de José-Marie avec Mayi d'Erreka
1950 : Mariage de Tottepin avec Pantxoa Alzuguren de Ciboure
1951 : Mariage de mes parents
           Léon migre aux U.S.A
1952 : Naissance de mon frère Gabriel
1953 : Naissance de mon frère Inazio, mort à deux mois.
           Domingo migre aux U.S.A

1954 : début de la guerre d'Algérie

1954 : Nikolas migre aux U.S.A
1956 : Mariage d'Antton Legorburu avec Marguerite d'Urrugne
           Mariage de Léon Legorburu avec Karmela de Fontarrabie, aux U.S.A
1957 : Domingo est retrouvé mort dans les montagnes du Nevada
           Naissance de Beñat, mon frère
1958 : Naissance de Nikolas, mon frère
1961 : Naissance d'Antton, mon frère

1962 : fin de la guerre d'Algérie

           Dans ces années là, aussi, mariage de Pantxika Legorburu avec Charlot Lecuona
           Aux U.S.A, mariage de Nikolas avec Lola, la sœur de Carmèle, femme de Léon.
1965 : Naissance de votre serviteur

2017 : Rétrospective...


Je sais, c'est assez indigeste !
Que voulez-vous, il y a du monde, dans ces familles, et les évènements se succèdent, heureux et malheureux.
Quatre guerres en toile de fond, trois siècles d'histoire, deux familles et un microcosme local fertile et bouillonnant : un canevas prometteur, n'est-ce pas ?

Je vous laisse ici pour aujourd'hui.
Si la mémoire de mon père a failli, pardonnez-le, et, si le cœur vous en dit, rectifiez les erreurs.
Je suis toute à votre écoute.

Je retravaillerai ma liste chiffrée, en regroupant par personnages.
Voyons comment tout cela s'articule, s'inscrit dans la marche du monde, et vient combler les trous de mon histoire imparfaite...

A bientôt !















lundi 7 août 2017

CAP ESPERANCE CITROUILLES




Bonjour !







Les journées sont bien paisibles, en ce début d'Août.
Point trop de chaud, des ciels pommelés, des pastels mélancoliques. Quelques heures lourdes par moments, où la saison rappelle ses exigences autoritaires, mais sans insister.
Une période calme et tranquille, propice au repos, à la contemplation dolente et méditative.

Mon histoire sinue dans ces entrelacs mollets, avançant comme une nage molle entre deux eaux.
J'en attends des révélations, sans les exiger, moi non plus. J'en imagine des contours flous autour de silhouettes diffuses et fuyantes.
Je ne leur cours pas derrière, ces ombres malicieuses et fugitives. Je les laisse venir vers moi, comme et quand elles le veulent.

Mes espérances sont là comme celles de mon champs de courges : perdues en lianes furtives dans le fouillis d'herbes spectaculaires et envahissantes...











Il se joue ici une petite compétition maison, souvenez-vous.
Mes citrouilles ont subi l'assaut de ce vent torride de début juillet, à un stade végétatif où elles y étaient plus vulnérables que leurs voisines, plus petites.
Du fait, les plants de Berra et de mon frère aîné sont plus beaux, plus verts, plus drus.



Les miens, chiffonnés de ces feuilles calcinées, ont du mal à repartir. Les nouvelles feuilles sont pourtant saines, mais, échaudées par l'épreuve, plus petites.
Au moins, ce n'est pas une mosaïque virale et destructrice !

J'observe ces plants voisins, si verts, aux feuilles si larges : ici, on n'a pas lésiné sur le fumier ! Cependant, je me demande, à voir un apport azoté si manifestement abondant, était-il suffisamment décomposé, ce fumier ? Avait-il eu le temps de bien digérer ses substances, pour les rendre nutritives de façon équilibrée ? Les grosses feuilles, c'est bien joli, mais ça ne garantit pas les fruits...

Vous l'aurez compris, je suis mauvaise perdante, et m'accroche à tout pour nourrir mon espérance de la plus grosse citrouille !

Allez va ! les dés semblent jetés, et ma course perdue.
Mais bon, l'espoir se nourrit, et, jusqu'au bout, il est permis, permis, que dis-je, exigé ! d'y croire.
Si je ne le fais pas moi-même, alors, dites-moi, qui, le fera ?!

Je vous laisse là, espérant de mes courges comme de mon histoire, tant qu'il est permis de le faire.
Novembre est loin encore, et la route longue pour y arriver.
Alors...

Espérons, espérons encore et toujours.
L'espérance nourrit notre quête tout autant que le fruit, peut-être, nourrira notre ventre !

Attendons en confiance, et retrouvons-nous plus tard...

mercredi 2 août 2017

QUESTIONNEMENTS... ET REPONSES



Bonjour !






Bel astre rentre gentiment au bercail, après sa virée vers la mer.
Il se voile dans les laitances du matin calme comme on s'assoit dans les vaguelettes du bord de plage.

Je repense à mon histoire familiale maternelle. La paternelle, j'y regarderai aussi bientôt, plus tard. Rien ne me presse, tout peut attendre.

J'ai plus ou moins posé les éléments connus, pour certains certifiés, pour d'autres plus aléatoirement rapportés.
De cette histoire décousue, fragmentaire, j'ai rempli les blancs à ma manière.
Nos vies sont ainsi, ponctuées d'instants gravés, ici et là, entre des plages lisses aux grains plus fuyants.
Nous nous les racontons à nous-mêmes et aux autres, arrondissant les angles et enjolivant quelques laideurs moins avantageuses.
Nous faisons tous pareil, allez, ne me racontez pas d'histoires, du moins, pas plus que je ne vous en raconte moi-même...

Une douce indulgence me vient maintenant pour tous ces arrangements où nous nous coulons confortablement, comme Bel astre ce matin s'installe dans les brumes irisées.
Trop de vérité mord. La recherche pointilleuse ennuie.
Je veux en rester à ces versions adoucies, fantasmées, comme je le disais, où nos passions et nos envies se font un lit douillet et profond.
Notre façon de raconter notre histoire en dit peut-être davantage que l'histoire elle-même.

J'ai voulu dans ce "bloc" livrer les pensées comme elles me venaient.
Vouloir ordonner, livrer un produit mieux "polissé", me semblait fastidieux, et dommage, en fait.
J'ai eu à rédiger de petits travaux de commande. Là, je devais bien me plier aux attentes de ceux qui me sollicitaient.
Il fallait organiser la chose, de façon à la rendre fluide et intelligible dans une cohérence calculée.
Ici, je suis libre et livrée à ma seule fantaisie.
Je dépose mes chroniques comme on cueille des fleurs sauvages sans vouloir imaginer le bouquet fini. Comme si, justement, tout le temps de la cueillette, on repoussait d'autant cette fin frustrante, un peu.
Je garde largement ouverte la voie de tous les possibles, recueillant tous les indices et les signes sans les ranger ni en écarter aucun.
Cette spontanéité, ce glanage hétéroclite, ce refus de trier ce qui se présente au risque de jeter ce fragment infime et pourtant important, un jour, peut-être, accouche évidemment d'une confusion, d'une profusion décourageante.
Je le sais bien : je ne me relis plus moi-même, ou alors, comme ça, au hasard d'un moment vague.
Je ne m'en décontenance pas ! Du tout ! De tout ce fatras, qu'il ne vienne rien ou qu'il en advienne ce que pourra, peu me chaut, j'en accepte les augures contraires et déroutantes.

Mon histoire familiale m'intrigue et me plaît.
Ma famille m'a menée là où je suis, et me sens bien.
Je peux à mon aise m'ébattre dans ce magma bouillonnant. Imaginer des intrigues, des passions et des élans fougueux. De jolies choses et de moins belles, aussi.
Tous ces jeunes gens morts dans la fleur de l'âge, je peux en faire les héros d'une tragédie basque comme Homère retraça son Iliade et son Odyssée. Toutes proportions gardées !!

Libre à chacun d'adhérer à mes thèses, de les ciseler comme on sculpte une pierre, ou de les jeter aux orties où elle se trouveront à leur aise, j'en suis sûre !

Je reviendrai sur les miens comme on promène en forêt, habitant les ombres et se baignant dans les rais obliques et légers d'une lumière fragmentée.
Je reviendrai sur ces Olaciregui et ces Legorburu d'alors.
J'en ferai mes personnages après qu'ils aient été mes ancêtres.

A tous mes questionnements, je ferai des réponses. Les miennes, sans les imposer comme vraies.

Je l'ai remarqué au fil du temps.
A tous nos questionnements, il y a tout autour de nous des réponses tendues en offrandes.
Nous cherchons à comprendre, quand il suffirait de se laisser imprégner, et de sentir.
Sentir, regarder et entendre, ne se font pas seulement avec notre flair, nos yeux,  et nos oreilles.
C'est une chance, sinon, je deviendrai hermétique à ce monde, moi, sourde, lunettée et souvent distraite !

Je pense même de plus en plus à la trompeuse apparence des choses, tendue en masque pour nous brouiller, pauvres innocents persuadés de la sagacité de nos sens pourtant défaillants.

Sentir, regarder et écouter autrement, cela s'apprend, aussi.
Cela demande du temps, de l'humilité et de la peine, parfois.
Mais cette peine, le sentiment d'exister autrement vous la récompense largement, à mon sens.

Je vous laisse ici, en contemplation d'une de mes fantaisies où la question, nos réponses et celles de la nature se renvoient un écho troublant, ou absurde, comme il vous plaira de l'entendre...